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Pour la vie du monde, parmi les serviteurs de l’Evangile : des prêtres. Dans quel esprit aborder ce thème
Lorsqu’on demande au Père SANTANER dans quel esprit il faut aborder le thème de la prochaine journée mondiale des vocations, voici pour l’essentiel ce qu’il répond : (1)
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Pendant deux ans, nous avons insisté sur l’ensemble des vocations dans leur diversité.
Pour la J.M.V. 1978 (et sans doute aussi 1979), il a été décidé d’insister sur le ministère presbytéral, sur le PRETRE.
Une telle décision n’a pas été prise à la légère. Le pour et le contre ont été confrontés.
En positif, on est sensible à un mouvement d’opinion qui demande la reprise de l’initiative de l’appel. Il faut avoir le courage de poser à nouveau la question après un temps où l’on hésitait à parler de prêtrise aux jeunes. On se réjouit de voir les projecteurs s’orienter de nouveau sur le ministère presbytéral après un long moment de dispersion sur un éventail de vocations les plus diverses.
Cependant cette décision ne va pas sans inquiétude. En focalisant l’attention des fidèles sur le prêtre, ne risque-t-on pas d’annuler les résultats encore fragiles des années précédentes ? Les esprits sont loin d’être pénétrés profondément de cette conviction que nous sommes tous serviteurs, tous appelés, avec nos différences, au service d’un même Evangile.
Pour répondre à. une attente suffisamment précise, tout en évitant le danger pressenti, le thème proposé, tout en mettant en relief le ministère presbytéral, le situe bien dans sa relation avec les autres vocations, dans le Peuple de Dieu, au coeur du monde :
" Pour la vie du monde, parmi les serviteurs de 1"Evangile, des prêtres "
Monde, Eglise, Ministère presbytéral sont ramassés dans une seule formule qui situe le thème dans une perspective plus large : prêtre dans l’Eglise, peuple aux membres diversifiés, en mission pour la vie du monde.
Comment donc parler du prêtre en étant fidèle à une telle perspective ?
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Il faut savoir parler du prêtre en termes qui ne le "séparent" ni du monde, ni de l’Eglise et des autres vocations qui se vivent dans l’Eglise. Or les mentalités sont encore très marquées par un certain discours qui faisait du prêtre un "séparé". Même si nous parlons de lui en référence à des situations concrètes de la vie des hommes, de leurs espoirs et de leurs luttes, le discours qu’ "entendent" les gens est toujours celui de l’homme "séparé".
Cette perception ne peut changer que très lentement. C’est pourquoi nous devons prendre en compte l’inquiétude exprimée au sujet de la reprise de l’initiative de l’appel. S’agit-il du sursaut manifestant le vouloir-vivre d’une Eglise qui ne peut exister sans prêtres ? S’agit-il au contraire seulement du sursaut d’un certain type de fonctionnement dans l’Eglise ?
Nous avons à être vigilant si nous voulons éviter la critique de favoriser la survie de certaines situations pastorales par rapport auxquelles Vatican II nous a habitués à prendre quelque distance.
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Une référence plus serrée avec l’Ecriture peut ici nous être utile, particulièrement la Genèse et st Jean. Il y est question de "l’oeuvre de Dieu", à laquelle nous sommes invités à travailler nous aussi. Cette oeuvre de Dieu, c’est 1’Homme. "Faisons l’homme ..." (Genèse1, 26). Faire l’oeuvre de Dieu, c’est travailler à ce que 1’Homme soit, afin qu’arrive à terme la réalisation du projet de Dieu : "Faisons 1’ Homme... "
Il se trouve que tout le discours sur "l’HOMME à faire " a été confisqué en quelque sorte par un monde hostile à l’Eglise. De plus, dans l’Eglise, le prêtre a. été considéré comme étranger à une telle oeuvre, conçu beaucoup plus comme garant de la fixité que comme artisan d’un tel projet.
Il nous faut donc parler du prêtre en terme relatif à cette oeuvre de Dieu qui fait 1’ HOMME.
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Dans ce sens, deux champs seraient à explorer :
1) Celui de courants de pensée où l’homme est perçu et montré comme "à faire".
Il nous faut rejoindre, autant que possible, ces courants de pensée. Sans doute véhiculent-ils des scories ; peut-être sont-ils des courants aux eaux très mêlées. La Parole de Dieu y trouve cependant un écho ; ils comportent quelque chose de vrai, à savoir que plus l’homme avance dans la prise de conscience de lui-même, plus il devient ouvrier de lui-même et donc responsable de se faire advenir tel que Dieu l’a voulu : faisons l’homme à notre image et ressemblance.
L’évolution ,actuelle amène de plus en plus l’homme à prendre conscience de sa responsabilité par rapport à son devenir (même si certaines situations semblent s’opposer à un tel progrès). Il y aurait beaucoup à dire sur l’énergie, l’écologie, les débats politiques, la prise de conscience d’une responsabilité aux dimensions de l’humanité.
sur tout cala, qui intéresse "l’image et ressemblance" quelque chose a été dit par Dieu. Ça n’est pas rien pour l’HOMME de s’entendre rappeler ce quelque chose par ceux qui ont reçu révélation du mystère de Dieu en Jésus Christ.
Que faisons-nous de la révélation d’un Dieu Trinité, dont toute relation entre personnes reçoit profonde signification ? Révélation importante par rapport aux courants de pensée où quelque chose se dit sur l’homme.
Ça n"est pas pour rien que nous avons été baptisés "au nom du Père, du Fils et du St-Esprit". Nous sommes là au coeur de l’oeuvre de Dieu : faisons l’HOMME ...
Parler du prêtre avec de telles perspectives serait déjà une garantie.
2) Un second champ à explorer : celui du ministère, en comprenant ce mot en priorité au sens de la responsabilité de l’ensemble des croyants par rapport à l’oeuvre de Dieu.
L’oeuvre du ministère, c’est l’oeuvre que Dieu accomplit ; mais elle ne s’accomplit pas sans que les croyants, à la suite de Jésus-Christ, s’en fassent les serviteurs et les ministres.
Pour que cela se réalise, Jésus-Christ a pourvu son Eglise d’une "structure ministérielle" : ce que nous appelons les ministères ordonnés. La structure est ministérielle pour que tout le corps soit ministériel.
L’ordination du prêtre n’est pas l’attribution à un seul du "pouvoir" de faire tout ce qu’il y a à faire. Mais c’est pour qu’il soit le lieu de jaillissement. (ou le lieu d’insertion) d’où jaillit le pouvoir nécessaire à ce qu’advienne l’oeuvre de Dieu.
Il est bien vrai que le ministère du prêtre est de l’ordre du signe. Mais il n’est pas que cala. Il est aussi une réalité, une réalité qui est "pouvoir" : pouvoir de faire que l’HoMME soit. Chez les ministres ordonnés, ce pouvoir n’est pas de l’homme, il est de Dieu. Et ce pouvoir est service.
De quel pouvoir s’agit-il ? Précisément du pouvoir propre à Dieu : "le pouvoir de ne pas pouvoir", si "ne pas pouvoir" vaut mieux pour qu’advienne ce qui est voulu, pour que s’accomplisse vraiment l’oeuvre de Dieu.
Le "ministère" consiste en cela ; Jésus nous en a donné l’exemple. Le ministère presbytéral doit être le lieu de jaillissement de ce ministère de l’Eglise. Jésus à qui tout pouvoir a été remis a vaincu les puissances par sa mort, cette mort où "le pouvoir de ne pas pouvoir" fait briller la gloire de Dieu sur son visage de serviteur.
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A partir de l’exploration de ce double champ peut émerger, petit à petit, une parole sur le prêtre susceptible de rénover une mentalité encore propice à certaines équivoques. Ainsi on pourra "appeler" sans donner l’impression de méconnaître ni le monde en sa consistance propre, ni l’Eglise en la diversité de ses membres aux vocations multiples.
d’après M.A. SANTANER
(1) Ce texte est rédigé à partir de notes prises au cours de plusieurs exposés. [ Retour au Texte ]