Pour une pastorale concertée des vocations au niveau national - au niveau régional : conséquences au niveau du C.N.V.J.


Pour mettre en oeuvre une pastorale mieux concertée des vocations, au niveau national et au niveau régional, le Conseil National des Vocations de Jeunes et la Commission des délégués régionaux du C.N.V. ont poursuivi une même recherche et, prenant conscience de la problématique actuelle, ils ont pris ensemble certaines décisions.

I - RAPPEL HISTORIQUE

1/ Les orientations conciliaires

Le Concile a plusieurs fois traité de la pastorale des vocations ; il a, d’une part, rappelé la confiance à donner aux institutions chargées du soutien des vocations.

D’autre part, il insiste sur la nécessité de se soucier de toutes les vocations, masculines ou féminines, partout où elles se trouvent, il invite à tenir compte des exigences nouvelles de formation, il affirme la nécessité d’une adaptation de la pastorale des vocations au monde des jeunes,
il demande qu’en toutes nations, régions et diocèses soient institués des centres de vocations pour "organiser de façon méthodique et cohérente toute l’action pastorale en faveur des vocations" (O.T., n° 2).

2/ Les initiatives en France

En 1947 était lancé un mouvement regroupant les "jeunes séminaristes". En 1959, répondant à l’avance aux voeux du Concile, un Centre national des vocations était organisé. Peu à peu, les oeuvres diocésaines des vocations devenaient centres ou services de pastorale des vocations.
Un approfondissement de la théologie de l’Eglise et de la vocation, une réflexion commune sur la pastorale qui en découlait, provoquèrent des efforts nouveaux et des évolutions de structure.

3/ Des efforts nouveaux

* Un mouvement de coordination et d’harmonisation entre séculiers, religieux, religieuses et missionnaires pour un même effort pastoral se manifeste au plan national et dans les diocèses.

* La rénovation des séminaires de jeunes se poursuit, notamment grâce au "Mouvement Jeunes Séminaristes" : il permit aux éducateurs de penser et de réaliser ensemble cette rénovation, et aux jeunes d’y participer eux-mêmes.

* On prit conscience qu’il fallait rejoindre et aider des jeunes qui avaient un projet de vie sacerdotale ou religieuse,- mais demeuraient "en diaspora", et peu à peu on chercha à définir et à exercer une pédagogie adaptée à ces jeunes. Séminaires de jeunes et centres diocésains des vocations accomplirent cet effort, soit conjointement, soit parallèlement. Souvent ce service se mit en place à l’initiative d’un C.D.V, a côté de l’institution séminaire de jeunes ; parfois cependant ce fut le séminaire de jeunes qui élargit sa mission en accueillant et en aidant dans leur cheminement ces "vocations-hors-séminaires", comme on disait alors. Dans le même sens, à un autre niveau, pour jeunes étudiants ou professionnels, se sont créés des groupes de recherche, puis des groupes de formation (G.F.U. et G.F.O.). De même, ici ou là, se constituèrent des groupes de recherche pour jeunes filles qui exprimaient un projet de vie religieuse.

* Enfin, la prise de conscience que la pastorale des vocations est l’affaire de tous, favorisa les relations avec le laïcat, notamment avec l’Action Catholique. Le Colloque 70 exprima et renforça cette prise de conscience.

4/ Evolution des structures

Séminaires de jeunes et services de diaspora se développèrent et évoluèrent, mais de façon souvent parallèle. D’une part, les séminaires de jeunes se manifestaient de plus en plus comme "centres d’orientation et de soutien des vocations", ils s’adaptaient pour que les jeunes puissent faire des études qui leur convenaient et partagent la vie des autres jeunes ; pour cette raison et par suite de la diminution des effectifs, bon nombre de séminaires se transformèrent en foyers. D’autre part, le service des vocations dites de diaspora se développa, revêtant d’ailleurs des formes très diverses, et cet effort atteignit peu à peu la majorité des diocèses.

II - LA PROBLEMATIQUE ACTUELLE

Il semble qu’aujourd’hui certaines évolutions de structures s’imposent, qui soient en harmonie avec l’évolution an cours.

1/ Quelques évidences postulent une évolution

Peu à peu, il devint plus évident

- que le Conseil actuel pour les vocations de jeunes pouvait difficilement, tel qu’il se présentait, animer le service de toutes les vocations de jeunes (enfants et jeunes en institutions permanentes et en diaspora ; jeunes gens ou jeunes filles en groupes de recherche ...) Malgré son nom et malgré ses voeux, il demeurait héritier de l’ancien mouvement de jeunes séminaristes. Les responsables de services de diaspora ne pouvaient s’y sentir à l’aise. Ceci a engendré des malaises, bloqué un travail pastoral ici ou là et plusieurs membres du Conseil ont récemment refusé d’y poursuivre leur collaboration.

- au plan national, au plan régional et au plan diocésain, les liens n’étaient pas assez étroits entre les responsables des centres diocésains des vocations et les responsables des institutions permanentes (séminaires - foyers). Parfois même les deux services étaient totalement parallèles.

- ces deux services cependant ne peuvent s’ignorer ni évoluer parallèlement : il s’agit du même service de jeunes qui partagent un marne projet. Il ne peut y avoir de vraie pastorale des vocations que dans la concertation et l’aide mutuelle.

- cependant ; ces jeunes qui partagent un même projet sont très différents et vivent de façons très différentes. Ceci réclame, de part et d’autre, l’invention et l’exercice d’une pédagogie propre.

2/ Les "Orientations de la Conférence épiscopale" (Lourdes, novembre 70) invitent à cette évolution. Quelques orientations sont révélatrices :

- "Une pastorale des vocations de jeunes doit être au service de tous et de toutes les vocations" ... (n° 11 )

- "Ce travail ne peut se faire sans relation avec les laïcs et le laïcat"(n°19)

- "Ceux et celles qui vivent auprès des jeunes formant un projet de vocation sont les mieux placés pour les accompagner dans leur cheminement" (n° 23).

- "C’est une exigence de la vie de l’Eglise que de rendre possible le regroupement des jeunes formant un projet de vie sacerdotale ou religieuse. Ces formes d’accompagnement, que la vie actuelle conduit, à diversifier, veulent répondre à la variété des besoins et des appels . . . Leur suppression ou leur inexistence compromettent gravement l’avenir" (n° 26).

- "Il appartient aux services des vocations :

  • de travailler avec les éducateurs et les animateurs de ces divers regroupements : une recherche commune favorisera la mise en place d’une pédagogie toujours mieux adaptée ;
  • d’être en liaison avec les aumôniers de mouvements et les responsables de
    la formation sacerdotale,
  • de susciter les rencontres spécifiques nécessaires aux jeunes gens et
    jeunes filles, et de provoquer pour cela de multiples collaborations" (n° 32).

Le vote final invite la Commission épiscopale du Clergé et des Séminaires à mener un travail en cours d’année à partir de ces orientations et à envisager "les décisions qui doivent en découler ".

3/ Des requêtes et des refus de la base

Les requêtes de la base se manifestent dans le même sens :

* Les mouvements de jeunes prennent de plus en plus conscience de leur rôle pour l’éveil et le cheminement des vocations ; il ne serait pas normal qu’ils soient absents de la recherche régionale ou nationale.

* Des jeunes filles, et de plus en plus des groupes de jeunes filles en recherche réclament une aide spécifique ; les services diocésains des vocations sollicitent des relations d’expériences, des réflexions communes ...

Parallèlement, des refus ont été exprimés :

* Certains membres du C.N.V.J. ne veulent plus continuer leur collaboration, car ils estiment que le Conseil actuel ne permet pas un travail vraiment concerté pour toutes les vocations, et que ces structures, pour être valables, doivent être révisées.

4/ Des réalités nouvelles et des besoins nouveaux appellent une réforme

L’année 1970-71 a vu la constitution, au plan national et sous l’impulsion -de Mgr LUGAGNE, de deux ateliers spécialisés : l’un pour les foyers, l’autre pour les séminaires scolarisés - et le Père Jean DUBREUCQ est en partie détaché au C.N.V. comme animateur de ce service.

D’autre part, la diaspora scolaire s’est développée et réclame un grand effort de recherche et d’animation. Aussi le travail de l’atelier " diaspora " s’est considérablement accru. Ce travail ne peut être totalement isolé du travail des ateliers pour les institutions. Si les services sont différents, ils doivent ensemble susciter et animer "ces formes d’accompagnement que la vie actuelle conduit à diversifier" et qui "veulent répondre a la variété des besoins et des appels" (Orient, épiscop.)

Des groupes de recherche pour jeunes filles se multiplient. Ceux et celles qui les accompagnent se retrouvent normalement dans les services diocésains des vocations et demandent une aide appropriée. Il faut réinventer des structures de dialogue au niveau national en harmonie avec ce qui existe au niveau local.

Enfin, toute recherche et tout dialogue pour le service des vocations de jeunes ne peut être isolé d’une pastorale globale des vocations qui s’adresse aujourd’hui aussi bien aux adultes, aux prêtres, aux religieux et religieuses qu’aux jeunes proprement dits.

En conséquence ... III - QUELQUES RESOLUTIONS

1/ Les résolutions adoptées par le Conseil National des Vocations de Jeunes

Tenant compte de cette problématique nouvelle., le bureau du C.N.V.J. a estimé nécessaire qu’une réforme profonde soit étudiée. Le Conseil National des Vocations de Jeunes, réuni à Paris les 17 & 18 janvier, a adopté les résolutions suivantes :

  1. Les membres du Conseil souhaitant que soit organisé un conseil national des vocations auprès du Centre National des Vocations, à l’intérieur duquel soit représentée une commission "jeunes ".
    Explication : Ce conseil national serait composé des délégués des conseils régionaux des vocations ou organismes assimilés, et des responsables des divers services ou ateliers nationaux au service des vocations, entre autres les ateliers " séminaires scolarisés", " foyers" et "diaspora"
    (13 oui sur 14 votants).

  2. Les ateliers nationaux et. régionaux sont les organismes les plus efficaces pour l’animation et la coordination du travail, chacun dans son secteur particulier. Les membres du Conseil demandent que, dans chaque région apostolique, ces ateliers soient mis en place, compte tenu des besoins et des situations locales.
    Explication : Il s’agit actuellement des ateliers "séminaires scolarisés", "foyers" et "diaspora". Il importe qu’au niveau des conseils régionaux des ateliers analogues existent, avec des correspondants désignés pour assurer les liens entre l’atelier national et les institutions de la région.
    (14 oui sur 14 votants).

  3. Les membres du conseil demandent qu’une " commission.jeunes" soit mise en place au sein du C.N.V. Cette commission comprendrait :
    • des représentants des ateliers nationaux au service des jeunes, existants ou à créer ;
    • des représentants des conseils régionaux des vocations, ayant des contacts avec des jeunes ;
    • des responsables de la pastorale des jeunes.

    Explication : Cette commission est envisagée pour permettre, au moins une fois par an, une rencontre entre ceux qui s’occupent spécialement du service des vocations de jeunes, avec des représentants de mouvements et d’organismes divers au service de la jeunesse.
    (13 oui sur 14 votants, et 1 abstention).

  4. Dans la mesure où ces différents organismes poursuivront effectivement le travail qui était jusqu’ici de sa compétence, le C.N.V.J. estime qu’il devra cesser d’exister.
    (l4 oui sur 14 votants).

2/ Les résolutions communes de la commission des délégués régionaux et du bureau du C.N.V.J.

AU PLAN NATIONAL

1° Les ateliers nationaux

  • Au sein du C.N.V., les ateliers sont des services techniques qui assurent une mission d’étude, d’animation et de coordination dans leurs secteurs particuliers. Il leur appartient notamment de susciter et suivre, recueillir et diffuser des expériences de base ; d’être attentifs aux besoins ; de donner une impulsion au travail régional et diocésain.

  • Actuellement, trois ateliers existent pour le service des vocations de jeunes : l’atelier "séminaires scolarisés" - l’atelier "foyers" - l’atelier "diaspora". Un atelier "vocations féminines" est en préparation. Il y a en outre au sein du C.N.V, une commission pastorale pour les vocations religieuses masculines, pour les vocations missionnaires, et pour les relations avec les mouvements d’adultes.

2° Le conseil national des vocations

Les délégués régionaux des services des vocations et le bureau du C.N.V.J. sont d’accord pour que soit mis en place, auprès du C.N.V., un "Conseil national des vocations", comprenant ;

- les délégués des conseils régionaux des vocations (ou organismes assimilés),

- les responsables des divers services, commissions ou ateliers nationaux du C.N.V.

3° Une " commission .jeunes"

On souhaite qu’au moins une fois par an, se retrouvent, en une "commission jeunes" :

- des représentants des conseils régionaux des vocations, ayant des contacts avec des jeunes,

- des représentants des ateliers nationaux au service des jeunes,

- des responsables de la pastorale des jeunes (mouvements et organismes divers).

AU PLAN REGIONAL

Pour améliorer la coordination et l’animation de la pastorale des vocations à l’échelon régional,
pour renforcer les liens entre les régions et le C.N.V.,
il semble nécessaire que peu à peu, compte tenu des structures déjà existantes, et selon des modalités qui. peuvent varier d’une région à l’autre, on s’efforce de mettre en place :

1° Un Conseil Régional des Vocations

Ce Conseil, sous la responsabilité des évêques délégués

  • serait le carrefour privilégié pour une mise en commun et un échange d’expériences diocésaines,
  • coordonnerait et animerait une pastorale qui souvent dépasse aujourd’hui le cadre d’un diocèse,
  • faciliterait le dialogue
      • avec les évêques de la région,
      • avec les religieux, dont les structures dépassent les diocèses,
      • avec les séminaires inter diocésains, les G.F.U., G.F.O.,...
  • permettrait d’apporter une aide particulière aux diocèses les plus pauvres,
  • favoriserait la répartition des tâches pour des services communs, selon les charismes et les possibilités de chacun-

2° Des ateliers régionaux

  • " Il serait naturel que des ateliers soient mis en place progressivement, au plan régional comme au plan national, notamment pour les institutions permanentes et la diaspora.

  • " Ces ateliers seraient représentés au sein du conseil régional des vocations, et seraient en liaison étroite avec les ateliers nationaux.

  • Au niveau, de la région, des jeunes pourraient y participer.

  • Le point le plus important est celui des critères de choix des membres.
    • Pour les jeunes :
      • avoir une expérience réelle au niveau local,
      • être en contact avec les membres adultes de l’atelier
      • être en terminales ou en 1ère année de formation.
    • Pour les prêtres :
      • être responsable sur le terrain et reconnu comme animateur,
      • bénéficier d’une insertion valable dans une pastorale des jeunes,
      • avoir une capacité pour un certain travail de rédaction,
      • avoir une capacité d’animation.

Quelques accents ...

Les, délégués régionaux et les membres du bureau du C.N.V.J., en précisant ces résolutions communes, ont souligné les impératifs et les précautions suivants :

* Tenir compte, pour la mise en place du conseil régional des vocations et des ateliers régionaux, de ce .qui, existe déjà (certaines régions ont déjà organisé ce conseil), de la façon dont est pensée et vécue la pastorale au niveau régional. En particulier, en certaines régions, la recherche et l’animation se situent plutôt au plan de la sous-région. Il faut en tenir compte, mais une coordination demeure toujours nécessaire au plan de la région.

* Désigner sans tarder des correspondants régionaux, pour les séminaires de jeunes, les foyers, la diaspora ... qui assureraient la liaison avec les ateliers nationaux existants.

* Renforcer, notamment grâce aux conseils régionaux des vocations, les liens avec le G.N.G.S. et les, grands séminaires, pour éviter que l’étape de la recherche soit coupée de l’étape de la formation : sur ce point aussi, on souffre parfois de part et d’autre, d’un regrettable parallélisme.

* Provoquer, au plan régional et au plan national, des ateliers pour les groupes de recherche pour jeunes filles, un effort pastoral pour les jeunes au delà des terminales.

* Se poser le problème de la participation des laïcs :

  • le national poursuit son effort de liaison avec les responsables des mouvements ,
  • au plan diocésain, une coopération doit aussi se développer,
  • peut-être des laïcs peuvent-ils, de façon permanente ou occasionnelle, participer à la recherche et à l’action.

Le Père DELALANDE, délégué du C.P.R., signale que, pour faciliter la coopération entre les responsables diocésains et les religieux, notamment en ce qui concerne l’accompagnement (recherche - formation), le Comité Permanent des Religieux, en accord avec Mgr SAUVAGE, a demandé au Père VANDEHMEERSCH d’assurer la liaison avec G.F.U., G.F.O., diaspora scolaire et certaines activités du C.N.V.