Aux dimensions de l’Eglise, une semaine d’animation dans l’Oise


Nanteuil-le-Haudoin est un secteur pastoral du diocèse de Beauvais, à la frontière de la grande banlieue et de la plaine picarde.
La population y est très diversifiée puisqu’elle va du personnel de Roissy, venu s’installer dans un passé récent, aux paysans du Valois implantés depuis de nombreuses générations. C’est là qu’aura lieu cette année la seule ordination sacerdotale du diocèse... et pourtant, le jeune prêtre ne restera pas en Beauvaisis puisque dès novembre 1979, il rejoindra la Zambie pour le Service des Missions d’Afrique (Pères Blancs).

Un événement qui nous interpelle

Un seul prêtre et il part ailleurs. N’y a-t-il pas là lieu de nous interroger à un moment où les effectifs vieillissants du secteur s’amenuisent ?

Telle est la problématique dans laquelle nous avons commencé à préparer cette ordination sur le secteur c’est ainsi qu’un soir de mars, nous nous sommes retrouvés une vingtaine autour de l’équipe de prêtres, pour voir comment faire de cet événement une occasion de sensibiliser le secteur aux vocations.

C’est au cours de ce premier échange que nous est venue l’idée de donner cette année un retentissement particulier à la Journée Mondiale des Vocations. Notre préoccupation : faire réfléchir les chrétiens du secteur sur les différentes facettes de la vocation de baptisé en montrant bien comment les différentes vocations sont en fait des expressions spécifiques d’une mission commune.

Pour ce faire, nous avons retenu deux thèmes :

- la vocation du prêtre comme réponse à la vocation chrétienne ;

- la Mission ici et la Mission là-bas : deux dimensions complémentaires d’un même souci de faire connaître Jésus-Christ.

Une méthode de réflexion

La méthode retenue visait d’une part à sensibiliser un maximum de chrétiens en leur donnant l’occasion de s’exprimer ; et d’autre part à bien marquer, par le choix des intervenants, la complémentarité des Missions de l’Eglise universelie.

Dans ce but, la semaine s’est articulée autour de quatre points fixes :

  • une rencontre d’adultes en soirée, avec des carrefours "légers" qui facilitent de la part de tous une prise de parole.
  • une rencontre de jeunes, par tranches d’âge, le samedi après-midi, terminée par la Messe dominicale.
  • une prédication aux Messes du dimanclhe qui donne à la fois les deux dimensions - Eglises de là-bas et Eglises d’ici - Avec la participation de deux intervenants afin de bien marquer la complémentarité des Eglises et des vocations.
  • enfin, une rencontre avec les différents groupes de catéchèse.

Un travail d’équipe

L’ensemble de cette recherche a été mené en équipe. Les trois prêtres du secteur, le responsable diocésain des vocations, le délégué épiscopal à la Coopération Missionnaire, la Soeur Missionnaire D.O.P.M. de la région Champagne Picardie, une soeur vietnamienne et deux missionnaires Pères Blancs ont conduit ensemble la réflexion. A travers les échos que j’ai pu recueillir, c’est cet exemple vivant d’universalité qui a le plus marqué les participants.

Une Semaine riche en enseignements

Parmi les faits saillants qui me semblent ressortir, j’en retiendrai deux :

- Il faut de plus en plus essayer de montrer les vocations au sacerdoce ou à la vie religieuse comme des manières de vivre l’unique vocation de chrétien. Il ne suffit pas de le dire, ou de penser que cela va de soi : notre temps a besoin de signes et il n’est pas si difficile de constituer des équipes diversifiées pour faire réfléchir nos communautés sur les vocations aujourd’hui. Par exemple , je crois que la présence d’une soeur vietnamienne, d’une congrégation spécifiquement locale était d’une richesse infinie. Quel témoignage que d’entendre : "Chez nous, nous avons des vocations mais nous sommes privés de la liberté de les épanouir. Pourtant, même si aujourd’hui je suis bloquée en France, dès que le régime me le permettra, je repartirai car ma vie est là-bas, au service de mon peuple". N’importe quel sermon ne remplacera pas un témoignage comme celui-là.

- Pour retrouver une dimension missionnaire ici, il faut savoir nous laisser interpeller par les Eglises d’ailleurs. A l’issue d’une longue réflexion sur les jeunes communautés chrétiennes d’Afrique, l’un des participants, qui je crois, résumait assez bien la pensée générale, nous a dit :
"Au fond, nous n’avons pas de prêtres, parce que nous n’avons pas vraiment de communautés, et nous n’avons pas de communautés parce que nous ne vivons pas vraiment notre vocation de chrétiens. Commençons donc par là, et alors il n’y a aucun doute que nos communautés feront émerger ceux dont elles ont besoin pour les animer spirituellement".

En conclusion :

Une expérience comme celle-ci est non seulement à poursuivre mais à développer. N’avons-nous pas trop tendance, en situation de "pénurie" à nous refermer sur nous-mêmes et à ne penser qu’à nous-mêmes ?
C’est seulement si nous savons nous ouvrir aux autres Eglises, si nous savons être prêts à donner "le peu que nous avons", si nous savons retrouver une dynamique missionnaire, que nous trouverons ceux dont nous avons besoin pour animer nos communautés.

Louis RAISON