Foyers et Séminaires - Perpectives pour l’avenir


Après une session nationale

A Buzenval, nous étions 150 les 29 et 30 octobre 1978 pour la récente rencontre nationale des Foyers-Séminaires (71 prêtres diocésains ou religieux, 26 animateurs laïcs, 6 religieuses, 30 jeunes de première et terminale, 17 parents). Ils venaient de 52 maisons différentes.

Le nombre des participants, la richesse des contacts entre personnes de maisons différentes, les divers échanges, tout cela explique le titre de l’article paru dans La Croix du 7 novembre : "La vitalité des Foyers-Séminaires".

Telle est la situation actuelle, meilleure qu’on ne pouvait l’imaginer il y a 5 ans. Mais, notre responsabilité d’aujourd’hui est de préparer demain.
Le souhait des animateurs de Foyers-Séminaires de Jeunes est de mieux participer au travail des services diocésains des vocations ; nous voudrions y travailler à notre place, en particulier dans les quatre perspectives suivantes.

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A/ - DES SITUATIONS NOUVELLES

Elles sont observables tant chez les jeunes que chez les animateurs.

1) Les Jeunes

On remarque une évolution.

a) dans l’origine sociale des jeunes

- Autrefois : prédominance du milieu rural agricole.

- Aujourd’hui : essentiellement des jeunes des classes moyennes :
artisans, commerçants, professions libérales ou techniciennes.
Mais ils habitent le plus souvent en dehors des grandes villes.

b) dans leur mentalité

- une disponibilité certaine ; mais le temps libre leur manque en raison des rythmes scolaires. D’où la difficulté pour équilibrer loisirs, participation à des mouvements, etc.

- un dynamisme pour prier : une génération qui n’est pas allergique à la prière.
. En 1er cycle : on constate parfois un retour aux formes de la prière traditionnelle (chapelet par exemple).
. En 2d cycle : un certain engouement pour les petits groupes de prière.
Ce dynamisme connaît bien sûr des fluctuations, bien compréhensibles à cet âge.

c) dans leur projet

- une certaine inquiétude face à l’avenir, dans un contexte de chômage et de crise économique. Des études (série B notamment) dont les débouchés sont aléatoires.

- méfiance et réserve face au projet "être prêtre" : les départs des prêtres et une certaine insistance sur la nécessité du prêtre dans un contexte de crise semblent poser négativement sur leur décision.

- une certaine découverte des nouveaux ministères ; du diaconat permanent par exemple, peut susciter en eux une espérance nouvelle.

- il semblerait que leur projet de vie sacerdotale soit plus motivée par un besoin de vie spirituelle que par le souci d’annoncer l’Evangile aux hommes aux prises avec tous leurs problèmes quotidiens.

2) Les animateurs

Un fait important : le plus grand nombre des animateurs laïcs dans bien des Foyers et Collèges-séminaires. Ce type de présence révèle aux jeunes que :

- ce n’est pas une "caste" sacerdotale qui se reproduit par elle-même

- les ministères et la pastorale des vocations sont l’affaire de toute l’Eglise.

B/ ORIGINALITE DE NOTRE PROJET "FOYERS-SEMINAIRES

La session a fait prendre conscience qu’au-delà de certaines différences, dues en partie aux situations locales, toutes ces maisons ont une volonté commune de travailler à l’éveil et à l’accompagnement de vocations pour les différents ministères dont l’Eglise a besoin.

Les colléges-sémaires groupant des effectifs élevés ont certes une place à part. Ils cherchent à sensibiliser les jeunes à la question d’un éventuel ministère dans l’Eglise. Certains, par exemple, organisent des rencontres pour ceux qui pensent au sacerdoce.

Les Foyers-Séminaires se veulent, quant à eux, des lieux privilégiés où peut éclore et se développer le désir d’un service dans l’Eglise. En fidélité à son baptême, le jeune est amené à envisager sa vie comme une réponse à un appel particulier du Christ.

Par quels moyens ? L’originalité de ce cheminement tient d’abord à la vie communautaire avec toutes les exigences qu’elle suppose : écoute et contestation mutuelles, réflexion et travail commun, services, etc.

Le travail scolaire occupe une grande partie de la journée du jeune.
Mais celui-ci a d’autres lieux de vie (quartier, village, famille, loisirs, etc.). Le Foyer l’aide à relire ces diverses réalités et à vérifier la cohérence de sa foi avec les engagements qu’il y prend.

Les responsabilités assumées par un jeune sont reprises et réfléchies au sein du Foyer. Elles peuvent ainsi préparer à des engagements d’adulte au service de l’Eglise et du monde.

Tout ceci vise à soutenir ou à éveiller le jeune à sa vocation personnelle. Qu’il soit prêtre plus tard ou engagé à une autre place dans l’Eglise, le Foyer Séminaire voudrait l’aider à comprendre ce qu’est le ministère presbytéral et à voir comment il se noue avec d’autres ministères au service de l’Evangile.

C/ CORESPONSABILITE ET CONCERTATION

Les Foyers-Séminaires ne sont pas des institutions bien cadrées, où l’on se contenterait d’appliquer un règlement préétabli. Leurs objectifs et leur style de vie sont le fruit d’une collaboration entre cinq "pouvoirs" : les jeunes, les parents, les animateurs laïcs, les prêtres responsables et l’évêque.

a) Les jeunes. Au Foyer, ils ne sont pas passifs. D’ailleurs, c’est volontairement qu’ils y sont rentrés et qu’ils y restent. Ils participent activement à leur vie d’équipe et travaillent ainsi, en Eglise, à l’édification de la communauté, y amenant ce qu’ils vivent à l’extérieur. L’organisation de la vie quotidienne dépend largement du dynamisme des équipes.

b) Les parents. Ils sont responsables à leur place de la marche de la maison.
Ils sont associés régulièrement à la réflexion d’ensemble. Ils peuvent ainsi mieux comprendre le projet de leur jeune et donner un témoignage clair de leurs propres vocations, dans un souci partage de l’avenir de l’Eglise.

c) Les animateurs laïcs : nouveaux venus dans l’encadrement des foyers-séminaires, ils ne sont pas simplement des surveillants. Ils vivent leur travail comme une mission d’Eglise, participant à la tâche commune. Laïcs, ils apportent leurs charismes propres dans les divers aspects de la vie du foyer jusque dans l’animation spirituelle.

d) Les prêtres : directement responsables de la marche du foyer, ils y sont les témoins vivants du ministère presbytéral. Et cela, non seulement en leur nom propre, mais au nom de tout le "presbyterium". Ils doivent à la fois "faire tourner" la maison et multiplier les liens avec l’ensemble des prêtres du diocèse.

e) L’évêque : responsable ultime de la pastorale diocésaine, c’est lui qui précise au Foyer-Séminaire ses objectifs et le sens de son travail au service du diocèse et de la pastorale des vocations.

P.S. - certaines équipes de Foyers-Séminaires bénéficient aussi de l’apport de religieux ou religieuses, témoins de la vocation à une vie consacrée.

D/ LE FOYER-SEMINAIRE : UN POINT D’APPUI POUR LA PASTORALE DES JEUNES ?

A Buzenval, cette proposition présentée de façon affirmative a suscité quelque perplexité. Remarquez donc ici ie point d’interrogation...

l) De quoi s’agit-il ?

a) De faits d’abord. A Nice, N.D. de Consolation, Bourg En-Bresse, Ploërmel, Carcassonne, Avignon, etc. l’équipe des animateurs de Foyer-Séminaire organise diverses rencontres de jeunes. A Nevers, Toulouse, etc.
"l’infrastructure" du Foyer-Séminaire est régulièrement mise à la disposition des aumôniers.

b) D’un projet pastoral. La diminution du nombre des jeunes prêtres empêchera de plus en plus le maintien d’un quadrillage d’aumôneries scolaires.
Ceci - et d’autres motifs - rend plus nécessaire l’existence de temps forts qui exigent des points d’appui, en particulier pour les équipes de laïcs qui prennent en charge les aumôneries scolaires.

2) Pourquoi ?

Ces situations qui semblent susceptibles de se multiplier à l’avenir, sont sans doute une conséquence d’un principe qui nous est familier :
dans un diocèse, le Foyer-séminaire doit être un "signe".

On veut dire que l’existence même de la maison rappelle à tous la réalité et i’importance "des vocations" de jeunes. Pour être davantage "signe", n’est-il pas souhaitable que le Foyer-Séminaire accueille largement ? Parfois il s’agira simplement d’assurer "l’hôtellerie", à d’autres occasions un travail commun sera possible et souhaitable. Les divers contacts devraient permettre à beaucoup de se situer en serviteurs de l’Evangile, chacun selon sa vocation.

3) A quelles conditions ?

Ce rôle d’avenir ne peut se développer que si :

- le Foyer-Séminaire accueille sans vouloir polariser toute la pastorale des jeunes.

- Le Foyer-Séminaire écoute suggestions et interpellations d’autres instances (ne pourraient-elles avoir une place dans un conseil de maison ?)

- Le Foyer-Séminaire agit de concert avec le Service diocésain des vocations dont il est un service particulier.

CONCLUSION

Bien sûr, les orientations présentées ci-dessus doivent tenir compte des situations locales.

Parmi les projets de travail pour l’avenir, nous avons en particulier deux autres pistes dont "Jeunes et Vocations" donnera des échos :

- l’entrée dans les grands séminaires, pour qui, à quelles conditions ?

- pédagogie propre aux collèges-séminaires.
et peut-être d’autres questions que vous nous écrirez ...

Jean-Marie BECKEL
Claude CUGNASSE
Jean-Claude MARFAING
Norbert PETOT