L’enjeu spécifique de la formation sacerdotale en milieux indépendants


La formation sacerdotale en milieux indépendants est liée à une certaine "originalité culturelle". Une originalité vue sous un angle dynamique, appelée à une dimension universelle.

Pour nous donc, celle-ci n’a pas de valeur seulement en fonction d’un "milieu d’envoi" particulier (vg. "Mission en milieux indépendants") ou d’un milieu d’origine : respect des personnes. Mais ce qui est en jeu, c’est la construction du Monde et de l’Eglise en tout milieu. Car c’est tout homme ou tout groupe d’hommes qui est appelé à accueillir personnes ou groupes différents sans avoir à renier ce qu’il est.

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I - COMMENT LES MILIEUX INDEPENDANTS LA VIVENT-ILS ?

a) Pour l’ensemble des garçons de Milieux Indépendants, qu’ils pensent ou non au sacerdoce, prenons quelques aspects : (cf. plaquette J.I.C., janvier 1971 : "Jeunes de Milieux Indépendants, qui sommes-nous ?")

• Loisirs et engagements
"Quels que soient nos projets d’avenir : mariage, sacerdoce..., lorsque nous pensons pouvoir y être utiles (loisirs organisés), nous prenons volontiers les postes de décision.
Notre refus de structures toutes faites, notre goût pour les petits groupes, traduit notre aspiration à vouloir nous exprimer. Nous cherchons individuellement à dire notre mot.
Nous découvrons peu à peu les causes politiques des situations, mais nous voyons mal comment nous sommes engagés dedans, liés collectivement à ces causes. Nous savons facilement pour les autres ce dont ils auraient besoin... Quand nous avons découvert des liens profonds qui nous unissent entre nous, dans notre milieu, nous devenons plus réalistes... Nous reconnaissons les limites et les richesses de nos projets, dans notre vie quotidienne.

• Vie de travail :
Obligés de travailler assez jeunes, certains, issus de la bourgeoisie, sont on contact avec le Monde Ouvrier dans leur travail. Ils en acceptent mal le mode dé vie, la façon de s’exprimer, de lutter.
Quand ils rentrent dans la vie active après 20 ans, certains sont appelés à avoir des responsabilités, ils font l’apprentissage de l’autorité.
Pour répondre à l’attente de vrais liens dans la vie étudiante, nous nous organisons ; mais aussi pour mieux comprendre ce qui se passe, nous recherchons une information objective qui conduit à des engagements dans des organismes de toutes options. Nous y sommes habituellement majoritaires par rapport aux jeunes d’autres milieux. Mais très souvent ces choix politiques se manifestent plus facilement dans le domaine de l’analyse théorique, de l’expression verbale, qu’ils ne s’incarnent dans le quotidien de nos attitudes.
Nous voulons un métier qui plaise où nous serons compétents, mais nous avons du mal a envisager les débouchés possibles, à reconnaître les vrais besoins de la société".

b) Les adultes de Milieux indépendants (cf. courrier de l’A.C.I. sept. 1970 page 12)

"Les personnes des milieux indépendants partagent entre elles : une certaine conscience de leur place et de leur rôle dans la société qui marque ce qu’elles choisissent de faire et souligne une communauté de destin. Cela se traduit souvent en terme d’esprit créateur, de devoirs à l’égard des autres, de responsabilités, de volonté de service et de compétence.

- une certaine idée de la réussite humaine qui tend à se concrétiser sous forme de promotion individuelle.

- un certain sens de l’homme fondé sur la liberté et la conscience individuelle."

II – SE FORMER EN MILIEUX INDEPENDANTS ?

"Se former", en milieux indépendants, prend de ce fait, une coloration bien particulière.

Ce sont moins des besoins culturels particuliers caractérisant une formation, qui s’expriment en milieux indépendants - c’est plutôt leur remise en cause, vg. la conscience individuelle - que des besoins de formation dans le quotidien de la vie, de formation de toute la personne et avec tous. Ce sont moins des éléments nouveaux de formation qui manquent chez les jeunes qui disposent habituellement, vers 20 ans, d’une culture et d’une responsabilité humaine caractérisées, que leur mise en oeuvre pour la construction du monde et l’édification des personnes au bénéfice de tous.

Besoins et éléments de formation sont encore à inventorier chez les militants de J.-I.C. qui pensent au sacerdoce ; mais ils s’expriment déjà, grâce au Mouvement, à travers une action apostolique et des moyens de réflexion. Ceux-ci sont ainsi . .déjà engagés dans une réelle formation même si elle est différente d’une formation à temps plein. Le mouvement d’ailleurs, dans l’extension qu’il prend chez les personnes, est un moyen de formation très vaste : il atteint aussi bien aujourd’hui les prêtres que les laïcs jeunes.

Il nous semble nécessaire, à la fois, d’élargir et de restreindre le terrain de cette formation, en fonction de ce que sont et le milieu et le Mouvement.

Elargir : la J.I.C. veut porter intérêt à des jeunes de milieux indépendants qui pensent au sacerdoce autres que les militants. Car tout jeune est appelé à une vie apostolique. C’est dans le droit fil de sa "mission". De même, la J.I.C. ne peut porter seule le souci des militants qui pensent au sacerdoce de moins en moins jeunes et solidairement avec tout le milieu. Elle est tributaire, dans sa responsabilité même, des autres mouvements d’évangélisation en milieux indépendants.

Par contre, dans ses groupes de réflexion, la J.I.C. ne prétend nullement s’adresser à tous les jeunes de milieux indépendants qui pensent au sacerdoce, mais bien à des jeunes de milieux indépendants pour qui l’appel du Seigneur se précise grâce à un engagement effectif dans le Mouvement.

Une "organisation" de la formation qui dissocierait trop "recherche" et "formation" ne tiendrait pas compte d’une telle réalité de la formation en milieux indépendants.

L’équipe nationale de la J.I.C. et
l’abbé Roland MARTINET