Dossier "Eveil et engagement au service de l’EVANGILE" pour les 15-18 ans


Le document qui vous est présenté s’inscrit dans une recherche sur la mentalité des jeunes de 15-18 ans, aujourd’hui, en 1976. Il est succinct ; ce n’est pas une analyse approfondie de cette tranche d’âge, telle qu’on peut la trouver sous la plume de spécialistes. Il résulte de la mise en commun des expériences, des remarques d’aumôniers, d’éducateurs de jeunes de cet âge, venues de divers horizons de France, en particulier d’aumôneries de diaspora et de foyers de jeunes.

C’est donc une analyse typée, colorée par son origine et par son but, qui se présente en deux parties d’inégale longueur.

I - Le jeune d’aujourd’hui dans son milieu de vie, son environnement

1) La psychologie du jeune, ses enracinements, ses solidarités dans les mondes nouveaux qui sont les siens.

2) Sa foi en Jésus-Christ, sa foi vécue en Eglise.

3) Sa façon de se situer par rapport à un projet de ministère dans l’Eglise aujourd’hui.

Ce sont quelques touches essentielles, qui ne prétendent pas être exhaustives, mais qui commandent des façons de faire quant à l’éveil, l’accueil et l’accompagnement de jeunes en projet de service dans l’Eglise.

En même temps, nous trouverons :

  • et des points communs à tous les jeunes que l’on rencontre,
  • et quelques caractéristiques de jeunes en foyer ou séminaire de jeunes, en équipes de diaspora ou autres équipes.

II - Quelques convictions et conséquences pastorales

Elles concernent tout éducateur, prêtre, religieux, religieuse ou laïc, qui s’intéresse à la manière d’accueillir ou d’accompagner un jeune portant un projet de vie chrétienne, de service d’Eglise, de ministère ordonné.

Ce sont aussi des propositions qui déterminent une politique dans un diocèse, une région, pour une pastorale destinée à des jeunes de cet âge.

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1 - LES JEUNES DE 15-18 ANS EN 1975

1) Ce qu’ils sont - leurs enracinements - leurs solidarités

A) L’importance donnée à la vie de relation, à la vie de groupe semble encore avoir grandi.

  • découvrir,
  • échanger,
  • partager,
  • se connaître

demeure une valeur première, qui va colorer toute expérience. Cette vie de groupe apparaît :

  • soit momentanée : un week-end, un pélé de 5 jours,
  • soit plus longue : une vie d’aumônerie, une équipe de sport, une vie en foyer ou séminaire de jeunes, une équipe de diaspora, une équipe de mouvement.

La qualité de l’ambiance, la mixité, la vie affective sont un tiercé de valeurs auxquelles le jeune aspire, grâce auxquelles il s’exprime, se construit, tant dans sa vie personnelle que dans la vie collective.

  • A Z, aumônerie de lycée - Term, 1ère - 20 jeunes participent à l’aumônerie ; ils y viennent en couples constitués.
  • On note l’importance, pour des équipes d’aumôneries, de diaspora, pour des jeunes en foyer, de trouver d’abord une qualité de relation qui permette à ces lieux d’être :
        • Lieu d’expression totale,
        • lieu de partage de leur idéal, de leurs questions, de leur foi.

La vie en groupe est un fait de plus en plus important pour les jeunes

B) Ce sont des êtres remplis de contradictions.

Le monde dans lequel ils croissent en est rempli. Ils le découvrent ; ils rentrent dedans. Aussi est-il normal qu’ils en soient pétris ; successivement, ils affirment et vivent des situations opposées - ce qui entraîne un retard de la maturité, sauf chez les jeunes de cet âge qui sont déjà au travail.

En voici quelques exemples ; vous pouvez vous-mêmes en découvrir d’autres.

a) par rapport à un après 68, en général, il y a moins de vigueur, moins de contestation d’ordre social.

"Les garçons et les filles de 1ère-Term, s’écrasent".
"Beaucoup ont tendance à être écrasés par l’abondance "des problèmes généraux qu’on ne cesse de soulever "devant eux : Tiers-Monde, complicité avec les in"justices de la société capitaliste, école et poli"tique."

Cependant, on rencontre des minorités, dont des jeunes en mouvements, en diaspora, en foyer, qui restent ferment d’action, au plan :

        • de la classe : délégués,
        • social : animateurs de foyers sociaux éducatifs,
        • politique : appartenance à un parti ; animateurs dans leur ville de la réaction contre la réforme Haby...

          "Les gars du Foyer se sont trouvés en 1ère ligne dans "les évènements de mars 1975. (Réforme Haby). Ils veulent être présents dans le milieu où ils sont. (diaspora). Tous les jeunes de Term., lère et 2°, en "diaspora, sont engagés". Un aumônier.

b) Certains s’orientent vers l’écologie, rêvent d’un travail artisanal et en même temps éprouvent un goût plus marqué pour la technique dans laquelle ils baignent par leurs études ou leur environnement : moto, la Hi-Fi, etc.

c) Une tendance s’inscrit : l’Avoir, la savoir, le Pouvoir attirent de moins en moins, on veut une profession épanouissante. L’argent est contesté.
Cependant, ce sont des jeunes qui "consomment" beaucoup plus tôt que voici 5 ans. La société de consommation trouve en eux un marché intéressant : mobylette, cigarette, boisson, film...

C) Nous en venons à constater une certaine apathie, voire une certaine répulsion, pour tout ce qui est engagement dans des structures qui leur soient antérieures, qui viennent d’adultes.

Dans certains diocèses, se constate un désengagement continu vis-à-vis de la JIC, JOC ou d’autres mouvements.

"Le mouvement propose un programme, empêche le jeune de se retrouver sur le style qu’il souhaite. L’engagement personnel d’un jeune est difficile au temps de l’adolescence. L’aspect personnaliste de l’engagement se développera plus tard... La maturité psychologique est de plus en plus tardive : ce qui explique, pour une part, le recul devant toute forme d’engagement définitif (cf. le mariage à l’essai)". Un aumônier de lycée.

Cependant, un mouvement sera accueilli par les jeunes, s’il se présente comme un lieu où il y a quelque chose à bâtir, à faire ensemble et pas seulement à discuter.

D) C’est un être plus rapidement marqué par l’angoisse. Par rapport à leur avenir, les jeunes vivent constamment dans l’incertitude, à l’image du monde adulte. Ils le ressentent et l’expriment clairement ou confusément.

  • L’école n’est plus intéressante, parce qu’elle ne débouche sur rien et ils le savent, se paniquent.
  • Un aumônier de collège signale qu’au niveau de la 3ème, dans le cadre de la préparation au Congrès du MEJ (Lyon 75), à l’atelier "Avenir", le poids même de leur avenir était traumatisant :
      • "Peur de la guerre",
      • En l’an 2000, on mènera une vie de fous".
      • "Difficultés de rencontrer les autres", etc.
  • "En catéchèse, dans une classe de 4ème filles, les 3/4 ont exprimé leurs craintes, leurs troubles, par rapport au monde des adultes qui ne prend plus le temps de respirer, qui ne sait plus "perdre" du temps pour se détendre, s’amuser.
    Ceci va même jusqu’à l’angoisse d’être incapable d’affronter, dans quelques années, le "rythme infernal" dont parlent tous les moyens de communication sociale". (un aum6nier en enseignement libre).

    Nous retrouverons les conséquences de cette angoisse dans la 2ème partie, quand on parlera de projet de vie.

E) Les jeunes vibrent à un certain nombre de valeurs :

Justice - Partage - Solidarité - Amitié.
Détente - Vie dans la Nature - Joie, etc.

Mais la façon de les vivre, ne les rend pas forcément conscients de leur milieu du vie. C’est dans la reconnaissance de ces valeurs qu’ils vont découvrir leurs racines ou qu’on peut les aider à les découvrir.

2) Où en sont-ils vis-à-vis de l’Eglise, de la Foi ?

Eglise :

Dans une formule rapide, on pourrait dire : "l’Eglise ? Connais pas".
En fait, ils ne rentrent pas dans le langage de l’Eglise, la vie des paroisses, dans tout ce qui délimite ou cerne ce qu’on appelle sociologiquement l’Eglise.

"La vie de l’Eglise et nos problèmes ne les intéressent pas". (un groupe d’aumôniers ).

Mais ils seront participants à tout rassemblement, à toute expérience communautaire élaborée par eux (par exemple : une messe à l’aumônerie), même si elle est paroissiale : c’est leur manière de construire l’Eglise, même s’ils n’en ont pas conscience.

"Par rapport à l’Eglise, il y a une attente très profonde de communautés ecclésiales plus vivantes et plus vraies dans leurs rapports, qui soient capables de bousculer un peu la torpeur des bien pensants, jeunes ou adultes".

Ils sont sensibles d’abord, comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, à l’ambiance d’un groupe chrétien de jeunes, d’une communauté qui se crée et vit ; ce qui les intéresse beaucoup plus que de savoir de quel passé est faite l’Eglise et par quelles étapes elle s’est construite.

Foi :

Comme fond de tableau qui va éclairer toutes les réactions des jeunes sur ce chapitre, il faut rappeler l’importance de plus en plus massive du phénomène de l’incroyance - ambiance dans laquelle baigne le jeune à l’école, dans les loisirs, dans le quartier, etc.

D’où des questions radicales sur Jésus-Christ se posent. La foi en l’homme Jésus n’est pas mise en cause ; mais croire en Jésus vivant, ressuscité, événement dans lequel on se trouve, "ce n’est pas évident".

"Leur référence est Jésus-Christ, mais un Jésus-Christ peu étoffé. En général, ils abordent le 2° cycle avec un certain nombre de questions sur la foi". Un aumônier de lycée.

"En Terminale, ils apprennent que Jésus est vivant". Une équipe en Foyer.

Dans la même ligne, la vie sacramentelle ne va pas de soi.

"Que l’Eucharistie soit un lieu de partage, oui ; mais que "l’Eucharistie soit le lieu de la présence de Jésus-Christ, "soit un lieu de communion à sa personne : certains ne l’ad"mettent pas et donc ne communient pas". (Un responsable "de Foyer).

"Les jeunes nous posent des questions sur la vie sacramentelle : à quoi ça sert la messe, la pénitence ?" (un aumônier de foyer).

Remarquons que le langage de la Foi avec sa formulation intellectuelle correspond de moins en moins au schéma mental des jeunes , ils expriment leur foi dans leurs mots à eux. Si on sait que l’expression orale d’un adolescent est pauvre par son vocabulaire et par ses moyens de le dire, il n’en reste pas moins vrai que ses intuitions sont souvent justes.

Par ailleurs, le phénomène de la contestation est répandu un peu partout dans la vie ordinaire , et, si la contestation de ce qui est révélé, acquis au cours des siècles dans la réflexion théologique, paralyse et consterne les adultes, cela ne gêne pas du tout les jeunes ; ils attachent moins d’importance au fond, au sujet même de la remise en cause, qu’à la forme et à la liberté de pouvoir remettre en question tel donné révélé. Nous retrouvons là, plus marquées encore, ces oppositions qui sont en lui-même. Le subjectif (l’affectif, l’ambiance) prend le pas sur l’expérience humaine, et à plus forte raison le donné révélé.

Cependant, faisons trois remarques qui paraissent s’opposer à ce climat général :

  • les mouvements d’Action Catholique spécialisée sont des lieux privilégiés pour l’éveil ou l’éducation de la foi, des lieux qui permettent aux jeunes d’être conscients de bâtir l’Eglise dans les mondes auxquels ils appartiennent. "
  • certaines équipes de diaspora ou certaines rencontres de Foyer deviennent :
      • des lieux de recherche et d’approfondissement sur le plan de la foi,
      • des lieux d’intérêt pour tout ce qui touche la vie de l’Eglise :
        partage d’exigences vécues en mouvement, en des groupes divers...
  • De plus, autour d’une aumônerie vivante, d’une abbaye ouverte, d’une communauté d’hommes ou de femmes ou de lieux de pèlerinages (Lourdes, Chartres), les jeunes affluent, seuls ou en groupe.

    "Plus vite qu’autrefois, la note spirituelle apparaît ; plus vite qu’autrefois, le Seigneur agit avec puissance pour mettre sur la route de la vie spirituelle, même de la mystique".

    "Par ailleurs, hors des circonstances normales qui font défaut (aumônerie, mouvement) par absence ou par incompréhension, on découvre cela tout seul. Ils lisent des livres, écoutent des émissions protestantes, orientales, etc." (Père hôtelier d’une Abbaye)

Si l’ambiance aide, tout ce qui est sacramentel ou du domaine de la foi est accepté, quitte à ce que des couches contradictoires existent côte à côte : une foi contestée et une confession collective ou personnelle.

3) Parmi ces jeunes, certains expriment-ils des questions, des projets de vie et d’engagement ?

A) Pour beaucoup, à l’âge où ils sont, il y a, de plus en plus, une incapacité à dire ce qu’ils feront d’ici quelques années. Ils cherchent des
solutions à court terme. Ils se placent dans une situation momentanée Ceux qui ont un projet de longue durée, d’avenir, programmé définitivement, sont vraiment une infime minorité.

Pour plus de clarté, il faut distinguer entre :

  • le Projet d’avenir : être prêtre, missionnaire, pilote, religieux religieuse, médecin, etc.
  • le projet de vie  : les valeurs que le jeune met actuellement dans sa vie, quant à sa foi, sa générosité.

Le projet d’avenir s’enracine dans une façon de vivre aujourd’hui, et vice versa ; le projet de vie dépend du projet d’avenir. Selon les âges, il y a émergence et appui tantôt de l’un (projet de vie), tantôt de l’autre (projet d’avenir), tantôt des deux.

A la tranche d’âge qui nous importe, le projet de vie prime sur le projet d’avenir qui devient chancelant, incertain...

La plupart des Terminales s’engagent pour l’année suivante : s’ils réussissent dans la voie qu’ils ont prise (médecine, droit, préparation aux grandes écoles), ils continueront ; sinon, ils changeront.
Vers quoi ? ... On verra !

En opposition, le monde adulte s’efforce de toute part d’amener le jeune à exprimer des choix, un projet : les parents, le système scolaire (en 3éme, 1ère, terminales), les éducateurs. Il faut "les caser", "prévoir". "Quelle section vont-ils suivre l’an prochain ?"

Face à cette pression, à cette interrogation du monde adulée, le jeune souhaite vivre à fond le moment présent et il en a besoin. A 16 17 ans, il vit le présent, et il lui est souvent difficile d’avoir un projet à longue portée.

B) C’est dans ce contexte que se place notre interrogation sur le projet d’engagement d’un jeune au service de l’Eglise. Le fait même d’un projet d’avenir devient de plus en plus flou pour la plupart des jeunes rencontrés en foyer, en diaspora ou dans un mouvement.

"Le mot projet est trop fort, mais leur disponibilité est aussi grande qu’avant".

"En fait, pour la plupart, la perspective du sacerdoce, de la vie religieuse ou missionnaire n’est plus vécue en terme d’urgence. Elle se situe dans le lointain et la brume".

"Parmi les projets exprimés :

    • personne ne s’exprime en projetant d’être prêtre de paroisse tel qu’ils le voient aujourd’hui chez eux ;
    • beaucoup disent quelque chose comme : "j’ai un immense désir d’être au service des autres", et il n’y a pas d’autre précision ;
    • quelques-uns disent : "j’ai découvert que Jésus-Christ est important pour moi... J’entre au 1er cycle du Grand Séminaire pour approfondir ma foi ; après, on verra". (un aumônier de foyer)

"Le jeune a besoin d’expérimenter, de vivre, de s’affronter à la réalisation, et c’est dans cette perspective qu’on avance : on insiste sur le service dans l’Eglise, plutôt que sur être prêtre". (un aumônier de diaspora)

Si le flou du projet est devenu énorme à cette tranche d’âge, il va se repréciser par contre dans la tranche suivante. Seuls, quelques aumôniers signalent que les jeunes venus des milieux de l’incroyance ont un projet beaucoup plus affirmé et précis.

Nous pourrions prendre comme conclusion cette remarque d’un prêtre de l’Est : "les jeunes n’affirment plus un projet mais souhaitent un accompagnement pour plus de partage de vie chrétienne, de prière, de service des autres".

C) Ces jeunes désirent-ils se retrouver pour partager leurs questions sur l’avenir et être aidés dans leur recherche ?

Dans un climat d’incertitude quant à leur avenir, la plupart des jeunes qui font l’expérience d’une équipe, en mouvement spécialisé (JOC, JIC), en diaspora, en foyer ou sous d’autres formes, disent : OUI.

"Tous apprécient d’être en foyer pour partager leurs questions et être aidés dans leur recherche. Ils critiquent le groupe de ne pas les aider assez".

"C’est le seul endroit où l’on peut parler" (un groupe de diaspora).

"Vous les garçons, vous avez de la veine, vous avez un endroit pour réfléchir à votre avenir. ; nous on a rien". (une fille de 17 ans à des jeunes d’un foyer)

"Sur 110, ils sont tous présents à chaque fois, sauf quelques unités". (un aumônier de diaspora de Nice)

"Malgré le flou du projet, ils sont fidèles, et la prise "en charge se fait de façon très démocratique" (diaspora-Rennes)

Quand il s’agit de réfléchir sur l’avenir, le mot partage est premier : qu’il s’agisse de leur foi, de leur avenir, de leurs recherches... ou même de célébrer leur partage. Ce qu’ils font, ce qu’ils sont aujourd’hui, les aide, les éclaire sur ce qu’ils seront demain.

Cependant, il arrive que certains jeunes refusent des rencontres particulières.

  • ils désirent une totale discrétion par rapport à un projet dont ils ne sont pas sûrs et qui comporte une image sociale lourde d’un passé ;
  • ils ne veulent pas "s’embarquer" dans une structure qui conduirait à reproduire les prêtres, les religieux ou les laïcs "engagés" que l’on connaît ;
  • ils ne voient pas quel pourrait être l’apport original de la diaspora, du Foyer, etc., par rapport à ce qu’ils vivent dans telle communauté.

Mais, en revanche, nous pensons qu’une proportion assez importante de jeunes pourraient s’engager dans un ministère, dans la vie consacrée etc., s’ils rencontraient des propositions spécifiques.
La part des accompagnateurs adultes reste importante. Il ne s’agit pas tant de nous poser nos propres questions que d’être présents aux leurs.

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II - QUELQUES CONVICTIONS ET OUELQUES ORIENTATIONS PASTORALES

A) Le tableau qui précède nous rappelle quelques grandes convictions :

1) Les projets des jeunes sont flous. Ils ont souvent une conduite peu cohérente avec leurs projets : par exemple, ils se disent non-pratiquants, voire non-croyants, et ils vont communier quand l’occasion se présente, ou bien ils prient.

Ceci souligne l’importance d’un accompagnement de jeunes. Il manifeste l’importance des projets de vie pour aujourd’hui et la possibilité de les concrétiser dans tel ou tel projet d’avenir.

2) Bien qu’ils soient à l’âge des grandes orientations dans la vie, certains jeunes n’expriment pas de projet en lien avec le service de l’Evangile auquel ils sont pourtant réellement attachés.

En groupe, le partage des idées, des expériences, des besoins est un lieu d’éveil : l’appel passe par les autres.

En conséquence, nous sommes persuadés qu’il faut dans chaque diocèse un lieu, une équipe, où des jeunes et des adultes puissent trouver une communauté accueillante mais aussi appelante pour susciter de nouveaux projets. Il faut un signe dans l’Eglise locale, on gagne à avoir, pour cela, une communauté diversifiée, avec des jeunes qui ont un projet précis, ministériel, ou qui s’interrogent, et d’autres qui ont un projet de vie avec des exigences évangéliques. Les deux groupes gagnent à se confronter l’un l’autre.

En somme, nous croyons à la nécessité de l’éveil, - d’éveils successifs - et nous constatons trop de timidité de la part des éducateurs.
Car il est des pas qui permettent de reformuler ultérieurement un projet de service en Eglise. Il semblerait même qu’il y aurait une demande plus grande pour qu’un groupe de jeunes puisse permettre à un adolescent, au niveau de sa foi, de répondre à des demandes nouvelles.

Car Dieu appelle à tout âge, y compris celui des 15-18 ans. Il faut donc dans chaque diocèse un point de référence, un lieu où des jeunes, des adultes puissent retrouver une communauté attentive et porteuse de tels projets.

3) Dans l’éveil et l’accompagnement, des médiations (personnes, communautés, événements, situations) jouent un rôle essentiel. Nous croyons qu’elles sont signes de l’Esprit : c’est Dieu qui appelle à travers ces diverses réalités humaines, c’est Dieu qui nous invite - les jeunes et nous-mêmes - à devenir médiation pour d’autres, à avancer dans notre propre vocation en accueillant de nouveaux signes.

La relation interpersonnelle d’un prêtre qui accueille un jeune ne suffit pas. Il faut un signe collectif visible, qui soit à la fois témoin et appel d’une telle dimension dans l’Eglise aujourd’hui ; et ce lieu, cette équipe, cette communauté, etc., sont porteurs aux yeux de tout un diocèse de cette réalité et aussi de l’attention qu’elle mérite.

4) L’éveil et l’accompagnement devraient être l’oeuvre de tous : la famille, le mouvement d’action catholique, tel animateur de service des vocations, etc. Il faudrait que chacun ait conscience qu’il n’y suffit pas par lui-même, et qu’il doit être en lien avec tous ceux qui peuvent s’engager dans ce travail.

B) Ces convictions appelleraient beaucoup de conséquences pastorales. Nous croyons devoir nous limiter à celles qui correspondent le plus aux urgences du moment :

1) On déplore la faible implantation des mouvements de jeunes. Que faisons-nous, soit pour permettre aux jeunes de découvrir les mouvements, soit pour tenir compte dans nos rencontres spécifiques de ce que nous disent les mouvements, sur l’enracinement par exemple (cf. le document "Action Catholique et Vocation" édité par le CNV).

2) Des régions à population très dense n’ont ni foyers ou séminaires de jeunes, ni diaspora. Par quels moyens les 15-18 ans de notre secteur, de notre diocèse, peuvent-ils découvrir ou préciser un projet de vie et un projet d’avenir ? Les moyens sont et doivent être variés : foyers et séminaires de jeunes, rencontres de l’aumônerie scolaire, efforts des mouvements d’Action Catholique, etc.
Quels sont les"lieux" qui existent ou peut-on en créer ?

3) On parle d’un "retour du religieux" chez les jeunes.

a) Opérons-nous un discernement pour appuyer une pédagogie de la vocation sur l’oeuvre de l’Esprit ?

b) Comment vérifions-nous si la prière et l’engagement vont de pair, tout en sachant respecter la lenteur du temps et les charismes de chacun ?

c) La communauté étroite et chaleureuse est-elle ouverte à d’autres ?
Est-elle catholique et universelle ?

4) Pour éveiller et pour permettre des choix, quels témoins faisons-nous rencontrer aux jeunes ? Représentent-ils les diverses vocations ou ministères variés ?

5) Si les jeunes ont des projets flous, il importe que les adultes n’ajoutent pas à la confusion par leurs propres incertitudes. Parlons-nous des divers ministères et formes de vie religieuse ou sommes-nous aussi imprécis que les jeunes ?

Disons-nous la diversité déjà acquise des formes actuelles et la possible invention de nouveaux types de responsabilité et d’engagement ?

Pour soutenir l’effort souhaité et fournir un outil, le CNV éditera vers le 3ème trimestre une plaquette destinée aux 15-18 ans.
Deux ateliers de travail du C.N.V.

Remarque :

ce texte peut servir de points d’appui à une réflexion entre animateurs, animatrices ou aumôniers de jeunes.

Les questions ci-dessous peuvent vous aider :

  • cette analyse correspond-elle à votre propre expérience de ces jeunes ?
  • quels élements nouveaux ajouteriez-vous à ce texte ?
  • quels points, quelles réflexions mériteraient d’être approfondis ?

Vos remarques et vos critiques seraient les bienvenues pour prolonger cette recherche.

Veuillez les communiquer au C.N.V., atelier 15-18 ans, 106 rue du Bac - 75341 Paris Cedex 07.