Vers un élargissement de l’Union Européenne


Alois Kothgasser
archevêque de Salzbourg

Nous vivons une année décisive pour l’intégration européenne. En Allemagne, on parle « d’expansion vers l’Est ». Ce terme ne me plaît pas beaucoup. Nous ne nous étendons pas, nous formons une seule Europe unie. Ce qui nous a séparés, ce sont des idéologies, ce ne sont pas les peuples qui se sont séparés. Nous sommes invités à construire une nouvelle Europe car beaucoup de choses ont changé.

Le thème de ce congrès (1) est « l’intégration de la nouvelle pastorale des vocations dans la structure plus large de l’ensemble de la pastorale ». Intégration ne signifie pas insertion artificielle. Il y a un lien naturel entre la pastorale des vocations et les structures de la pastorale. La pastorale des vocations grandit avec l’ensemble de la pastorale.
Le point de départ en est le document In Verbo tuo, « De nouvelles vocations pour une nouvelle Europe », document final du congrès européen sur les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée en Europe, qui eut lieu à Rome en mai 1997.
Les structures sont nécessaires mais il n’y a pas de structures sans vie : elles doivent porter et soutenir la vie. D’où la naissance des structures pastorales. La pastorale anime les fonctions principales de l’Eglise : l’évangélisation, la liturgie et la diaconie. Le but est la construction d’une communauté, « le ciel », alors que la solitude c’est l’enfer. Le mot « pastorale » renvoie à l’Esprit du Bon Pasteur.
La pastorale des vocations devrait être intégrée à la pastorale tout court : elle devrait être intégrée à la formation, à la formation continue également. C’est un élément essentiel de la formation à ses différentes étapes.

Quelques problèmes

La tension entre la vocation commune de tous les croyants et les vocations spécifiques. Les vocations spirituelles ont été soulignées ces dernier temps mais ces vocations spécifiques ne peuvent surgir s’il n’y a pas la vocation fondamentale de tout chrétien. Cette tension est accentuée dans certains pays ; il faut veiller à l’équilibre.

La pastorale des vocations est marginalisée par rapport à une pastorale d’ensemble.

La situation des familles et des jeunes de nos différents pays : les jeunes sont affrontés à de nombreux problèmes, une grande dispersion au sein de laquelle ils doivent trouver leur chemin, ce qui nécessite un accompagnement important.

Il y a de nombreuses paroisses sans prêtre et beaucoup de prêtres sans communauté, des communautés qui se vident. Comment aider et revitaliser ces fonctions essentielles, pour l’Eglise ?

Quelques signes d’espérance

L’appel à l’être de ce continent européen devient crédible, l’appel à des valeurs. L’Europe ne peut pas être seulement une Europe économique, une Europe sociale. Elle doit être une Europe des valeurs, ces valeurs que l’Evangile et notre identité chrétienne ont données à notre société.

Les évêques qui y collaborent activement sont de plus en plus nombreux : en 1989, il y en avait cinq ; aujourd’hui, il y en a douze (sur trente quatre conférences épiscopales). Je souhaite que chaque conférence épiscopale ait un délégué et soutienne le Service National des Vocations.

Les statuts du Service Européen des Vocations, statuts ad experimentum, pour cette structure légère mise en place par les services nationaux.

La fête de la Visitation est une grande fête dans les pays germanophones : c’est le point de rencontre entre la mystique et la charité. Nous devons porter en nous le Seigneur et le porter aux hommes. Dieu a soif de l’homme. L’homme est le désir de Dieu. Notre pastorale voudrait servir ce désir.

Notes

1 - Il s’agit du congrès de Varsovie (juillet 2003). [ Retour au Texte ]