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Des parents
Au commencement existent des familles... Ce sont elles ordinairement qui, à l’âge du 1° cycle, choisissent ce type d’éducation, à contre courant de leur entourage parfois (en milieux indépendants par exemple... )
Le texte qui suit va décrire les relations qui se tissent entre les familles, les jeunes, les éducateurs autour du Foyer-Séminaire. Les exemples qui suivent viennent surtout de deux maisons : CHANTEPIE, le foyer 2° cycle du diocèse de Rennes, et Saint-Sulpice la Pointe, le séminaire scolarisé 1° cycle du diocèse d’Albi. Dans les deux cas, il y a sans doute une même dominante sociologique : des chrétiens actifs du monde rural.
I - QUE LEUR DEMANDENT NOS MAISONS ?
Voici la réponse du responsable de Saint-Sulpice, c’est le résumé de son intervention lors de la 1° réunion de l’année, avec les familles des nouveaux :
"L’évêque d’Albi m’a confié ce que je considère comme un "trésor" : le séminaire. Je n’ai aucune envie de le laisser partir en morceaux.
Ce que j’attends des parents qui mettent leur enfant ici :
- notion de disponibilité : être ouvert, ne pas être figé dans un système, et pour cela vivre des exigences. Il ne faut pas se contenter de peu ou seulement d’une partie de l’enfant.
On doit être partie prenante de cette éducation et nous devons nous-mêmes évoluer avec nos enfants, progresser avec eux vers un type d’homme. C’est la réussite humaine et chrétienne de nous tous qui est en jeu.- conception de la réussite : réussir, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Que les enfants réussissent comme ils sont, avec leurs qualités. Ce qui est important n’est pas une conception en l’air, mais des jeunes concrets, particuliers qu’il faut épanouir et rendre heureux.
Tout cela, c’est l’idée de Vocation : qu’ils répondent à ce à quoi ils se sentent appelés.
Paul GROS - 24.10.1976.
Ceci entraîne des exigences précises :
- participation aux réunions de parents (plus de 90 %.
invitation pour des journées de travaux manuels bénévoles : construction d’un laboratoire, d’une chapelle, nettoyage, peinture, etc.
ateliers pour la catéchèse, l’orientation après la 3°, réflexion Tiers-Monde, etc.
II - LES REUNIONS DE PARENTS
A) - Le programme à Saint-Sulpice un dimanche :
9 H.30 - Messe communautaire
10 H.30 - Carrefours
12 H.30 - Repas
14.H. - Réunion générale
16 H. - Prière commune,
puis café, rencontre des professeurs.
Les thèmes de carrefours sont très variés : de l’éducation de la foi, aux problèmes scolaires.
B) - Ce qu’en pensent les parents :
Voici l’avis de deux familles, la première du monde rural, la seconde de cadres, en ville.
"La participation" :
"Ce qui fait la richesse, c’est la participation des parents (le pourcentage ne doit pas être loin de cent pour cent) et ce qui n’est pas moins étonnant, la participation des professeurs. De jeunes enseignants, mariés, qui trouveraient très sûrement de bonnes raisons de ne pas être là ce jour-là, participent vraiment toute la journée. Ils participent aux carrefours, à la mise en commun, ils donnent parfois leur point de vue et sont à la disposition des parents qui veulent les voir pour parler de leur enfant en particulier.Je pense que ce qui fait la valeur de ces journées, c’est le fait que tout le monde : les parents, professeurs et enfants sont réunis et s’intéressent à la marche de la maison ou réfléchissent sur un sujet précis".
"Un partage fraternel" :
"Contact amical et détendu que cette journée, moment agréable où l’on se sent accueilli dans cette maison où nous sommes à l’aise. Tout contribue à nous relaxer, le repas en commun simple mais copieux, la messe très vivante, les discussions en profondeur et la joie de revoir des couples de notre âge avec lesquels nous avons milité dans des mouvements d’Action Catholique, nous évoquons des souvenirs de jeunesse... joie de connaître aussi d’autres parents qui nous découvrent d’autres horizons.Ce que nous retiendrons, c’est la messe qui débute la journée et la prière qui la termine. Nos enfants y participent. C’est vraiment tous ensemble que nous célébrons le Seigneur dans la joie...et cela contribue à rendre cette journée plus fraternelle car placée dès le début sous le regard du Seigneur.
Mais il faut souligner aussi la qualité de la réflexion qui engage la foi des participants et la manière de la vivre concrètement tous les jours. Réflexion aussi sur notre rôle d’éducateur, parents, professeurs tous attelés à une même tâche et conscients de la lourde responsabilité qui nous est confiée.
Comme nous sentons que nous avons besoin les uns des autres pour nous éclairer, nous encourager. Ce partage fraternel de nos difficultés, de nos efforts nous aide à persévérer et à garder l’Espérance".
C) Des insuffisances :
Voici la remarque d’une famille de Saint-Sulpice :
"Nous regrettons que certains parents aient des difficultés à s’exprimer sur ce qu’ils vivent réellement et "s’embarquent" rapidement sur de grandes considérations un peu intellectuelles.. C’est toujours difficile de conduire les réunions avec le souci d’amener chaque participant à se remettre en question dans sa vie, et à se convertir après s’être laissé interroger par le Seigneur à travers sa Parole.
Mais aux réunions de parents de Saint-Sulpice, ce n’est pas plus difficile qu’ailleurs... Et il y a certainement une progression de la première année où l’enfant est en sixième à celle où il est en troisième."
C’est aussi le sens de ce bilan établi par les responsables de la maison, après une réunion sur la "transmission de la foi".
"Le sujet de notre réunion, important s’il en est pour nous, chrétiens, s’est avéré difficile. Une première difficulté est apparue dès le matin, en carrefour. C’est celle de s’exprimer sur la foi, de dire notre foi aux autres, d’arriver à partager de manière profonde et vraie. Il y a là une interrogation pour nous : d’où vient que nous ayons tant de mal à parler de notre foi entre chrétiens ? En aurions-nous perdu l’habitude ?
L’après-midi, un second obstacle dans ce dialogue s’est révélé à nous : le mal que nous avons à accepter que l’autre, vive sa foi différemment de nous, ou si vous voulez (ce qui revient au même ) comment, vite, nous avons tendance à "incarner" notre foi dans certaines manières de la vivre, ou dans certaines manières de la formuler, et de canoniser notre point de vue à l’exclusion des autres. Nous faisons fi du respect de l’autre et du pluralisme de fait que vivent les chrétiens en France par exemple et dont nos évêques, à Lourdes 1974, ont pris acte et tiré les conséquences. Nous sommes par trop exclusifs et totalitaires ! Il s’agit d’accueillir et de vivre, au cœur même de nos conflits, cette fraternité nouvelle qui jaillit de la Croix du Christ.
III - LES ROLES DES PARENTS
C’est Rennes qui présente maintenant son expérience :
"II y a quatre secteurs où les parents ont à intervenir ou à s’interroger :
- une réflexion sur le projet éducatif du foyer et sur toutes les questions que se posent les jeunes, leurs gars.
- Les relations qui peuvent exister entre le foyer - ou qui n’existent pas d’ailleurs dans certains cas - et les autres forces de la Pastorale :
- c’est-à-dire comment le foyer est considéré par les personnes qui font de la catéchèse, par les autres écoles, par l’Action Catholique, par les prêtres de paroisse, par les autres jeunes.
- A chaque rencontre, nous nous interrogeons par rapport à cela, parce que souvent les jeunes nous posent des questions et nous-mêmes nous nous étonnons que les prêtres de paroisse ne soient pas tellement soucieux du foyer, et de savoir ce qui s’y vit. C’est un aspect concret des interrogations.
- La responsabilité de l’avenir du foyer. Monseigneur Duval, coadjuteur de Rennes, qui était venu à la dernière assemblée générale l’an dernier, nous dit : "le foyer est entre vos mains". D’où, pour nous, une double question :
"est-ce l’abandon de l’Archevêché ? Ou est-ce une mission confiée aux parents ?"
Effectivement, nous constatons que c’est plutôt la deuxième hypothèse. L’évêque
se soucie quand même du foyer, mais les parents se sentent peut-être un peu plus responsables, parce qu’ils constatent que le recrutement du foyer se fait actuellement par les contacts entre jeunes d’une part et d’autre part par les contacts entre parents.
- Le Foyer a eu comme conséquence un retour des parents sur eux-mêmes, une interrogation personnelle par rapport à la foi, par rapport à la pratique religieuse ; cela concerne d’ailleurs l’engagement, le style de vie, notre responsabilité d’éducateurs. En fait, on pourrait dire que les parents sont impliqués dans le Foyer par leurs jeunes, par eux-mêmes et par la communauté chrétienne. "
Le Foyer, communauté d’Eglise, heureuse de se rassembler, est un lieu de communication jeunes-adultes, un lieu de foi et un lieu de "conversion". En voici un témoignage :
"Je demandais seulement à cette école de m’aider à faire découvrir à mes enfants le sens profond de leur vie et l’amour du Seigneur pour chacun de nous, elle m’a interpellée dans ma propre vie, m’obligeant à me préciser le sens que je donnais à ma propre vie et les moyens que je me donnais pour l’atteindre. Je ne cherchais que l’éducation de mes enfants et voilà que j’y ai trouvé (déconcertée et parfois agacée) un appel du Seigneur qui me bousculait et me rappelait combien le fait de me situer dans une école chrétienne m’engageait (auprès des miens et dans mon milieu de vie) à vivre et à transmettre le message de son amour".
Madame S. (Albi)