"Ils étaient choisis". Camps cadets
Le groupe d’Arcanic venait prendre le car pour le rassemblement final, à Castres, lorsque, interrogeant une bergère, sur l’impression que nous laissions au pays, je l’entendis lui répondre : "ils vont nous manquer, ces garçons. Nous allions aux veillées, leurs messes étaient vivantes." Et il y eut un temps de silence, propre à la réflexion ; puis cette question : "ils n’étaient pas choisis ?"
Toute aussi pleine d’observation et de sagesse, cette réflexion reçue d’une vieille paysanne : "Ah ! Ils n’ont pas jeté de pierres sur mes canards !"
Qu’est donc ce "camp-cadets" ?
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ORIGINE DES GARÇONS DU SIDOBRE 73
Si, au plan national, un second camp regroupe les garçons de l’Est, pour les 6°-5°-4°, ceux du Sidobre 73 viennent essentiellement de trois régions : Ouest, Sud-Ouest et Midi-Pyrénées. Pendant l’année, ils sont tous en contact avec un prêtre à travers la vie d’une équipe ou d’une institution. Ils se préparent ainsi à être disponibles pour des ministères dans l’Eglise de demain.
Ils apportent la diversité de leur terroir, faite de chansons, d’accents, de chauvinisme joyeux. Ah ! les bretons, les bordelais, les toulousains, et tous les autres...
Cette année, les 202 campeurs sont répartis dans six camps autonomes, autour d’un P.C. situé à Brassac, dans la région granitique du Sidobre (Tarn). Ce P.C. rassemble animation, intendance, infirmerie, administration. "Je crois bénéfique, cette année, écrit l’un d’entre nous qui découvre les camps-cadets, la présence de plusieurs camps dans la même région, qui permet des moments forts où l’aspect nombre n’est pas négligeable sur la psychologie des enfants. Important aussi la présence d’un P.C. organisateur..."
Au point de départ, à l’inscription, deux exigences sont formulées : des vacances comportant une volonté de rencontre quotidienne avec le Seigneur, et une volonté de vie d’équipe.
LES TEMPS FORTS DU CAMP
Je livre des extraits de lettres, coupés dans le courrier reçu des éducateurs, prêtres ou laïcs, des cuisinières, des jeunes. Ils parlent d’eux-mêmes.
- D’un responsable de camp, aumônier M.R.J.C., en Bretagne : "c’est en effet un temps fort pour nous que ce camp et qui a des répercussions sur toute l’année. Je crois que dans cette ambiance, les gars gagnent beaucoup, mais aussi l’équipe d’animation."
- D’un prêtre. "Les temps forts ? Nos marches énormes, peut-être trop, où les équipes se sont faites et reconstruites ; la messe commune avec la longue partie d’échauffement et de préparation ; nos veillées..."
- De deux garçons : "nous avons été très enchantés de l’excursion qui a duré deux jours pour connaître le pays. Et celle encore où nous avons fait un trajet dans la joie, où nous nous sommes bien connus avec les camps voisins".
- D’un jeune moniteur : "la messe commune à tous les camps a été très bien. Ce qui est bien aussi, c’est la vie d’équipe que vivent les moniteurs. Sans ce partage, ce soutien, quand il y a un moniteur fatigué, on n’arriverait pas à faire un bon camp."
- D’un prêtre : "j’ai apprécié notamment ces partages vrais, au cours des repas. Ils donnaient le ton à tout le reste de la vie du camp. Pourtant Dieu sait si la deuxième semaine a été pénible en raison du désengagement qui semblait régner dans le camp (il pleuvait, il pleuvait !) Il a fallu attendre l’excursion pour que ça se dénoue."
- D’un jeune garçon : "les rencontres avec les gens .du pays, car ils ne vivent pas pareils que nous et ils n’ont pas les mêmes coutumes que nous."
- D’un moniteur : "Les temps forts ont été nombreux. Je voudrais simplement parler de celui qui m’a plus particulièrement marqué : la messe qui a réuni tous les camps, au moment si délicat de la séparation. La simplicité, la vérité et la joie qui y régnaient témoignent sans doute de la conviction de chacun et de tous à vivre pleinement les exigences de ce camp."
- D’un moniteur : "au point de vue de l’équipe, ce fut sans doute l’explo, la première, du côté du Montalet." .
- D’un moniteur : "la rencontre des moniteurs, cuisinières et prêtres, un soir, dans un certain manoir. Il y avait là la simple joie de gens heureux du même coude-à coude et du même idéal."
- D’un prêtre : "une veillée prolongée en Eucharistie, un soir, à la lueur des chandelles, au rythme des guitares, avec expression corporelle, par un mime de l’Evangile, a été fort appréciée."
Ces nombreuses coupures de lettres disent ce qui a été vécu. Elles réveillent des souvenirs partagés ensemble.
UNE QUALITE DE VIE
Vivre en vacances est à la portée de presque tous, désormais. Mais notre expérience veut offrir aux jeunes un style de camp particulier par sa qualité de vie. Réussissons-nous ?
- Apprendre à regarder la vie des gens.
L’explo du début du camp, si elle est un temps fort pour la soudure dans l’équipe, est avant tout un premier regard sur la vie des gens. L’implantation des camps, décidée par tous les campeurs à la session précédente, change chaque année et permet une découverte des us et coutumes. Les conditions de vie de ces régions n’échappent pas aux jeunes, invités à relire leurs découvertes en grand groupe et à ne jamais se départir de ce souci : regarder la vie des gens.
"Nous avons la connaissance de beaucoup de personnes du pays, et comme nous avons marché, en marchant, nous discutions de plein de choses".
Claudy
- Vivre ensemble.
La "population" de chaque camp est a taille de relations, de connaissance, de communication (35 personnes, jeunes, moniteurs et cuisinière compris). Les occupants des six tentes se connaissent vite et peuvent échanger facilement dans des activités préparées ou souhaitées.
Le brassage des départements d’origine ajoute à un partage, qui ne manque pas d’attraits.
Et la proximité, à longueur de journée, des uns et des autres, demande, pour que les vacances soient agréables, non pas de se supporter, mais de vivre avec.
"Il me semble, écrit un prêtre, que la plupart ont été heureux de vivre ensemble. Jean-Luc, (celui qui avait des coups de cafard !) m’a écrit un petit mot me disant combien il était finalement content de son camp et se disait prêt à recommencer." On en a connu d’autres, mais on ne les retrouvera peut-être plus. C’est bête !"
La prise en charge des "services" était un moment privilégié pour sentir les liens qui attachent aux autres. "On s’habituait à la vie du camp ; on savait mieux les services à rendre !"
- Des activités pour se connaître, se dépasser.
D’emblée, notre projet de vacances propose des réalisations proches de la nature et exclut la facilité. Marcher, chanter, débroussailler, installer le camp ensemble, sont préférés à se bronzer, écouter la radio, consommer. Les activités d’un homme reflètent sa réalité intérieure, et l’enthousiasme d’un été n’est pas à négliger dans la vie d’un garçon ,de 13 ans.
"L’exploration dans le Sidobre était sensationnelle, surtout les contacts avec les gens de Lacrouzette et ses environs. Il y avait aussi l’excursion de Carcassonne. Ce qui était bien, c’est qu’on réfléchissait et on s’amusait. J’ai découvert plus le Seigneur avec les autres".
Denis.
- préoccupés de la présence du Seigneur.
Les garçons qui participent au camp-cadets ont accepté d’avance l’effort journalier d’une rencontre avec le Seigneur. Elle varie selon les jours, selon les goûts ou le besoin des jeunes ; la spontanéité ou la disponibilité des moniteurs.
"La prière, ça a été formidable ; les messes tardives du soir autour du feu et dans le silence. Et je crois que c’étaient les deux choses principales avec l’Eucharistie qui m’ont surpris, réveillé, car la lumière représente pas mal de choses pour un chrétien, et on peut améliorer nos contacts avec Dieu, dans le silence."
Gwenhaël"Ce camp m’a fait renaître à la prière vécue à travers des petits riens. Je sentais la présence du Christ dans tout ce que nous faisions et c’est là, vraiment, ma plus belle découverte du camp, un ressourcement qui m’aide à devenir ce que je suis."
Marie-Madeleine, cuisinière."J’espère que vous allez bien et tous les cadets aussi. Ce que j’ai trouvé de plus formidable, dans ce camp, c’est la responsabilité qu’on a à propos des autres ; ce camp m’a surtout aidé à apprendre à aimer, à supporter et à se donner aux autres. Ensuite, c’est la facilité à retrouver Dieu dans les autres et à lui parler à tous moments de la journée, à saisir "ses messages". Ceci étant d’autant plus aidé par les monos, guitaristes ou non, qui nous ont beaucoup aidés ; pour ma part, je reconnaissais souvent l’Esprit de Dieu en eux. Je vous remercie de tout mon cœur, pour ce camp.
Toutes mes amitiés."
Vincent
DANS UNE EGLISE JOYEUSE, AUX VOCATIONS PARTAGÉES
La proximité de tous les campeurs, sortis du cadre scolaire, favorise la reconnaissance des divers ministères dans l’Eglise.
Si le S.D.V. du diocèse de notre implantation a dialogué avant le camp, avec la communauté chrétienne qui accueille, il nous reste à vivre cette complémentarité des vocations.
Vus du P.C., les camps qui tournent le mieux sont ceux où le tandem laïc-responsable et prêtre-aumônier sont en place Une politique à suivre. La répartition des tâches et des interventions des uns et des autres s’harmonise normalement par ce que chacun est, selon les exigences de ses responsabilités, dans la marche du camp. Chacun vit joyeusement, simplement, "loin des querelles : de clochers ou de la volière jacassante". Au ras de la vie, prêtres et laïcs partagent, cherchent l’action du Seigneur dans le cœur des gars, des gens, au fil des événements, la célèbrent ; les prêtres sacralisent en Eucharistie cette vie apportée. C’est tout le profil d’une vie partagée en Eglise qui est entrevu.
L’initiative, la créativité proposées à tous, à travers tous les moments du camp, Eucharistie comprise, "où l’on retrouvait la vie..." mettent en activité les baptisés, libèrent les énergies. Laïcs et prêtres, hommes et femmes, "jeunes et adultes partagent la même foi tout au long du camp, dans une même vie de vacances.
J’ai été personnellement frappé par. un tout petit fait. Au cours de la célébration eucharistique finale, que quelque assistant .du pays aurait souhaité plus riche d’apports de vie encore, - et nous recevons cette question - le camp sis à Belfortès a rythmé la prière chantée avec des castagnettes "made in camp-cadets" : il fallait voir la détente, le sourire, la prière qui se lisaient sur les visages des garçons de ce camp qui avaient eu l’idée originale de célébrer le Seigneur ainsi ; ils étaient actifs non seulement cérébralement, mais gestuellement, d’une façon supplémentaire. Comme il fallait voir la surprise heureuse des autres garçons, invités à une participation personnelle plus grande.
EN GUISE DE CONCLUSION : UNE ENVIE DE VIVRE LE CAMP-CADETS 74 EN AUVERGNE
"Oui, nous avons envie de revenir au camp-cadets l’année prochaine ; parce c’est bien organisé ; on passe des journées merveilleuses tous ensemble, les villes sont bien choisies et je pense que l’an prochain, ce sera encore mieux en Auvergne".
Serge et Yann.
Le Camp-Cadets 73 n’a pas été parfait. Des critiques ont été formulées vis—à-vis de tel ou tel, imposant par son caractère sérieux "une année scolaire prolongée". La rencontre prévue au creux des vacances de fin d’année permettra une réflexion et des précisions pour le prochain camp.
Il reste que deux éléments précis nous incitent àfaire progresser le camp-cadets. D’abord la réflexion d’un S.D.V. qui voyant les séminaires de jeunes se fermer dans son riche diocèse, tient à envoyer au camp-cadets les garçons de 6°-5°-4° qu’il rencontre tout au long de l’année. Puis, la demande que les garçons de 4D ont faite : "Pourquoi n’y aurait-il pas un élargissement aux 3° dans le prochain camp, en Auvergne ?" Ils ont vécu l’ambiance du camp, ils en éprouvent le besoin pour leurs vacances.
Indépendamment de l’accueil excellent des populations "plus proches" de la mentalité majorité silencieuse que de celle des groupes marxistes-léninistes", il semble aux éducateurs des camps-cadets que ceux-ci valent la peine d’être vécus, peut-être parce qu’ils sont sous le signe de la gratuité :
"Des gars venus de toute la France
Pour partager dans le Sidobre
Quelques semaines d’amitié
De joie et de bonheur trouvés".Bruno
G. BIRAUD
Responsables :
Ouest : G.PONTIER, Séminaire de Jeunes - 81370 ST SULPICE-la-POINTE
Est : J. HUBLER, Don Bosco, LANDSER - 68440 HABSHEIM