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Quelques observations, quelques orientations
Lors de la rencontre d’Issy-les-Moulineaux, on m’a demandé d’être observateur et, en finale, de proposer quelques orientations. En voici une sélection que je souhaite "digeste" même pour ceux et celles qui n’ont pas vécu ces deux journées de partage.
I - Le POIDS DU PASSE
C’est la première réalité que j’ai observée, présente et pesante sur nous. Tous ici, nous sommes nés avant le Concile. C’est lourd de conséquences en particulier pour deux de nos préoccupations.
A. Le spécifique
Qu’est-ce qui "distingue" aujourd’hui un membre d’institut séculier d’une religieuse sans costume particulier, qui vit durant la semaine hors communauté pour sa profession d’employée de préfecture ? Autrefois, il y avait des repères extérieurs pour la vie religieuse. Nous les gardons en mémoire. Or, nous sommes depuis le Concile dans une période de fluidité, de redistribution des ministères et de diffusion des dons de l’Esprit.
La créativité, c’est beau, c’est fécond, mais cela dérange et insécurise. Les prêtres en savent quelque chose, eux qui sont dans la même situation !
Nous avons pris conscience d’une riche variété de formes de vie consacrée aux arêtes mal définies. On peut comprendre et expliquer historiquement la variété des congrégations, mais notre diversité va bien au-delà. Dès lors, nos schémas sont brouillés.
Pour y remédier, suffit-il de se rencontrer de s’expliquer, d’éclairer par la théologie ? Je ne le crois pas. La vocation touche au secret de la personne et au mystère de Dieu, elle a un noyau incommunicable. Il faudrait creuser cela. Je souhaite seulement qu’en Eglise comme dans l’amitié, on reconnaisse l’autre non parce qu’on le comprend, mais bien qu’on ne comprenne pas, parce que lui, il est ainsi ... !
B. La pastorale des vocations. Elle existait bien quand nous nous sommes engagés personnellement. Nous avons connu les recruteurs, les juvénats, les maîtresses de noviciats souveraines en leur royaume...
Peut-être en avons-nous souffert. En tous cas, nous ne voulons plus de cela, nous ne voulons pas être solidaires, ni héritiers de ces "entonnoirs à vocations". On l’a dit et écrit à Issy-les-Moulineaux.
C’est si vrai que beaucoup de congrégations ont souhaité une purification par le vide... Mais nous sommes dans le désert.
Ce n’est pas confortable. Comment en sortir sans revenir sur les vieilles pistes ?
Et en même temps sans brader l’essentiel. Tenez, ce vieux mot "vocation" poussiéreux à souhait, ce galeux... Il dit tout autre chose que "projet", le terme qu’on a essayé de lui substituer.
La vocation, c’est un appel que l’on reçoit, le projet, c’est un objectif que l’on se donne. Nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde... Attention à la fois de ne pas revenir dans les fondrières du passé et de ne pas disparaître dans les modes d’aujourd’hui...
Il - LES TENSIONS DU PRESENT
Voici, en parallèle, des affirmations ou des souhaits exprimés par divers carrefours :
1. Comment éveiller et former les jeunes 2. Comment faire vivre à beaucoup |
1. Etre ordonné, être consacrée pour un milieu, ou encore : Pourquoi en A.C.E, séparer deux bons copains 2 . Comment faire exister dans le diocèse un S.D.V. ; |
Ces convictions ou ces situations s’inscrivent à peu près dans des mouvements inverses, contradictoires. On retrouve là, en pastorale des vocations, des tensions qui habitent toute l’Eglise de France.
Pour les dépasser, un seul moyen dont nous avons eu plusieurs témoignages ces jours-ci, l’équipe diversifiée : hommes et femmes, des gens situés en divers lieux de la pastorale, capables d’attention à l’un et à l’autre. Mais ce projet suscite une objection : le service des vocations va devenir le tout de la pastorale, il serait "globalisant".
Que veut-on dire en lançant ce grief ? Le Concile a souligné que la pastorale des vocations est l’affaire de toute la communauté chrétienne, elle doit être portée par toutes ses nervures (familles, mouvements, presbyterium, école, etc.). Mais bien sûr, le service des vocations n’est que l’un des facteurs de la pastorale.
On pourrait résumer et limiter ses fonctions autour de trois types :
1) Face à un mouvement, le rôle du S.D.V, est de l’interpeller, de l’aider à assumer sa responsabilité propre par rapport aux vocations.
2) Telle religieuse en S.D.V. est en même temps enseignante en Ecole catholique. Elle cherche à développer dans l’institution et dans son propre enseignement tout ce qui peut contribuer à un éveil de la vocation.
3) L’équipe du S.D.V. anime des activités propres, par exemple il organise des week-ends pour des jeunes en recherche.
En fonction des personnes disponibles, en raison de la diversité des situations locales, chaque S.D.V. travaille plus à l’un ou bien à l’autre des trois niveaux ci-dessus. Le S.D.V. peut dialoguer avec beaucoup d’instances pastorales, il est souhaitable qu’il "fasse faire", qu’il se réjouisse chaque fois que la vocation est annoncée par d’autres...
III - LES MOYENS DE L AVENIR
Inventer sans brader, dialoguer avec beaucoup, susciter, accompagner, cela suppose des femmes, des hommes, laïcs, religieux et religieuses, diacres et prêtres. Or, on se plaint de la surcharge, on s’épuise... Voici quelques moyens et quelques orientations.
o Des S.D.V. "explorateurs"
C’est bien d’avoir au S . D. V. une équipe diversifiée. Mais que lui demande-t-on ? Au cours d’une année, a-t-on pris le temps et combien de fois de s’informer et de s’interroger sur les phénomènes neufs : les filles candidates pour un ministère, les communautés nouvelles, celles qui réunissent par exemple des laïcs et des religieux, etc. Ayons le souci d’ouvrir la fenêtre, de regarder ailleurs...
o Rejoindre divers lieux d’Eglise
Dans la situation éclatée d’aujourd’hui, s’il faut tenir à ses options personnelles, il ne faut pas s’y enfermer. Des documents sont disponibles au C.N.V, pour le dialogue avec les mouvements d’Action Catholique, le scoutisme, le M.EJ., les aumôneries de l’enseignement catholique et de l’enseignement public. Les connaissons-nous ? Quels sont les parents pauvres et pourquoi ?
o Compter sur les femmes
Oui parce qu’il y a une recherche très justifiée autour des ministères féminins, regardons où on en est dans l’Eglise (de la catéchèse aux permanents de la pastorale). Partout les femmes sont très majoritaires sauf en pastorale des vocations. Des chiffres rigoureux seraient criants à ce propos... Pourquoi ? Les raisons sont multiples mais que pouvez-vous faire dans le contexte qui est le vôtre ?
o Développer la formation
La pastorale des vocations est toujours à inventer, mais il faut partager nos inventions, nous enrichir les uns les autres.
La pastorale des vocations s’appuie aussi sur une théologie de l’Eglise, une conception des ministères et des charismes. Elle suppose des techniques d’animation... L’effort d’un diocèse en pastorale des vocations se mesure assez bien à ses investissements pour une formation d’animateurs. Qui dans votre équipe, participera cette année à une session de formation, à Bièvres, par exemple ?
Après cette étape
Cette rencontre à Issy-les-Moulineaux est une étape. Elle confirme l’importance, partout, d’avancer aujourd’hui en pastorale des vocations avec une équipe diversifiée.
Elle ouvre aussi quelques pistes nouvelles et des initiatives vont surgir "à la base". Ce qui a été fait depuis 10 ans n’est qu’un point de départ. Celui qui appelle, Jésus, est toujours devant.
Claude CUGNASSE