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J.I.C.F. - Fondation d’Eglise et Vocations
Ces dernières années, un appel s’est fait entendre de plus en plus fort en JICF, celui de retrouver un "élan missionnaire"...
De moins on moins, les filles de milieu indépendant viennent en JICF seulement pour elles. De plus en plus, les militantes souhaitant vivre avec le plus grand nombre l’expérience qui est la leur avec la JICF.
Cette année 1977-78, les filles en JICF et leurs amies s’appellent à vivre une authentique fondation d’Eglise. Fonder l’Eglise, c’est toute une démarche, pas à pas avec d’autres, dans un vécu, en profondeur, jusqu’à la Révolution de Jésus-Christ, jusqu’à l’entrée en Eglise.
L’attention des filles en recherche
Dans cette perspective, le mouvement est attentif à ce que vivent toutes les filles dans la diversité de ce qu’elles reçoivent et découvrent de Jésus-Christ. Parmi les filles de M.I., certaines entendent un appel à une vie consacrée toute entière au Seigneur...
Plusieurs parmi elles ont exprimé qu’elles attendaient quelque chose du mouvement dans leur recherche ; quelques prêtres et quelques religieuses nous ont interpellées dans le même sens, ainsi que le Centre National des Vocations, avec lequel elles sont en lien.
Tout cela doit bien avoir un sens mais lequel ?
Pour nous, laïcat, cette "vague" prend son vrai sens et nous concerne par ce qu’elle vient révéler dans l’expérience d’Eglise que nous vivons aujourd’hui avec tout notre milieu. Nous l’avons cherché à partir de divers témoignages que nous avons recueillis et nous avons tenté d’en tirer quelques appels.
Voici les fruits de cette réflexion... qui seront sans doute pour vous et pour nous toutes davantage le début d’une découverte qu’une conclusion.
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UN AMOUR QUI NOUS PARLE DE LA VRAIE VIE
1 "CE N’EST PAS DE L’EXOTISME, JE TE COMPRENDS PARCE QUE JE TE CONNAIS "
Petit à petit, certaines de nous laissent Dieu prendre leur vie, totalement. Quand nous laissons retentir leur recherche dans l’expérience humaine que nous, filles de M.I., croyantes ou non vivons aujourd’hui quelque chose de vital y est mis en relief, prend de la force.
- La vie renaît quand s’écroulent nos projets.
A partir du moment où certaines de nous acceptent qu’il y ait peut-être pour elles un appel à une vie consacrée, elles se donnent un projet dans lequel elles puissent commencer à vivre leur appel.
Au fil des années, leurs projets ne cessent de s’écrouler : ce sont les autres qui refusent leurs services, des amis incroyants qui remettent en question leur foi, une découverte enthousiasmante de la vie qui les provoque à abandonner leur projet de vie religieuse, la rencontre d’un garçon qui les fait hésiter, un deuil qui ébranle leur confiance, la découverte de leurs limites physiques, etc.
Et toutes en viennent à renoncer à se donner des projets de vie, pour s’ouvrir à la joie d’accueillir la vie au jour le jour avec ce qu’elles sont ...
"Une réconciliation avec ce que j’étais aujourd’hui et pas ce que j’aurais voulu être". Ce : "que ta volonté soit faite en moi" me comble au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer".
Une joie qui trouve écho en nous et qui vient démasquer l’illusion de l’assurance que nous cherchons lorsque nous nous accrochons à nos projets. Une joie qui nous rappelle la saveur et la plénitude des moments où nous avons accueilli la vie inattendue à travers l’imprévu. Une joie qui nous invite à n’avoir pas peur de ce qui nous tombe dessus.
- Si être amoureuses ne faisait pas le tout de notre amour.
Dans le cheminement de celles de nous qui s’engagent dans une vie consacrée, nous sommes frappées de voir que la question du célibat consacré est très présente ; en pensant aux trois voeux de la vie religieuse, nous remarquons qu’il n’y a pas d’allusion directe à une pauvreté et à une obéissance. Ce n’est pas sans doute un hasard : la pauvreté, cela rejoint un appel qui trouve des échos dans notre milieu aujourd’hui, l’obéissance à la vraie vie, cela nous parle aussi
Etre capable de vibrer pour un garçon, se sentir faite pour donner la vie, puis choisir de ne pas se marier, de ne pas avoir d’enfants et pouvoir en vivre, cela nous paraît si anormal que c’est une énigme pour nous.
Quand nous faisons l’expérience de vivre par et pour un garçon, nous ne serions pas au bout de notre expérience d’amour ?
Quand nous désirons donner la vie, quand nous la donnons, nous ne serions pas au bout de notre expérience de la vie ?
"Ce n’est pas toujours facile de faire le choix du célibat, surtout pour une femme qui a toutes ses fibres faites pour donner la vie ; moi aussi je veux donner la vie mais c’est un autre en moi qui la donne."
En fait, la plus grande des folies ne vient pas de nous ; humainement, c’est une folie de choisir le célibat, si l’on ne met pas Dieu dans le coup ; mais aux yeux de Dieu, c’est Dieu qui fait des folies en nous appelant, sachant pertinemment que l’on n’est pas capable d’assumer seule ce célibat, mais avec Lui, tout est possible.
- Comblées quand nous sommes pauvres de nous-mêmes
Des filles qui deviennent d’autant plus vivantes qu’elles se laissent peu à peu décentrer en Quelqu’un d’Autre ...
Jouir pleinement de la vie : nous le cherchons toutes... C’est une attente en chacune de nous.
Mais en fait, où sommes-nous le plus vivantes ? Est-ce vraiment lorsque nous sommes préoccupées de nous-mêmes, de l’amour que nous voudrions offrir, attachées d’abord à notre joie d’aimer ? Si c’était plutôt lorsque la rencontre rend l’autre plus vivant et que notre joie peut se nourrir de sa joie ?
- Chacun de nous est unique.
Dans les témoignages que nous avons recueillis, il y a une note très discrète qui nous a beaucoup touchées : ce sont des filles qui sont de plus en plus conscientes qu’elles ont "quelque chose à vivre" tellement elles se sentent personnellement aimées et appelées à travers les événements de leur vie.
Pour nous qui nous sentons souvent comme une goutte d’eau dans la mer, prises dans des ensembles où nous ne sommes pas grand chose... pour nous qui sommes toujours tentées de nous "oublier" pour les autres... c’est une invitation à faire confiance à tout ce qui nous fait pressentir que nous sommes appelées d’une manière unique.
II - "IL NE SE LAISSE JAMAIS OUBLIER ?"
Quand certaines de nous centrant toute leur vie sur Dieu et le découvrent, elles nous font entrer plus profondément dans le coeur de celui dont nous-mêmes avons parfois l’intuition, elles nous éveillent au désir de Dieu.
- Aimer la vie ne nous éloigne pas de Dieu
"Je ne suis pas seule, Quelqu’un m’aime. J’apprends à regarder la vie pour elle-même, à l’aimer". Une rencontre de Dieu qui les rend libres avec la vie, qui les invite à vivre. Ce n’est pas en voulant trouver Dieu qu’elles le rencontrent, c’est en vivant, en étant elles-mènes, en se laissant prendre par la vie quotidienne.
Elles nous confirment que tout l’amour de la vie qui est en nous ne nous éloigne pas de Dieu... qu’il est important pour Dieu, qu’il est un lieu de rencontre avec Lui. Nous laisser prendre par la vie, déjà c’est nous laisser prendre par Lui.
- Un Dieu qui prend tout
Des filles comme nous qui se sentent aimées si totalement qu’elles Le laissent devenir le tout de leur vie, pour toujours...
Cette fidélité nous parle... mais souvent nous préférons prendra avec Lui des rendez-vous, nous ne pouvons nous empêcher de protéger de sa vue ces petits coins de vie où nous sommes "seul maître à bord". Et pourtant...
- Dieu vient aussi pour nous rencontrer
"Je réalise que je peux me noyer dans la richesse de cette vie si je ne prends pas le temps de la contempler. Je sens que c’est en Dieu que je deviens le plus "avec" Elisabeth, Françoise, Jean-Luc, Béatrice, Annie, Françoise..."
"Je ressens le besoin de m’unir davantage à Lui, tout d’abord par la prière silencieuse, longue, pour être simplement devant Dieu, sous son regard, me laisser aimer par Dieu, prendre du temps pour Lui ".
Un Dieu qui nous universalise et nous fait revivre, mais un Dieu qui espère autre chose que d’être utilisé, récupéré, un Dieu qui est "aussi" Celui qui vient vivre un amour avec nous.
Alors, comment laisser s’éteindre en nous le désir de goûter sa présence, simplement . . .
- Dieu est encore Autre
"On passe d’un Dieu perceptible à un Dieu de plus en plus présent et de moins en moins évident. Il est devenu discret."
Alors, les moments où Dieu se fait le plus proche de nous, ne seraient pas forcément les moments où nous ressentons le plus sa Présence ?
EN CONCLUSION
A travers les appels que certaines de nous entendent à une vie consacrée de nouveaux visages de la vie religieuse surgissent peut-être.
Ainsi, dans une région où un nombre important de filles en JICF sont en lien avec le Centre des Vocations, beaucoup parmi elles s’orientent vers les instituts séculiers, ayant du mal à trouver des congrégations qui puissent prendre en compte leurs exigences apostoliques.
Cette réaction est peut-être proche de toutes les inquiétudes que nous filles, vous entendons exprimer quant à l’avenir des religieuses. Nous remarquons que Ies religieuses restent insatisfaites quand elles s’interrogent à partir d’elles-mêmes pour trouver les chemins d’un renouveau de la vie religieuse.
De plus en plus, elles s’ouvrent aux appels de l’Esprit Saint dans les divers milieux et aux exigences de la mission aujourd’hui.
Croyons-nous que le renouveau que nous attendons tous leur sera donné par surcroît, au coeur de cette disponibilité ?
J.I.C.F.
7, bld Delessert
75016 PARIS