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Jeunes : responsables en Eglise
Au DIOCESE DE LANGRES
JEUNES : RESPONSABLES EN EGLISE
UNE RENCONTRE A BRACHAY : 16-17 Avril 1977
"Reprendre l’initiative de l’appel..."
I - DE QUOI S’AGIT-IL ?
Ce week-end s’adressait à tous les jeunes (18-30 ans) qui dans le diocèse, ont déjà une certaine responsabilité - si petite soit-elle - par rapport à d’autres, qui exercent un service (en A.C., catéchèse, aumônerie scolaire, animation liturgique, secours catholique, scoutisme...) ou qui se posent la question d’une "vocation" (religieuse, sacerdotale...).
o Objectif de la rencontre :
- Donner aux jeunes l’occasion de se rencontrer et de s’exprimer entre eux sur ce qu’ils vivent ;
Leur faire prendre conscience qu’ils sont plusieurs, qu’ils sont une force dans l’Eglise ;
Les aider à prendre conscience que rendre service dans l’Eglise, c’est répondre à un appel de Dieu ;
Leur permettre de s’exprimer sur la façon dont ils voient les ministères et les services dans l’Eglise ;
Leur donner l’occasion de découvrir que d’autres jeunes entendent les mêmes appels qu’eux ; appels exprimés par les uns et les autres ;
Faire entendre des appels nouveaux.
o Invitation :
Pas d’invitation massive. On s’adresse personnellement aux jeunes par l’intermédiaire des mouvements ou des services. Dans un premier temps, chaque jeune est contacté personnellement et oralement par l’évêque, par un membre du S.D.V., par un aumônier... Il lui est demandé s’il est d’accord sur le principe d’une telle rencontre et s’il accepte d’être invité.
Dans un deuxième temps, une invitation personnelle - sous la forme d’une lettre - lui sera adressée au nom de l’évêque par l’équipe de préparation (c’est l’évêque qui invite).
120 jeunes ont accepté d’être invités ; 43 ont participé à la rencontre (dont 4 couples, un prêtre, un religieux, 4 religieuses). Participaient avec eux l’évêque, l’un de ses adjoints et le responsable du S.D.V. L’absence de tout autre prêtre a été voulue pour que cette rencontre soit le plus possible l’affaire des jeunes eux-mêmes.
o La préparation
La préparation de ces deux jours a été confiée à une équipe diversifiée ; avec l’évêque et le responsable du S.D.V. ; elle s’est réunie à trois reprises de janvier à mars.
II - CE QUE FUT CETTE RENCONTRE
Elle a été pour les jeunes une occasion de partager leurs expériences et de réfléchir à leur mission dans l’Eglise. Au dire des participants, ce fut un temps fort de "partage de foi et d’amitié", une prise de conscience "qu’on n’est pas seul, qu’il y en a d’autres qui travaillent à essayer de témoigner du Christ", "une découverte de ce que peut être un diocèse" auquel on appartient tous, se retrouvant sur l’essentiel au travers de nos différentes sensibilités, de nos différentes appartenances ou manières d’agir, avec découverte du besoin d’une formation permanente et de "la nécessité d’imaginer de nouveaux types d’engagements dans l’Eglise pour l’avenir".
Quelques traits à retenir :
- "Se lancer les uns aux autres des appels "
Toute cette rencontre fut animée par les jeunes eux-mêmes. C’est l’un d’entre eux qui, chargé de l’animation générale, souhaita la bienvenue à tous au nom de l’évêque, cédant aussitôt la place à d’autres chargés de l’animation des chants ; ce qui devait créer très vite le climat de la rencontre : joie, amitié partagée, prière, "Seigneur, nous voici réunis pour te chanter, pour t’acclamer, pour te prier dans l’unité".
Le P. DALOZ devait, dès l’ouverture de ce week-end, en rappeler le but : " se rencontrer dans l’amitié, se dire ce qu’on fait, prendre conscience ensemble qu’il y a peut-être une Eglise qui est en train de naître dans le monde d’aujourd’hui et qu’on est déjà beaucoup à la prendre en charge, là où on est... se lancer les uns aux autres des appels, voir comment ensemble on construit l’avenir, ne pas se dire simplement "on continue des choses", mais on a des choses à faire naître."
- Echanger, partager.
Aussitôt après, les jeunes se répartissent en petits groupes de 7 ou 8 pour faire davantage connaissance et partager à partir de leurs responsabilités : - quelles responsabilités as-tu prises ? Pourquoi et comment as-tu été amené à la prendre ? A partir de là, qu’est-ce que tu as découvert, qu’est-ce qui a changé en toi, comment as-tu évolué ? Comment les uns et les autres nous situons-nous en Eglise ?
Dans chacun des carrefours, on arrive très vite à l’essentiel. Les quatre témoignages donnés auparavant avaient préparé cet échange.
Le soir, la réunion des rapporteurs a fait ressortir les points suivants :
- notre première responsabilité : être chrétien. "Là où on est, on devrait pouvoir apporter quelque chose par ce que l’on est" ;
aujourd’hui, être chrétien, c’est inconfortable ;
un besoin fortement ressenti : se ressourcer dans sa foi, se remettre en question... besoin d’une formation : "on nous donne des responsabilités, mais on ne nous donne pas toujours la formation nécessaire" ;
on a mis l’accent sur la prière, l’accueil, l’importance de la prière, mais aussi la difficulté que l’on a à prier ;
"accepter l’expérience des autres", "se mettre à l’écoute des besoins du monde d’aujourd’hui", "écouter pour mieux donner" ;
constat : "les jeunes deviennent de plus en plus incroyants. Mais, rejettent-ils la foi ou l’Eglise ?"
besoin d’écouter les jeunes, de leur redonner confiance, de faire une Eglise où ils puissent se sentir à l’aise. "Le rôle des jeunes chrétiens devrait être de permettre à l’Eglise de se ré-identifier à la foi" ;
on note aussi qu’il y a une grande espérance dans l’Eglise d’aujourd’hui ;
que "l’Eglise est faite de membres très différents les uns des autres, mais chacun doit vraiment y avoir sa place" ;
dans chaque carrefour, on a dit combien le fait de prendre une responsabilité a permis de s’ouvrir davantage aux autres et d’approfondir sa foi. On y a aussi parlé de la vocation religieuse et du ministère ordonné.
- Prier
Le soir, une marche sur Blécourt (6 km) permet de continuer les échanges, de faire davantage connaissance avec l’un ou l’autre... et nous prépare à une longue veillée de prière dans le chœur de cette église qui fut longtemps lieu de pèlerinage. C’est pendant cette veillée que chacun se verra transmettre par l’évêque la lumière du cierge pascal. "La lumière qu’on porte, c’est une lumière qu’on reçoit d’un autre, une lumière qui est fragile, qui peut s’éteindre pour un rien et qu’on a toujours besoin de rallumer à Celui qui est lumière".
- Approfondir
La journée du dimanche s’ouvre par une prière fervente. C’est une profession de foi en l’amour de Dieu pour tous, mais aussi une interpellation : "qui de nous va jusqu’au bout de l’amour ? Qui de nous se donne tout entier, sans rien garder pour soi ?"
C’est alors au tour de "l’observateur" de remplir son contrat : faire la synthèse de ce qui s’est vécu depuis la veille, nous aider à nous resituer en Eglise. Son intervention se développant autour de ces cinq mots : accueil, communication, prière, formation, service.
- Accueil : avant d’être une structure, l’Eglise est une rencontre dans l’amitié. "Chaque fois que des chrétiens se rencontrent, il doit y avoir cette dimension de l’amitié, cette joie de se retrouver ensemble... la joie de se reconnaître comme disciples du Seigneur, comme frères".
- Communication : "l’Eglise de la Pentecôte, c’est une Eglise où on communique", échange sur nos expériences, nos responsabilités. "Savoir nous enrichir de nos différences... C’est si passionnant d’entendre la manière dont les autres vivent l’Evangile".
- Prière : "une nécessité vitale, le cœur de l’Eglise qui ne peut se passer de la prière pour exister". Une invitation à prier les uns pour les autres.
- Formation : "il ne suffit pas d’être généreux dans l’Eglise, il faut en même temps être sérieux et lucide, être formé... se donner les moyens de nos responsabilités".
- Service : "dans l’Eglise, nous avons tous la même dignité, le même appel. On ne fait pas les mêmes choses, on n’a pas tous les mêmes responsabilités, mais on est tous au même service, le service les uns des autres, le service de la croissance de l’Eglise, de la construction du Corps du Christ."
- Entendre 1’appel
Mais le moment fort de ce week-end fut certainement l’intervention de l’évêque. Le P. DALOZ adressa tout simplement des appels à tout le groupe, appels correspondant à des besoins du diocèse.
Les échanges qui suivirent, tant en petits groupes le matin qu’en assemblée générale l’après-midi, firent sentir combien tous ces appels ont eu un écho favorable. Aussi l’Eucharistie qui clôtura cette rencontre fut-elle véritablement l’offrande à son Père du Christ mort et ressuscité continuant aujourd’hui sa mission par son Eglise et par chacun de ses membres.
III - L’APPEL DE L’EVEQUE
(simples extraits évoquant les points essentiels de sa pensée)
" ... je voudrais traduire un certain nombre d’appels. Ces appels, je voudrais qu’ils arrivent dans un dialogue. Que vous puissiez vous aussi renvoyer des appels, des réactions, des propositions pour que peut-être on cherche comment davantage mettre en oeuvre notre service, qui est un service dans l’Eglise.
- D’abord je voudrais confier des rêves... :
- rêve d’une Eglise présente à l’histoire des hommes..., présente aux plus pauvres, aux plus petits...
rêve d’une Eglise constituée de groupes fraternels où, malgré les défauts et les oppositions, tous acceptent d’être partie prenante...
.......
- Puis des invitations ... :
- que chacun approfondisse sa propre vocation...
une vocation, dans l’Eglise, ne se vit pas isolément...
......
- ... des propositions de moyens à mettre en oeuvre :
- la proposition de groupes de formation...
certains sentent un appel plus particulier à une fidélité évangélique... Comment nous aider mutuellement ... ?
- Enfin c’est dans les besoins que nous découvrons que Dieu appelle :
- Besoin de jeunes... qu’il y ait des jeunes pour travailler avec des jeunes ...
Besoin de chrétiens qui soient témoins du Royaume de Dieu dans le monde d’aujourd’hui par une vie consacrée...
Les formes de vie consacrée aujourd’hui sont diverses... Il nous faut des lieux d’éveil, de recherche et de soutien.
Besoin de chrétiens qui s’engagent au service du Seigneur et de leurs frères dans un ministère ordonné : être prêtre, être diacre, c’est répondre à un besoin vital de l’Eglise.
- Cet effort de fidélité aux appels du Seigneur aujourd’hui ne peut se faire qu’ensemble. L’Eglise tout entière est "appelée"
IV - ET APRES ...
Les réactions que nous avons recueillies après coup montrent qu’une telle rencontre ne peut être qu’un démarrage, une occasion de repartir pour un meilleur service du Christ et des frères...
Ce week-end a été pour, la plupart, l’occasion d’une prise de conscience de l’existence de l’Eglise diocésaine, de "sentir qu’on en fait partie" ; une prise de conscience également de la complémentarité, de la "réciprocité" des rôles, des vocations, ce dont on ne peut que se réjouir.
Déjà l’équipe de préparation s’est à nouveau réunie pour faire le point et des projets sont en cours. Devant la demande fortement exprimée d’une formation biblique, théologique, d’une réflexion sur les questions auxquelles les chrétiens sont affrontés aujourd’hui, une proposition sera faite en ce sens l’année prochaine à tous ceux qui le désirent.
Ceux et celles qui se sentent interpellés pour une vocation particulière dans l’Eglise pourront poursuivre, avec d’autres, leur réflexion dans les groupes de recherche qui sont déjà en route et qui se veulent des lieux de vérification et d’approfondissement. Ne laissons pas s’éteindre l’appel de l’Esprit et voyons comment mettre en oeuvre ensemble des groupes de vie évangélique qui nous permettent d’y répondre. C’était en deux mots l’appel de l’évêque au terme de notre rencontre.
Jean-Louis de KERGOMMEAUX