Institutions permanentes au service des vocations de Jeunes : Quelques convictions et quelques orientations


Quelques convictions et quelques orientations

24 Jeunes, 26 éducateurs, 8 parents venus de toutes les régions de France, ont réfléchi les 3-4-5 avril derniers sur la mission des institutions permanentes, foyers et séminaires, au service des vocations de Jeunes.

Ils étaient aidés dans leur travail par les réponses aux différents questionnaires qui avaient été adressés aux maisons dans le courant du second trimestre.

Depuis, des réunions régionales (Provence Méditerranée, Centre, Bretagne) ont permis de vérifier certaines constatations et intuitions déjà largement partagées à la rencontre de Conflans.

Voici quelles sont les principales convictions et les grandes orientations qui se dessinent.

QUELQUES CONVICTIONS

C’est la vie des Jeunes qui commande... Bien sûr, tout n’est pas dans ce que les Jeunes vivent ou désirent, Dieu ne se déduit pas de l’humain, mais Dieu se révèle dans tout l’humain.

L’important, pour l’éducateur est d’abord d’accueillir toute cette vie. Or les Jeunes vivent tout autant dans leurs milieux familiaux, milieux scolaires, milieux de loisirs, milieux de dévouement que dans le milieu foyer ou séminaire.

Ce sont les lieux où se vivent les relations... or les réponses au questionnaire signalent que l’aspiration la plus forte chez eux est d’être en relation.

Ce sont les lieux où se prennent les initiatives : or, "être utile" est aussi un désir très souvent exprimé.

Ce sont aussi les lieux où s’enracinent les aspirations parmi lesquelles grandit le-projet d’une vie sacerdotale ou religieuse...

L’importance d’une attention aux milieux de vie a été fortement soulignée par les éducateurs. Elle devient même un des soucis majeurs de leur pédagogie.

Ceci nous oblige à une réflexion sur les objectifs que nous poursuivons dans la formation que nous voulons proposer et sur les moyens que nous décidons d’adopter.

QUELQUES ORIENTATIONS DE REFLEXION

II y a des questions, importantes, qui nous sont posées par les Jeunes et que nous ne pouvons pas ignorer.

* "Le vivre avec"

"Rencontrer les autres", "discuter avec les copains de chez moi", "partager, vivre avec les autres..."

Ce sont des aspirations largement répandues et que nous reconnaissons volontiers comme nécessaires. Mais sont-elles vécues en fait ? Est-ce que nous donnons aux Jeunes de nos institutions le moyen de les vivre ? Que penser d’un candidat au Grand Séminaire qui n’aurait pratiquement aucune relation vraie avec des Jeunes de son âge, en dehors de nos institutions ?

L’important n’est-il pas aussi que ce qui est vécu à l’extérieur de nos maisons puisse s’exprimer ? Que de fois nous sommes surpris de constater que la véritable vie de tel jeune était dans tel groupe ou dans telles rencontres avec d’autres à l’extérieur ?

* La relecture de ce qui est vécu.

Si la vie peut s’exprimer, la formation peut commencer, mais quelle formation ? L’éducation au discernement n’est pas chose facile.

  • il y a une sensibilité aux valeurs vécues et il y a la connaissance d’un code moral. Les deux "savoirs" ne s’opposent pas, certes,, mais ils. ne sont pas du même ordre. La sensibilité aux valeurs a besoin d’être éveillée et guidée.
  • la prise de conscience des "blocages", des fermetures ou des refus ne se fait pas toute seule et la perception des conséquences qu’ils peuvent entraîner n’est pas non plus donnée première.
  • la prière de louange, la prière de demande et la prière de pénitence n’ont-elle pas leur point d’enracinement dans toutes ces situations... comment 1’aidons-nous à se développer ?

* Les confrontations

  • Confrontation à l’Evangile. Connaître Jésus-Christ, le Père et l’Esprit par la révélation qu’ils nous ont proposée dans l’Ecriture, c’est une démarche capitale. Reconnaître Jésus-Christ, le Père et l’Esprit dans le visage des hommes,, dans leurs actions, dans les événements... et dans notre propre vie, c’est une tâche tout aussi importante. Là aussi, comment sommes-nous éducateurs ?
  • Confrontation au projet. La vocation de chacun se précise au fur et à mesure de ses choix. L’éducateur ne doit-il pas aider les prises de conscience ?

    Souvent, nous nous demandons où situer les exigences. N’est-ce pas au sein de toutes ces recherches que la générosité des Jeunes va découvrir ses objectifs ?

* La mission

Ce n’est pas l’institution, Foyer ou Séminaire, qui envoie en mission, les mouvements d’A.C. et la logique de l’action commencée le font sans elle, mais la recherche et la prière que la communauté-Foyer ou Séminaire aura permises vont renforcer cette mission, la préciser et la nourrir. Ceci aussi nous interroge..

Si nous allons jusqu’au bout de notre réflexion, nous découvrons que les conséquences sont non seulement au niveau de nos attitudes d’éducateurs, mais aussi au niveau de nos structures de maison et d’une pastorale des vocations.

QUELQUES REFLEXIONS SUR L’ORGANISATION DE NOS MAISONS

"Le vivre avec"

Les aspirations à la rencontre, au partage, à la construction ensemble de quelque chose... comment peuvent-elles être vécues dans nos maisons ? A Conflans, quelques solutions ont été proposées..

  • les petites communautés et la grande communauté. L’institution sera une vraie communauté (avec tout ce que cela suppose d’intimité de vie) si sont respectées et aidées les petites communautés (équipes de partage d’Evangile, équipe d’activités relues ensemble etc.
  • le mode de relation avec les éducateurs devrait être non pas du type "un jeune interroge, un adulte répond", mais du type "Jeunes et adultes cherchent ensemble", se remettent en question et découvrent ensemble".
  • les éducateurs souhaitent aussi un style de relation entre eux plus vrai, plus profond, plus exigeant. L’importance d’une équipe unie a été vivement soulignée.

"l’expression et la relecture de la vie"

L’organisation de nos maisons est fortement interrogée par cette orientation pédagogique.

  • Il s’agit d’abord d’aménager à l’intérieur de nos maisons les structures de dialogue qui permettront aux jeunes de ressaisir avec d’autres les divers aspects de leur vie engagée ; tant a l’intérieur du foyer qu’à l’extérieur. Cela suppose que se constituent des groupes qui pourront régulièrement réfléchir avec un éducateur, cheminer avec lui, prier et préciser leur engagement.

    Divers problèmes sont posés. Comment les groupes vont-ils se former ? Comment permettre que l’initiative vienne des Jeunes ? Problème d’horaires, problèmes d’éducateurs. Certains ont le charisme de l’animation et de 1’accompagnement . D’autres l’ont moins mais apportent autre chose. N’est-il pas souhaitable que des aumôniers de mouvements, des vicaires, des curés viennent aussi aider les Jeunes à réfléchir sur leur vie ?

QUELQUES QUESTIONS SUR LA PLACE DU SEMINAIRE OU DU FOYER DANS UNE PASTORALE D’ENSEMBLE.

A partir du moment où nous prenons conscience que les Jeunes de nos maisons vivent aussi intensément à l’extérieur et s’engagent dans d’autres milieux, nous comprenons que notre travail de formation se fait en collaboration avec d’autres : parents, prêtres, laïcs engagés, mais aussi Jeunes qui vivent les mêmes valeurs…

Ceci ouvre beaucoup de perspectives car il ne s’agit plus seulement d’information à donner mais d’une progressive intégration de nos maisons à la pastorale d’un secteur, à une pastorale de Jeunes et à la vie de tout un diocèse. Il est plus facile d’en parler que de le réaliser, mais n’est-ce pas le chemin sur lequel il faudrait nous engager ?

*

Telles sont les principales convictions et les principales questions de ceux qui se sont manifestés a Conflans. Comment pourrons-nous maintenant poursuivre notre réflexion et notre travail en commun ?

Les éducateurs et les Jeunes qui ont travaillé ensemble à Pâques sont décidés à poursuivre leur recherche. C’est à eux que revient la charge de relancer les questions et .de promouvoir des rencontres sur l’un ou l’autre thème abordé. Certaines maisons ont déjà commencé la recherche, et certaines régions (Bretagne) ont en projet une session en décembre 71. Midi-Pyrénées, Provence-Méditerranée pensent se retrouver au mois de septembre pour quelques jours. Ce sont toutes ces rencontres qui permettent le travail d’approfondissement car ce qui est vécu et ressenti à la base a besoin d’être confronté pour être confirmé et approfondi.

QUE FAIRE AU NIVEAU NATIONAL ?

Les grands rassemblements n’apportent plus grand chose, sauf s’il s’agit d’un colloque et ne sont plus souhaités.

Plus modestement, le C.N.V. organisera un stage pour éducateurs du 13 au 20 février et du 7 au 14 mars 72. Des précisions sont données dans ce numéro de "JEUNES ET VOCATIONS".

Ne pourrions-nous pas prévoir aussi à l’horizon des grandes vacances 1972 deux ou trois rencontres interrégionales Midi-0uest, Nord et Est, qui permettraient à nos maisons une nouvelle avancée en participant encore davantage à la grande recherche de l’Eglise. Bien volontiers, les ateliers "Institutions Permanentes" se mettront au service des régions pour les aider à réaliser les réunions, si elles le désirent.

J. DUBREUCQ