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Que dit le jeune de sa vocation ? Que lisons-nous là-dessous ?
Ce texte est le compte rendu synthétique d’une recherche de mentalités, effectuée à Bièvres en février 72, par 45 prêtres, religieux ou religieuses en contact avec des jeunes en recherche de vocation.
1 - Refus de certains modèles, d’une forme de vie déjà structurée, ou de termes qui ne veulent pas dire grand chose pour eux.
"La vocation, c’est quelque chose d’abstrait ; je ne peux pas dire que je la construis". (G. 17 ans)
"Je veux faire de ma vie quelque chose d’utile, mais sans m’empêtrer dans la lourdeur de grosses institutions, dont l’Eglise".
"Un jeune religieux : "si je reste dans le système, je serai comme les autres qui ne vivent pas"
"Après une année de communauté, je ne me sens pas le courage de vivre avec des vieux " (G. 20 ans)
"Je ne veux surtout "pas être comme ces religieuses qui ont une vie de prière artificielle, une vie de communauté fausse". (F. 20 ans)
Les jeunes ne parlent pas de vocation, mais plutôt de "projet de vie", "d’avenir" ; ils diront : "J’ai envie de ..., je pense à ... "Je veux faire quelque chose de positif".
2 - Les jeunes ont un ardent désir d’absolu, une exigence totale.
"Dans le monde rigide et matérialiste, je me sens trop idéaliste ; je ne . vois rien qui puisse incarner sans le trahir mon projet ( 20 ans)
"Il faut être exigeant, même si je fais la tête" (une fille)
"Quelque chose m’appelle à aller plus loin, pour faire don a Dieu de tout mon être (F).
"Il me semble que le Seigneur me demande plus. La vie religieuse est un absolu. Ce que je vis est insuffisant"" (F. 23 ans).
"Je sens que pour moi, c’est dans le sacerdoce que je pourrai le mieux vivre une vie de prière et de don aux autres" (G. 24 ans).
"J’ai l’impression que le Seigneur me demande de lui donner tout".
3 - Les jeunes ressentent aussi l’importance de la réussite humaine pour l’équilibre vocationnel. Ils ont besoin d’être eux-mêmes, de vivre, d’être heureux.
"Puisque j’ai échoué mon bac, c’est un signe que le Seigneur ne n’aime pas" (G. 18 ans).
"Avant d’être religieux, je veux être un homme (G. 20 ans).
"Est-ce que tu penses que je serai heureux si je me fais ordonner prêtre ?" (G.)
4 - La réussite humaine de la vocation est conditionnée par l’enracinement humain. Les jeunes insistent beaucoup là-dessus.
"Je ne veux pas être coupé de mes copains"(1er cycle)
"Est-ce que je pourrai garder mon travail et mon engagement syndical ?" (F) Par sa famille, elle se trouve en milieu ouvrier : "Je n’ai pas choisi d’y vivre, j’ai choisi d’y rester".
5 - L’essentiel, c’est l’accomplissement, aujourd’hui, de son engagement chrétien :
"La vocation, c’est de répondre aujourd’hui à ce que le Seigneur attend de moi. Si le Seigneur veut que je sois religieuse, il y aura des événements où le Seigneur montrera à quoi il m’appelle" (F. 22 ans).
Cette vie dans le présent cache peut-être une peur d’un engagement.
"Dans notre groupe de recherche, on ne s’engagera que lorsqu’on sera sûres" (F. 24 ans)
6 - La vocation : orientée vers le service des autres.
"La vocation, c’est accepter de donner sa vie aux autres".
"Je n’envisage pas ma vocation comme un aboutissement personnel mais comme un message à faire passer aux autres".
"Je sens que pour moi, c’est dans le sacerdoce que je pourrai le mieux vivre ma vie de prière et de don aux autres".
7 - La vie de communauté : une dimension essentielle.
"Si je ne trouve pas une communauté qui corresponde à ce que je cherche, je reprends ma liberté..." (G)
"Ma communauté ne m’a pas aidé, parce qu’elle ne vivait pas assez de Jésus-Christ. Elle passait trop de temps à discuter". (G.)
"Je désire vivre en communauté pour être prêtre, sinon j’abandonne mon projet" (G.)