Les 18-25 ans (garçons) - 2) Une relecture de nos expériences
A la suite des monographies que nous avons entendues, et du partage que nous avons eu en carrefours (rencontre du 8 juin 1975 sur les 18-25 ans), il me semble qu’on pourrait regrouper sous trois titres les questions qu’il nous faudrait approfondir ensemble. Chacun de ces titres (dont le contenu se recoupe partiellement) pourrait donner matière à un atelier. ;
1) Une 1ère série de questions : "l’histoire" des jeunes dont on parle, et du "discernement" de leur vocation.
2) Une deuxième série, la plus clairement exprimée : "quelle expérience d’Eglise ?"
3) Et enfin une 3ème série, moins massive mais très significative et un peu nouvelle peut-être dans nos problématiques , la question des "candidats aînés".
I - "HISTOIRE" ET "DISCERNEMENT"
Il y a là des mots-clés : on a donc parlé d’"histoire", de "cheminements", d’"évolution", tout cela se faisant dans une "durée". Deux carrefours sur quatre sont partis de la description d’itinéraires personnels. Ils ont souligné la durée nécessaire pour de telles évolutions. On a aussi parlé de seuils (un mot qui est revenu assez souvent) et de seuils qu’il ne faut pas éternellement différer ; on a parlé d’"étapes" aussi.
Pour le franchissement de ces étapes et de ces seuils, des "critères" ont été proposés. Ainsi J. RIGAL (citant, je crois, un responsable G.F.O.) à propos de l’entrée en recherche, proposait trois critères : ce sont des jeunes qui veulent aller plus loin ; deuxièmement qui ont un certain sens de l’universel, et troisièmement, des jeunes qui vont plus loin aussi et plus profond dans la vie sacramentelle et la vie de prière. Ou encore, à l’autre bout de l’itinéraire, pour l’entrée d’un candidat en formation (1er cycle), B. PITAUD posait quatre questions : a-t-il la maturité de son âge ? Quelle est son expérience d’Eglise ? A-t-il une certaine perception de la distinction entre sacerdoce et laïcat ? Et enfin, quelle est la demande à court terme, en particulier par rapport à une institution de formation ?
On a beaucoup souligné la nécessité de respecter ces seuils, en particulier la volonté de ne pas anticiper le seuil de l’entrée en formation (séminaires, G.F.U., etc.). C’est aussi le seuil très bien marqué par la session nationale "éveil et recherche", pour l’entrée en G.F.O. ; ce seuil est d’ailleurs plus nettement marqué du fait que cette session se fait sur invitation, et pas seulement sur candidature.
On a souligné aussi, par rapport à ces étapes, comment, dans le cheminement lui-même de la recherche, intervient beaucoup la rencontre des autres ("rencontres", "interpellations", "confrontations"). "Il parle de son projet avec ses copains et copines", ou encore : "on essaie de partir de ce qu’ils vivent et de ce qu’ils voient vivre, et de les aider à discerner les appels". Ici, "appel" ne veut plus dire seulement l’appel intérieur et subjectif d’un homme, mais l’appel au sens d’une interpellation. J’ajoute ici une remarque ; je ne suis pas sûr qu’il faille trop opposer la démarche de ceux qui se présentent d’eux-mêmes, ceux qui se proposent, et la démarche de ceux qui se présenteraient parce qu’on les interpelle, parce qu’on "reprend l’initiative de l’appel"comme on dit parfois. Nous constatons en effet que pour beaucoup de ceux qui au départ ont un projet personnel, peu à peu en fonction de ces rencontres, de ces interpellations, ce projet se vérifie, s’affine, ou encore ils le ré-enracinent dans la confrontation avec d’autres. On y reviendra tout à l’heure à propos de l’expérience d’Eglise ; c’est ce qu’on avait appelé à Tours l’année dernière le "repiquage" d’un projet à partir d’un projet personnel. C’est alors qu’un projet personnel peut être repris en quelque sorte par tout un ensemble ; ou encore, plus fondamentalement, les gens prennent conscience que derrière le projet personnel, dès son point de départ et tout au long de sa pré-histoire, les autres sont déjà présents. Ce qui est apparu comme un cheminement personnel non seulement va devenir collectif, mais même on va découvrir qu’à son origine, à son point de départ, il y a déjà la rencontre des autres, une éducation, des interpellations etc. C’est ce que dans un groupe un garçon avait appelé dans son jargon un peu barbare "la conversion du je veux" ("je veux être prêtre"). Il s’était aperçu que, dès le point de départ, il était lui-même devancé, et que ce "je veux" plongeait ses racines dans le milieu familial, l’oncle prêtre, tous, les gens qui l’avaient accompagné. C’était se reconnaître déjà devancé par le don de Dieu, non seulement comme expérience spirituelle personnelle, mais aussi à travers les autres, tout un milieu.
D’où l’importance dans notre pédagogie d’aider à une certaine désappropriation du projet pour le resituer dans un ensemble. On a d’ailleurs souligné la une certaine difficulté pour des gars qui ont eu un cheminement long dans des foyers ou dans des petits séminaires. Souvent, pour un garçon, tout se passe comme si il était nécessaire qu’il accepte un temps de perdre son projet, sur lequel il s’était un peu crispé, pour accepter de le recevoir de nouveau, cette fois-ci comme accueilli, comme gratuit, comme un projet reçu des autres et reçu du Seigneur à travers les autres, plus seulement "mon projet".
Enfin, il faudrait reprendre ici la question de l’accompagnement : ce que nous proposons comme accompagnement et en particulier ce que nous proposons comme groupes de recherche, puisque c’est précisément le sens de notre rencontre. Il faudrait d’ailleurs préciser le pourquoi de ces groupes ; il n’est pas évident de leur proposer de cheminer ensemble. Dans un diocèse au moins, on a choisi de faire se rencontrer non pas les jeunes en recherche, mais les prêtres qui les accompagnent. Si nous proposons des groupes de recherche, il faut savoir pourquoi.
Pour justifier ces rencontres, on a noté l’importance de leur faire rencontrer d’autres jeunes qui se posent les mêmes questions. L’un de vous disait : "c’est, fondamental que cela ne reste pas individuel mais que cela devienne une expérience d’Eglise"... Mais pourquoi croyons-nous à un cheminement spécifique, pas seulement cheminer avec d’autres, mais cheminer avec d’autres qui ont eux aussi un projet sacerdotal ? Il n’est pas impensable en effet que la proposition de formation qu’on fait à ces jeunes puisse être faite en même temps à d’autres jeunes voulant aussi prendre des responsabilités ; par exemple, pourquoi ne pas accompagner en même temps des jeunes qui ont un projet de sacerdoce, et d’autres dont on attend qu’ils soient fédéraux, ou permanents, dans un mouvement ?
S’il ne s’agissait que de la formation, un accompagnement spécifique en soi ne paraît pas s’imposer. De ce point de vue là, il ne serait pas impensable qu’en J.O.C., on ouvre les sessions prévues pour les fédéraux à des candidats au sacerdoce ; de même, en J.I.C., on s’est posé la question d’ouvrir les sessions proposées chaque année aux jeunes en mouvement ayant un projet de sacerdoce, et à d’autres militants qui voudraient aussi prendre des responsabilités. Au seul niveau de la formation, la spécificité de l’accompagnement ne paraît donc pas s’imposer. Il semble qu’en fait, lorsqu’on cherche à mettre en place des groupes spécifiques de recherche en vue du ministère presbytéral, c’est beaucoup plus pour des raisons de discernement, dans la mesure où c’est ensemble qu’ils arrivent à y voir clair sur un projet dans sa spécificité. On retrouverait d’ailleurs la même question au niveau de la formation et du plein temps : faut-il que les séminaires soient une formation spécifique pour les candidats au sacerdoce, ou faut-il, comme cela se fait dans certaines régions, qu’ils soient des centres de formation théologiques, ouverts à d’autres ? La où on a pris l’option d’un Centre destiné uniquement aux candidats au ministère presbytéral, c’est beaucoup plus pour des questions de discernement que des questions de formation. De même les G.F.U. semblent avoir fait là une option claire ; ils se refusent à donner une formation théologique indépendamment d’une visée ministérielle précise ; on pourrait dire que leur objectif premier, qui se vérifie dans la plupart de ceux qui y sont passés, est d’aider au discernement.
Une dernière question pourrait être encore posée dans cette série, c’est celle des ministères. Dans un carrefour, plusieurs posaient la question : "est-ce que pour aider à un discernement, il ne faudrait pas susciter d’autres ministères que le ministère presbytéral ? On a parlé par exemple de "responsabilité, prise pour un temps, au service de jeunes". Faut-il proposer des services de ce type ? Faut-il y préparer les jeunes ? Question apparemment assez controversée. Pour ma part, je n’y verrais pas d’inconvénients, c’est d’ailleurs ce qui se fait très largement. Mais est-il indispensable de parler de "ministères". Pour un premier atelier, autour de l’histoire de ces jeunes et du discernement, on pourrait donc proposer trois pistes :
1) Déterminer les seuils qui, à l’expérience, nous ont paru correspondre à quelque chose (un peu comme des constantes).
2) Ensuite par rapport à chacun de ces seuils, il faudrait préciser des critères, là encore à partir des gens que l’on a rencontrés.
3) Enfin, pour chacune de ces étapes, quel accompagnement, et en particulier quel type de groupe (si effectivement nous croyons à un accompagnement collectif et spécifique) faut-il proposer pour cet accompagnement ? Quel type de groupe nous est apparu, à l’expérience, le plus adapté ?
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II - QUELLE EXPERIENCE D’EGLISE ?
Ou encore, selon d’autres formulations, quelle vie apostolique ? Derrière cette question, revenue très massivement dans les carrefours, on entendait généralement la possibilité d’être chrétien avec d’autres ; mais, en même temps, on a senti chez les uns et les autres la volonté de ne pas mettre là n’importe quoi. Et c’est pourquoi on a parlé souvent de "vie apostolique authentique", de "vie d’Eglise authentique", ce qui nous ramènera à des problèmes de critères d’authenticité (il est d’ailleurs vraisemblable que nous n’avons pas tous les mêmes).
Deux types de cheminement semblent se dégager : on a parlé de projets de sacerdoce qui prennent corps au sein d’une vie apostolique, et qui se développent au fur et à mesure de ce dynamisme apostolique, franchissant avec lui des étapes et des seuils. Mais il semble que dans la majorité des cas, on parle plutôt d’un projet né ailleurs ; "ailleurs" ne veut pas dire hors de l’Eglise, mais dans une expérience qui n’est pas d’abord très apostolique et très missionnaire. Au fond, on pourrait souvent dire que cette vocation est d’abord née dans l’humus un peu chaud d’une expérience spirituelle personnelle. En notant d’ailleurs qu’à ce niveau là, elle est souvent assez floue. Mais, c’est un point que je voudrais souligner, ; je ne suis pas sûr qu’il faille mépriser trop vite, en raison d’une telle origine, ce qu’on appelle habituellement les "vocations d’enfants". L’un de vous remarquait d’ailleurs, à propos de la reprise de onze cheminements d’aînés, que 7 ou 8 d’entre eux avaient leur origine dans une vocation d’enfants. Cela ne veut pas dire qu’il faille se précipiter sur ces vocations d’enfants pour les accompagner, leur mettre des tuteurs, etc. ; mais souvent, dans une vocation d’adulte, il y a des racines qui remontent à l’enfance et qui gardent une grande importance.
C’est à propos de ces vocations relativement anciennes qu’on retrouve cette espèce de mutation, de ré-enracinement, de "repiquage", déjà souligné. Un des jeunes^ disait, après un stage : "maintenant, mon projet n’est plus le même". Un autre, au service : "mon projet est plus d’inspiration personnelle, mais actuellement, je sens l’appel de la part des autres".
Et c’est ici, pour ce repiquage du projet, qu’une certaine expérience d’Eglise est fondamentale. On pourrait reprendre ici l’itinéraire balisé hier par Francis Rousseau à propos d’une session à Lourdes. Vous vous souvenez qu’il proposait d’abord un partage sur :"dans quelle expérience ecclésiale avez-vous perçu la place et la responsabilité du prêtre ?" Et ensuite, au terme, un second partage sur "quelle expérience d’Eglise vivez-vous actuellement" ? Entre ces deux partages, peut-être ces deux visions de l’Eglise, il y a place pour tout un cheminement.
Ici, il me semble qu’il y a une conviction qui se dégage de l’ensemble des carrefours, exprimée de façon diverse : "on peut parler de ministère sacerdotal quand on vit ensemble une expérience d’Eglise". ; ou encore, autre expression : "les gars ont un projet personnel, même ancré dans l’enfance mais c’est dans l’expérience d’Eglise qu’ils vivent que ce projet grandit et trouve un sens" ; ou encore : "le ministère ordonné n’apparaît pas comme un en-soi mais comme un service dans l’Eglise en lien avec tous les autres". Mais si la conviction est claire, la situation elle, l’est beaucoup moins. Déjà une monographie le signalait : "décalage entre leur projet et la vie d’Eglise vécue actuellement". Des expressions reviennent très souvent : "il n’y a rien là où il est ;" "il est venu nous trouver au S.D.V. parce qu’il cherche un groupe catho", "il a du mal à s’insérer dans un groupe".
On a souligné particulièrement trois difficultés par rapport à ces insertions. On a dit : c’est difficile dans le monde.étudiant ; la situation y est très variée et dépend beaucoup de l’aumônier local. Il y a aussi la difficulté d’un déracinement du jeune dans la vie universitaire. Il y a aussi une difficulté qu’on disait particulière au monde rural. L’un, d’entre vous a parlé de "désert ecclésial" (je lui laisse évidemment la responsabilité de cette expression),. On a parlé aussi des difficultés pour les jeunes professionnels avec cette question : après l’école, quelle Eglise ? Un jeune qui débarque dans la vie professionnelle reste parfois lié la première année à son aumônerie d’étudiants dont il a gardé le souvenir et la nostalgie, mais ensuite, il est un peu largué. Finalement, en additionnant ces difficultés particulières, on ne voit pas, où les situations sont claires et faciles.
En positif, par rapport à cette vie d’Eglise, deux points ressortaient : d’abord l’expérience des mouvements, et ensuite une recherche plus large qui paraissait s’en inspirer. Pour ce qui est de la recherche des mouvements, il y a tout d’abord le témoignage de Jean MIOSSEC ; et aussi dans un carrefour, un témoignage de Daniel LATU (Soissons).sur un groupe "JIC-VOC", c’est-à-dire des garçons qui sont en équipe J.I.C. et qui ont un projet de vocation.
Il faut noter aussi (cela m’a semblé peut-être assez nouveau), une recherche plus large : des jeunes qui ne sont pas dans les mouvements mais qui s’efforcent de vivre et de partager leur foi avec d’autres, des jeunes qui s’efforcent là où ils sont, de devenir l’Eglise avec d’autres. C’est souvent petit et modeste ; il ne s’agit pas de réalisations grandioses ; mais avec ceux qui sont autour d’eux, fonder une cellule d’Eglise dans laquelle on peut partager et célébrer la foi.
Il y a là une recherche importante. Elle semble d’ailleurs rejoindre un souci qui m’a semblé un peu nouveau chez des aumôniers G.F.U., en particulier lors de leur rencontre du 1er Juin (insistance sur "l’appartenance ecclésiale").
Sur ce point, de l’ensemble des carrefours, un certain nombre de convictions me paraissent se dégager :
tout d’abord, ne pas prendre parti qu’ils vivent leur foi chacun dans leur coin, sans une certaine expérience de vie ecclésiale ;
ne pas prendre son parti que le groupe de recherche soit leur seule cellule d’Eglise, même si parfois, dans un premier temps, il peut assurer une sorte de suppléance, à condition que le groupe s’efforce de les renvoyer là où ils sont.
De même, il a semblé qu’on ne devait pas forcément chercher à les "faire entrer quelque part ; on est, semble-t-il, assez sensible aux allergies des jeunes, allergies qu’on a soulignées plus fortement pour les jeunes des milieux indépendants (peut-être aussi pour les jeunes du monde ouvrier qui sont en école).
Mais s’efforcer qu’ils deviennent l’Eglise là où ils sont, les inciter à être, petitement, "germinalement", fondateurs de cellules d’Eglises. C’est bien la question posée par un carrefour : "comment les aider à entrer dans une expérience de vie de foi vécue avec d’autres, qui ne les sorte pas de leur vie avec les autres ?" On a bien dit que ce n’est pas forcément une exigence de départ, mais c’est plutôt une visée de notre pédagogie. De ce point de vue là, c’est au moins un critère pour l’entrée dans le plein temps de formation. Cela rejoint d’ailleurs les préoccupations des 1ers cycles : que les jeunes aient à ce niveau-là une expérience d’Eglise qui ne soit pas seulement une responsabilité à l’égard d’autres, en particulier de plus jeunes, mais qu’ils aient la possibilité de partager la foi et la célébrer avec des gens qui sont au même niveau qu’eux. C’est aussi sur cette espèce d’interpellation et de confrontation que nous avons insisté. Enfin, un dernier point par rapport à cette expérience d’Eglise qui était peut-être un peu hors du sujet mais qui me paraît important. Il a surgi sans doute de la rencontre entre des responsables de centres de formation et des aumôniers de mouvements. C’est à propos de l’expérience de l’universalité de l’Eglise. Un carrefour s’est demandé : "qu’est-ce que l’ouverture à l’universel dont on a parlé à propos d’éveil et recherche en monde ouvrier ?" Et dans un autre carrefour, on s’est demandé "quelle universalité demander à un candidat au sacerdoce, quelle ouverture à l’universel on attend de lui ?" Cette question me paraît importante et elle rejoint sans doute la préoccupation des évêques et des responsables de la formation lorsqu’ils parlent de "tronc commun de formation", "temps plein" avec d’autres, etc. Il faudra un jour prendre le temps de s’en expliquer. Notons au moins que dans un carrefour, on a remarqué comment cette ouverture à l’universel peut se faire progressivement en respectant là aussi .des étapes, des seuils ; comment, par exemple, pour des jeunes du monde ouvrier, cet élargissement peut se faire dans un premier temps vers d’autres jeunes du M.O., plus jeunes ou plus âgés, en école ou au travail, et comment cette ouverture à l’universel passe aussi par la dimension inter-n nationale.
On a note aussi que plus les gens ont des responsabilités(en J.O.C. en particulier), plus ils sont capables de dialoguer avec des militants d’autres milieux. N’est-ce pas alors à ce type de partage qu’il faudrait tendre, au moins au stade du plein temps de formation, pour les futurs prêtres ? Tout en étant conscients de cette difficulté, et sachant en particulier que des jeunes de milieux différents n’ont précisément pas la même conception de l’universalité, il nous faudra bien un jour reprendre cette question et proposer sur ce point une pédagogie plus convaincante et plus souple que l’alternative entre le moule unique et la ségrégation.
Pour un second atelier sur l’expérience d’Eglise, la vie en Eglise, des jeunes qui pensent au sacerdoce, quatre points pourraient être approfondis ;
1) quand on parle de vie d’Eglise "authentique", quels sont pour nous les critères d’authenticité ? (il semble bien qu’on ne soit pas prêt d’appeler "Eglise" n’importe quoi ; il serait peut-être bon qu’on se compromette jusqu’à s’en expliquer…)
2) quelle pédagogie pour y parvenir ? (là encore quelles étapes, quels seuils ? etc.)
3) équipe de révision de vie et groupe de recherche, en référence avec le projet sacerdotal. Comment sont vécus à la fois la distinction et l’articulation entre ces deux types d’équipes ?
4) pour cette découverte concrète de l’universalité de l’Eglise, quel est notre projet ? Quelle pédagogie mettre en oeuvre pour y parvenir ?
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III - LES CANDIDATS AINES (PLUS DE 25 ANS)
Ce sont en fait les mêmes questions, mais reprises peut-être de façon plus spécifique.
Tout d’abord est apparu très nettement que l’âge moyen des candidats qui se présentent est nettement plus élevé qu’il y a quelques années. Jean MIOSSEC disait pour le M.O. : c’est de plus en plus des aînés qui arrivent, même au niveau "éveil", des gens qui sont au-delà du service militaire. Cela rejoint aussi l’expérience du S.D.V. de Paris : sur 38 candidats accueillis cette année, venant avec un projet de sacerdoce, 27 avaient plus de 25 ans. Bien entendu, le type d’accompagnement proposé a ses caractéristiques propres. L’expérience la plus significative est peut-être celle de Lille où, depuis 5 ans, existe un accompagnement pour ce type de candidats ; c’est ce qu’on appelle là-bas des groupes de formation d’adultes.
L’ensemble de cette recherche fait ressortir, me semble-t-il, trois types de questions :
1) Tout d’abord, des questions particulières par rapport au discernement.
Questions particulières, parce qu’on est à la fois en face de gens qui ont une expérience plus importante, mais en même temps posent des questions propres : qu’ont-ils fait jusque là ? Est-ce un projet tardif ou tardivement explicite ? C’est le plus souvent le repiquage ou le re-surgissement d’un ancien projet, mais quand ce n’est pas le cas, on peut aussi se demander pourquoi ces aînés sont encore célibataires ?
De toute façon, une conviction semble se dégager : une étape de discernement doit être gardée avant la formation proprement dite et, en toute hypothèse, avant l’arrêt du travail professionnel. On a parlé d’une, année de "recherche". L’un de vous disait : "je veux vérifier sur le terrain ce qu’il y a derrière avant de lui faire quitter son boulot".
2) Deuxième série de questions : des questions concernant leur expérience ecclésiale (reprenons donc pour eux la 2ème piste de tout à l’heure). En effet, si pour des jeunes on peut penser qu’une découverte de la dimension ecclésiale est encore possible, en leur laissant le temps d’un cheminement, donc si on n’est pas prêt à urger ce critère comme point de départ d’une recherche, on notait que c’est bien plus problématique quand pour des plus de 25 ans, la vie d’Eglise ne paraît pas très bien cadrée. Il y a là une question difficile, d’autant plus qu’on ne peut pas les faire attendre indéfiniment.
3) Enfin, on a noté des questions spécifiques à cet âge là concernant la formation. Par exemple, faut-il ou non des éléments de formation avant même l’arrêt du travail professionnel, comme dans les groupes de formation d’adultes de Lille où il y a déjà des interventions bibliques et théologiques ? On a aussi soulevé des questions à propos du "plein temps" de formation pour ce type de candidats, même si cela dépassait le cadre strict de notre rencontre. Il y avait des questions sur la durée de ce "plein temps" (une certaine convergence entre Lille, où ces candidats sont admis en "année de reprise", c’est-à-dire en fin de premier cycle, et le projet parisien d’année "spéciale", sorte d’année propédeutique au second cycle). Questions aussi par rapport au style de vie de ce "plein temps". Là aussi, Lille semble faire l’expérience d’un style de vie plus souple et plus conforme à l’âge des candidats, en particulier sur la question de l’habitat.
L’ensemble de ces questions, sur les candidats aînés, pourraient être utilement poussées plus loin, dans le cadre d’un troisième atelier. On pourrait proposer quatre questions :
a) Quelles vérifications faire ou proposer, pour un discernement chez des candidats de cet âge ? (il est sans doute plus question de vérification que de mise en place).
b) Où situer le seuil de l’arrêt du travail professionnel, jusqu’où peut-on, doit-on les inciter à garder leur travail professionnel ?
c) Quelle pédagogie proposer par rapport à une vie en Eglise ?
d) Quelle formation envisager, d’une part avant l’arrêt du travail et d’autre part dans un temps plein de formation, compte tenu de leur âge, et de leurs expériences antérieures ?
Jean-Noël BEZANCON
S.D.V. Paris