Rencontre nationale des "Animateurs de diaspora"


Le jeudi 27 mai 1971, 17 "animateurs de diaspora" représentant les régions et sous-régions apostoliques, se réunissaient à Paris, pour une rencontre nationale.
Le but poursuivi était :

- d’accueillir la diversité des expériences vécues,

- d’approfondir ces expériences et d’aider la commission nationale à mieux se situer par rapport aux besoins exprimés ;

- de définir des objectifs nouveaux pour les mois à venir.
Les pages qui suivent présentent le compte rendu de cette journée. Elles rappellent, entre autres, l’importance d’une réflexion régionale sur la Diaspora, entre les différents éducateurs concernés.
Y a-t-il des projets en ce sens dans votre région ?
Avez-vous pensé à les faire connaître à l’équipe, nationale, en vue d’un meilleur service mutuel ?

I - NOS CONVICTIONS

Elles sont de deux ordres :

A) celles où les groupes de travail se sont retrouvés,
B) d’autres qui ne sont pas partagées par tous, mais que l’en croit utile de noter.

A - 1) Les jeunes veulent se retrouver ensemble à cause d’un projet, d’où la nécessité d’une aide spécifique.

  • Les jeunes s’interpellent ensemble et s’aident ;
  • ils désirent que leur projet de vie soit pris au sérieux par la communauté ainsi que leur espérance de changer le monde (d’où l’attention de tous les éducateurs pour ne pas décevoir les espoirs qui mobilisent leur énergie) ;
  • ils éprouvent le besoin ce relire leur vie et donc nous obligent à remettre la notre en cause.

2) La Pastorale des vocations est SECONDE, ce qui est PREMIER, c’est une pastorale "missionnaire" des jeunes (mouvements d’A.C.) ; en conséquence, elle presse les animateurs de diaspora à être réellement insérés.

  • "l’environnement" des jeunes et leur présence active dans "le bouillonnement" chrétien ont une importance capitale pour qu’un projet de vie sacerdotale ou religieuse puisse naître ou se préciser ;
  • les aumôniers (A.C. et lycées) sont méfiants à l’égard des structures à cause de la possibilité d’embrigadement. Un souhait : que l’on participe à ce qui existe.

3) La Pastorale des vocations met en route tout le Peuple de Dieu dans le respect de la vocation de chacun : peuple "incitant" et "provoqué" dans la discrétion :

  • il est important qu:une équipe d’adultes accompagne le cheminement de la diaspora ;
  • seule une communauté qui répond à sa vocation peut susciter des "vocations".

B

  • Il est nécessaire qu’un travail régional commence, par l’amitié au niveau des prêtres et des jeunes.
  • Il est important que les jaunes puissent rencontrer plusieurs prêtres, exerçant un ministère différent.
  • Les prêtres aumôniers scolaires tiennent une place privilégiée comme les responsables des mouvements d’A.C.
  • Il faut tenir compte de la diversité des jeunes dans la diaspora :
    • ceux qui viennent des séminaires ou qui baignent dans un milieu plus "protégé".
    • ceux qui sont dans l’enseignement public ou privé et qui vivent au contact des incroyants : ils sont encore le petit nombre mais il nous faut être très attentifs à ce qu’ils découvrent.
  • Une "patience" à toute épreuve : la maturation est longue.
  • Que le prêtre ou le religieux soit un témoin compétent et instruit plus qu’un "enseignant".
  • La crise du ministère et le départ de prêtres retentissent profondément sur les jeunes.

II - NOS INTERROGATIONS

1) Le spécifique ? Comment ?

  • Les jeunes en recherche de vocation doivent-ils rester solidaires des autres jeunes ? Quelles sont les ruptures nécessaires ?
  • Sur quels critères va-t-on le fonder (âge ? classe ? milieu de vie ?) pour que les groupes soient homogènes ?
  • Comment éviter qu’une rencontre de diaspora ne fasse double emploi avec une réunion de mouvement ?
  • Un projet de vie commence-t-il en Seconde ? Quelle consistance peut-il avoir avant cet âge ?

2) Qui sont les jeunes d’aujourd’hui ?

  • Vocation de jeunes : qu’est-ce que ça veut dire ?

3) " En vrac"

  • Le temps de cheminement en 2e cycle n’est-il pas le temps du discernement, de la mise en route ? Comment aider le jeune à se poser un certain nombre de questions, par rapport à l’avenir pour le faire passer de "l’activité" à la "mission" ?
  • Pourquoi avons-nous peu de répondants de la part des aumôniers de lycées et C.E.S. ?
  • Les jeunes en diaspora sont en fait peu nombreux. Pourquoi ?
  • La Diaspora fait penser "au problème des robinets" : le nombre de gars reste constant mais ce ne sont jamais les mêmes. Répondons-nous bien aux besoins des jeunes ?
  • Existe-t-il des groupes mixtes ?
  • Existe-t-il des recherches sur les ministères qui ne se fondent pas uniquement sur la lancée des vocations de jeunes ?
    Comment le C.N.V. participe-t-il à cette recherche, pour des vocations d’adultes ?

III - REACTIONS
provoquées par la synthèse de nos travaux du matin.

… Des aumôniers de l’enseignement public éclairent nos interrogations relatives aux jeunes : qui sont-ils ? Comment les aider à vivre en chrétiens ?

  • Nous sommes très conscients qu’il faut être "fou" pour penser au sacerdoce et cependant des jeunes y pensent. Nous les sentons néanmoins opposés à un engagement définitif, très marqués par l’athéisme ambiant qui influence toute la culture, très enfermés dans les groupes auxquels ils appartiennent et qui exercent un rôle tyrannique rendant difficile toute attitude originale, parce que perçue comme contraire à l’amitié du groupe.
  • L’Eglise est refusée telle qu’elle apparaît maintenant : le jeune craint d’entrer dans un univers clérical, marginal et inefficace.
  • La vie les attire et il importe de ne pas les en éloigner. Cependant, il faut savoir que le monde qu’ils affrontent est un monde très dur, tout en oppositions.
  • L’enracinement dans leur milieu de vie est la "pierre d’angle" de leur projet. C’est à partir de la vie que doit se faire l’approfondissement de leur foi. Partir de leurs aspirations et des appels de l’Esprit qu’ils découvrent en eux-mêmes et chez les autres avec lesquels ils construisent : c’est le point de départ pour faire un "bout de chemin" avec eux.
  • Nous constatons qu’ils recherchent des communautés de jeunes en marge des communautés chrétiennes traditionnelles et qu’il importe que nous soyons en rapport avec les prêtres, religieux et religieuses qui animent ces communautés.

… L’aspect TRAVAIL apparaît peu dans notre réflexion alors que l’orientation scolaire est impérative pour l’avenir professionnel des jeunes ; sans doute sont-ils marginaux par rapport au monde productif, mais ils voient le travail comme un but et il nous semble grave de ne pas tenir compte de tout ce "secteur" de leur vie qui les motive néanmoins. S’il faut être drôlement "fou" pour penser au sacerdoce parce qu’il faut "une sacrée dose" de foi, il faut aussi un projet humain extrêmement sérieux.

... En fin d’études secondaires, les jeunes ont un passage à effectuer. Comment les aider à franchir ce seuil ?
On se plaignait à juste titre jadis des ruptures très fortes : "petit sem" "grand sem" ; que faisons-nous pour soigner les "articulations" ? Ici ou là, des efforts de coordination sont tentés entre le 2e cycle secondaire et le 1er cycle des séminaires ou avec les G.F.U. (rencontres des Terminales) .

... Alors en quoi ceux de la diaspora sont-ils différents des autres ?

  • Comme tous les autres, ils sont "dans" le monde et "du" monde.
    Le spécifique do leur projet se situe au niveau de l’interrogation profonde, il colore toute leur vie, tant sur le plan psychologique que sur le plan de la foi.
    Comme l’homme est provoqué plus ou moins explicitement en référence à un projet, de même le jeune ayant un projet de vocation, en admettant toutefois qu’il puisse passer par des "haute et des bas".
  • Nous percevons chez eux ou nous les aidons à percevoir le besoin que les autres ont de Jésus-Christ et cela en partant de ce qu’ils vivent.
  • Ils manifestent eux-mêmes un désir d’approfondir leur foi et un besoin de prière.
  • Nous sommes bien conscients de la diversité des personnes rencontrées et du niveau d’engagement mais nous sommes certains du besoin qu’ils ont d’échanger avec d’autres qui ont un même projet.

IV - POINTS FONDAMENTAUX RELEVES AU COURS DE NOTRE DISCUSSION (intervention du Père RIGAL)

  • Le projet des jeunes est à prendre au sérieux. Il mérite attention et estime.
  • Les premiers responsables de la Diaspora sont les éducateurs en contact direct avec les jeunes : ils sont en situation privilégiée.
  • La première éducation du projet se fait dans la vie quotidienne des jeunes, partout où ils sont, partout où ils vivent.
  • Les rencontres spécifiques en relation avec la vie des jeunes pour un approfondissement de la foi et un mûrissement de leur projet sont indispensables.
  • Il importe de situer notre recherche dans le contexte actuel, c’est-à-dire dans la ligne des efforts actuels de l’Eglise, pour une présence missionnaire au monde.
  • Bien qu’il soit nécessaire que les jeunes trouvent des communautés ecclésiales a leur taille, il est aussi indispensable qu’ils soient ouverts aux dimensions universelles de l’Eglise.
  • L’accès au sacerdoce exigera des jeunes une réelle compétence humaine. La maturité nécessaire étant plus grande, le temps de maturation sera aussi plus long, et nous nous trouverons en face de jeunes solidaires du monde et des hommes.
  • Que notre accompagnement leur permette d’inventer de nouveaux types de vie sacerdotale. Des décisions de principe devraient être prises notamment en ce qui concerne le célibat.
  • Les jeunes ont besoin d’adultes (prêtres, religieux, laïcs) qui ne soient pas des modèles mais qui vivent des valeurs. Les jeunes récusent des adultes qui pensent le ministère pour eux. Ils veulent inventer des types de vie sacerdotale adaptés au monde de demain.
  • Le Centre national des vocations pense jeunes parce qu’ils ont une place irremplaçable dans le renouveau de l’Eglise, mais doit poursuivre son effort près des adultes car l’invention nécessite la collaboration des deux.

V - QUELLE COLLABORATION ETABLIR ENTRE LES REGIONS ET L’EQUIPE NATIONALE ?

... La rencontre des délégués régionaux est une prise de conscience pour aller plus loin. On a besoin d’une confrontation nationale une fois par an, ne serait-ce que pour partager les expériences.

... Il est nécessaire d’organiser des temps forts par régions apostoliques (session d’animateurs de diaspora) mais en liaison avec le National : la collaboration s’établissant à double sens : le National "à l’écoute" et "au service".
Pour des raisons pratiques, on souhaite l’établissement d’un calendrier des rencontres régionales.

... C’est au niveau des diocèses que les liens sont importants entre Action catholique et Aumônerie. Comment les favoriser ?

... Comment la Commission Nationale peut-elle être une passerelle avec l’A.C. et l’Aumônerie de l’Enseignement public et comment faire pour qu’elle n’apparaisse pas comme la simple émanation des C.D.V. ?

... Comment la voix des jeunes peut-elle se faire entendre ?