En marche vers la confirmation : comment découvrir la dimension ecclésiale de la vocation ?


— avec des jeunes
— avec leurs parents

Nos intentions :
A travers expériences et dialogues, faire percevoir quatre aspects de la vie chrétienne dans un monde largement incroyant :
— Voir comment chacun a des dons différents au plan humain, mais aussi dans sa manière de vivre l’Evangile.
— Découvrir comment à ces dons correspondent des responsabilités, des appels de l’Esprit, dans le monde et dans l’Eglise.
— Chercher comment ces vocations personnelles s’articulent les unes aux autres dans le Peuple de Dieu.
— Situer ces vocations au sein des communautés chrétiennes en lien avec le ministère de l’Evêque.

Finalement, notre préoccupation porte au-delà de la préparation du sacrement. Celui-ci n’est pas un but. Il s’agit de proposer à des jeunes de vivre l’Evangile en bâtissant une Eglise qui en soit le sacrement. Les jeunes qui s’affirment chrétiens savent qu’ils sont une minorité. La préparation du sacrement est une chance pour chercher avec eux comment vivre et témoigner, conduits par l’Esprit.

Ces intentions ne doivent pas nous faire oublier une attention plus fondamentale : nous avons à servir le travail de l’Esprit chez les jeunes. Aussi la préparation essentielle à la confirmation consiste à nous rendre attentifs avec eux à des signes de l’Esprit. Peut-être l’année prochaine nous conduira-t-il par des chemins tout différents de ceux que nous décrivons ci-dessous, pour servir les mêmes objectifs... En tout cas notre propos devrait toujours s’appuyer sur des questions, des expériences, un vécu des jeunes.

Des pratiques diverses
Voici une expérience. Faut-il préciser que les pratiques sont fort diverses
— selon l’âge choisi pour proposer la confirmation,
— selon le milieu scolaire (Ecole catholique, aumônerie de l’Enseignement public, etc.) ?

C’est dire que notre proposition n’est qu’une possibilité. Nous espérons seulement que même ceux qui travaillent dans un autre contexte, pourront s’inspirer de telle ou telle des indications suggérées ici.

On pourra prendre d’autres idées et trouver des orientations dans deux documents récents :
— « Confirmés dans l’Esprit », janvier 1978, dans la collection « Terrains d’aventure », éditée par la CRER d’Angers.
— « Viens, Esprit du Seigneur », 5 fiches pour les jeunes et un cahier pour l’animateur, édités par le Centre National des Vocations, mars 1978.

Pour un travail plus poussé sur la Confirmation on peut, par exemple, utiliser :
François MONFORT : « La Confirmation et l’avenir de l’Eglise », Dossier libre, Ed. du Cerf.

UNE PRÉPARATION DE LA CONFIRMATION EN ÉCOLE CATHOLIQUE

L’expérience décrite ci-dessous s’est déroulée de janvier à juin 1978, avec des garçons de 5e, à l’Ecole Saint-Stanislas de Poitiers.

I. — CHANGER LA SITUATION ANTERIEURE... NOS MOTIVATIONS

Jusque-là nous avions l’habitude, entre aumôniers de l’école, de consacrer un mois à la préparation de la Confirmation... C’était court, surtout étant donné l’ambition de nos objectifs :

* Nous souhaitions que la Confirmation soit en particulier la consécration d’une vie d’Eglise déjà existante. Pour que les jeunes expérimentent un peu plus cette vie d’Eglise au sein de petites équipes, dont quelques-unes sans doute étaient déjà vivantes, mais dont d’autres seraient à faire naître, il fallait plusieurs mois.

* Nous désirions que les parents et avec eux des catéchistes et aussi des jeunes animateurs participent à la préparation. Les jeunes rencontreraient ainsi une Eglise d’adultes, et pas les seuls prêtres. Ceci suppose un cheminement assez long, ne serait-ce que pour constituer cette équipe d’adultes.

* En outre nous souhaitions que l’accès au sacrement de Confirmation cesse d’être automatique :
« le petit fait sa confirmation, après sa première communion et sa profession de foi ; comme cela il aura tout ». Nous voulions au contraire, conformément à une réflexion menée sur les « 67 propositions pour une école catholique » (1), agrandir les plages de liberté. Et l’idée était née d’un temps fort facultatif un samedi après-midi, au niveau de la préparation lointaine à la Confirmation. Cette étape permettrait de repérer les jeunes vraiment motivés pour le sacrement.

* Nous voulions également une rencontre avec l’évêque (ou son représentant) aussi bien pour les parents et les parrains que pour les jeunes. Il était évident qu’il fallait prévoir à long terme pour les deux dates.

* Enfin l’idée était venue à l’un des aumôniers, responsable par ailleurs du Service des Vocations, de s’appuyer sur la présence de l’évêque pour mettre en place une catéchèse de l’Eglise où « tous sont différents et tous appelés à être serviteurs » pour la mission.

* Prendre du recul, porter le souci de cette préparation non plus à deux aumôniers mais à toute une équipe, s’imposait donc. Nous allions, prêtres, catéchistes, parents, parrains, éducateurs scolaires et animateurs de mouvements, préparer ensemble la catéchèse régulière et les temps forts, partager les responsabilités dans l’action, mettre en commun nos observations sur les jeunes, faire après coup l’analyse critique de nos pratiques. C’est ainsi que naissait une équipe d’animation pastorale, dont le but était, par rapport à la confirmation, de préparer ensemble, d’animer en coordonnant, d’évaluer en fin de parcours.

II. — CHEMINEMENT PROPOSÉ SUR SIX MOIS

Nous nous décidons pour une préparation sur 6 mois, avec une dominante pour chaque mois...

* En janvier : une catéchèse suivie sur l’action de l’Esprit-Saint dans le monde, dans la Bible, dans l’histoire de l’Eglise, et dans la vie du chrétien... Le but est triple :
• Faire prendre conscience aux jeunes de la présence permanente et agissante de l’Esprit, en aidant les jeunes à sortir de l’ignorance qui était celle des Ephésiens : « Nous n’avons même pas entendu parler d’Esprit-Saint » (Actes 19, 2).
• Favoriser, sur ce thème du rôle de l’Esprit, un dialogue jeunes-parents.
• Permettre la rencontre avec des chrétiens engagés pour qui se pose la question : « Quelle est la place de l’Esprit-Saint dans ma vie ? »

* En février : première rencontre pour les parents, catéchistes et animateurs de mouvements.
On essaie de faire le point avec les familles en commençant par de petits carrefours qui facilitent l’expression autour de trois questions :

Trois questions pour une réunion de parents (après un mot d’accueil, on passe trente minutes par groupes de six sur ces questions).

  1. L’un de vos enfants se prépare à la confirmation.
    Que vous a-t-il dit des rencontres préparatoires, de la décision qu’il aura à prendre en avril pour demander — ou non — la confirmation ? Quel dialogue a pu s’instaurer entre vous à ce sujet ?
  2. Vos enfants grandissent. A travers ce qu’ils sont, ce qu’ils disent, ce qu’ils font, pensez-vous qu’ils prennent au sérieux leur vie chrétienne, et même qu’à leur place ils deviennent responsables de l’Eglise ?
  3. Que voudriez-vous dire à vos enfants, aux adultes qui cheminent avec eux, à partir de votre expérience de la vie, à partir des communautés chrétiennes que vous avez connues (ou qui vous ont manqué ?)

On débat avec les parents de l’option prise pour la préparation, à savoir l’insistance sur la vie d’équipe. Les animateurs présents décrivent les mouvements qu’ils représentent. On souligne auprès des parents qu’il est essentiel d’observer et d’accompagner leur jeune, sans se hâter de décider s’il fera ou ne fera pas sa confirmation.
Les réunions de jeunes continuent sur les mêmes thèmes qu’en janvier. On suggérera la présence de l’Esprit-Saint chez tous les hommes de bonne volonté (Gaudium et Spes, n° 22, 35).

— En mars : mise en place d’une vie d’équipe. Autant que possible chaque jeune participe à une équipe. Celles-ci sont de types fort divers : équipes de mouvements, groupes sur l’école, « bande naturelle » en quartier tenant compte des milieux, etc. Les adultes « accompagnateurs » participent à ces équipes si c’est utile. De plus on voudrait que ces équipes soient ouvertes sur d’autres jeunes, un confirmand invitant divers copains.

— En avril : premier temps fort, un samedi après-midi :
• But premier : décider si l’on demande ou non la Confirmation.
• Les jeunes réfléchissent sur la vocation en général.
• Ils rencontrent l’évêque ou son représentant. Ils posent leurs questions sur le rôle de l’évêque, sur leur place dans l’Eglise. L’évêque parle de ce que font d’autres jeunes dans le diocèse, de ce qu’il attend d’eux...
• Ceux qui désirent recevoir le sacrement rédigent à l’adresse de l’évêque, leur demande du sacrement.

— En mai : deuxième rencontre des parents, parrains (ou marraines) et catéchistes. L’évêque (ou son représentant) est présent. On indique aux parents les questions des jeunes. Les adultes réagissent et interrogent à leur tour. L’évêque fait part de projets et de soucis concernant l’avenir de l’Eglise.

Au cours du mois la perspective « vocation » se précise grâce à une deuxième catéchèse suivie sur « l’Eglise, Peuple de Dieu » où chacun a sa place, dans la complémentarité, la réciprocité. Une fois encore des témoins, jeunes si possible, en tout cas proches des enfants, viennent dire comment ils voient leur responsabilité dans l’Eglise, quelle est — pour eux — la place du prêtre.

On cherche comment les prêtres — et d’autres chrétiens — sont au service de l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde.
L’évêque, et dans son sillage le prêtre qui participe à la responsabilité de l’évêque, est présenté non pas comme l’homme-orchestre, mais comme celui qui aide chacun à prendre sa responsabilité : « il y en a parmi vous qui sont appelés à... » II est aussi celui qui fait le lien entre les communautés : « vous êtes l’Eglise... vous n’êtes pas toute l’Eglise... Vous avez ici certains engagements... des chrétiens ailleurs en ont d’autres ». Autrement dit, l’évêque est celui qui vient d’ailleurs ; et comme tel il est témoin de l’Eglise universelle.

Tout ceci doit non seulement « être dit », mais autant que possible être expérimenté. La visite de l’évêque est l’une des expériences souhaitables. Mais l’essentiel est sans doute de montrer aux jeunes comment par leurs choix et leurs refus, ils participent dès maintenant — ou non — à l’action du Christ bâtissant son Corps à partir du monde. Cela est fondamental pour que le discours ne soit pas théorique.

— En juin : deuxième temps fort pour les candidats inscrits. Prévu cette fois-ci sur le temps scolaire, il a pour but de préparer la célébration toute proche. Ce sera d’abord un espace pour intérioriser. On fera une large place à la prière personnelle et de groupe. Puis on préparera et réfléchira les divers moments de la célébration. Quelle sera la part de chacun dans cette célébration : Jeunes - Parents - Catéchistes - Parrains (choisis souvent parmi les animateurs d’équipes) ?

III. — TROIS CRITÈRES D’EVALUATION

Notre expérience à Poitiers est trop récente pour que nous soyons autorisés à en tirer des conclusions. Voici cependant les trois critères que nous nous donnons pour évaluer notre propre recherche en fonction de ce qu’étaient nos objectifs.

1. Quelle expérience ecclésiale ont vécu les jeunes ?
— Quelles ont été les relations entre jeunes et avec les adultes dans l’équipe de catéchèse ?
— Les jeunes ont-ils pris des initiatives, des responsabilités en catéchèse et ailleurs ?
— Ont-ils connu, rencontré des témoins variés de la vie chrétienne ?
— Comment ont-ils été en relation avec des prêtres, avec l’évêque ? Qu’expriment-ils à ce sujet ?

2. Quel rôle les parents ont-ils joué ?
— Les parents ont-ils « pesé » sur le choix des jeunes de demander ou non la confirmation ? Comment ?
N.B. : il nous semble que le rôle des parents, surtout dans le contexte d’une institution scolaire catholique, est fondamental.
— S’il y a eu dialogue parents-jeunes, sur quels sujets ce dialogue a-t-il eu lieu ?
— Les parents favorisent-ils — ou non — la participation des jeunes à des mouvements ? Pourquoi ?

3. La rencontre avec l’évêque...
— Y a-t-il eu interpellation de ces jeunes pour qu’ils prennent leur place dans la mission ?
— Quelle place a été faite aux laïcs, à la vie religieuse dans l’échange de l’évêque avec les parents, avec les jeunes ?
— Evêque, prêtres, diacres. Quelles images, quelles expériences ont été évoquées pour suggérer le rôle original des ministères ordonnés ?

En guise de conclusion...

Nous avons travaillé ensemble, des jeunes, des laïcs, des prêtres.

Quelques convictions ont grandi en nous :
— nul n’est chrétien tout seul,
— nul n’est chrétien sans se nourrir à des racines qui, par l’évêque, vont jusqu’aux Apôtres ;
— nul n’est chrétien s’il n’avance, conduit par l’Esprit de Jésus.

NOTES ---------------------------

(1) Voir « Enseignement Catholique - Documents-, n° 28, janvier 1976 : 277, rue Saint-Jacques, 75005 Paris. [ Retour au Texte ]