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Quels prêtres, pour quelles communautés, au service de quel monde ?
Les séminaires de jeunes organisent, et depuis de nombreuses années, des sessions d’éducateurs. Nul doute que ces rencontres contribuent pour une large part au renouveau pédagogique de ces institutions.
Mais, dans le contexte actuel, la question posée est aussi, et de plus en plus, celle du rôle de nos maisons dans une pastorale orientée vers la mission.
Au coeur des réalités humaines, l’Eglise naît et grandit. Au coeur des réalités humaines et pour elles, naissent et sont appelées à naître des vocations. Au sein d’une pastorale des vocations, les institutions permanentes sont appelées à prendre leur place. Cela suppose : recherche, lucidité, remise en cause, engagement.
La session de Besançon s’inscrit dans cette démarche qui part d’abord de la vie du Peuple de Dieu, des chrétiens d’aujourd’hui st conduit à une interpellation par rapport à notre tâche d’éducateurs.
Il y a là une piste de travail, bien dans la ligne de "Gaudium et Spes" et des Orientations de Lourdes 71 sur la pastorale des vocations, qui nous invite à de nouvelles recherches, situe nos efforts dans l’action missionnaire de l’Eglise et par là nourrit l’espérance.
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Chaque année, les équipes animatrices des séminaires de jeunes du diocèse de Besançon se retrouvent en session de travail de plusieurs jours, avant la rentrée scolaire. C’est à dessein que nous employons l’expression "équipes animatrices", car il ne s’agit pas uniquement de prêtres, mais aussi de laïcs et de religieuses qui accomplissent une importante tâche éducative, et forment ensemble une "image plus vraie de l’Eglise ! C’est ainsi que fonctionnent dans notre diocèse - nous sommes des riches sur ce point ! - les trois séminaires scolarisés de Pelousey,- Consolation et Luxeuil (1er cycle) et les séminaires foyers de Maîche (1er cycle) depuis 2 ans, et la Maîtrise de Besançon (2ème cycle).
La session de cette année a voulu se situer d’emblée dans la ligne de la session nationale de Metz dont le thème était "pour une Eglise en croissance, réalités humaines et vocations", et a revêtu de ce fait une physionomie particulière .
Des hommes, des femmes venus de divers horizons est de tous milieux, monde ouvrier, rural, indépendant, des parents d’élèves, des prêtres de paroisse et des aumôniers, un missionnaire d’Extrême-Orient ainsi qu’une douzaine d’élèves délégués de leurs camarades, sont venus se joindre aux éducateurs, apportant très simplement leur témoignage. Le Père Michel VENNIN, du C.N.V., a bien voulu animer notre recherche ; au total, une centaine de personnes rassemblées autour de Mgr BERNARD.
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l - UNE PREPARATION DE PLUSIEURS MOIS QUI FUT DEJA UNE MISE EN OEUVRE !
Une petite équipe composée d’un délégué de chaque maison, du responsable C.D.V. et parfois d’un permanent C.M.R. ainsi que d’un aumônier J.O.C., a mené la réflexion pendant plusieurs mois, en ayant le souci de faire réagir l’ensemble des éducateurs au fur et à mesure de la progression ; ceci déjà a amené des contacts fort intéressants avec les mouvements en particulier. L’un d’eux disait un jour : "même si la session était annulée, nous n’aurions pas perdu notre temps !"
De leur côté, les jeunes en juin ont eu à préparer leur participation, à choisir des délégués, à mettre sur pied un questionnaire, en vue d’une synthèse qui respecterait les âges, les milieux, les aspirations des jeunes :
- qu’est-ce qui vous paraît important et intéressant dans la vie des prêtres que vous côtoyez, ici et ailleurs ? (vie personnelle ou en équipe ; avec les laïcs) ?
- comment et pourquoi certains prêtres vous aident-ils dans votre recherche ?
- comment les aidez-vous à être prêtres et à approfondir leur sacerdoce " ?
II - L’ENJEU DE CETTE SESSION ET L’ESPRIT QUI NOUS ANIME
Nous citons le rapport de présentation et d’ouverture de la session :
- l’enjeu de notre session ? Elle voudrait être une étape de plus, dans la recherche que les séminaires de jeunes ont entrepris ensemble, depuis un certain temps en vue de leur "mise à jour" et de leur renouvellement.
Cette recherche, ils ne veulent pas la poursuivre seuls, "en vase clos", mais avec toutes les "forces vives" de l’Eglise qui cherche un nouveau visage, de nouvelles relations entre ses membres, à travers toutes sortes de tensions et de crises mais soulevée en même temps par une très grande espérance.
A la session de l’année dernière, avec un certain nombre de laïcs, nous avons regardé ce que l’on pouvait encore attendre de telles institutions et à quelles conditions : notre recherche a abouti à la transformation de la Maîtrise en foyer et de Pelousey (équipe de professeurs laïcs).
Cette année, dans la ligne de la session de Metz, plutôt que de regarder d’abord les Institutions, nous allons d’abord regarder, et réfléchir sur ce qui se passe dans le Peuple de Dieu, au coeur du monde : comment la foi chemine dans des personnes au coeur des réalités humaines, comment des appels très divers se font entendre ; comment on voit naître l’Eglise en monde ouvrier, rural ; comment de nouvelles relations se tissent dans la vie concrète, entre prêtres, laïcs, religieuses travaillant ensemble à l’annonce de l’Evangile au monde d’aujourd’hui. Après seulement, nous nous laisserons interpeller dans notre mission et notre vocation propre :
- en regardant comment cela se vit dans nos communautés ;
- en essayant de dégager le type d’homme, de chrétien et peut-être de prêtre dont le monde et l’Eglise ont besoin, avec tout ce que cela entraîne au niveau des relations, de la pédagogie, du témoignage.
- en regardant comment cela se vit dans nos communautés ;
- Animés d’un esprit de recherche "en Eglise" ! C’est essentiellement un esprit de recherche "en Eglise" où chacun, membre à part entière, a quelque chose à dire, qui doit nous animer. Ceux qui s’exprimeront devant nous, laïcs, jeunes et adultes, prêtres en monde ouvrier et en monde rural, ne nous diront pas des choses "exemplaires", mais tout simplement leur expérience d’hommes, de chrétiens là où ils vivent : ils seront là un peu comme les "révélateurs" de notre propre expérience ; nous saurons nous accepter différents, sans être forcément d’accord : l’Eglise du Christ n’est pas un "parti" où tout le monde devrait penser pareil :
Cette recherche faite d’écoute des autres, de partage, de prière sera reprise dans la célébration du soir qui sera le sommet de notre journée.
III- NOTRE DEMARCHE DURANT CES TROIS JOURS
Temps d’écoute le matin, temps de partage, de recherche commune le reste de la journée !
A - Une première journée avec 1s monde ouvrier et urbain.
- Un chrétien en monde ouvrier, responsable du bureau inter-syndical depuis quelque temps, nous fit part des questions brûlantes qui se posent à sa conscience dans une "Eglise où il étouffe" et qui "donne parfois l’impression" "d1enfermer les gens dans un système", avec "une certaine structure hiérarchique qu’il ne supporte plus". Derrière ces interpellations, nous sentions un peu la souffrance des chrétiens en monde ouvrier et le souci angoissé de l’annonce de l’Evangile pour que le Christ puisse être reconnu par un peuple qui cherche sa libération !
- Un jeune jociste nous fit part de son cheminement durant plusieurs années, avec la transformation progressive d’un atelier, d’une usine où des hommes retrouvent leur dignité : puis c’est tout cela qui est réfléchi en équipe, à partir du carnet de militant, puis célébré dans l’Eucharistie ! Une Eglise naît et grandit...
- Un curé de paroisse ouvrière nous dira enfin très simplement, en nous livrant le fond de son coeur de prêtre, comment pendant trente années de ministère, les laïcs l’ont aidé à vivre son sacerdoce !
Un travail en carrefour nous a aidés à découvrir ensemble ce que révèlent ces témoignages sur la relation "laïcs et prêtres" dans le peuple de Dieu. Puis, nous nous sommes demandés comment nous vivions nous-mêmes cette relation, et comment nous nous sentions appelés à la vivre : véritable remise en cause pour chacun !
Notre recherche fut reprise sous forme de "Table ronde" menée de main de maître, par le Père Michel VENNIN, avant de faire le point de la recherche.
Que sommes-nous en train de vivre ? Une recherche en communauté d’Eglise ! Nous sommes tous marqués par la conception d’une Eglise pyramidale ; et voilà que nous prenons conscience "en acte" que l’Eglise est peuple de Dieu ! Ce qui nous rapproche est très important : un même baptême., une même conversion, une même Mission...
Ce que nous cherchons ?
Nous partageons tous la même mission qui est celle de toute l’Eglise.
Nous expérimentons peu à peu une nouvelle relation prêtre-laïc qui est source d’espérance !
Nous avons souligné ce qui peut créer des relations plus vraies entre chrétiens :
- si elles sont enracinées dans l’humain,
- si nous nous révélons les uns aux autres notre attente et nos exigences dans un climat de vérité qui crée nécessairement des tensions.
- si nous cheminons ensemble, en cherchant à vivre de nouvelles-relations.
.Le prêtre nous apparaît déjà comme celui qui est "avec", non pas pour "moraliser" mais pour "chercher avec..." témoignant de ce qu’il croit, "serviteur de la Communion", soucieux de l’unité dans la diversité et l’affrontement !
En conclusion, le spécifique de chaque vocation se vit et se saisit "en acte avant d’être défini" ; il se découvre dans la collaboration des diverses vocations.
B - Une deuxième journée consacrée davantage au -monde rural.
1. La pensée des Jeunes en institution.
Nous ne voulons pas publier ici l’ensemble de la synthèse présentée par les jeunes qui fut comme la confirmation vivante et exigeante de ce qui se cherche dans le peuple de Dieu aujourd’hui. Il fut intéressant aussi de voir les aspirations, les centres d’intérêt différents suivant les âges.
On aurait pu souhaiter cependant que le questionnaire lui-même, fasse davantage appel aux expériences concrètes réfléchies en équipe de jeunes ;
2. Un missionnaire en Extrême-Orient : vingt ans au Tibet et en Chine !
C’est le monde entier qui pénétrait dans notre assemblée avec lui : comment "être avec", quand on n’a pas la même culture, ni la même langue, ni les mêmes coutumes et qu’il n’y a encore aucun chrétien ? Comment Être devant eux simplement, comme un "point d’interrogation", alors que les moyens de communication,.les films présentent un visage de l’Occident qui est pour eux le monde chrétien !
Comment témoigner, alors que le témoignage personnel est toujours remis en cause : "Je croyais que votre communauté était une communauté factice, rassemblée à coup de lait en poudre et de farine" lui dit un jour un commissaire du peuple qui commençait à se poser des questions.
Le prêtre est le "produit" d’une communauté chrétienne : aucune action n’est valable, si elle est le fait d’un individu ! Le missionnaire ne saurait oublier non plus qu’il est le "produit" et l’envoyé d’une communauté...
3. Un foyer C.M.R. : des communautés se construisent !
Autour de ce foyer ouvert, c’est petit à petit un monde de jeunes qui s’organise, c’est un enfant de l’Inde qui est adopté à distance, premier enfant d’un foyer où naîtront ensuite d’autres enfants ; c’est une prise en charge par les jeunes des missionnaires de la région ; c’est un C.P.M..qui est lancé ; c’est la catéchèse familiale qui s’organise ; c’est tout un peuple qui retrouve vie et espérance ; c’est tout un tissu de relations où l’Eglise naît et grandit avec sa dimension universelle.
4. Un prêtre en monde rural.
Nous découvrons toute la richesse d’un sacerdoce vécu pendant de nombreuses années déjà, à travers un ministère dit "ordinaire", mais vécu dans la foi au laïcat : "Ceux qui m’aident, sans lesquels je me sens incapable de réaliser mon sacerdoce, ce sont les chrétiens majeurs, adultes responsables à part entière". Puis c’est la recherche constante d’une collaboration avec les autres prêtres :"Prêtre isolé, coupé des gens, seul maître à bord, un peu paternaliste..., est-ce que cela est encore vivable et humain ?" Tout cela vécu dans une interrogation constante : "Est-ce que souvent nous ne répondons pas à des questions que les gens ne se posent pas ?"
Un contact permanent avec les jeunes sur un secteur, C.E.G.. et en maison familiale, une recherche passionnante avec le C.M.R. et un Conseil de laïcs qui se met en place, tout cela permet de poser les questions d’une manière moins cléricale et plus objective : "Avec trente années de sacerdoce, je suis heureux d’être le témoin d’un pareil souci d’évangélisation !"
Un partage d’expériences "en Eglise !"
Après un travail de recherche en équipe, permettant de formuler un certain nombre de questions aux témoins et de nous remettre en face de notre vie, une table ronde permit de mettre en commun un certain nombre "d’expériences de vie communautaire" où nous nous sommes trouvés engagés ; devant une pareille richesse et une telle diversité, comment ne pas entendre les "Actes des Apôtres" dans le monde d’aujourd’hui, avec tous les signes du partage des biens et de la foi : l’Esprit est toujours à l’oeuvre et fait lever au coeur du monde d’aujourd’hui de véritables "communautés de Croyants" : Comme les premiers disciples, contemplant l’oeuvre de l’Esprit, nous pouvions proclamer dans la célébration de ce dimanche soir : "le Seigneur est vraiment ressuscité ! Nous en sommes témoins !"
C - Une troisième journée de bilan et d’application.
- Laïcs jeunes et adultes, prêtres, religieux et religieuses attelés à la même mission dans un séminaire de jeunes... quels appels percevons-nous à la fin de cette session ?
- Comment alors pouvons-nous à la fois être dans une communauté, séminaire do jeune ou foyer, et en même temps vivre dans d’autres communautés, faire vivre d’autres communautés, peut-être créer d’autres communautés ?
Aptes un long temps de réflexion et de méditation personnelle -dans un vrai climat de retraite- chacun des participants fit part aux membres de son équipe, de sa remise en cause personnelle et communautaire, ainsi que de ses propositions .
On mit au point ensuite les modalités concrètes d’application, condition de fidélité aux appels perçus dans le monde d’aujourd’hui.
Une équipe de préparation fut mise sur pied pour continuer la recherche et insuffler un sang nouveau ! Elle se retrouve chaque mois, en ayant le souci d’être en lien avec l’ensemble.
Quelques questions à l’ordre du jour :
Ouverture des communautés à la dimension universelle.
Liens à promouvoir avec les mouvements d’A.C. sur le plan diocésain, d’une manière organique.
Conditions d’une éducation en mixité, à laquelle nous ne sommes pas préparés.
Promotion d’une pastorale des vocations qui dépasse de plus en plus les institutions.
Réflexion à partir de l’expérience sur les divers ministères et les conséquences pour notre mission.
Quelques remarques :
Cette expérience très riche pour tous les participants engagés dans les séminaires ou non, ne voudrait pas masquer la réalité très dure à laquelle nous devons nous affronter, comme ailleurs dans l’Eglise ; notons-en simplement quelques aspects :
L’absence de certains éducateurs, pas encore attelés à une pastorale des vocations pour aujourd’hui.
La réticence compréhensible des mouvements devant la peur d’une "utilisation" ; l’esprit de confiance ne peut naître que d’une collaboration désintéressée à promouvoir sans cesse.
Le passage, malheureusement trop rapide parmi nous, de l’un ou l’autre témoin.
Notre conviction : un appel à la collaboration "en Eglise" !
Cela vaut la peine de penser et d’agir ensemble, au plan de l’éveil et de l’accompagnement des jeunes ! Il s’agit d’aider toute une communauté diocésaine à se rendre responsable de toute une "Pastorale des vocations" !
PELOUSEY 1971, haut-lieu accueillant des Pères Montfortains, fera date dans la pastorale des vocations de notre diocèse !
A. VIENNET