"Demain ?"


UN WEEK-END AUX ALPES DE HAUTE PROVENCE

Au diocèse de Digne, un week-end a été organisé par la Commission des vocations pour les jeunes de 15 à 25 ans.
C’était les 17 et 18 décembre derniers.
Une participante, Anne-Marie SAMSON, nous fait part de ses impressions (1) :

o o o o

"Nous sommes à 4 h de l’après-midi, au Bartéu, le samedi 17 décembre.
Quelques jeunes sont là qui attendent un peu dans l’anxiété la suite des événements, car le nombre des inscrits ferme au week-end "Demain ?", annoncé et préparé depuis plus de deux mois déjà, reste très limité et incertain. Et puis voilà que peu à peu, des jeunes arrivent, surtout des filles, tout le monde fait connaissance et bientôt c’est une ambiance de fête qui règne avec des va-et-vient dans les couloirs, des rires, des conversations amicales, des chants et l’installation de chacun dans sa chambre les bras chargés de duvet et d’affaires personnelles.

A 17 h, la réunion commence autour des tables en carré dans la grande salle du Bartéu. Animateurs et jeunes constituent finalement un groupe modeste de 24 mais dont on sent déjà le sérieux et le désir de faire vraiment du bon travail.

REGARD SUR LE MONDE

Le Père Bernard ouvre la rencontre par quelques mots d’accueil et une brève présentation des objectifs du week-end puis laisse la parole à soeur Nicole. Celle-ci lance le thème du premier carrefour : "Regard sur le monde" :
l’avenir de l’homme dans le monde moderne, l’avenir de notre société avec ses besoins, ses espoirs, au regard de notre foi chrétienne.

Rapidement des petits groupes se forment pour un long temps d’échanges sur les questions proposées puis c’est la mise en commun qui fait se dégager un certain nombre d’impressions assez largement partagées : profond sentiment d’isolement ou d’indifférence les uns par rapport aux autres, malaise confus éprouvé par beaucoup, surtout parmi les jeunes, difficultés à exprimer sa foi..
On ne s’y retrouve plus, on éprouve le besoin de se rattacher à un groupe pour pouvoir partager et pour se sentir soutenu mais il est difficile d’en trouver.
Souvent on se heurte à une grande incompréhension vis-à-vis de l’Eglise dont on voit surtout l’aspect hiérarchique et les divisions plus que l’aspect spirituel et le témoignage vivant. Ce qui est encore exprimé, c’est l’angoisse devant les conséquences dramatiques que pourraient entraîner certaines découvertes de la science, c’est la douloureuse question posée par la fuite de si nombreux jeunes vers la drogue ou les sectes, ou simplement dans le confort et la facilité.

Le Père GRUA, qui a pour mission de ressaisir l’essentiel de ce qu’exprime le groupe pour nous provoquer à un approfondissement le lendemain, met en relief trois points qui semblent émerger de nos échanges sur l’homme dans le monde d’aujourd’hui :

- un homme coupé de ses frères et de Dieu ;

- un homme qui a peur de l’avenir, des autres, de témoigner,

- un homme coupé de son environnement naturel.

REGARD SUR LA BIBLE ET SUR L’EGLISE

Le lendemain matin, notre travail de réflexion et d’échange reprenait à partir d’un exposé de Bruno GRUA très dense et très suggestif. En nous invitant à jeter un regard attentif sur la Bible, il nous montrait que toutes les difficultés discernées la veille concernant l’homme moderne sont en fait celles de l’homme de tous les temps. Depuis le début de l’humanité, comme le fait entrevoir l’histoire symbolique d’Adam et d’Eve, les hommes se sont coupés de Dieu en désobéissant, ils se sont divisés entre eux et chassés du jardin d’Eden, ils se sont coupés de la Création...

Un "regard sur l’Eglise" nous fait comprendre ensuite que selon le sens du mot Ekklesia en grec qui veut dire "appel", "convocation", Dieu nous fait signe à travers les événements de notre vie, du monde, pour nous appeler, nous choisir, nous envoyer nous les chrétiens. Dieu nous appelle et nous envoie non par privilège mais par une grâce mystérieuse et pour les autres, pour que nous soyons un "signe" parmi eux de Dieu qui les appelle aussi à partager sa vie et son amour.

LES AUTRES RICHESSES DU WEEK-END

Notre travail de recherche et de réflexion, ardu par moment, nous apparaissait si important qu’on en oubliait presque l’heure des repas. Une joyeuse détente l’a heureusement coupé samedi soir. Jean-Louis GARD, Soeur Nicole et Sabine ont animé une veillée-maison avec des jeux, des chants, de la flûte, de la ... crème de yaourt sur les habits et les visages... et bien d’autres choses encore. Un climat idéal après cela pour entrer dans le recueillement de la prière inspirée par l’icône de la Trinité de Roublev et entraînée au souffle de l’Esprit qui soulevait André DIAZ.

Et puis, il y a eu la messe pour clôturer le tout. Je crois que c’est là que nous avons tous ressenti le plus intensément la présence du Christ parmi nous, la force de son appel et de la mission de "serviteurs" qu’il veut nous confier pour révéler l’amour de Dieu à un monde qui meurt de ne pas le connaître. Le Père BERNARD, en nous faisant méditer sur le "lavement des pieds", nous invitait à creuser les exigences du vrai témoignage.

L’heure du départ était arrivée. Tous ont ressenti la tristesse de se quitter. Mais il y avait aussi dans nos coeurs l’espoir raffermi de travailler à bâtir l’avenir, l’espoir qu’un monde meilleur est possible si nous nous engageons davantage, si nous sommes plus audacieux dans notre témoignage, parce que Dieu est là avec nous. On peut tout attendre de lui, si nous savons répondre à ce qu’il attend de nous."

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(1) Texte paru dans l’hebdomadaire catholique de la région le 3 février 1978 [ Retour au Texte]