Un week-end pour des garçons de 1er cycle qui pensent au sacerdoce


On en avait invité 20.
15 avaient répondu "oui" à l’invitation et s’étaient fait inscrire.
Ils étaient en définitive, 12 à l’appel : des garçons de 13 à 16 ans, deux s’étant fait excuser pour une impossibilité de dernière minute.

12 gars, scolarisés en C.E.S. (9),
en lycée (2)
et en collège libre (1 )
et qui étaient venus "pour rencontrer d’autres copains",
"pour réfléchir ensemble",
"pour réfléchir au sacerdoce,
parce que - comme ils le disaient eux-mêmes - ça nous concerne directement".

Voilà dans quelles conditions a démarré ce week-end du mois de novembre dernier, spécialement destiné "à des garçons du 1er cycle qui pensent au sacerdoce, à la vie religieuse ou missionnaire."

Les lignes qui vont suivre essaieront de préciser

- comment l’idée de ce week-end est née,

- dans quelles conditions elle a pu être réalisée,

- quels furent les lendemains de ce week-end.

I - POURQUOI CE WEEK-END ? NAISSANCE D’UN PROJET...

* Parce que des JEUNES en avaient exprimé le désir.
En effet, quelques garçons qui avaient déjà participé à des "Retraites d’Eveil Apostolique" ( l ) et se retrouvaient périodiquement -la plupart, depuis un an déjà- en "équipe diaspora", se plaignaient, d’une part des réunions trop brèves : "ça passe trop vite, une réunion" ;
"on devrait se rencontrer pour toute une journée" ;
et par ailleurs, désiraient rencontrer les copains d’autres équipes diaspora : "on aimerait bien connaître d’autres gars qui se réunissent comme nous".

* Parce que des PRETRES en avaient senti la nécessité.
Il s’agit de prêtres engagés dans la Pastorale des Vocations. Tous s’efforcent d’être attentifs à la vie des jeunes et au projet que parfois ils manifestent. Tous ont également accepté d’accompagner des jeunes dans leur recherche, au niveau de la diaspora. Leurs insertions pastorales sont diverses et vont de l’aumônerie diocésaine M.R.J.C. ou S.D.F. jusqu’au ministère paroissial, en passant par les équipes A.C.G., J.O.C. et j’en passe...

Tout en reconnaissant la nécessité de maintenir des R.E.A. pour "donner à tous les jeunes chrétiens la possibilité d’être éveillés à la vie apostolique", nous avons senti :

- que "certains jeunes, dès l’âge de 12, 13 ans, manifestaient leur projet de sacerdoce",

- qu’il"fallait prendre ce projet de jeune au sérieux",

- qu’il "convenait aussi de regrouper des gars qui avaient exprimé un tel projet pour leur donner la possibilité de réfléchir et de s’exprimer sur des questions plus spécifiques, inhérentes à leur projet."

Concrètement, nous fûmes amenés à décider "l’organisation de week-ends trimestriels pour des gars de 5ème à 3ème et qui pensent au sacerdoce, à la vie religieuse ou missionnaire".

L’idée avait fait son chemin. Il suffisait de la réaliser...

II - COMMENT CE WEEK-END S’EST-IL DEROULE ? PHASES DE SA REALISATION...

1 - Et, dabord, la PREPARATION !

* Lancer des invitations. . .

Rédigées par les soins du C.D.V., les invitations furent adressées aux jeunes par le truchement de leurs aumôniers-diaspora habituels. Ce procédé, qui leur permit d’entrer en contact direct avec des garçons qu’ils connaissaient bien et avec lesquels ils entretiennent chacun un dialogue personnel, était de nature à réserver la participation au week-end à des jeunes que l’on savait loyalement en recherche. Certes, une diffusion plus large de la circulaire d’invitation eût permis d’atteindre d’autres garçons tout aussi loyaux, mais la crainte de tomber dans une vaste entreprise de recrutement nous en a gardés.

Néanmoins, la venue d’un jeune gars de 3ème, qui ignorait tout de la diaspora et qui, peu de jours avant la rencontre, avait été repéré par un copain de sa classe auquel il avait pu confier que "lui aussi pensait au sacerdoce depuis longtemps", nous permit de comprendre que le procédé choisi n’était pas exhaustif.

Ce fut, cependant, pour les aumôniers, une occasion privilégiée de prendre contact avec les parents des jeunes et de leur faire saisir l’importance du week-end envisagé.

* Choisir et élaborer le thème. . .

Cette phase de la préparation fut exclusivement réservée au C.D.V. pour la simple raison qu’il fallait faire vite, un mois à peine séparant le jour où le principe du week-end avait été retenu du jour de sa réalisation. Une préparation moins précipitée, davantage en harmonie avec les possibilités de l’emploi du temps d’un vicaire ou d’un aumônier de mouvement, nous eût permis d’associer d’autres prêtres et éducateurs à ce travail et de tenir compte plus efficacement d’une pédagogie d’A.C.E.

On opta donc pour un thème spécifique, en rapport avec le projet de vie des jeunes concernés par le week-end : "Prêtre, quel homme es-tu ?", et monnayé par trois séries de carrefours :
1. le prêtre tel qu’on 1s voit autour de toi ;
2. le prêtre tel que tu le désires ;
3. le prêtre tel que Jésus-Christ nous le révèle.

2 - Le jour du WEEK-END : 28-29 novembre !

* On commence par faire connaissance...

Une carte géographique fixée au mur permet à tous de situer un chacun dans son lieu d’origine.

Par leur origine scolaire, les 12 garçons se répartissent en :

- 5 élèves de 5ème,

- 4 élèves de 4ème,
et 3 élèves de 3ème

Selon leur origine sociologique, 10 viennent du monde ouvrier et 2 du milieu indépendant.

Enfin, invités à dire pourquoi ils étaient venus à ce week-end, les premiers restent imprécis dans leurs motivations et se contentent d’indiquer qu’ils sont venus "pour rencontrer des copains des autres équipes diaspora" et "pour réfléchir ensemble". Mais, lorsqu’un garçon de 3èrne ose affirmer qu’il est "venu pour mieux comprendre l’importance du prêtre", et au fur et à mesure que les autres renchérissent :

- "je suis venu pour réfléchir au sacerdoce",

- "je suis venu parce que je pense personnellement au sacerdoce et que je veux y réfléchir avec d’autres copains",

- "je suis venu parce que le sacerdoce, ça me concerne peut-être directement",
il est amusant de voir les premiers, d’abord trop discrets, approuver d’un signe de leur tête et reconnaître de la sorte que leur trop grande discrétion n’avait d’autre explication que le sentiment d’insécurité qui s’empare de vous lorsque vous vous sentez encore en terre étrangère. Le détail peut paraître superflu, il est en tout cas significatif de la psychologie du jeune adolescent qui entoure son projet de vie d’une discrétion pudique, tandis que la découverte de ce même projet chez d’autres jeunes de son âge lui donne confiance et lui fait prendre conscience du projet qui l’habite.

Dans ces conditions, permettre à des jeunes de se rencontrer et de se dire qu’ils veulent être prêtres, c’est déjà important !

Mais il faut aller plus loin et rejoindre les questions profondes qu’un projet de sacerdoce fait parfois poser à ces jeunes.

Ici, nous entrons dans le vif du sujet de ce week-end !

(A) LE PRETRE TEL QU’ON LE VOIT AUTOUR DE TOI…

* Un "topo" d’introduction au premier carrefour...

Tout en essayant, dans les deux premiers carrefours, de saisir la mentalité qui marque ces jeunes, il nous a paru important de relier cette mentalité actuelle à celle qui marquait déjà les premiers apôtres du Christ. Tel était l’objectif des "topos" d’introduction qui précédaient les deux premiers carrefours !

Voici la substance du premier "topo" :

"Tu connais la scène... Ça s’est passé un jour dans un village qui, aujourd’hui, est situé en Syrie. Tu sais, ce pays au nord de la Jordanie (on en a souvent parlé à la radio, ces dernières semaines...) Le village s’appelait alors Césarée de Philippe.
Jésus y était arrivé avec ses amis, les disciples. Simon-Pierre faisait partie de l’équipe... En cours de route, ils avaient rencontré pas mal de monde. Jésus n’est pas passé à côté de ces gens sons s’intéresser à eux et sans leur parler... Et les gens discutaient aussi pas mal au sujet de Jésus. Bien sûr, ils ne lui disaient pas tout ce qu’ils pensaient, mais ils le disaient à leurs copains, aux gens de la foule, aux disciples ; car il y en avait, sans doute, qui ne savaient pas que ces hommes là étaient les amis intimes de Jésus .
Alors, pour mieux savoir ce que les gens pensaient et disaient de lui,, pour aider les disciples à prendre conscience également de ce qu’eux pensaient à son sujet, Jésus s’est adressé aux apôtres : "Dites, les gars, pour les gens, qui est le Fils de l’homme ? Qui suis-je ? Qu’est-ce qu’ils disent de moi ?" Et les disciples, qui connaissaient déjà bien Jésus et qui n’avaient plus peur de lui parler, répondent :"Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; pour d’autres, tu es Elie ; pour d’autres encore, tu es Jérémie ou l’un des prophètes..." (d’après Mat. 16, 13-14)

* La question pour le premier carrefour.

Qu’est-ce que les gens, que vous connaissez, disent parfois sur les prêtres ? (Attention ! Pas de baratin ! On n’est pas venu pour inventer des choses. Note des paroles précises que tu as entendues, des faits précis que tu as vécus.

Il serait bon que tu puisses préciser si c’est des jeunes ou des adultes qui ont dit cela...)

Pour la méthode de travail, il convient de signaler que ce carrefour, tout comme les autres qui suivront, débuta par un temps de recherche personnelle pendant lequel chaque garçon avait le loisir de réfléchir dans le calme et de noter soigneusement ses réponses sur son cahier.

L’ambiance qui marquait ce temps fut à tous égards exemplaire et contribua efficacement au sérieux et à la franchise que les garçons eux-mêmes reconnurent à l’échange qui devait suivre, à l’intérieur de chaque équipe.

* Mise en commun des découvertes des deux équipes.

"Voici ce que des adultes disent du prêtre :

- pour ce qu’ils travaillent, ils gagnent trop ;

- regardez quelle bagnolle ils se paient...

- ils n’ont pas de soucis,

- ils devraient se marier, et ainsi, il y en aurait plus,

- il y en a qui font de la politique,

- c’est plus des vrais prêtres comme dans le temps où ils portaient encore la soutane,

- ils ne s’occupent plus que des jeunes.

"Et voici le point de vue des jeunes de notre âge et de quelques jeunes de 19-20 ans :

- ils gagnent trop d’argent,

- il "gueule" tout le temps en rel. (heure d’instruction religieuse),

- ils nous cassent les pieds avec leurs réunions,

- il nous embête avec sa préparation au mariage,

- il est démodé (des élèves au sujet de leur professeur de math., un prêtre qui porte encore la soutane)

Voilà pour la critique négative.

Mais les jeunes s’expriment aussi positivement sur des prêtres :

- c’est un bon conseiller pour les jeunes ; en réunion, il discute avec nous des sujets importants pour notre vie et dont les parents ont peur de parler ;

- avec l’aumônier, on peut discuter de tous nos problèmes de jeunes ;

- en confession ou en direction spirituelle, il nous soulage ;

- ils nous aident à réfléchir sur notre vie."

* On débat sur ce qu’on a découvert ensemble :

"Les adultes, dont nous avons parlé, émettent seulement des critiques. Est-ce que les critiques des jeunes que nous avons cités reflètent ce qu’ils pensent personnellement ou ce qu’ils ont entendu des adultes ? Les critiques portent surtout sur des aspects extérieurs du prêtre.

"Les remarques des jeunes sont plus positives, sans doute parce qu’avec les prêtres, ils ont des relations plus profondes que n’en avaient leurs parents lorsqu’ils étaient jeunes.

"Il ne faut pas juger quelqu’un, même pas les prêtres, sur l’argent ni sur la voiture qu’il possède, mais sur la manière dont il s’en sert. Nous, on connaît des prêtres qui, avec leur voiture, rendent des services que personne ne voudrait rendre.

"C’est peut-être vrai qu’un prêtre marié comprendrait mieux les soucis d’une famille, mais un prêtre célibataire est plus disponible pour tout le monde. Or, on attend d’un vrai prêtre qu’il aime tout le monde sans différence, mais surtout les plus délaissés..."

* Réflexion de l’animateur du week-end.

Je n’ai pas réussi à comprendre pourquoi les garçons avaient uniquement rapporté des critiques négatives de la part des adultes. Pourtant, il y en avait là dont les parents font partie d’équipes d’A.C. et, de ce fait, ont la possibilité de découvrir un aspect plus authentique du visage du prêtre. N’y aurait-il pas suffisamment de dialogue à ce sujet entre les jeunes et leurs parents ?

Par ailleurs, j’ai apprécié la pertinence des remarques faites au cours du débat qui suivait la mise en commun. Et ces remarques étaient souvent illustrées par des faits très concrets ! ...

A la question :"que signifie ce que vous avez découvert pour votre vie d’aujourd’hui ?", deux réponses se dégagent principalement :

- il ne faut pas juger un prêtre de l’extérieur, et pour cela, il faut avoir avec lui un contact approfondi ;

- c’est important pour un jeune qui pense au sacerdoce d’être bien attentif aux soucis de ses parents et de les aider ; c’est dans notre famille que nous nous préparons aujourd’hui à être des prêtres valables demain.

(B) LE PRETRE TEL QUE TU LE DESIRES

* Un autre "topo" d’introduction à un autre carrefour...

"Vous connaissez sans doute la suite de ce qui est arrivé, là-bas, à Césarée... Quand les disciples .avaient rapporté à Jésus ce qu’ils avaient entendu dire à son sujet, Jésus leur a posé la question de confiance : "Et vous, qu’est-ce que vous pensez de moi ? Qui suis-je ?"(Mat. 16, 15) ... Et vous tous qui êtes ici, vous avez déjà pensé à la prêtrise.

Bien sûr, ce n’est pas aujourd’hui, à l’âge que vous avez, où vous pourriez dire "Oui, je suis sûr et certain que je serai prêtre". Mais vous n’aimez pas fermer les portes ! Vous ne voulez pas dire :"ça ne m’intéresse pas". Car, vous savez que tout jeune chrétien devrait se poser un jour cette question :"est-ce que, par hasard, le Seigneur ne m’appellerait pas à devenir prêtre ?"

La voie du sacerdoce, c’est une voie que vous voudriez explorer pour découvrir peu à peu si ce n’est pas dans cette voie là que vous devriez vous engager.

Alors, je me permets, à mon tour, de vous poser également une question de confiance. ..

* La question pour le deuxième carrefour.

Et toi, pourquoi voudrais-tu être prêtre un jour ? Qu’est-ce que le prêtre pour toi ?

* Mise en commun.

Elle permit de dégager une image assez complète du prêtre, aux multiples visages, avec une prédilection pour le prêtre EDUCATEUR DES JEUNES et AMI DES PAUVRES.

Voici l’éventail des réponses :

- LE PRETRE, EDUCATEUR DES JEUNES ET EVEILLEUR DE VOCATIONS :

"Je voudrais être prêtre :

  • pour m’occuper des jeunes,
  • pour aider les autres à trouver leur vocation chrétienne
  • pour aider d’autres à se poser la question du sacerdoce (4 X)"

- LE PRETRE, AMI ET DEFENSEUR DES PAUVRES ET ARTISAN DU DEVELOPPEMENT :

  • pour faire du bien autour de moi,
  • pour aider les pauvres,
  • pour défendre les opprimés contre l’injustice
  • comme missionnaire, aider les noirs à se développer manuellement, intellectuellement et spirituellement..."

- AU SERVICE DU PEUPLE DE DIEU :

  • pour donner aux gens toute ma personne et toute ma vie. "

- A LA SUITE D’AUTRES PRETRES :

  • à cause du manque de prêtres et des immenses besoins dans les cités ouvrières et parmi les jeunes qui deviennent de plus en plus nombreux" (3 X)

- AU SERVICE DE DIEU :

  • "pour donner toute ma vie à Dieu" (3 X)

- POUR LE LOUER :

  • "célébrer l’Eucharistie"

- POUR DONNER SON PARDON (2 X)

- POUR ANNONCER SA B3NNE NOUVELLE

  • "Je voudrais être prêtre pour porter la Bonne Nouvelle du Christ à ceux qui ne la connaissent pas encore."

* Dans le débat qui suit

Les garçons découvrent que leur façon de voir le prêtre est plus positive que celle des adultes et des jeunes dont ils avaient rapporté les points de VUE précédemment : "personne d’entre nous n’a dit des choses négatives". Ils font aussi remarquer que "personne n’a dit qu’il voulait devenir prêtre pour gagner de l’argent, ni pour avoir une vie plus facile..."

Et l’un d’entre eux de conclure :"le fait qu’on soit venu à ce week-end permet de penser qu’on a tous été francs dans nos réponses."

* Un troisième carrefour, le dimanche matin...
constitua le second volet de ce diptyque consacré au "prêtre tel que les jeunes le désirent".

Un questionnaire portant sur :

- les qualités humaines estimées les plus nécessaires pour un prêtre,

- les vertus évangéliques jugées les plus importantes,

- et les activités du prêtre dont, à leur avis, on a le plus besoin, fut d’abord soumis à leur recherche personnelle.

Il leur était non seulement demandé de souligner ce qui leur paraissait important, puis de classer leurs réponses par ordre d’importance, mais surtout de motiver leurs réponses.

Cette dernière partie fut moins bien traitée par les plus jeunes. L’animateur sut discerner chez eux une lassitude bien réelle et eut raison de leur accorder un long temps de détente.

L’équipe des 3ème et des aînés de 4ème, par contre, prit sur le temps prévu pour la détente et conduisit son analyse jusqu’à une profondeur insoupçonnée.

Voici globalement le classement :

  • des qualités humaines estimées les plus nécessaires :
    • savoir écouter les autres : 11/12
    • être très accueillant : 7/12
    • être courageux : 6/12
  • des vertus évangéliques jugées les plus importantes :
    • confiance en Dieu : 10/12
    • amour du Christ : 8/12
    • humilité et pureté de coeur : 5/12
  • des activités du prêtre dont on a le plus besoin
    • aider les jeunes o - :12/12
    • contact avec les non-croyants : 9/12
    • visite des malades et des personnes délaissées : Q/12
    • la prédication de l’Evangile fut citée par 7/12
      et la célébration de l’Eucharistie par 2/12.

On constate une étroite analogie avec les réponses du carrefour précédent, une nette prédilection pour les activités sociales du prêtre et ses qualités de sociabilité, mais une crise de l’idée sacramentelle. Cela paraîtrait grave, si le prêtre était vu hors de sa relation nécessaire avec Dieu et le Christ, mais cette relation est affirmée d’une manière étonnante dans les motivations de leurs réponses, surtout par les aînés...

Il y a des motivations psychologiques :
"Il faut savoir écouter les autres pour comprendre leurs besoins et leurs problèmes. Le prêtre doit être accueillant, sinon les gens ne reviennent plus le voir".

Mais les motivations d’ordre religieux sont de loin les plus nombreuses. Voici comment les jeunes les ont exprimées, sans aucune altération :
" Ecouter quelqu’un, surtout un jeune, c’est le prendre en considération, c’est lui faire comprendre qu’il est unique, qu’il est quelqu’un. Pour Dieu, on est quelqu’un et pas un numéro. Le prêtre qui écoute attentivement quelqu’un est un vrai témoin de Dieu".
" Le prêtre nous invite, à chaque messe, à dire "Notre Père". Eh bien, le Père est accueillant pour l’enfant prodigue Le prêtre qui sait accueillir représente vraiment le Père".
" Accueillant, ça veut dire joyeux et souriant, sinon on est un repoussoir. Quand quelqu’un vient voir le prêtre, ça doit être un "événement" pour lui, comme le retour du fils a été un "événement" pour le Père."
" Quand on voit un prêtre toujours joyeux, même s’il a des soucis, on se dit : il a QUELQU’UN avec lui, il est comme branché sur le SAINT ESPRIT."

Voici comment un garçon motive la nécessité de la confiance en Dieu pour le prêtre :
" Pour agir, il faut toujours une base sur laquelle on s’appuie. Dieu, c’est la base sur laquelle le prêtre doit prendre son appui... Sinon, ça ne serait pas un vrai prêtre ; il ne serait pas heureux."
" Sinon, le prêtre ne pourrait pas aimer. Car, .si on aime quelqu’un, c’est parce qu’on j confiance en lui..."
" Et l’amour du Christ, ça porte aussi le prêtre à aimer les autres, c’est inséparable. De même que la confiance en Dieu, ça lui permet aussi d’avoir confiance dans les autres."

Quant à la nécessité de l’humilité, elle est motivée de la sorte :
" C’est la qualité la plus importante. Dieu n’aime que les humbles ; ça revient partout dans l’Evangile. C’est pour cela .que Dieu a choisi la Vierge Marie..."
" Jésus a dit : "Je suis doux et humble de coeur". Il faut faire comme Jésus l’a dit, et le prêtre en premier..."
" S’il est humble, le prêtre comprendra aussi qu’il ne sait pas tout, alors il priera. La prière, c’est comme un stimulant pour reprendre du punch. C’est aussi important pour le prêtre que le repos pour l’acteur. C’est là qu’il reprend de l’eau à la source et qu’il se retrempe dans Jésus..."

(Dans le débat qui a suivi cette mise en commun, on pouvait comprendre qu’en parlant de la prière du prêtre, les garçons avaient souvent en vue la messe. Cela relativise ce que nous disions précédemment de la crise de "l’idée sacramentelle" !)

Même les activités sociales du prêtre sont soulignées à travers des motivations religieuses :
" L’activité du prêtre dont on a le plus besoin, c’est l’aide qu’il apporte aux jeunes. Car les jeunes sont de plus en plus nombreux aujourd’hui, et la mission du prêtre, c’est d’aider les hommes, et surtout les jeunes, à trouver leur vraie vocation, c’est à dire ce que Dieu attend d’eux..."
"Il doit annoncer l’Evangile et faire connaître le Christ à tous, surtout à ceux qui ne le connaissent pas encore, parce que le Christ est venu pour tous. L’Evangile, c’est la Bonne Nouvelle que Dieu aime tous les hommes sans exception, même ceux qui ne vont pas à la messe le dimanche. Le prêtre doit annoncer cette Bonne Nouvelle à tout le monde..."

Quant aux personnes délaissées et aux malades que le prêtre doit visiter, c’est parce que :
" le prêtre doit montrer que ces gens-là comptent autant que les autres."
Et en fin de compte :
" pour faire comme Jésus a fait et dit de faire."

* Mes réactions face aux réponses des jeunes :

- Une certaine inquiétude, car je me demandais comment aider les garçons à traduire dans leur vie concrète des réflexions qui pouvaient paraître idéales, mais qui étaient l’expression sincère d’un idéal de vie que beaucoup de jeunes voudraient voir incarner dans les adultes qu’ils rencontrent, et, pourquoi pas, de l’Esprit de Lumière qui les agit !

- Un désir de partager avec d’autres prêtres ce que j’avais vécu durant ce week-end ! (Je l’ai fait, en rédigeant un article pour la revue diocésaine "EGLISE DE METZ" du mois de mars 71). Car il me semblait qu’à travers ces jeunes, nous étions interpellés à notre tour ! Pourquoi dès lors projeter sur eux notre propre insécurité et nos difficultés d’adaptation au monde d’aujourd’hui, alors que des jeunes nous demandent de vivre, avec d’autres prêtres, un sacerdoce où ils puissent se reconnaître davantage et qui soit celui de Jésus-Christ !

- Un encouragement pour aborder la dernière étape de ce week-end.

(C) LE PRETRE TEL QUE JESUS NOUS LE REVELE

* Un dernier "topo" :

" Ça vous étonnera peut-être ce que je vais vous dire : IL N’Y A QU’UN SEUL PRETRE. C’EST JESUS. Tous les autres prêtres ont pour mission de le prolonger, de le rendre présent, de le rendre visible, un peu comme le fleuve prolonge la source qui jaillit du rocher.

Si vous voulez découvrir le vrai visage du prêtre, il faut ouvrir votre Evangile. Il vous faut bien regarder Jésus, être très attentif à ce qu’il dit et voir comment Jésus, le seul vrai prêtre, se comportait avec les gens de son entourage..."

* Un regard sur l’Evangile...

Cela a duré une bonne demi-heure, dans un silence religieux, soutenu par une légère musique de fond.

Chaque garçon était invité à lire Luc 7,36-50, puis à travailler le passage évangélique selon la grille que voici :
1) Fais bien attention à toutes les attitudes, à toutes les paroles des gens qui entourent Jésus. Qu’est-ce que tu remarques ? Qu’est-ce qui te frappe ?
2) Fais de même pour les attitudes et les paroles de Jésus.
3) Connais-tu d’autres endroits dans l’Evangile où il est question de Jésus qui entre dans la maison des gens, se mêle à leur vie,
leur apprend à bien regarder les autres personnes, leur apporte la joie et le salut ?
4) A partir de ce que tu as découvert, compare ce que Jésus faisait autrefis et ce que font aujourd’hui des prêtres que tu connais.

* On partage ce qu’on a découvert dans l’Evangile :

1) JESUS accepte l’invitation de Simon et va manger chez lui ; il ne craint pas qu’on puisse l’accuser d’être l’ami des riches. Il est venu pour tout le monde.

Souvent, dans l’Evangile, nous le voyons entrer dans la maison des gens : celle de Zachée, de Lazare, de Simon-Pierre, de Lévi, des jeunes mariés de Cana.

Toujours, il se mêle à la vie des gens, à leur joie (Cana), à leurs souffrances (la belle-mère de Pierre), à leurs deuils (Naïm...) Il rencontre les hommes là où ils travaillent (les apôtres, au bord du lac ; la Samaritaine, au puits de Jacob ; Lévi, à son bureau...) C’est aussi la mission du prêtre de ne pas rester enfermé dans la sacristie, mais d’aller vers les gens :

- notre curé rend visite à tous les paroissiens ;

- il va saluer les jeunes mariés ;

- quand quelqu’un est mort, il va voir la famille et prier ;

- l’abbé a discuté avec les ouvriers en grève...

- il rend visite aux malades à l’hôpital.
Le prêtre accepte de ne pas avoir de foyer a lui, parce que, comme Jésus, il veut être de la famille de tous.

2) Jésus aide Simon à réfléchir et lui fait voir quelque chose qu’il n’avait pas vu : "cette femme n’est pas seulement une pécheresse, mais elle aime beaucoup."

Jésus veut aider Simon à voir comme Dieu, c’est-à-dire le fond du coeur et non pas s’arrêter à l’extérieur. Il voudrait changer le coeur de Simon.

C’est la mission de Jésus d’aider les hommes à rectifier leur regard et à changer leur coeur :

- le regard de Jésus transforme le regard et le coeur de Pierre (Lc 22, 61-62),

- il fait réfléchir "les vieux" qui ont amené la femme adultère,

- il aide à réfléchir les invités qui prennent les meilleurs places (Lc 14, 7-10).

Le prêtre remplit la même mission lorsqu’il aide les hommes à réfléchir sur leur vie : p.ex. les prêtres, comme vous en ce moment, qui font des réunions :

- avec les jeunes pour les aider à découvrir leur vocation ;

- en préparant les jeunes fiancés au mariage ;

- aider les parents à réfléchir lorsqu’ils viennent demander le baptême pour leur enfant ;

- les aumôniers J.O.C. et J.E.C., avec des ouvriers et des étudiants...

Par ces réunions, le prêtre leur apprend à aimer Dieu dans leur vie de chaque jour et non pas dans les rêves...

3) Jésus ne repousse pas la pécheresse ; il lui pardonne. Il lui annonce que Dieu l’aime :"Tes péchés sont pardonnés."

Il lui donne une nouvelle joie de vivre :"Va..." C’est comme s’il lui disait : "Tu peux recommencer ta vie ; continue à faire aux autres ce que tu m’as fait à moi..."

Jésus sait que les hommes sont prisonniers du péché. Il est venu pour les "libérer". C’est sa mission :"Je suis venu appeler les pécheurs...". Il l’a souvent montré : au paralytique, à Zachée, à Lévi et à ses amis... Lorsque le prêtre pardonne, il nous "libère" de nos péchés ; il nous donne, au nom de Dieu, une nouvelle joie de vivre. Par tous les sacrements, le prêtre nous donne la force de l’Amour de Dieu.

* On célèbre ce qu’on a découvert dans l’Eucharistie.

Cette célébration avait déjà commencé par le partage d’Evangile... Un moment de détente, un nouveau temps de silence pour recueillir sur le cahier ce que nous avions découvert à la faveur de ce week-end ! Puis nous nous retrouvions à l’oratoire pour nous unir à l’offrande de Jésus.

Ce fut très simple ! Au moment de l’offertoire, tous les garçons, sans exception, ont lu dans leur cahier ce que le week-end leur avait apporté et les questions que ça leur avait posées pour leur vie présente :

" J’ai mieux compris que je devais davantage m’intéresser à la vie de mes copains ".
" Je comprends maintenant que je dois m’efforcer de bien connaître Jésus et de prendre modèle sur lui".

L’action de grâce est formulée à partir des rencontres qu’un tel avait pu faire ou des découvertes qu’on avait faites ensemble.

Puis, on se dit au revoir, avec la promesse de dire aux copains ce qu’on avait vécu et de se retrouver bientôt...

*
* *

III - QUE S’EST-IL PASSE APRES ? DES LENDEMAINS QUI CHANTENT...

1) D’abord, on a pris rendez-vous pour un autre week-end.

- il eut lieu le 7 mars,

- avec la collaboration d’un frère marianiste, responsable de l’animation missionnaire sur la région apostoliques de l’Est.

- Sur le thème de LA MISSION QUI EST LA ET QUI T’ATTEND.

- Avec la participation de 23 garçons, 10 sur les 12 qui avaient participé au week-end de novembre étant revenus,

2) Réunion du responsable du C.D.V., qui avait animé le week-end, et des aumôniers diaspora pour :

- rendre compte de la manière dont " ça c’était passé".

- Un compte rendu dactylographié fut remis à chaque aumônier.

- On suggéra que l’invitation pour le prochain week-end fût lancée de la même manière que pour le précédent, mais au moins 6 à 8 semaines à l’avance.

- Par ailleurs, deux questions particulières furent soulevées, l’une concernant l’articulation des garçons venus au week-end avec les autres, et l’autre, la suite à donner à ce week-end au niveau des réunions d’équipe diaspora.

- échanger les réactions qu’on avait perçues du coté des garçons.
Tous les aumôniers avaient revu les jeunes et enregistré leurs réactions positives, mêmes certaines venues des parents.

3) Réactions des .jeunes
Un compte rendu polycopié parvint à chaque garçon, et certains s’en servirent pour prolonger la discussion et la réflexion avec des copains.

Dans l’équipe de Gilles, les gars en ont rediscuté : "Nous, on a de la chance, disaient-ils, on a découvert que le prêtre est un ami, tandis que pour beaucoup de copains, ça reste un prof."
Et un peu partout, des lettres m’étaient adressées avec un seul refrain ; "C’était formidable !" - "Il faut recommencer,"

Bernard MICK

NOTES -----------------------------------

(1) Retraites d’Eveil Apostolique : R.E.A., organisées tous les ans pour des garçons du CM2 et des classes du 1er cycle, désireux d’approfondir leur vocation apostolique. [ Retour au Texte ]