Nous en connaissons...
C’est ainsi que s’intitulait un article de le "Lettre aux responsables fédéraux" de mars de l’année 1972, qui voulait inviter les personnes en responsabilité A.C.E., témoins de l’éveil de vocations sacerdotales et religieuses au sein du Mouvement, à nous faire connaître ce que vivaient les enfants dans ce sens.
Depuis une année, nous avons fait ensemble un grand pas en avant sur l’éveil et l’accompagnement de vocations spécifiques au sein du Mouvement.
Partout, dans toutes les régions de France, dans tous les milieux de vie, quelles que soient les situations particulières des enfants, des responsables, des prêtres, des religieux, religieuses rencontrent dans l’exercice ordinaire de leur responsabilité en A.C.E., des enfants ou des jeunes leur exprimant leur désir d’être prêtres, religieux ou religieuses. Nous avons invité tous ceux qui avaient une expérience dans ce sens et qui se sont signalés à un week-end de partage, de confrontations, de réflexion, au centre national les 3 et 4 février 1973. Nous nous sommes retrouvés une trentaine, responsables laïcs, religieux, religieuses, prêtres. Le Centre National des vocations était aussi présent pour entendre les témoignages et nous aider à réfléchir.
Des nombreuses expériences partagées à partir de monographies, nous avons dégagé des constatations, des convictions et des questions. Nous ne pouvons ici retranscrire tout ce qui a été découvert. Nous espérons faire un document donnant le contenu de cette rencontre.
Nous nous contentons de signaler quelques points seulement.
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La question des vocations sacerdotales et religieuses se pose à deux niveaux en A.C.E., au niveau des enfants et préadolescents et au niveau des responsables.
C’est au coeur même de l’A.C.E. que naît cette question. Elle ne nous est pas posée parce que les évêques s’inquiètent du manque de prêtres et de religieux(ses), mais parce que des enfants et des jeunes nous signifient qu’ils se sentent appelés.
C’est donc au nom de la fidélité à toute la vie des enfants que nous prenons en compte cet appel en raison de la mission qui nous est confiée auprès d’eux.
A la dernière rencontre nationale, au sein de tous les milieux, cette question , est revenue et nous avons affirmé ensemble notre volonté d’aller jusqu’à permettre à chaque enfant de découvrir sa vocation personnelle au sein de la communauté à laquelle il appartient, et avec laquelle il partage un projet commun.
Pour les jeunes, c’est également au coeur de leurs responsabilités auprès des enfants, avec d’autres responsables, dans le souci de la mission de l’Eglise qu’ils se sentent appelés à une vocation plus spécifique.
Grâce à leur Mouvement, nous voyons des enfants découvrir leur vocation particulière à partir de leur vocation baptismale, découvrir une mission plus spécifique à l’intérieur et dans le prolongement de la mission des baptisés qui, ensemble, se savent envoyés pour réaliser l’Eglise au sein de leur monde. Et, c’est alors toute la communauté qui se sent partie prenante de l’engagement plus spécifique que prend l’un des siens.
La richesse et la qualité des expériences que nous avons partagées nous persuadent qu’en A.C.E., des enfants peuvent découvrir les appels permanents du Seigneur, mais leurs chemins ne sont pas les nôtres. Nous avons à respecter la source d’où naît leur appel, leur manière originale de réinventer les ministères à partir de la vie communautaire qu’ils mènent avec leurs copains, leur manière originale aussi de se vouloir en communion avec l’Eglise universelle et au service de toute l’Eglise.
Nous avons découvert aussi comment c’est avec tout ce qu’ils sont qu’ils répondent à l’appel. C’est avec toute leur expérience humaine précise qui plonge ses racines dans un enracinement humain déterminé, qu’ils veulent vivre leur relation avec le Christ en tant que prêtres ou religieux(ses) dans une fonction de service de la communauté.
Ce regard sur la vie des enfants, sur leurs projets de vie, nous permet dé découvrir l’Esprit à l’oeuvre dans leur monde, de redécouvrir la sève originale, existentielle qui a présidé à la constitution de communautés chrétiennes et à l’exigence de lien entre ces communautés.
A regarder ces enfants vivre, s’organiser en Eglise, répondre personnellement au Seigneur, certains prêtres ou religieux(ses) ont redécouvert le sens de leur vocation ou l’ont revivifiée.
Il nous paraît évident que la Pastorale des vocations n’est pas une pastorale à part, mais une dimension de la pastorale ordinaire. L’A.C.E. doit être vocationnelle, c’est de son essence même. Elle l’est en fait, même s’il faudrait encore perfectionner ses moyens dans ce sens.
Par contre, nous nous sommes demandé si tous ceux qui sont en responsabilité en A.C.E. avaient conscience de cette dimension de l’A.C.E., si notre manière de nous dire fidèles à la vie ne nous empêche pas parfois d’être fidèles à toute la vie. Savons-nous être accueillants à tous les appels de l’Esprit et à sa manière de renouveler l’Eglise par les enfants ?
Ce week-end nous a montré d’une manière claire que l’éveil et l’accompagnement des vocations se fait en lien avec les jeunes et les adultes vivant les mêmes conditions de vie que les enfants. Nous ne pouvons donc faire cet approfondissement en A.C.E. sans entrer en relation avec les Mouvements apostoliques et toute la recherche d’Eglise qui se fait à ce niveau.
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Le travail amorcé à ce week-end doit se poursuivre dans les diverses instances de réflexion en A.C.E. Les enfants ont quelque chose à nous dire. Ils sont partie prenante à part entière de la recherche de toute l’Eglise aujourd’hui sur les différents ministères et sur l’importance des vocations diverses dans le Peuple de Dieu. Cette recherche et cette réflexion à partir de ce que vivent et disent les enfants et les jeunes en A.C.E. est partie intégrante de notre responsabilité en A.C.E.
N’hésitez pas à nous faire partager vos découvertes. (1)
Pierre BUET
Aumônier national de l’A.C.E.
NOTES --------------
( 1 ) Article paru dans la « Lettre aux responsables fédéraux » du 22 mars 73. A.C.E., 6, rue Duguay-Trouin – 75006 Paris. [ Retour au Texte ]