... Quelques réflexions


Rapide historique

Cette session s’inscrit dans le programme de toute une recherche commencée avec les différentes mouvements ou services nationaux de l’enfance ou de la préadolescence. Ce travail commun entre les responsables de la pastorale des vocations et les responsables des mouvements et des services de l’enfance était vécu soit séparément avec chaque instance nationale soit ensemble lors de grands week-ends qui réunissaient A.C.E., M.E.J., catéchèse, aumôneries de C.E.S., Enseignement catholique, scoutisme et bien sûr des animateurs de foyers et de diaspora.

Ces réunions eurent lieu en novembre 73 et novembre 74 à Paris. Chacune redisait notre responsabilité commune face aux vocations d’enfants - respecter un jeune, c’est prendre en charge avec lui tout ce qui motive et oriente sa vie maintenant - mais faisait apparaître les nombreuses difficultés à vivre avec justesse notre tâche d’éducateur menée jusque là.

Nous avions besoin d’un petit concile qui mettrait en commun notre expérience, nos questions et accueillerait les points de vue des sciences humaines et d’une réflexion d’ordre théologique.

C’est ce que nous avons voulu vivre les 2, 3 et 4 juillet dernier à Montpellier.

Un compte rendu de 18 pages a déjà été envoyé aux participants. Nous ne ferons ici que souligner certains axes importants de notre recherche, quitte à prolonger par la suite dans d’autres dossiers et dans le journal ENSEMBLE les réflexions amorcées.

QUELQUES MOTS DES PARTICIPANTS ET DE LA METHODE ADOPTEE

Nous étions 28. 3 laïques, 6 religieuses, 3 religieux non prêtres et 16 prêtres. 13 d’entre nous étaient animateurs dans un foyer-séminaire, 14 suivaient des jeunes, garçons ou filles, individuellement ou par le moyen de réunions et notre conseillère-psychologue n’avait pas directement l’expérience de ce genre de travail.

Nous avions fait presque tous un travail du préparation par écrit qui nous avait conduits à regarder avec attention aussi bien les jeunes que notre attitude d’éducateurs. Et nous venions avec quelques convictions et beaucoup de questions. Il s’agissait de mettre cela un commun, d’opérer, autant que nous le pouvions, un discernement humain et chrétien et de baliser la route de nos orientations.

LES PRINCIPAUX CONSTATS

  • Difficultés pour le jeune de parler de son projet. Ou bien il n’a pas les mots pour le dire car le vocabulaire qu’il a à sa disposition a vieilli et ne correspond plus à ce qui est vécu dans l’Eglise ou bien il se sent mal écouté, trop vite récupéré par les uns, pas pris au sérieux par lus autres. Pourtant, il aspire à trouver des lieux où il pourra, librement et vraiment, partager ses aspirations.
  • Peur des adultes. Les motifs sont nombreux. Outre les dangers de trop vite accaparer, dans un langage d’adulte, ce qui n’est encore que projet d’enfant, il y a aussi tout le contexte actuel qui n’incite pas à une véritable liberté pour accueillir un jeune quand il nous parle de son avenir au service de l’Eglise.
  • Démobilisation du clergé. Cette expression est revenue plusieurs fois. Elle était toujours assortie d’une remarque sur la nécessité de faire ensemble ce travail d’éveil et d’accompagnement des vocations.

NOS CONVICTIONS

Les convictions majeures n’ont pas été remises en questions. Dieu appelle à tout âge, même à 11-12 ans ; toute réponse à un appel est vécue personnellement et en Eglise, selon un cheminement qui prend du temps. Les points d’accord énoncés par les équipes de travail et ratifiés par le grand groupe ont été plus détaillées.

  • L’accompagnement se fera ensemble :
      • cela veut dire qu’il faut favoriser les lieux de rencontre et de partage où les jeunes pourront efficacement se prendre en charge les uns les autres.
      • cela veut dire aussi que l’équipe des éducateurs devra être diversifiée (hommes, femmes et représentants des différentes formes de vocation dans l’Eglise).
  • Importance de la famille comme lieu d’éveil et d’accompagnement des vocations de jeunes. Cette conviction nous conduit à revoir la place que nous accordons habituellement à la famille dans notre pastorale des vocations : échanges avec les parents sur leur rôle d’éveilleurs, collaboration étroite avec eux pour le travail d’accompagnement.
  • Collaboration nécessaire avec les mouvements. Le souhait serait que cette collaboration sa fasse dans les deux sens : les mouvements interpellant le service des vocations et celui-ci ayant à coeur de rejoindre la vie du mouvement où le jeune a ses relations et ses engagements.
  • Lien nécessaire entre le projet, mobilisateur de générosité, mais aussi imaginé, et la concret de la vie quotidienne. En évitant de tomber dans des pratiques moralisatrices abusives du type : "tu veux être prêtre ? Donc tu dois faire ceci, ceci et encore cela..." L’éducateur sera attentif à faire apparaître la cohérence entre le projet et la qualité de vie actuellement déployée.

NOS QUESTIONS ET NOS DEMANDES D’APPROFONDISSEMENT

C’est ici que les développements pourraient être les plus longs.
Nous ne retiendrons que les questions qui paraissent les plus fondamentales et les plus urgentes pour notre travail, non pour le plaisir d’en faire le catalogue, une fois de plus, mais pour annoncer les thèmes qui pourraient être développés par la suite dans un courrier comme celui-ci.

Questions concernant la psychologie des jeunes - garçons et filles.

Denise Morel, psychologue, a situé notre travail relativement à la psychologie d’un garçon et d’une fille du 11-15 ans. Cette participation, pour être publiée, devrait être reprise. Le langage d’une conférence à des sessionistes n’est pas compréhensible à un plus grand public s’il n’est pas rendu moins allusif.

Des points particuliers mériteraient aussi des développements plus longs :

  • la place d’un projet de type religieux dans une vie d’adolescent et d’adolescente .
  • le rôle des modèles - jeunes ou adultes - chez les 11-15 ans.

Questions d’ordre théologique

Elles sont de deux ordres : questions sur l’Eglise et questions sur la vocation. Les unes et les autres sont posées à partir d’un travail pastoral très concret. Quelle expérience d’Eglise les jeunes peuvent-ils vivre entre eux et avec nous ? Quelle Eglise construisent-ils déjà etc. Quel est le spécifique de la vocation ? Demande-t-il un accompagnement particulier ?
Ici aussi il serait intéressant de reprendre ces questions pour elles-mêmes.

Questions d’ordre pastoral et pédagogique.

Elles intéressent aussi bien les réflexions en cours sur l’importance des milieux de vie que celles sur les critères d’accueil dans un groupe ou dans un foyer.

Elles redisent aussi la volonté déclarée de ne pas marginaliser notre travail mais de le situer dans toute la vie d’un diocèse : liens entre le foyer et la pastorale des vocations ? Collaboration avec le clergé du diocèse ? L’interrogation porte plus sur le comment. Il s’agit, pratiquement, de faire avancer les choses et on a besoin de témoignages.

EN GUISE DE CONCLUSION, QUELQUES PROPOSITIONS.

Dans notre pensée à tous, la rencontre de Montpellier n’était qu’un jalon parmi d’autres, sur une route que nous voulons continuer. Voici quelques moyens de continuer la collaboration :

  • Ce dossier "Jeunes et Vocations" tiendra la rubrique des 11-15 ans ouverte à tous les éclairages psychologiques et théologiques dont nous pourrions avoir besoin.
  • Ce même dossier se fera le porte parole de toutes les expériences réalisées localement qui pourraient éclairer notre pratique.
  • Le journal ENSEMBLE continuera à se mettre au service des 11-15 ans en tenant compte de tout ce que nous avons partagé. Il compte sur vos remarquas et sur votre participation.
  • Enfin, il serait bon que dans les régions, d’autres rencontres aient lieu sur la pastorale des vocations ouverte aux 11-15 ans. Comme à Montpellier, il se passera quelque chose qui relève plus encore de la conversion personnelle que de l’ouverture à de nouvelles idées.

Jean DUBREUCQ