En pays de Bigorre


Dans une paroisse de 2.035 habitants, un jeudi soir à 20 h 45, 27 adultes, hommes et femmes et 25 jeunes de 16 à 23 ans se sont réunis pour s’interroger au sujet de l’appel au ministère presbytéral.

o Un tract avait été envoyé aux familles.
Une affiche paroissiale avait été jointe à celle du Centre National. En voici le texte, le même de part et d’autre :

POUR LE MONDE D’AUJOURD’HUI : DES PRETRES

- Le Prêtre, qui est-il ?

  • pour les uns, c’est quelqu’un qu’on respecte ;
  • pour d’autres, c’est quelqu’un dont on ne voit pas l’utilité...

- Pour nous, qui est-il ? Qu’en attendons-nous ? Qu’attend-il de nous ?
Il y a bien des questions que nous aimerions nous poser ensemble et poser à nos prêtres...
Nous pourrons le faire au cours de la réunion de jeudi 11 mai ouverte à tous, adultes et jeunes.
Les jeunes auront l’occasion d’échanger avec un jeune prêtre, l’abbé A.C.

o Un témoignage.

Neuf garçons de 6ème-5ème ont ouvert la séance. Ils ont parlé aux adultes et aux jeunes du camp de Bétharram auquel ils venaient de participer.

Ils ont surtout exprimé ce qu’ils avaient retenu de la rencontre avec le Cardinal MARTY. Nous n’en donnons ici que quelques extraits :

- "Nous étions plus de 30O jeunes garçons de 6ème et 5ème au camp de Betharram-Lourdes. Nous avons eu la chance, le 12 avril, de vivre une heure et demie avec le Cardinal MARTY. Nous lui avons posé beaucoup de questions et il nous a raconté un peu sa vie".

- "On lui a demandé si ses parents étaient croyants. Il a répondu : "mon père et ma mère étaient paysans. Lorsque j’étais petit, le voisin était venu planter des arbres dans notre jardin, et comme on était un peu canaille, nous les enfants, on avait trouvé qu’il y en avait un mal placé ; alors, nous avons voulu le changer de place : nous l’avons scié à ras du sol et nous l’avons replanté au bon endroit ... mais il n’a pas poussé : manque de racines..."Il nous a raconté ça parce que nous aussi on est des arbres bien vivants plantés par Dieu ; mais pour grandir, il nous a fallu des racines... ces racines ce sont nos parents, nos éducateurs, tous ceux qui nous aident à nous développer. Il nous a parlé de ses racines à lui, de sa famille qui l’avait aidé à devenir prêtre."

- "Il faut qu’on vous dise que nous, les jeunes du Camp, à la veille du départ, nous avons planté 5O arbres au Calvaire de Betharram ; chaque équipe de 8 a planté son arbre... L’arbre, pour nous, ça a un sens : chaque chrétien est un arbre et tous les chrétiens rassemblés comme des frères forment la forêt qui est le Peuple de Dieu : l’Eglise."

- "Le Cardinal continue : "un jour, la maman m’a demandé : "est-ce que tu voudrais aller au séminaire pour devenir prêtre ?" ... Je n’y a-vais jamais pensé... J’y ai réfléchi et je me suis décidé... Après avoir passé le bac, j’avais peur, j’avais envie d’arrêter. Un jour, au cours des vacances, mon père me dit :"il faudrait que tu m’aides à rentrer la moisson, après la moisson, nous irons à Lourdes." Et nous sommes allés à Lourdes, et c’est là, devant la Grotte où je me suis recueilli longuement, que j’ai pris ma décision. J’ai été ordonné prêtre en 1930. Je promis ce jour là d’être disponible pour tout ce que l’Eglise me demanderait."

- "... Evêque, puis archevêque, je me suis rendu compte un jour, quand je priais, que je voyais surtout les difficultés, ce qui avait mal marché... alors j’ai fait sur une feuille,. 2 colonnes : celle du bien et celle du mal. A la fin de la journée, j’ai vu que celle du bien était plus longue que celle du mal."

Nous posons encore des questions au Cardinal : "avez-vous été heureux ?" - Réponse : "J’ai été heureux, très heureux".

- "Est-ce que vous n’avez pas envie quelquefois de tout laisser tomber ?" - Réponse : "Quelquefois, j’ai le cafard... mais si une personne qui a des problèmes vient me trouver et me les raconte, je l’écoute... et, quand elle s’en va, mon cafard n’existe plus... Quand des prêtres viennent chez moi, et me demandent un service, je sens que ce sont eux qui m’ont rendu service à moi. Je suis toujours émerveillé du courage des prêtres et du bien qu’ils font."

- Il ajoute encore : "Il faut que je vous dise que dans mon village, lorsque j’étais enfant, il y avait une religieuse que nous connaissions bien... et c’est elle qui avait dit à la Maman : "il se pourrait que votre petit soit appelé par Dieu à devenir prêtre"... C’est ainsi que maman a eu l’idée de me poser la question si je voulais aller au séminaire... Quand je reviens chez moi, je vais chaque fois prier sur la tombe de mon père et de ma mère et aussi sur celle de cette religieuse à qui je dois un peu ma vocation".

... Tels sont les propos retenus et exprimés par des enfants de 11-12 ans.

o Des carrefours (trois groupes avec un prêtre dans chaque).

La "grille" de réflexion était celle du tract. Voici l’essentiel de ce qui a été exprimé :

- Le prêtre est considéré comme homme de Dieu, représentant de Jésus-Christ, qui rassemble les chrétiens... donneur de Dieu (Baptême, Eucharistie, Pardon des péchés, Sacrements etc.) . Messager de la Parole de Dieu qu’il explique, il nous invite à l’accueillir, à la partager, à la porter à notre tour.

- Le prêtre, autrefois lointain, grand seigneur, qu’on respectait comme quelqu’un de sacré qu’on était indigne d’approcher... aujourd’hui, le prêtre est plus proche de tous, surtout des plus modestes : relations plus simples, plus franches, plus confiantes (ce qui n’exclut pas le respect).

- On attend beaucoup du prêtre : on le voudrait parfait, on attend qu’il fasse tout… On reconnaît qu’on le laisse trop seul dans son église et dans son presbytère... Tout ce qui touche la paroisse, ça le regarde : accueil, messes, liturgie, chant, enfants et jeunes qui désertent l’Eglise... et on le critique quand cela est médiocre. Bien sûr, il y a les catéchistes laïcs qui font de leur mieux, mais on ne se sent pas partie prenante pour toutes les autres tâches à faire en Eglise...

Par ailleurs, les prêtres ne font pas suffisamment appel et confiance aux laïcs, or certains laïcs désireraient collaborer avec eux dans cette mission d’Eglise... il en résulte que ces laïcs restent passifs. Certains qui sont plus poussés par l’Esprit et plus actifs pensent qu’ils doivent arriver à faire corps autour de leurs prêtres, à prendre des responsabilités et à proposer des suggestions ; ils pensent que leur affection pour le prêtre devrait aller jusqu’à l’aider, le pousser, le dynamiser lorsqu’il est découragé, pris de peur, ou trop "assis" : ne pas craindre de lui dire certaines vérités, mais toujours avec respect et bienveillance.

- On pense que Dieu n’appelle pas comme autrefois... mais en constatant la diminution des prêtres et le peu de jeunes qui songent au sacerdoce, on se pose la question : "Si Dieu appelle, qui aide les appelés ?"... Souvent la famille étouffe cette vocation au départ : "Tu es trop jeune... ça te passera..."... le milieu ambiant (camarades) se moque, tourne en ridicule. Tout cela fait réfléchir. On pense aussi aux catéchistes qui reçoivent des confidences d’enfants et peuvent les aider avec discrétion, les orienter vers un prêtre. Il y a aussi le devoir de prier pour ceux qui sont appelés et pour les prêtres.

- Les jeunes, eux, ne se sentent guère attirés par l’Eglise dont ils se disent "en marge" ; mais ils apprécient les prêtres qui sont proches d’eux, qui les comprennent et leur font confiance. Un désir se fait sentir de collaborer pour rendre la messe plus vivante et plus joyeuse. Ils comprennent qu’être prêtre aujourd’hui, c’est difficile.

o Une mise en commun.

Elle a surtout consisté en un temps de recueillement. (Chant : "écoute, surtout ne fais pas de bruit...")

- Ecoute de l’Evangile : St Jean 17, 16-19.
Expression de prières composées dans chaque groupe -(Chant : "Qu’il est formidable d’aimer !".

o Ce qui a été vécu au cours de cet échange a été transmis à la communauté paroissiale, au cours de la messe du dimanche suivant, sous forme de prière universelle.

D’après une communication de . .
Sœur Suzanne Marie
St Pé de Bigorre