Table ronde et conclusions du Père BARDONNE


Au terme des "assises" de Reims, une table ronde permettait de reprendre quelques questions posées par les carrefours de régions, avant les conclusions proposées par le Père BARDONNE, délégué par l’épiscopat à la pastorale des vocations.

Une table ronde est faite pour les participants. Il est impossible d’en rendre compte. Nous donnons seulement quelques échos des questions soulevées.

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La spécificité du Service des Vocations.

Plusieurs fois au cours de la session, ce problème a été abordé.
Si la question se pose, c’est que l’évolution de ces dix dernières années a donné une toute autre dimension à ce service. Y ont particulièrement contribué les thèmes de Journée mondiale de ces deux dernières années.
Cette évolution est positive ; il faut accentuer cette attention à toutes les vocations et la prise de conscience d’une responsabilité commune par rapport à la vie consacrée et aux ministères diaconal et presbytéral.
Mais en raison même de la richesse de cette réalité pastorale dans laquelle nous sommes engagés vient un temps où une réflexion est nécessaire pour préciser certaines coordonnées de notre travail. Cette réflexion .
peut nous conduire à formuler une sorte de définition, des termes de références ; cela ne doit pas nous empêcher de demeurer ouverts à d’autres perspectives que la vie elle-même pourrait nous suggérer (affaire à suivre).

A propos de l’analyse du P. DEFOIS, n’y a-t-il pas une certaine contradiction à choisir entre les ecclésiologies ?

Faut-il "choisir ou s’ouvrir" ? Ne faut-il pas surtout "s’ouvrir avec l’idée de choisir" ? On refuse le "ou". Il faut surtout "se reconnaître, s’identifier, se situer et, à partir de là, s ’ouvrir à ce qui est" .

Quoi qu’il en soit, l’Eglise doit naître là où il y a la vie, pas à côté.

Il serait intéressant de compléter la "géographie" des ecclésiologies, les modèles que l’on peut reconnaître sur le terrain, par une "histoire" de ces ecclésiologies. Par exemple pour le second modèle où l’on retrouve plutôt le schéma de l’A.C. (encore que certains s’en soient défendus), il y a loin de la conception d’avant-guerre, selon laquelle les laïcs étaient "envoyés" dans le monde (notion de mandat) alors que nous reconnaissons maintenant qu’ils sont dans le monde. De même pour le premier modèle, tout dépend du sens donné au mot "nations" ; si l’on y voit les nations païennes (au sens quasi biblique), il faut franchir le mur pour les évangéliser ; mais si les nations sont des peuples déjà travaillés par le dynamisme de l’Esprit, nous avons à discerner et à révéler cette oeuvre de l’Esprit.

Des ambiguïtés demeurent au sujet de la vie religieuse.

On sent le besoin de préciser la doctrine concernant la vie consacrée et la vie baptismale d’une part et les ministères proposés à tous les baptisés d’autre part. Une clarification théologique est nécessaire, d’autant plus qu’il y a encore grande méconnaissance de la vie religieuse, en particulier de la part des prêtres qui ne saisissent pas toujours la vie religieuse dans ce qui la spécifie.
(La réforme du droit canon est en cours. Certaines questions se posent au sujet des textes en voie d’élaboration).

Au service des vocations à la vie consacrée, deux orientations pastorales doivent se compléter : mettre au service de ceux qui cherchent tout ce qui peut les aider (accueil, accompagnement, discernement) ; et leur permettre de connaître la diversité des courants spirituels.

La famille

"Laissez-les naître" a-t-on dit au sujet des vocations. La famille n’est-elle pas le lieu privilégié d’une telle naissance ? Que fait-on qui puisse intéresser les foyers ?

D’autant plus qu’un problème majeur se pose actuellement : les parents sont désarçonnés lorsqu’ils veulent partager leur foi avec leurs propres enfants.

Oui, la famille est un domaine important pour la pastorale des vocations. Elle mérite de notre part une plus grande attention, sans nous substituer pour autant à la pastorale familiale, à celle de l’enseignement religieux ou d’autres qui peuvent être aussi concernées.

Les communautés nouvelles

Une surprise : le peu d’attention de l’ensemble de la session ou des participants aux communautés nouvelles. C’est pourtant là que beaucoup de jeunes découvrent actuellement une Eglise concrète et vivante. Ils sont prêts à donner leur vie au Christ. Mais que leur propose l’Eglise ? Quand on parle d’initiative de l’appel, est-on prêt à évoluer au niveau des moyens
de formation ? De plus, pour l’accompagnement, est-on prêt à tenir compte de la virulence de l’incroyance ?

Sommes-nous disposés à nous laisser interpeller par ce qui ne rentre pas dans le cadre de nos convictions ? N’y a-t-il pas caricature à présenter ce modèle d’Eglise comme type "écologique", alors qu’il s’agit de l’expérience fondamentale de l’irruption de Dieu dans une vie. Importance de la vie baptismale. Les voies du don de soi sous la mouvance de l’Esprit ne se trouvent pas seulement dans une consécration pour le ministère presbytéral ou dans la vie religieuse.

Les nouvelles cultures

Un domaine à découvrir... Une mentalité à convertir... Les chrétiens disent souvent : c’est ma foi qui me fait prendre position (en politique ou dans la vie professionnelle et sociale). L’Eglise n’aurait-elle pas tendance à "récupérer" ce que d’autres vivent d’un point de vue purement humain ? Ne réduisons pas la foi et l’espérance à nos engagements humains aussi indispensables soient-ils. Au niveau de la foi, il doit y avoir un "nouvel accueil", une ouverture à autre chose.

Pour le comprendre, nous avons à être attentifs aux nouvelles cultures, aux nouvelles valeurs auxquelles sont sensibles les jeunes. Ils ont l’impression de ne pas trouver dans l’Eglise ce qu’ils cherchent.

De même en monde ouvrier, les militants. cherchent des lieux pour prier.
Ils se refusent à être des "machines militantes". Les espaces verts ne sont pas des lieux d’évasion. Ils doivent être au coeur de la cité.

Les jeunes ne veulent plus de schémas, mais la vie à visage découvert.
Qu’ils nous voient vivre avec nos joies et nos difficultés.
Des tensions demeurent, vivement ressenties, lorsqu’un prêtre est à la fois engagé dans des structures pastorales organisées et dans des groupes plus spontanés de renouveau. Il existe actuellement des aspects de la vie de nos contemporains qu’il faut prendre en compte.


Les conclusions du Père BARDONNE

- La session de Reims aura permis une plus grande liberté d’expression. C’est un climat qui n’est pas nouveau ; dans nos sessions, il semble pourtant qu’il y ait progrès dans les interpellations des uns et des autres.

- Pour la première fois sont apparues aussi nettement les questions sur la famille et les communautés nouvelles.

- MAIS, une constatation "désolante" : "comme notre réflexion reste cantonnée à l’Hexagone ! !" Même quand on parle des prêtres.

- Ne nous accommodons-nous pas trop vite du manque de prêtres ?
Le monde en a besoin ! La motivation la plus profonde pour relancer l’appel, ce sont les besoins de l’Eglise universelle.
Comme si, d’ailleurs, nous n’en avions pas besoin aussi dans nos diocèses ! (A Châlons, de 1973 à 1985, on peut compter sur la disparition d’environ 60 prêtres et sur l’ordination de 5 ou 6 (sur 250).
Les deux sont vrais : besoins de nos diocèses, besoins du monde.

- En Amérique Latine, une Eglise prend son essor avec des laïcs qui savent assumer leurs responsabilités. Mais combien de prêtres pour tant d’habitants ?
Ils ont encore besoin pour longtemps du concours de prêtres venus d’ailleurs.
Et si un jour la Chine rendait possible une présence, d’une autre manière ... ?
Ne nous enfermons pas trop vite dans "nos affaires" : la vocation missionnaire ne nous est pas assez présente.

- Une insistance particulière : nous avons tous un pas à faire. Lequel ?
Depuis longtemps est en cours un effort pour mettre en place des équipes diversifiées. Il y a eu une réelle avancée. Des personnes différentes ont été mises en route : elles font du bon travail avec un responsable diocésain qui coordonne.
Mais un effort est à faire pour que le SDV devienne davantage un lieu de communion. Cette caractéristique de la pastorale des vocations doit s’accentuer. Les SDV doivent encore dépasser le stade des actions diversifiées mais trop souvent parallèles, pour être vraiment lieu de rencontre, de dialogue et de communion. L’Eglise pluraliste, oui, mais une.

- De plus, soyons attentifs à des lieux anciens ou nouveaux avec lesquels nous ne sommes pas suffisamment en lien, qu’il s’agisse des paroisses ou de tel ou tel mouvement ou service diocésain, ou qu’il s’agisse des lieux nouveaux (le 4ème modèle) sur lesquels cette session de Reims nous aura provoqués. De même pour nos relations avec la pastorale familiale.

- Reprendre l’initiative de l’appel ...
En fait, la reprenons-nous
.... pas seulement pour chercher les vocations qui nous vont mais en sachant accueillir celles qui se présentent, même "celles qui viennent comme ça"... Quelle attention leur portons-nous ?

C’est tout cela notre ouverture.