Expériences d’accompagnement - En lien avec des mouvements - en JIC


JIC ET ACHEMINEMENT AU SACERDOCE

C’est à tous les Jeunes de Milieux Indépendants que la JIC propose d’aller jusqu’au bout de leurs projets, en les exprimant, en les approfondissant, en les vivant chaque jour.

Il n’est pas étonnant qu’elle provoque certains militants à se poser la question d’un service des hommes dans le Sacerdoce. Il n’est pas étonnant non plus qu’elle demande à ces derniers de vivre librement, avec une certaine continuité, une authentique vie militante dans le dynamisme apostolique du Mouvement.

I - ENGAGES DES AUJOURD’HUI DANS CE QUE NOUS VOULONS VIVRE DEMAIN

Des jeunes de milieux indépendants parmi beaucoup d’autres, aux prises avec un monde à créer et une communion à réaliser, engagent dès aujourd’hui des aspects importants du ministère presbytéral auquel ils aspirent : le travail, la qualité de ce qui est produit, les moyens pris, sont autant de composantes d’un ministère au service d’un monde de créateurs où se construit l’Eglise. Les tensions, les rapports de force, les diversités, les ruptures aussi qu’imposent la vie et l’action y sont vécues comme les prémices d’un ministère universel qui appelle à construire une communion toujours plus large au cœur du monde.

C’est ainsi que s’expriment Pierre, stagiaire et François, étudiant en 1ère année de Sciences Economiques, lors d’une rencontre nationale.

Pierre

"Je bosse en laboratoire pour un stage de six mois. Avec les autres stagiaires, on sent bien que le boulot, ça n’est pas le tout d’une vie. J’ai les mêmes problèmes que les ouvriers pour être payé, mais l’usine m’a donné un sujet de recherche sur la gélification et je fais ce que je veux ; mon sujet, le personnel voit ça de loin.

Le boulot est intéressant en soi, mais le plus intéressant, c’est de travailler avec d’autres. J’aurai fait avancer la science ou pas ; il serait surtout dommage de passer à côté de rencontres de personnes, c’est vachement important d’expliquer aux personnes pourquoi elles font telle ou telle chose. Danièle et Colette aussi en laboratoire, se plaignent : "on nous fait écrire des tas de choses dans des cahiers et la direction ne les regards jamais" ; moi, je ne pourrai pas faire un travail sans le comprendre.

Ce qui est en train de se créer, à travers tout ça ? Organiser son travail, s’organiser et pas seulement pour les loisirs, savoir utiliser notre argent autrement que pour ne plus dépendre des parents.

Je ne crois pas pouvoir jamais être "curé" en faisant un sermon du haut de la chaire. Ça m’intéresserait de travailler dans une coopérative agricole : à l’ENITA, on est une bonne dizaine à ne pas vouloir travailler où l’on est. Je ne voudrais pas avoir des responsabilités en fonction de tel diplôme, mais parce que je suis capable d’avoir ces responsabilités".

François (étudiant) hésitait après le bac... Séminaire ou autre chose... Il opte pour une année de Sciences Economiques en faculté.

Son témoignage, le bilan du 1er trimestre, s’inscrit dans l’enquête de la JIC : "créer les conditions d’une vie sociale qui libère" et plus particulièrement : "Que créons-nous avec les filles ?"

"J’ai choisi le plus difficile ; j’avais à choisir entre un B.T.S. ou une licence de Sciences Economiques. J’ai choisi cela parce que la Fac me permettait d’être en contact avec d’autres jeunes de mon âge.

Je suis rentré en Fac avec la peur de rencontrer d’autres jeunes engagés (politique, syndicat...) Ça change énormément du lycée. Fausse liberté, aucune initiative. A part les TD, on est libre.

Les TD sont assez dramatiques, les notes vont de 1 à 8. On ne sait pas bien où ce que nous faisons nous mènera. L’année dernière, on était fixé ; c’était le bac. Cette année ? Sur les TD et les examens, on n’y comprend rien.

On est presque tous dans la pétoche avec les premiers partiels : Michel se fait beaucoup de bile. Ensemble, on proteste mais c’est surtout les gauchistes qui traduisent un peu notre attitude à tous. Mais ça me pose des problèmes car la politique, en Fac, est partout. Dans les Amphis et les TD, il y a toujours des informations politiques, (PSU ou ligue communiste). Tous les exposés tournent autour des sujets : "le programme commun est-il réalisable en chiffres, les nationalisations"...

Toutes ces prises de positions me font réfléchir (ligue, PSU, FSI,..) Des objecteurs m’ont parlé de l’armée. Ça m’a fait rire cinq minutes, nais ça pose question quand même. L’année dernière, je n’étais pas ouvert à tous ces problèmes ; cette année, les groupes politiques m’y aident. Dans deux ans, je pars à l’armée, ceci me pose question.

J’ai une activité très prenante : celle de la croix rouge. Ça me plaît, je fais cela depuis l’âge de 14 ans. Ce qui m’a plu, : trouver une équipe, une ambiance fraternelle, on s’appelle tous par notre prénom.

J’ai peut-être trouvé ce qui me manquait sur le plan relation, je participe aussi à un groupe de jeunes au plan de la paroisse, ils aimaient animer les messes. On se réunit une fois par mois pour rechercher ensemble, J’ai été désigné avec Paul pour représenter les jeunes de la paroisse au Conseil pastoral.

J’aurais beaucoup de mal à abandonner le groupe, j’y ai découvert des groupes de milieux différents, ça m’a permis de m’ouvrir à d’autres personnes. Je connaissais des gars par le cours de Saxophone, je n’avais pas de prime abord de facilités pour échanger avec eux. J’ai appris par d’autres l’histoire de l’un des gars, ça m’a posé beaucoup de questions. On s’ignorait. En gros, ce qui me plaît, c’est le fait de rencontrer des gens, pouvoir parler de mon projet, ça m’a fait du bien. Si je suis en Fac, c’est pour me préparer au Sacerdoce - ce qui fait que j’ai une autre optique sur ma vie - J’ai été à la Fac pour connaître des gens et puis, en fin de compte, je ne l’ai pas fait.

Je ne voudrais pas lâcher la Fac maintenant ! Je vis une évolution - j’ai choisi un cours de sociologie économique, je touche par là, la sociologie. J’ai acheté le "Programme Commun", j’ai eu un changement en moi. Maintenant, j’achète souvent le "Monde".

Avec Géraldine, j’ai fait un exposé sur le marché commun. Nous avons fait cet exposé parce qu’en TD, nous devions en faire un. Elle avait proposé le marché commun ; moi aussi. Je ne la connaissais que parce qu’elle était dans le TD. Ce n’est pas marrant seul, car à deux on peut s’aider, malgré les difficultés à trouver le même langage. On a été ensemble dans la rue avec un magnéto faire un référendum sur le "marché commun". Géraldine n’était pas tellement d’accord. On s’est lancé, on ne voulait pas interroger les mêmes personnes : elle, les hommes d’affaires ; moi, des gens plus simples, la personne de la rue. On a interrogé 30 personnes - 20 ont répondu -. On en a sélectionné six pour l’exposé.

Pour l’exposé, chacun, de son côté, traitait sa partie ; elle la première, moi la deuxième (et l’enquête). C’est nouveau pour moi de faire un exposé avec une fille ! Ça a été difficile de s’y mettre, amusant et enrichissant. J’ai découvert des problèmes nouveaux par rapport à des personnes nouvelles. Je n’ai jamais découvert autant de gens pressés. On a marché de l0 h 30 à 13h 30. Ça nous a pris beaucoup de temps. On a été ensemble à Paris pour voir le bureau du marché commun. On s’est vu deux fois pour réaliser la répartition, l’exposé a demandé 15 heures de travail. Il n’y a rien de plus mortel que les exposés. Je voulais essayer de captiver les gars de l’amphi sur autre chose que l’aspect théorique, je voulais beaucoup plus insister sur l’aspect personnel du marché commun. Comment chacun en est responsable.

Tout ce que je peux vivre me prépare à demain. On ne soit pas si ça va aboutir, mais je ne sais pas ce qui me prépare spécifiquement pour demain. Par exemple, à la Fac, je m’y prépare. Ça a beaucoup d’importance, je suis moins gêné d’aller avec les jeunes de mon âge. On a été en vacances, il y a deux ans, avec mes parents avec un copain en Bretagne. Je ne sortais pas le soir avec lui - je n’avais pas de copains, lui s’était fait plein de copains et copines en vacances. Maintenant en Fac, je rencontre des gens à des niveaux différents - niveau social — niveau de la foi - niveau des idées. Pour moi, c’est important de rencontrer ici des gens différents. Porter témoignage de sa foi, ça implique un contact assez important avec d’autres ; j’ai conscience que ça s’est développé. J’ai dû essayer de faire beaucoup d’efforts pour écouter les autres. Mon témoignage, je le porte chaque jour.

Moi qui suis bavard, j’ai dû apprendre à me taire. Dans notre TD, un type, Dominique, ne parlait pas, il a au moins 22 ou 23 ans. Il ne s’exprimait pas. On a fini par lui faire dire qu’il avait été mis à la porte de la médecine. Maintenant qu’il nous l’a dit, on est plus détendu, ça lui a fait du bien, il s’est libéré. C’est lui qui est à l’origine de la sortie qu’on a faite au restaurant.

Il faut vivre de manière à poser des questions. Avec Géraldine, on a donné des éléments de bibliographie et j’ai indiqué aux gars du TD, le journal "La Croix". Ça a posé des questions à tous.

Dans ma vie, ce qui m’intéresse, c’est ce qui amènera l’autre à une découverte".

II - LES MOYENS EN J I C D’UNE "FORMATION" EN VUE DU SACERDOCE

"On est d’abord préoccupé par nos études et la formation humaine est secondaire. L’équipe JIC est un lieu où l’on prend conscience que ça n’est pas normal.

Un copain, Paul, à HEC, a avoué que lorsqu’il sera affronté à la réalité, ou bien il sera récupéré par le système,, ou bien il aura sacrifié sa carrière.

"Pour résister à cela, on a besoin d’une formation qui permette de résister au choc.

"C’est en JIC qu’on s’aide à ne pas tomber dans le moule et aussi par la discussion."

C’est ainsi que s’exprimaient, à la session nationale des responsables d’équipes - Orléans, Mars 1974 - Jean-François, Patrick, François et François-Régis, dans un atelier sur la "formation".

Dans cet esprit, les premiers moyens de "formation" que se donnent en JIC des jeunes qui pensent au sacerdoce, sont les moyens habituels à la disposition de l’ensemble des militants du mouvement.

A la revue "Recherche" qui soutient l’action et la réflexion dans l’enquête ainsi que l’approfondissement de l’Ecriture, il faut ajouter l’ensemble des publications du mouvement : les numéros spéciaux, les fiches "Recherche—Informations". Enfin, les sessions nationales de tous les militants sont des temps forts de "formation" pour bon nombre de militants qui pensent au sacerdoce. C’est ainsi que dix d’entre eux ont participé à la Rencontre Nationale de Professionnels et plus de vingt à la Session nationale de responsables d’équipes.

Les militants organisés en groupe de "mise en route" ou "d’approfondissement" en vue du sacerdoce, se sont donné des moyens précis de travail : les "Fiches de mise en route : "Demain commence aujourd’hui" (Décembre 1971) et la "Grille d’approfondissement" (Juillet 1972).

"Demain commence aujourd’hui" propose aux militants de reprendre, à travers divers secteurs de leur vie, (travail, famille, les jeunes filles, le style de vie) ce qu’ils ont déjà exprimé et réfléchi en équipe de militants. Ces fiches veulent leur donner la possibilité de peser comment, à travers les choix qu’ils font, les actes qu’ils posent, les dialogues, se précise une vie en Eglise et se révèle le projet de Dieu sur eux.

Elles les poussent à ne pas en rester à une réponse individuelle à l’appel du Seigneur, mais à se situer dans un ensemble de jeunes tous appelés à bâtir l’Eglise, quel que soit leur projet de vie. "C’est une libération pour tous, car ce n’est plus un projet personnel, lourd à porter et qui écrase, mais une aventure, aventure différente mais aussi bien proche de celle des copains, qui se réalise chaque jour."

Il est à noter que l’ensemble de ces moyens particulier pour des militants qui pensent au sacerdoce, ne sont pas des moyens utilisés pour eux-mêmes. Ils renvoient toujours à une action apostolique dans le monde, renouvelée. Ils s’inscrivent dans la perspective de l’évangélisation collective de tous les jeunes de milieux indépendants. Ils visent la bonne nouvelle à annoncer au cœur du monde, raison d’être dernière du ministère presbytéral dans l’Eglise.

Pour l’équipe nationale JI C .
Jean-Paul NALLET

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Ces deux points évoqués dans l’article sur ce que font les garçons qui s’acheminent vers le sacerdoce et les moyens en JIC d’une formation plus systématique seront repris dans un dossier plus complet. Vous pouvez dès à présent le commander à :

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ou au C.N.V. CCP : PARIS 22.62.80

Titre du dossier :
"Recherche-Informations - Dossier Sacerdoce" (5F)