Religieuse en aumônerie de l’Enseignement public


"Bassac 78", une session de sensibilisation à la pastorale des vocations pour une centaine de religieuses du Sud-Ouest.

Six mois plus tard, une religieuse, aumônier dans l’Enseignement public, peut écrire :

Mon témoignage portera sur la façon dont la session de BASSAC en février 1978 a transformé mon regard par rapport aux jeunes que je contacte dans ma vie de religieuse, aumônier de l’Enseignement Public, dans le sens du service des appels de Dieu dans l’Eglise".

L’équipe d’Aumônerie et ses objectifs.

A mon arrivée dans l’aumônerie, je rencontrais des jeunes de 1er cycle, une petite heure par semaine à l’intérieur d’un établissement scolaire. Le besoin se faisait sentir d’élargir l’éventail des éducateurs de la foi et, à travers des rencontres plus longues, des temps forts, de donner à ces jeunes une expérience de vie d’Eglise.

Avec les prêtres Aumôniers d’E.P., avec des parents catéchistes, mais surtout avec de jeunes aînés, nous avons constitué des équipes d’animation.

Ces jeunes aînés sont des "2ème cycle", des étudiants, des jeunes au travail, des jeunes en technique ... Ils sont pleins, sinon de savoir-faire, du moins de bonne volonté et parlent bien le langage des plus jeunes qui les sentent proches d’eux.

Ils y viennent :

  • soit parce qu’autrefois ils étaient des "1er cycle" qui ont bénéficié de la formule et qui gardent de leurs propres animateurs un souvenir très vif et marquant ...
  • soit parce qu’on a remarqué tel ou tel jeune que l’on sent capable d’aider les plus jeunes et qui, lui, n’oserait pas se proposer. On pose la question : tu n’as jamais pensé à ... ?

Au long des années, les équipes de ces aînés se sont formées, se sont renouvelées, ... étoffées ... structurées ... certains partent ; et on recommence. (Actuellement, plusieurs étudiants en sont à leur cinquième année). Inutile de préciser que tout cela ne va pas sans bavures, ni risques (motivations insuffisantes, immaturité, recherche de solution pour ses propres problèmes, engagements sans lendemain ...)

Vis-à-vis de ces jeunes, nous avons une responsabilité sur trois plans, nous semble-t-il :

  • une formation doctrinale, nous proposons des journées de formation en relation avec le service diocésain de catéchèse ;
  • une expérience de communauté ecclésiale entre nous ;
  • une formation plus technique à l’animation de groupe.

Voilà ce que j’ai vécu très longtemps par rapport à ces jeunes.
Je pensais bien aux appels de Dieu pour des vocations sacerdotales ou religieuses ... Je me disais : dans l’Eglise de Dieu, il y aura toujours des appels pour ces états de vie. En ce moment, c’est presque un passage à vide, mais il faut garder l’Espérance ... ces jeunes éveillés au sens des autres et prenant leur place dans l’Eglise, Dieu les appellera peut-être, plus tard, à une vocation bien spécifique ... Je priais et occasionnellement, je faisais prier pour les vocations de prêtres et de religieuses ...

Il a fallu la session de Bassac pour me faire prendre conscience du manque de dynamisme ou de véritable espérance et du peu de réalisme spirituel de cette attitude.

Mon regard depuis Bassac

En revenant de Bassac, j’avais pris conscience :

  • que dans notre Eglise, chacun reçoit de Dieu un Appel, unique pour lui :
    sa vocation...
  • que cet appel nous vient à travers d’autres ... à travers des circonstances Regardons nos propres vies.
  • que par conséquent, nous sommes responsables, je suis responsable des appels de Dieu, aujourd’hui ... Nos vies, ma vie de religieuse en vie apostolique doit être chemin de l’appel ... .

Et, en pensant à ces jaunes aînés,

  • qu’il y a beaucoup d’appels différents, pour des vocations différentes, pour des ministères différents dans l’Eglise ...
  • que le premier appel est un appel à la foi ... que la réponse à ce premier appel rend disponible pour entendre où conduire Celui qui appelle...
  • que Philippe, Agnès, Annick, Jean-Philippe, Emmanuelle et les autres étaient - ici et maintenant - en train de répondre à l’appel de Dieu sur leur vie pour aujourd’hui, et qu’à partir de là, nous-avions, j’avais quelque chose à faire.
  • les aider à lire par la réponse qu’ils lui donnent, l’appel de Dieu sur leur vie pour maintenant ...
  • les aider à considérer leur vie comme une réponse. Ils pensent beaucoup "avenir", c’est normal. L’Avenir, c’est le métier, la situation, c’est bon, mais pourquoi pas ceci en réponse à un Appel, à une vocation ...
    Fidélité à l’appel d’aujourd’hui pour se rendre attentif et fidèle à l’appel qui finalement orientera leur vie, quelque soit cet appel.

Quand on commence à faire attention aux choses, elles se proposent : un garçon qui m’avait parlé de son désir d’être prêtre quand il était en 6ème et qui est maintenant en 2ème m’écrivait : "... Je voudrais vous aider si cela peut vous rendre service. Je voudrais réfléchir avec des 6ème pour me rendre compte combien, depuis 5 ans, ma façon de réfléchir a changé ... ma vocation future se dessine clairement maintenant."

Changement aussi pour moi par rapport aux plus jeunes :

  • chacun d’eux est un appelé de Dieu, à être homme d’abord, à être chrétien.
    Les aider à découvrir cet appel de Dieu sur eux.
  • sont-ils dans des conditions où ils puissent entendre et répondre ?
  • certains parmi eux sont déjà des "appelants" à leur façon auprès des autres. Le leur faire lire.
  • il y a parmi eux des appelés à la vie sacerdotale et religieuse. Le leur dire.

Et les questions que cela me pose à moi-même :

  • est-ce que je vis éveillée à l’appel permanent de Dieu sur ma vie ?
  • est-ce que je vis une réponse ?
  • est-ce que ma vie peut être appel ?
  • qu’est-ce que je fais concrètement pour créer les conditions où l’appel de Dieu à la vie sacerdotale et religieuse puisse être ... évoqué d’abord,
    ... entendu ensuite ?

Et les questions que cela pose par rapport à l’aumônerie :

  • essayer de provoquer de fortes expériences d’Eglise où se dégage le sens du sacerdoce, de la consécration religieuse, du ministère...
  • accueillir les jeunes qui se posent des questions réelles sur la foi.
    Les bases doctrinales des jeunes que je connais sont faibles. Il leur est plus facile de donner que de croire ... Il faut les prendre comme ils sont.
  • avoir des réflexes attentifs pour "profiter" pour relancer l’appel, des grands événements d’Eglise (ou des petits) que présente la vie.
  • avoir un état d’esprit inventif.

En concluant, je voudrais dire deux certitudes :

  • que la vie religieuse est inscrite aujourd’hui ... au coeur des filles d’aujourd’hui.
    Il y a une évolution sur 7 ans. Aujourd’hui, de la part des filles que je connais (je reste dans mon expérience) il y a curiosité, sympathie, attention pour la vie religieuse ... peu ou pas connue.
  • que nous, les religieuses de vie apostolique qui vivons auprès des jeunes notre mission d’éducatrices de la foi, nous avons une tâche pleine d’Espérance.
    Dieu est à l’oeuvre mais avec des façons nouvelles pour le monde de 1978.
    Des façons qui nous déconcertent peut-être, mais que nous devons accueillir pour permettre d’y répondre ...
Soeur MADELEINE
(Poitiers)