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Réinventer une Pastorale de l’Eveil et de l’Appel
Au diocèse de Nantes, le service des vocations propose aux prêtres de se réunir par zone pour voir ensemblE comment promouvoir aujourd’hui la pastorale des vocations.
. A cette réflexion commune, ils consacrent une journée :
comprendre pourquoi nous sommes devenus timides pour appeler ...
nous redire les raisons profondes d’une pastorale de l’éveil et de l’appel,
mieux voir comment elle est toujours possible aujourd’hui et en donner quelques exemples ...
.... telles sont les grandes lignes de la démarche proposée au cours de ces journées.Les notes qui suivent ne rendent pas compte de la manière concrète dont elles sont vécues, mais peuvent suggérer à d’autres l’initiative de semblables rencontres.
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EVEILLER ET APPELER. POURQUOI C’EST DIFFICILE ?
- Exposé de Edmond Billard -
Après avoir évoqué la physionomie de l’Eglise et de la pastorale des vocations au temps jadis ...
... quelques traits de l’évolution récente sont mis en lumière pour expliquer "qu’on ne peut plus poser aujourd’hui le problème des vocations comme on le posait auparavant" :
- L’élément stable que représentait la paroisse n’est plus la seule référence pour beaucoup de chrétiens.
- La place du prêtre est devenue moins claire .., moins prestigieuse ..., moins enviable.
- Les changements dans les tâches du prêtre et le visage qu’il offre amènent à poser des interrogations de fond sur ce qu’est le prêtre et sur la nécessité même de son ministère.
- De plus, certains changements dans la société elle-même ne sont pas sans conséquences par rapport aux vocations, en particulier la crise de la famille et l’allongement du temps de la scolarité.
Après avoir commenté ces observations, Edmond BILLARD poursuit ainsi :
"Toutes ces modifications ont actuellement des REPERCUSSIONS SUR L’IDEE QUE LES PRETRES SE FONT D’EUX MEMES, et sur la manière dont ils ressentent la question de l’appel au sacerdoce.
A - On dit souvent que le prêtre est à la recherche de sa propre identité :
je ne veux pas gloser là-dessus, je signale simplement la position inconfortable que vivent les prêtres dans la recherche délicate d’un équilibre entre la manière ancienne de se situer qui accentuait la distance prêtres-laïcs, et une nouvelle manière de vivre les relations avec les laïcs, qui met l’accent sur la proximité, l’ "être-avec", l’accompagnement, le partage, au risque de masquer ce qui est le spécifique du prêtre. Si ce spécifique est-mal perçu, il devient difficile d’appeler, il devient difficile en particulier de proposer le sacerdoce à des jeunes qui vivent déjà quelque chose de très riche comme laïcs militants, et qui voient mal ce que le sacerdoce leur apporterait d’autre. Si tout l’effort des prêtres est de devenir comme les militants, comment des militants pourraient-ils avoir envie de devenir prêtres ?
B - La remise en honneur de la co-responsabilité prêtres-laïcs est un deuxième élément qui pèse sur l’appel au sacerdoce ; en théorie, il devrait peser favorablement. Si les laïcs se sentent plus responsables de la construction de l’Eglise, ils devraient se sentir responsables aussi de l’avenir du ministère presbytéral, ils devraient percevoir qu’il dépend d’eux que ce ministère soit proposé à certains membres des communautés chrétiennes.
En pratique, l’insistance sur le "tous responsables dans l’Eglise" a eu plutôt des effets démobilisateurs ; beaucoup en sont arrivés à tenir le langage suivant : si nos communautés ne réussissent pas actuellement à se donner des Ministres, c’est qu’elles ne sont pas assez vivantes, c’est que chaque membre ne se sent pas assez responsable de l’ensemble ; travaillons donc à créer des communautés où les laïcs se sentiront vraiment responsables ; quand ces communautés existeront, elles finiront bien par se donner des ministres !!
Raisonnement séduisant, mais qui a l’inconvénient de repousser indéfiniment le moment où l’on prendra effectivement une initiative d’appel au ministère presbytéral.
Chacun sait bien que ce n’est pas demain la veille du jour où le "tous responsables" sera une réalité vécue dans chaque communauté ecclésiale ?
Il faudrait aussi se demander s’il est possible que le ministère presbytéral surgisse dans une communauté par génération spontanée, en faisant l’économie d’un appel explicite.
C - Il faudrait mesurer aussi l’impact des difficultés que nous rencontrons dans l’exercice de notre ministère. Cela nous conduit parfois à dire :
"c’est tellement difficile d’être prêtre aujourd’hui". "Il y a tellement de tensions". "Notre style de vie est si peu équilibré"... "On se demande s’il est bien honnête d’appeler des jeunes dans cette voie-là". "Avons-nous le droit de les embarquer dans les impasses que nous connaissons ?" "Ne sommes-nous pas des fins de série ?"...
S’il nous arrive de penser cela, nous oublions sans doute que bien des choses auront changé lorsque les enfants ou les jeunes que nous appelons aujourd’hui deviendront prêtres ! Le chemin vers le sacerdoce sera long, beaucoup de choses se seront modifiées, et il est bien difficile de dire aujourd’hui quelles seront les difficultés et les soutiens du ministère presbytéral dans dix ou quinze ans.
D - J’évoque seulement ce que nous entendons parfois dire sur le lien entre le célibat et le sacerdoce... sur les conséquences du "départ" de certains prêtres... avec des réflexions de ce type : "Il faut attendre que la situation se débloque..." "Tant que l’autorité s’obstinera à lier sacerdoce et célibat, inutile d’appeler ! D’ailleurs, le célibat fait peur aux jeunes"...
E - Je signale enfin une difficulté plus ponctuelle, propre aux prêtres d’un certain âge, qui se mettent hors-jeu dès qu’il est question de vocation, en disant : "je n’ai pratiquement pas de contacts avec les jeunes et les enfants, je ne vois pas ce que je peux faire pour les vocations : c’est plutôt l’affaire des jeunes prêtres."
Tout cet ensemble de difficultés fait que la plupart des prêtres se sentent bien démunis dès qu’il est question d’appel au sacerdoce. Bien sûr, dans la pratique, nous oscillons entre toute une gamme d’attitudes très diverses, dont le dénominateur commun est que nous sommes réticents pour appeler !
Il peut y avoir la nostalgie du temps des petits séminaires, la tentation d’attendre des jours meilleurs pour poser le problème, l’illusion qu’un jour viendra où des candidats au sacerdoce se présenteront spontanément dans nos communautés, la tentation de s’en prendre à la hiérarchie qui "bloquerait" en maintenant des exigences surannées, un sentiment d’impuissance, et la tentation de s’en remettre à des spécialistes.
Toutes ces attitudes ont des motivations fort respectables, mais elles aboutissent toutes au même résultat pratique :
Nous sommes TENTES DE DEGAGER NOTRE RESPONSABILITE.
J’oserais même dire que nous ne nous sentons pas vraiment responsables de l’avenir du sacerdoce, nous avons néantisé le problème.
Pourtant, en bien d’autres domaines de notre action pastorale, nous nous heurtons à des difficultés aussi redoutables.
La différence sans doute, c’est que, habituellement, nous ne nous contentons pas de gémir sur le passé ou de rêver à un avenir meilleur, NOUS ESSAYONS DE FAIRE FACE et d’élaborer une pastorale adaptée aux problèmes d’aujourd’hui.
Pourquoi en irait-il différemment, face au problème de l’appel au sacerdoce ?
Nous constatons que le visage de l’Eglise et celui du monde ont beaucoup changé : le problème ne se résoudra ni par le recours aux méthodes d’autrefois, ni par l’attente de solutions miracles, alors POURQUOI NE PAS S’INVESTIR ENSEMBLE DANS UNE NOUVELLE PASTORAIE DES VOCATIONS ?
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CONVICTIONS ET PROPOSITIONS POUR AVANCER
- Exposé de Daniel Tertrais -
Notre attitude peut changer, si nous savons porter un nouveau regard sur la réalité (certains témoignages prouvent que c’est possible) et si nous savons renouveler nos convictions, confirmer les raisons profondes pour lesquelles nous devons appeler.
Nous souffrons en ce moment d’ "un certain flou sur l’avenir du sacerdoce" ; il n’en est pas moins vrai que "à travers l’avenir du sacerdoce, ce qui est en cause, c’est l’avenir de l’Eglise".
Nous ne pouvons pas rendre compte dans le cadre de cette revue de l’exposé théologique qui éclaire cette assertion. Voici seulement les convictions et les propositions exprimées en conclusion par Daniel Tertrais :
Il fallait nous rappeler l’importance du sacerdoce dans l’Eglise.
Mais il est bien sûr que cela ne nous donne aucune recette pour une nouvelle politique des vocations. En commençant ce matin, je vous disais que ce qu’il fallait, c’était entrer ensemble dans une dynamique de changement. Ensemble, nous pourrons avancer, pour autant que nous le cherchions. Ensemble, nous chercherons, c’est ensemble que nous trouverons les réponses.
Reprenant ce que disait Saint-Pierre au début de l’Eglise (Ac 3, 6) "De l’argent et de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne :
au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche". A chacun d’entre vous, je dis ceci : "Des recettes, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne :
au nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche". Ce que je vous donne, ce sont deux convictions et trois propositions pour avancer :
1ère conviction : Dieu appelle : c’est Dieu qui construit son Eglise en distribuant les dons et les charismes. Dieu continue à appeler des hommes et des femmes qui se donnent totalement à Lui pour son service. C’est le même Dieu qui rassemble son Eglise et qui suscite son appel intérieur auprès d’hommes et de femmes, les disposant à entendre l’appel de l’Eglise. Dieu appelle, mais c’est toujours par des intermédiaires humains que son appel pourra être entendu. C’est la loi de l’Incarnation. Dieu appelle à tous âges, mais cet appel intérieur exige, pour être entendu et reconnu, l’appel extérieur de l’Eglise.
2ème conviction : dans cet appel extérieur de l’Eglise, les prêtres ont un rôle particulier. Et ceci, pour deux raisons :
- Depuis le début de l’Eglise Apostolique, et dans toute l’histoire de l’Eglise, ceux qui sont en responsabilité d’Eglise - évêques et prêtres - ont eu à susciter l’appel au ministère apostolique. Ce n’est pas affaire de spécialistes, mais cela fait partie du ministère apostolique.
- Ceci est vrai pour nous-mêmes, mais c’est en animateurs de communautés que nous avons à nous situer. La préoccupation de l’éveil et de l’appel, cette préoccupation, c’est avec tous les chrétiens que nous devons la partager. Si le sacerdoce est constitutif de l’Eglise, c’est à tous les niveaux de la vie ecclésiale que la question de l’avenir du sacerdoce doit être portée, dans les paroisses. dans les familles, dans les mouvements, dans la catéchèse, etc. Si tel n’est pas le cas, nous en avons sans doute une bonne part de responsabilité. Comment croire et entendre, si une parole n’est pas prononcée ?
Trois propositions pour avancer :
1) Reconstituer un climat d’ensemble qui soit favorable à la question de l’éveil et de l’appel.
En d’autres termes, il faut créer un ensemble de conditions objectives pour qu’à l’intérieur du tissu ecclésial, on perçoive comme possible et comme normal d’adresser un appel à la vie sacerdotale, et comme normal de pouvoir entendre cet appel.
Il faudra chercher ensemble comment reconstituer ce tissu ecclésial favorable.
2) Mener un certain nombre d’actions ponctuelles partout où ce sera possible, où l’on adressera effectivement un appel au sacerdoce.
Les formes d’appel pourront être, différentes, mais il me semble qu’il faudra que l’appel soit adressé :
de façon collective : à l’occasion de rassemblements ecclésiaux ;
de façon répétitive : il n’y a pas d’âge privilégié, et c’est à tous les âges que cet appel pourra être entendu, et qu’il devra être adressé ;
de façon personnalisée : qu’on puisse l’entendre comme adressé à soi-même.
C’est à cette condition que l’appel pourra aussi être adressé de façon nominative, en direct à tel ou tel jeune.
3) Nous donner les moyens d’une politique à long terme :
Nous l’avons déjà dit à deux reprises : cette journée est mise en route.
Ce qu’il faut, c’est nous introduire ensemble dans une dynamique de changement.
Cela suppose une volonté de continuer, et aussi des moyens pour avancer.
Au cours du trimestre prochain, nous pourrons vous procurer un projet d’orientation et d’action que nous préparons depuis deux ans avec les aumôniers de zone.
Ce n’est pas un tract : c’est un instrument de travail. Les uns et les autres, nous sommes prêts à vous aider peur l’utiliser dans vos paroisses, dans vos secteurs, dans vos mouvements.
Ce sera une oeuvre de longue haleine. Est-ce une question d’AUDACE,
. Si cette audace est une des formes de notre Foi, de notre Espérance, et de notre Amour de l’Eglise, alors, je dis OUI !
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On trouvera plus loin, page 18, la présentation de quelques
expériences évoquées au cours de ces journées de réflexion.