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Eveiller, reprendre l’initiative de l’appel
UN WEEK-END AU C.N.V.
Comme chaque année, une rencontre était proposée aux prêtres qui travaillent à l’éveil ou à l’accompagnement de garçons de plus de 18 ans en vue du ministère presbytéral ou de la vie consacrée. Les 28 et 29 février dernier, vingt participants réfléchissaient au thème
" EVEILLER, REPRENDRE l’INITIATIVE DE L’APPEL "
A / DES MONOGRAPHIES
avaient été adressées au Père Bernard PITAUD, supérieur du 1er cycle d’Issy-les-Moulineaux. Au terme de son analyse, tout en reconnaissant qu’il s’agissait là d’échantillons quelque peu privilégiés, il pouvait proposer certaines réflexions :
Il est important d’être humainement bien situé, sinon le monde n’est que l’occasion de parler de Dieu, et l’on est tenté de rejeter ses problèmes personnels sur les institutions d’Eglise.
La rencontre de Jésus-Christ est au centre de la démarche, rencontre gratuite, rencontre d’un Autre ; ils se sentent liés à Quelqu’un et ce lien est ressenti comme une libération.
Chez tous, la dimension communautaire est présente, qu’il s’agisse des groupes de "Renouveau", de l’Action Catholique ou de fraternités franciscaines.
De plus, ils se sentent appelés à servir ; leur vie est faite pour les autres. Même si des engagements importants ont été vécus auparavant, c’est comme une découverte et en même temps un chemin vers une plus grande liberté.
Tout cela suppose la présence de témoins qui favorisent cette accession à la liberté, qui vérifient l’authenticité de cet appel à servir. Ces témoins peuvent être aussi bien des prêtres que des "copains" qui se posent des questions analogues.
Enfin, un constat confirmé par la plupart des participants : tous ont pensé au ministère avant 18 ans ? il s’agit très souvent d’un projet d’enfance qui resurgit.
B / TROIS TEMOIGNAGES
Trois manières, trois lieux où l’appel est adressé aux jeunes de plus de 18 ans nous ont été présentés :
éveil et recherche en J.O.C. (André Lacrampe)
les rencontres proposées par la Mission de France et certains diocèses (J.P. Marchand)
l’appel rendu possible en aumônerie d’étudiants (Francis Rousseau)
1) " Eveil et recherche " en J.O.C. a déjà été présenté dans un récent dossier de Jeunes et Vocations. Nous n’y reviendrons pas.
2) La presse a fait écho aux rencontres proposées par la Mission de France et les Eglises locales (Le Mans, Grenoble et récemment Orléans). Les notes qui suivent permettent de mieux en comprendre les origines et la visée.
" La Mission de France est un diocèse sans territoire, qui a une responsabilité nationale. Partout où elle peut lancer un appel, elle le fait en quelque sorte sur "le terrain" des autres.
a) Le ministère habituel des prêtres de la Mission de France ne les met pas en contact avec des jeunes à qui la proposition du ministère peut être faite ; il lui faut, n’ayant pas de territoire, rejoindre les jeunes chrétiens là où ils sont pour lancer son appel.
b) Il est essentiel que le projet missionnaire spécifique représenté par la Mission de France au cœur de l’Eglise soit signifié de façon visible, à la fois par la Mission de France et par les éléments vivants de l’Eglise locale."
- " Nous avons découvert par quelques timides initiatives de rencontres (sacerdoce et profession - prêtres en monde incroyant - "marcher à la Boussole de l’Esprit"), qu’il y avait beaucoup plus de jeunes que nous le pensions qui étaient intéressés par notre style de vie.
- Jeunes dont le projet de ministère a mûri dans un accompagnement en pleine vie,
- stagiaires ayant fait une expérience professionnelle, syndicale, dans le Tiers Monde,
- jeunes vivant de la foi dans toutes les communautés de base mais qui cherchent à créer un nouveau visage d’Eglise, et que le dynamisme de la vie de foi à la Mission de France intéresse,
- jeunes qui cherchent un moyen de se former à être prêtres, ailleurs que dans ce qu’ils voient."
- " Comme le Père Augros en 1942, a parcouru la France pour présenter le projet de la Mission de France, l’Equipe centrale, en accord avec le comité épiscopal, a décidé de reprendre cet appel à travers tout le pays.
Il s’agit, en accord avec des diocèses qui le souhaiteraient, de rejoindre les jeunes dans des modes de regroupements qui leur sont familiers, et dans leur langage, leur faire la proposition des divers services d’Eglise et en particulier du ministère presbytéral vécu dans le style de la Mission de France.
Cet appel doit être mobilisateur pour une aventure. Etre prêtre, n’est pas toujours perçu dans la vie de l’Eglise actuellement, comme une aventure des temps modernes.
Cet appel est le moyen de faire naître ou de faire re-surgir des appels quelquefois anciens, de proposer des moyens pratiques, de réaliser des projets. Cet appel est aussi l’occasion de faire prendre conscience à des jeunes, qu’ils ne sont pas seuls lorsqu’ils pensent à un service d’Eglise, "les derniers des mohicans", mais qu’il y en a d’autres qui ont les mêmes idées et les mêmes rêves qu’eux. En un mot, créer un lieu où l’on provoque, proposer des moyens de cheminer, faire connaître des modèles de références, faire découvrir que l’Eglise est encore un chantier ouvert dans le diocèse comme à la Mission de France."
- " Les moyens mis en oeuvre.
Dans la mesure du possible, le maximum de contacts avec les mouvements, les laïcs et les prêtres qui, sur le diocèse, sont en relation avec les jeunes ; mais aussi toute une architecture de publicité : tracts, affiches, radio locale, journaux. Tout en étant persuadé que tout cela ne sert pas à grand chose, pour mettre en marche les gens, mais rend crédible une proposition qui ne se réalisera que par le bouche à oreille des jeunes entre eux."
" La réalisation : une veillée - célébration de 17 h à 23 h.
Créer l’assemblée par une veillée avec des chants, des poèmes, une liturgie de la parole autour d’un montage audio-visuel, un partage entre les groupes de jeunes, qui sont là, la construction de panneaux ou de volumes sur lesquels ils notent les points saillants du partage.
- Un psaume improvisé à partir de l’ensemble de ces textes constitue la fin de la liturgie de la parole et l’introduction à la célébration.
- La présence de l’évêque de la Mission de France et de l’évêque du diocèse, les prises de parole, les témoignages ou les stands présentant les différents types de service d’Eglise constituent une matérialisation de l’Appel.
- Les diocèses font des propositions diverses ; la Mission de France offre 4 pistes d’engagement possibles.
a) des groupes de partage sur le sens de la vie, la foi, l’Eglise, affrontée à un monde incroyant. ("Marcher à la Boussole de l’Esprit").
b) des cours ou des sessions conduisant à une formation biblique, théologique, etc.
c) des rencontres de réflexion sur les divers services d’Eglise.
d) des moyens et des lieux de discernement, de cheminement et de formation vers le ministère presbytéral vécu à la Mission de France.
S’il nous apparaît important d’ouvrir des portes pour un service d’Eglise très large, il nous semble non moins important de préciser le spécifique de chacune. "
J.P. M.
3) Des appels en Aumônerie d’étudiants (il s’agit de Nantes)
Deux traits sont mis en lumière par Fr. R. :
à quoi tient ce souci de l’appel ?
comment, pratiquement, cet appel est-il proposé ?
- L’appel n’est pas plaqué de l’extérieur. Il est favorisé par le type même de travail fait à l’aumônerie.
Tout ce travail est orienté vers l’évangélisation. Pour ce service, il y a tout un enchevêtrement de responsabilités ; les jeunes portent ensemble le souci que Jésus-Christ soit annoncé, aujourd’hui, aux étudiants, là où ils vivent.
L’Action catholique demeure l’épine dorsale de l’ensemble : sur une cinquantaine d’équipes, quinze sont d’Action catholique. Leur démarche est celle de la révision do vie ; ils y partagent ce qui concerne la dimension collective de leur vie, leurs solidarités, leur foi vécue personne1lement.
Tandis que d’autres partent de la Parole de Dieu
Des propositions sont faites pour un approfondissement théologique, pour des retraites trimestrielles, pour des temps forts (semaine sainte etc.) ; on essaie d’assurer une sorte de self-service selon les désirs exprimés. Mais la visée est toujours la même : leur faire découvrir l’importance de ce qu’ils vivent, tous les jours, là où ils sont.
Ce n’est pas toujours facile avec des étudiants qui ont la tentation de prendre leurs distances par rapport à un monde difficile, pour s’engager ailleurs, dans d’autres services, aussi légitimes soient-ils (alphabétisation...)
Il faut veiller aussi à ce que les jeunes ne se regroupent pas n’importe comment : nécessité de préciser ce qu’ils cherchent et le vérifier ; c’est une condition pour que les équipes aient une durée suffisante.
A travers tout cela, on les aide à passer d’une Eglise institution, toute faite, à une Eglise dont ils sont responsables eux aussi, qu’ils ont à construire dans leur milieu de vie, même si ça n’est pas facile à cause de l’incroyance massive ; l’Esprit-Saint est là.
Des temps forts assurent la visibilité de l’Eglise (pour les mouvements ou en aumôneries) : tous les délégués d’équipe se retrouvent ; ils échangent sur la manière dont ils construisent l’Eglise. C’est, pour beaucoup, une chance : ils prennent conscience de ce qu’ils sont dans l’Eglise et constatent que cette Eglise est une réalité vivante.
A travers tout cela, nous avons à faire que soit possible une entrée dans la Vie, une adhésion au Seigneur, condition d’une réponse possible (retraites et récollections y contribuent).
- On comprend que ce terrain soit favorable à l’appel. Une réponse devient possible. L’appel aux ministères peut être proposé. Non seulement les jeunes dépassent les problèmes de leur propre foi ; non seulement ils en viennent à vouloir dire Jésus-Christ à d’autres ; mais ils découvrent peu à peu la place et l’importance des ministères ordonnés. Le prêtre est attentif à leurs besoins, à leurs efforts ; il partage la même mission ; il est auprès d’eux témoins de la Parole ; il est responsable des sacrements. Des rencontres sont proposées à ceux qui acceptent de réfléchir pour eux à cette question (deux week-ends dans l’année, et une session en septembre).
Dans ce contexte, on a pu susciter aussi des accompagnateurs laïcs ; c’est alors un appel aux ministères laïcs : certains étudiants accompagnent des équipes en faisant fonction d’aumôniers. Pour cela, ils doivent être présents à la vie universitaire, solides dans leur foi, avoir fait l’expérience de l’Eglise, compris le projet pastoral et il leur faut s’engager à certaines reprises (approfondissement théologique, pédagogique et spirituel) .
C’est le type de travail à l’aumônerie qui permet de tels appels ; on n’est pas gêné pour le faire, ou bien de façon collective en réunion de délégués d’équipes (on l’a fait deux fois), ou bien par appel personnel de ceux qui sont devenus capables d’expliquer à d’autres (quatre gars et deux filles ont été ainsi appelés).
Notons pour terminer un facteur favorable : la présence de séminaristes en stage d’étude, témoins d’un projet de ministère, la conviction des aumôniers qui croient à leur propre ministère et l’intérêt manifesté par l’évêque qui a voulu ce travail d’aumônerie (il vient travailler avec les étudiants au moins deux fois dans l’année).
Il est important que cette aumônerie ne soit pas marginalisée ; les prêtres ont d’ailleurs une autre responsabilité pastorale dans lé diocèse ; c’est un facteur favorable à l’appel.
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Au cours de ce week-end, bien d’autres observations ou réflexions ont été échangées dont il serait difficile de faire la synthèse.
Nous avons pensé que ce compte rendu aussi objectif que possible des principales interventions permettra au lecteur de percevoir l’intérêt de telles rencontres.
Gérard MUCHERY