Ecole Catholique et Vocations


ATELIER N° 13 : "ECOLE CATHOLIQUE ET VOCATIONS"

A la session de Montpellier (2-4 juillet 1976), l’atelier "Ecole catholique et Vocations" comprenait six religieuses et trois prêtres tous engagés depuis longtemps dans l’Enseignement catholique.

Leur expérience les amène à s’interroger sur leur "vocation personnelle", sur la responsabilité propre des religieuses et des prêtres, mais aussi sur les conditions et les orientations d’un agir.

Le compte rendu a été rédigé par le Père Max CLOUPET, animateur de l’atelier et représentant du C.N.V, auprès du Secrétariat Général de l’Enseignement catholique.

Notre travail en atelier nous a conduit à faire :

Trois remarques fondamentales :

1) Certes, nous sommes tout à fait conscients que les jeunes élèves et les adolescents, et tout autant les collègues professeurs ou le personnel de service, nous perçoivent souvent difficilement comme prêtres et religieuses. Cette constatation devrait nous conduire à progresser ; nous ne pensons pas qu’elle doit nous amener à "partir".
"L’Enseignement catholique" peut être aussi pour nous lieu de "vocations".

2) Si nous affirmons la nécessaire utilité d’une "catéchèse explicite", l’existence de celle-ci ne nous paraît pas être caractéristique de l’Enseignement catholique ; la qualité de la recherche pédagogique qui y est faite comme le caractère particulier de l’organisation des structures qui permettent la vie des institutions expriment bien davantage la spécificité du projet pastoral qui voudrait y être développé.

3) C’est notre participation, à des degrés divers et des postes différents, à l’effort poursuivi dans le cadre de la "pastorale des vocations" qui nous fait penser que des progrès sont possibles dans l’Enseignement catholique.
Puis notre réflexion a porté sur les quelques idées suivantes :

I - EVEILLER

pour préparer le jeune à son avenir !

a) les parents (dans le regard qu’ils portent sur ce qui fait le positif de la vie de leurs enfants) à envisager une autre dimension que celle des ... notes !

  • Les éveiller à ce qu’ils soient soucieux de respecter les jeunes en étant plus attentifs aux goûts de ceux-ci qu’à leurs propres rêves à leur sujet.
  • Pour cela,
      • les faire participer à des activités para-scolaires, collaborer aux activités religieuses et pastorales.
      • exiger des professeurs qu’ils leur donnent un compte rendu régulier des évènements ordinaires ou extraordinaires qui marquent la vie de la classe.

b) Les enseignants, en leur manifestant ce qu’on attend d’eux comme éducateurs. Pour cela, par exemple :

  • faire que dans les "Conseils d’orientation", on parle des capacités et des goûts des élèves (qu’il s’agirait de connaître !) et non seulement des résultats, et non pas - entre autres décisions à éviter réserver l’enseignement "technique" aux incapables.
  • les aider à privilégier la relation directe dans un dialogue personnel.
  • définir avec eux des attitudes prioritaires vis-à-vis des cas limites, c’est ainsi qu’ensemble, on se sentira responsables de ceux qui sont sans débouchés, qu’on tentera de compenser le climat d’insécurité qu’engendre une situation de chômage ...
  • leur manifester qu’un des signes qui fait reconnaître la présence de l’Esprit, c’est bien la nouveauté dans la continuité.

Alors, leur faire se demander s’ils sont assez souples à la nouveauté, assez désireux de suivre Dieu qui parle par la vie (les jeunes y collent naturellement).

c) Les élèves,

  • en distinguant "rêve" et "projet",
  • en passant d’une pédagogie du "devoir" à une pédagogie du "possible"
      • L’école catholique est-elle le lieu de l’invention, le lieu de l’épanouissement de virtualités et de richesses ?
      • Il est à craindre, en réalité, qu’on y soit ligoté et par les structures et par l’idée qu’on s’y fait des contraintes de l’administration.
      • Pour nous, la première des valeurs c’est la trace de Dieu déposée dans un être
      • N’a-t-on pas à appeler les élèves à "être plus", plutôt que de les persuader de "faire plus" ?

Il semble qu’en référence à la pastorale habituellement désignée ainsi, il serait bon de promouvoir une pédagogie des "talents".

II - CROIRE EN L’AUTRE

1) Notre consécration religieuse nous ouvrant sur Dieu, nous dispose à un type de relations fraternelles où le regard des autres nous fait exister.

Notre participation à la "pastorale des vocations" qui nous a sensibilisés aux possibilités des personnes nous fait attendre des écoles catholiques qu’on y croit davantage aux personnes :

  • élèves : ils ont quelque chose à dire,
  • parents : ils sont susceptibles de découvrir encore ...
  • enseignants et éducateurs : ils peuvent aussi ... se convertir !
  • membres du personnel de service : ils ... aimeraient s’ouvrir à la dimension éducative de leur charge.

2) Le meilleur moyen pour y parvenir ;

- enfin des responsabilité

  • sans pour autant négliger les difficultés qu’on pourra rencontrer,
      • peur d’être jugé,
      • peur d’être récupéré par le système,
      • peur de l’école considérée comme "milieu artificiel",
      • peur d’être mis à part, etc.
  • en remarquant quelle ampleur a le témoignage de ceux qui acceptent d’en prendre.

III - Notre expérience dans les "services de vocations", la "culture" théologique et spirituelle que nous y avons acquise, nous fait souhaiter fortement qu’on distingue avec clarté
LA COMMUNAUTE EDUCATIVE ET LA COMMUNAUTE ECCLESIALE

L’école catholique, si elle fut à d’autres moments, considérée par certains comme une Eglise en miniature, ne peut aujourd’hui favoriser la naissance d’une communauté de foi qu’à cette condition. Faire naître et grandir une Eglise au sein d’une institution scolaire exige que toute ambiguïté soit enlevée en ce domaine aussi.

On aurait ainsi approfondi les pistes suivantes :

  • A l’école, une Communauté d’Eglise dont on souhaite que la prise en charge puisse se faire par des laïcs pose très rapidement la question de la place du prêtre. On n’est ordinairement pas armé pour y répondre.
  • Dans cette communauté de foi en milieu scolaire, nécessité de voir se mêler adultes (particulièrement professeurs et enseignants, mais aussi les parents) et jeunes.
      • il semble qu’on doive rejoindre toute la vie de ceux qui la fréquentent : il nous a plu de noter l’intérêt que nous attachions tous à la démarche de l’A.C.S.
      • on ne doit pas se contenter d’y prévoir un accueil différencié, mais il faut y parvenir à la célébration et à la célébration eucharistique.

En guise de conclusion :

Prêtres et religieuses engagés depuis longtemps au service de la pastorale des vocations et depuis longtemps aussi exerçant une charge d’enseignement et d’éducation, nous nous sommes rencontrés :

  • dans nos interrogations provocantes sur l’aptitude de l’enseignement catholique à remplir aujourd’hui sa part dans la mission de l’Eglise ... ?
  • mais en même temps, sur l’espérance que nous y mettions et sur notre volonté d’être plus au service des laïcs à qui nous devions apporter ce que ... d’autres nous ont donné.

Appeler, éveiller, croire en l’autre, rendre responsable, favoriser la naissance et le développement de communautés de croyants, voilà ce que nous ont dressé à faire les S.D.V., ce que nous voudrions voir encore mieux faire dans l’Enseignement catholique.

Max CLOUPET
Bordeaux