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Orientations de la Conférence épiscopale française sur la Pastorale des Vocations
le sens et la place de ce document
A la suite des décisions conciliaires et compte tenu des mutations actuelles, une mise à jour de la pastorale des vocations a été engagée et se poursuit.
La Conférence épiscopale française s’est préoccupée d’abord de la formation sacerdotale. Les différentes Assemblées plénières de l’Episcopat de 1966, 1967, 1968 ont pris des décisions à ce sujet. En 1969, l’Assemblée a été saisie et a examiné un texte d’orientation générale sur la formation au ministère ; elle a accepté le principe d’un Colloque national sur Les jeunes, la vocation, l’Eglise. La préparation et la réalisation de ce Colloque ont posé de façon plus vive le problème d’une pastorale des vocations.
Par ailleurs, le 6 janvier 1970, la Congrégation pour l’Education catholique a publié une Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis. Ce document est conçu de manière à fournir aux Conférences épiscopales, à qui il revient de rédiger la Ratio institutions sacerdotalis propre à chaque nation, les bases solides qui leur permettront d’accomplir ou de perfectionner plus facilement leur ouvrage. (R.F.I.S., note préliminaire n° 1).
La Conférence épiscopale française est donc invitée à donner, en référence à cette loi-cadre, ses propres orientations concernant la pastorale des vocations et la formation sacerdotale.
le projet actuel
La Commission épiscopale du clergé et des séminaires a donc été amenée à proposer le projet suivant à la Conférence épiscopale.
Il ne s’agit pas de présenter dès maintenant un texte de caractère définitif, mais, en tenant compte aussi bien du contexte actuel que de la demande de la Congrégation pour l’Education catholique, de fournir un document exprimant des premières orientations, qui servirait de point de départ et de stimulant pour une recherche à poursuivre à de multiples niveaux tout au long de l’année 1970-71. L’assemblée plénière de 1971 reprendrait les résultats de ces recherches et serait saisie d’un travail enrichi de l’expérience et de la réflexion des multiples instances concernées par la pastorale des vocations. Dès cette année, les éléments de ces premières orientations seraient envoyés à la Congrégation romaine pour susciter également réactions et observations.
Les délais impartis pour la rédaction de ce texte étaient si limités qu’il ne pouvait être question de consultations élargies. C’est pourquoi la poursuite et l’élargissement de la recherche sont nécessaires pour être enrichie de la réflexion et des expériences de tous.
Des documents annexes pourront être adjoints à ce texte : une première annexe rassemblera et présentera l’ensemble des textes déjà votés par la Conférence épiscopale en 1966, 1967, 1968 et 1969. D’autres annexes sont envisagées, qui seront élaborées en cours d’année selon les souhaits des évêques, les résultats des travaux menés à divers niveaux, les demandes de la Congrégation. Dès maintenant, on envisage des documents sur la Ratio studiorum, la pédagogie des séminaires de jeunes, foyers, diaspora, vocations d’aînés, etc.
la conjoncture
En relation avec les travaux engagés autour de ce texte d’orientation, il est surtout nécessaire de poursuivre, en l’élargissant, la recherche sur la pastorale des vocations.
Le décret Optatam totius indique que le devoir de cultiver les vocations revient à la communauté chrétienne tout entière (n° 2). Il importe non seulement de rappeler ce devoir, mais de l’appliquer, c’est-à-dire de saisir la communauté tout entière de ce souci des vocations. La recherche à poursuivre à toutes les instances en est une première forme.
Le Colloque 70 a constitué une expérience très éclairante de mise en oeuvre des orientations conciliaires. Mais la démarche alors avait un caractère essentiellement inductif ; elle appelle donc un prolongement et un complément.
Une demande analogue est issue des prêtres, religieux, religieuses et missionnaires engagés dans les services des vocations. Le travail entamé depuis plusieurs années par ces services doit être soutenu et orienté par la poursuite de cette recherche.
Cette recherche doit également stimuler et étendre les efforts déjà entrepris par certains mouvements d’Action catholique pour l’éveil et le soutien des vocations dans leur propre milieu.
Il apparaît de plus en plus qu’on ne peut aborder le problème des vocations avec les prêtres seuls, mais dans un contexte plus général où prêtres, religieux, religieuses et laïcs se trouvent concernés.
Les travaux de la Conférence épiscopale sur Cheminements de la foi et croissance de l’Eglise dans les réalités humaines créent un contexte très favorable pour que cette recherche ne soit pas marginale. Ils font apparaître qu’il ne peut y avoir de mission de l’Eglise sans la réalité de toutes les vocations dans leur diversité.
Les orientations missionnaires données par l’épiscopat depuis plusieurs années et renouvelées en 1970 constituent un climat favorable pour une étude de ce genre, surtout auprès des jeunes.
Enfin, les résultats du Colloque 70, l’effort entrepris par les mouvements apostoliques, l’aggiornamento des institutions au service des vocations, le renouveau de la vie religieuse sont autant de points d’appui intéressants pour la poursuite de cette recherche.
décisions de la conférence épiscopale
La Conférence épiscopale a décidé de prendre ce document comme base de réflexion et de travail à poursuivre au cours de l’année.
Elle a chargé la Commission épiscopale du clergé et des séminaires d’animer et coordonner ce travail et de présenter un texte définitif ainsi que les décisions qui en découlent à l’Assemblée plénière de 1971.
Elle souhaite qu’il soit fait plus explicitement mention des vocations contemplatives masculines et féminines, du diaconat permanent, que soit soulignée davantage la place de l’Eucharistie et son lien avec la mission (1) ainsi que le devenir de la vocation tout au long de la vie, que soit développée la théologie de la vocation.
Ce texte est donc soumis à toutes les diverses instances concernées. Etudes et amendements sont à signaler au Centre national des vocations. Ce texte, qui deviendra alors la charte française de la pastorale des vocations, prendra un caractère plus vital et existentiel. Il servira surtout à orienter et stimuler une action nécessaire au service de tous les appels de Dieu que chacun doit mieux entendre et faire entendre pour le salut des hommes en Jésus-Christ au cœur même des réalités quotidiennes.
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orientations de la conférence épiscopale sur la pastorale des vocations
Le problème des vocations est aujourd’hui posé avec acuité à la réflexion de tous et spécialement de l’épiscopat. Ce rapport voudrait, après une réflexion sur les faits, les situations et les mentalités actuelles, présenter les objectifs majeurs d’une pastorale des vocations et analyser les moyens qui devraient nous permettre de les atteindre.
mentalités et situations actuelles
La détermination des objectifs d’une pastorale des vocations sacerdotales et religieuses, la définition des grandes orientations pour la formation au sacerdoce et à la vie religieuse, doivent tenir compte d’une réflexion préliminaire sur la situation actuelle et ses implications. La diversité et la complexité de la vie présente, la rapidité de l’évolution actuelle des situations et des mentalités rendent cette tâche difficile et délicate ; elles ne nous dispensent pas de tenter cette étude, même s’il faut en souligner au départ le caractère partiel, relatif et toujours à réviser.
faits, situations, mentalités
1. Certains prêtres, religieux, religieuses hésitent ou se refusent à orienter des jeunes vers le sacerdoce ou la vie religieuse. Certains jeunes eux-mêmes hésitent ; ils doutent aussi bien de la raison d’être que de la viabilité de l’engagement qui leur est proposé ; le monde clérical ou religieux leur paraît sclérosé, inadapté ; ils ne veulent pas être victimes du système.
Par contre, d’autres prêtres, soucieux de l’évangélisation, en particulier au sein des mouvements d’Action catholique, acceptent d’aider des jeunes à discerner l’appel de Dieu et les guident dans leur recherche et leur formation. Des jeunes gens et des jeunes filles acceptent, malgré les risques et les incertitudes du présent, de s’engager dans la voie du service du Seigneur en toute lucidité et générosité : il existe aujourd’hui des vocations mûries et parfaitement lucides. On note, chez des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse ou missionnaire, une foi soucieuse d’engagement, une volonté de servir les plus pauvres et les plus éloignés de l’Eglise, un désir de vérité dans les relations avec Dieu et avec les autres, une recherche de sincérité personnelle et d’authentique liberté.
On connaît aussi l’intérêt des jeunes pour les hommes du Tiers-Monde et les communautés chrétiennes de ces pays. Le souci du développement intégral des peuples suscite des engagements de tous ordres, ainsi qu’une prise de conscience de l’interdépendance des peuples et des églises.
2. Les discussions et contestations au sujet du statut du prêtre (et du futur prêtre), certaines remises en cause plus fondamentales touchant le ministère lui-même, le rôle et l’essence du sacerdoce presbytéral ; les incertitudes concernant la vie religieuse, sa spécificité, son statut, sa mission dans l’Eglise et dans le monde ; les confusions et recherches actuelles sur les rapports de la mission et du développement, le dialogue avec les religions non chrétiennes : tout cela provoque troubles, suspicions, hésitations chez les jeunes désireux de consacrer leur vie au Seigneur et chez les adultes (parents et maîtres) chargés de les aider à s’orienter et à se former. Plus largement, de nombreux laïcs sont déconcertés et défiants en face du développement actuel des problèmes concernant le sacerdoce ministériel et la consécration religieuse.
Les consultations effectuées au cours de l’année 1969 ont révélé cependant que, chez les jeunes, ces remises en question étaient l’occasion d’une réflexion et d’un approfondissement pour mieux discerner l’essentiel du sacerdoce et de la vie religieuse pour leur permettre de s’engager en meilleure connaissance de cause et en toute liberté. On estime qu’à partir de là les vrais problèmes pourront être posés, que l’invention reste possible et que c’est un signe de la vitalité de l’Eglise.
3. Des ambiguïtés demeurent sur la conception de la vocation et des vocations dans l’Eglise, et provoquent des divergences d’attitude personnelle, pédagogique ou pastorale :
- Pour quelques-uns, la vocation particulière est encore perçue comme l’appel d’un Dieu qui prédestine, ce qui conduit soit à demeurer dans une expectative prudente ou totale face aux appels de Dieu, soit à réduire la pastorale des vocations au seul niveau du discernement, voire même du recrutement. - Ceux-là, s’ils négligent par trop le rôle des médiations humaines, restent sensibles à la dimension appel de Dieu.
- Une autre tendance est plus marquée actuellement : par l’insistance accordée à la dimension anthropologique de la vocation, on peut être conduit à la séculariser, à la réduire à l’invention de soi-même, au simple aspect de l’épanouissement personnel, à la seule réponse à des besoins du monde. - Ceux-là mettent l’accent sur la réponse libre de l’homme à des besoins qui ne sont pas toujours suffisamment perçus et reconnus comme appels de Dieu.
- II existe d’autre part des difficultés à situer exactement les vocations particulières par rapport à la vocation baptismale, et les unes par rapport aux autres : plutôt que de les envisager comme complémentaires, on se contente de n’en percevoir que les différences et on n’est attentif qu’au service d’un seul type de vocation au détriment de tous les autres ; ou bien à l’inverse, on irait jusqu’à nier le caractère spécifique des vocations particulières et, par voie de conséquence, la nécessité d’une pédagogie et d’une pastorale spécifiques. Cette difficulté est d’ailleurs le signe qu’aujourd’hui, chez les jeunes en particulier, c’est la logique de leur foi et de leur vocation baptismale qui leur fait poser le problème du sacerdoce ou de la vie religieuse et qu’ils sont soucieux d’éviter toute coupure ou séparation entre les deux. Mais par ailleurs, les jeunes gens et jeunes filles en recherche ou en formation manifestent le besoin et expriment la demande d’être accompagnés, aidés et soutenus dans la vie qu’ils ont choisie, et ne rencontrent pas toujours auprès des adultes et des communautés cet appui qu’ils sollicitent.
- Beaucoup éprouvent des difficultés à estimer à sa juste valeur un projet de vie, soit qu’on ne lui attribue qu’une valeur subjective et psychologique, soit qu’on présume de l’avenir d’un jeune en identifiant ce projet à la vocation. Ces tendances se retrouvent tout spécialement lorsqu’il s’agit de projets de vie sacerdotale ou religieuse formulés par des enfants ou des adolescents.
- Certains enfin remettent en cause la nécessité d’une vocation personnelle au ministère et proposent que les communautés désignent pour le service du presbytérat des chrétiens qui ne le demandent pas. A la limite, le prêtre pourrait devenir une créature de la communauté sans aucune référence à une grâce particulière.
Ces difficultés rencontrées aujourd’hui pour clarifier le sens de la vocation dans l’Eglise ne sont souvent que l’exagération, voire la caricature de perceptions exactes et d’accentuations nouvelles : en particulier l’insistance justement mise sur le choix libre et personnel des candidats, sur le rôle de la communauté dans l’appel, sur l’importance de la vocation de baptisé comme assise de la vocation religieuse ou sacerdotale.
4. On peut noter aussi un certain nombre de questions touchant les institutions de formation au sacerdoce et à la vie religieuse. Certains jeunes désireux de s’engager souhaitent se préparer en dehors de toute institution, voire même sans relation avec quelqu’un qui aurait reçu la charge de les suivre. Les motifs invoqués sont très divers : les uns, au nom de la liberté personnelle, redoutent le poids de l’institution ; d’autres préconisent une préparation en pleine masse, dans la vie ; d’autres encore accusent les institutions d’inadaptation, de sclérose... En effet, malgré leur très grande évolution, ces institutions sont souvent objet de critiques et de rejets. Les assises nationales du Colloque 70 ont montré la méconnaissance quasi générale de l’évolution des séminaires et des divers types de cheminement. A l’inverse, d’autres n’acceptent pas cette évolution : ils sont inquiets d’une trop grande ouverture et y voient une mise en cause de la conception traditionnelle du ministère et de la vie religieuse.
Exprimés par les jeunes, ces critiques ou refus, parfois formulés brutalement, manifestent souvent le souhait d’être préparés au sacerdoce ou à la vie religieuse par des voies et moyens adaptés à notre temps, en particulier le désir d’être formés pour la mission telle qu’elle doit être vécue aujourd’hui dans un monde sécularisé. Elles peuvent être le signe d’une exigence d’authenticité, de fidélité au réel et de volonté de travailler au renouveau de l’Eglise.
5.Enfin les situations et mentalités des jeunes d’aujourd’hui interrogent les responsables de la pastorale et de la formation sacerdotale ou religieuse. Un des traits les plus frappants paraît être la difficulté éprouvée en face d’un engagement définitif. Vivant dans un monde en mutation et soucieux d’évoluer avec lui, certains craignent d’être liés, aliénés, bloqués s’ils s’engagent pour la vie. Ils ne refusent pas de s’engager pour des périodes limitées, mais ils s’interrogent sur la possibilité et la valeur d’une option définitive, à la fois parce qu’ils ont un vif sentiment de leur propre faiblesse et par souci de sincérité et de fidélité à eux-mêmes. Ils acceptent d’être disponibles pour un service d’Eglise, mais ils hésitent à entrer dans des structures ou des cadres qui, en raison des circonstances, leur paraissent dépassées et inefficaces.
L’absence de vitalité humaine ou religieuse d’une région ou d’un diocèse peut difficilement susciter ou soutenir le projet d’un jeune. Ceci n’est que le reflet d’un phénomène général né d’une culture en mutation qui met l’accent sur l’inventivité, la créativité, l’efficacité et modifie le sens que les jeunes donnent à la fidélité. Seules des perspectives assez larges et dynamiques sont capables de répondre à leur besoin créateur.
Le fait qu’un certain nombre s’engagent vers le sacerdoce, la vie religieuse ou missionnaire représente actuellement un pari sur l’avenir et un signe d’espérance. C’est d’ailleurs ce qui explique la fragilité et la faiblesse de cet engagement ; il s’accompagne souvent d’un refus de la tradition et d’une méconnaissance du présent. Mais de là provient aussi sa radicalité. Ce qui est en jeu, pour un candidat au sacerdoce ou à la vie religieuse, ce n’est pas seulement tel projet visant à accomplir un service dans l’Eglise, mais la foi, et la foi aussi bien dans son expression qu’au point de vue de sa capacité de combler et de justifier une existence consacrée à l’Evangile. Ils ont aussi le sentiment très vif qu’ils ont à critiquer au nom de leur foi les situations présentes et à inventer ensemble les voies nouvelles de la consécration au Seigneur et de la mission.
mises en question et appels
L’examen des situations et la description des mentalités que ces situations manifestent nous invitent à mieux percevoir maintenant ce qui se cherche dans le peuple de Dieu. Les contestations comme les souhaits exprimés ou implicites doivent permettre d’ouvrir des voies pour un renouvellement de la pastorale des vocations comme de la formation sacerdotale dans la fidélité au mystère de la vocation et des ministères dans l’Eglise.
- Ce qui est mis en question, ce sont :
- un monde clérical avec sa vie propre, sa mentalité, son langage, ses lois ;
- un modèle idéal et quasi unique du prêtre, ce qui justifiait une certaine uniformité de la formation, dans le temps et l’espace ;
- un style d’existence où les exercices spirituels et la régularité d’inspiration quasi monastique prennent le pas sur l’expression plus personnelle de la vie spirituelle ;
- des structures juridiques d’insertion pastorale et des types de ministères très déterminés ;
- un certain style de rapports entre prêtres et laïcs caractérisés par des modes d’action autoritaires ou individualistes, relevant d’un univers culturel qui nous est de plus en plus étranger ;
- une conception de la vocation au sacerdoce ou à la vie religieuse conçue comme un en soi coupé de ses racines baptismales ou comme une prédétermination autoritaire aliénant la liberté humaine ;
- une conception de. la vie religieuse trop figée dans des formes ou des moules où les habitudes et contraintes sociales auraient plus de part que les conditions fondamentales de la consécration et de la mission.
- un monde clérical avec sa vie propre, sa mentalité, son langage, ses lois ;
- Des requêtes positives apparaissent et se manifestent déjà chez ceux qui, aujourd’hui, s’engagent en vue du sacerdoce ministériel ou de la vie religieuse :
- principalement une très grande volonté de vivre avec Jésus-Christ et de servir les hommes. Non sans ambiguïté parfois, ces deux propositions éminemment traditionnelles expriment actuellement, dans leur unité profondément sentie et vécue, une volonté de retour à l’essentiel. Cette volonté se traduit à la fois par des exigences spirituelles certaines et par une grande sensibilité aux besoins mieux discernés d’une humanité plus proche ;
- certes, il y a le sentiment très vif que bien des réalités humaines demeurent étrangères à l’Eglise. Mais en même temps, la conviction qu’une meilleure connaissance de ces réalités est la condition, pour le prêtre comme pour le religieux, de sa rencontre avec Jésus-Christ et de l’accomplissement de la mission ;
- la prise de conscience qu’une option libre pour le sacerdoce ou la vie religieuse exige une réelle maturité humaine, et donc des conditions de cheminement qui permettent de l’acquérir : présence à la vie des autres jeunes, engagement dans un milieu, partage de vraies responsabilités... ;
- la recherche d’une expression authentique de la foi, individuelle et collective, accompagnée de la perception des conditions de cette recherche : travail, patience, risques à prendre, etc.
- la redécouverte, à la suite de Vatican II, de ce qui est commun à tous les membres du peuple de Dieu. Il est plus difficile, par contre, de faire apparaître ce qu’a de spécifique le sacerdoce ou la vie religieuse. Mais une meilleure compréhension de la primauté et des dimensions de la vocation baptismale n’amènera-t-elle pas à mieux percevoir les caractères spécifiques du sacerdoce et de la vie religieuse ?
- une situation nouvelle du prêtre et du religieux dans le monde. Elle a perdu, dans une large mesure, ses assises sociales et sa sécurité d’autrefois ; mais elle a gagné une conformité plus grande à l’Evangile ;
- la découverte des conditions de sérieux qu’exigé une présence authentique et féconde au milieu des autres adultes ; ses limites aussi ;
- le comportement du prêtre ou du futur prêtre, même s’il est très critique, s’accompagne de plus en plus d’une grande liberté. Par suite, assez souvent renaît la confiance en une Eglise capable de se critiquer elle-même et d’opérer en elle-même sa vérité ;
-
finalement, le prêtre ou le religieux engagé dans le monde fait une expérience contradictoire. D’une part, il se sent étranger à ce monde où sa parole paraît inévitablement inadaptée et son insertion difficile. D’autre part, il perçoit ce qui est vécu par la société comme étant au premier chef un drame spirituel ; il sent que c’est le sens ultime de l’existence individuelle et des projets collectifs qui est en jeu. Du coup, sa responsabilité vis-à-vis de ce monde lui apparaît plus que jamais dans la logique de sa vocation. Ainsi, mieux lié à toute l’expérience de l’Eglise (en particulier à celle des laïcs), le sacerdoce et la vie religieuse ne sont-ils pas appelés, au travers même de tâtonnements et dans l’indétermination de leurs formes concrètes, à retrouver leur signification dans l’ensemble de l’entreprise humaine et dans le projet de Dieu.
- principalement une très grande volonté de vivre avec Jésus-Christ et de servir les hommes. Non sans ambiguïté parfois, ces deux propositions éminemment traditionnelles expriment actuellement, dans leur unité profondément sentie et vécue, une volonté de retour à l’essentiel. Cette volonté se traduit à la fois par des exigences spirituelles certaines et par une grande sensibilité aux besoins mieux discernés d’une humanité plus proche ;
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pastorale des vocations
Attentifs aux signes et aux appels de l’Esprit manifestés dans les situations et mentalités actuelles, les évêques de France invitent tout le peuple de Dieu à renouveler son estime pour sa vocation et à se mettre au service des vocations propres à chacun.
fondements
1. Du sein de l’humanité, tout un peuple est appelé à être signe de Jésus-Christ et instrument de son salut.
2. Il n’existe pour l’homme qu’une vocation fondamentale : accéder à la foi et vivre selon le Christ. Elle est une initiation progressive au mystère de Dieu et l’invitation à une alliance. Elle est signifiée par la consécration du baptême qui introduit à la vie en Eglise.
3. Dans la ligne de leur consécration baptismale, certains sont appelés à donner entièrement leur vie au service de Dieu et de leurs frères en professant les conseils évangéliques. Par ce choix, ils répondent à une vocation divine particulière et rappellent à tous l’appel universel à la sainteté (P.C., 5 - L.G., 44).
4. Aujourd’hui comme hier, certains sont appelés par le Christ à vivre avec lui et à poursuivre sa mission en édifiant son Corps dans le monde (P.O., 2). Le sacerdoce des ministres est don de Dieu. Ceux qui le reçoivent rappellent à tous que la vie et la croissance de l’Eglise, peuple sacerdotal et prophétique, dépend de l’Initiative sans cesse agissante du Christ-Tête.
5. D’autres enfin, laïcs, religieux ou prêtres, sont appelés à consacrer leur vie à la mission en s’insérant dans des pays ou des cultures souvent différents des leurs. Par leur vie, ils rappellent à tous les chrétiens qu’ils sont rassemblés pour ceux qui sont au loin (Act., 2/39). Par leur activité ils suscitent, entre les églises particulières, un échange de communion et de catholicité.
6. L’Eglise est le signe et l’instrument des appels pour le Royaume, et le lieu de la réponse. Elle ne peut croître que par une action complémentaire des prêtres, religieux et laïcs. La naissance et l’épanouissement de ces vocations sont le signe de sa vitalité (L.G., I).
- Les conditions d’une réponse.
7. Il n’y a pas de vocation au sens évangélique du mot sans prise de conscience progressive d’un amour premier du Seigneur. L’appel à la vie religieuse, missionnaire ou sacerdotale s’enracine dans la foi personnelle à Jésus-Christ. Les hommes entendront cet appel et y répondront dans la mesure où on les aidera à progresser dans cette foi, à s’engager au service de leurs frères et à être attentifs aux signes de Dieu dans leur vie.
8. L’aide sérieuse d’un ensemble de communautés est indispensable pour que se précise un projet de vie. La famille, la communauté paroissiale, la communauté scolaire, le mouvement éducatif ou apostolique, le séminaire ont à jouer des rôles complémentaires.
9. Le caractère missionnaire de toute vocation est un élément fondamental pour son développement. L’apprentissage des engagements apostoliques revêt une importance capitale pour l’éveil, le discernement et le mûrissement des vocations jusqu’à l’engagement définitif.
- L’œuvre du peuple de Dieu.
10. La pastorale des vocations est donc l’oeuvre de tout le peuple de Dieu. Le devoir de cultiver les vocations revient à la communauté chrétienne tout entière. Elle s’en acquitte principalement par sa vie elle-même, s ! elle est pleinement chrétienne (O.T., 2).
La communauté chrétienne et chaque membre du peuple de Dieu ont à découvrir et expérimenter qu’ils sont les instruments normaux des appels de Dieu par le témoignage de leur vie et au coeur de leur tâche apostolique habituelle.
L’action pastorale au service de toutes les vocations repose sur la foi des chrétiens dans leur Seigneur qui ne cesse d’appeler. Elle s’appuie sur la prière de l’Eglise. C’est une exigence spirituelle sans laquelle toute entreprise pastorale serait vaine.
Dans la mesure où le peuple de Dieu vivra d’une présence missionnaire au sein des ensembles humains, pourront s’y révéler les vocations qui serviront la naissance de la foi et la croissance de l’Eglise.
- Au service de toutes les vocations.
11. La pastorale des vocations ainsi orientée transcende tous les particularismes. Elle se veut au service de tous et pour toutes les vocations. La vocation est une affaire personnelle et communautaire, elle n’est jamais une affaire privée.
12. La responsabilité des églises locales dans la participation à la mission d’évangélisation du monde entraîne une prise en charge privilégiée des vocations missionnaires. Ce sont les appels des plus éloignés et des plus pauvres qui sollicitent le plus l’attention et la réponse des chrétiens.
mise en œuvre
- Pastorale générale et pastorale des vocations.
13. En raison même de ce qui vient d’être rappelé ci-dessus, la pastorale des vocations apparaît en premier lieu comme une dimension essentielle de toute pastorale soucieuse d’évangélisation.
Toute action qui rend les hommes attentifs aux appels de Dieu dans leur propre vie et dans la vie du monde, qui les amène à adhérer personnellement à Jésus-Christ et à s’engager pour la croissance de l’Eglise au sein des réalités humaines, est déjà action pastorale au service des vocations.
14. Les appels sont toutefois divers et spécifiques, les projets doivent être clarifiés, les besoins sont à découvrir, ceux qui cherchent demandent une aide appropriée. Au sein d’une pastorale générale, une action spécifique et diversifiée est donc nécessaire pour un service efficace des vocations.
15. Animée par la volonté de rejoindre les personnes là où elles vivent et en ce qu’elles vivent, cette action incombe à la communauté chrétienne tout entière. Elle engage dans son orientation et sa mise en oeuvre la coresponsabilité des laïcs, des religieux, des religieuses et des prêtres. C’est dans l’exercice de cette coresponsabilité que les baptisés découvrent mieux la nécessité et la complémentarité des diverses vocations.
16. Il appartient aux services des vocations d’aider laïcs et communautés chrétiennes, prêtres et religieux à mieux découvrir la diversité des dons et des appels dans l’Eglise, la complémentarité des fonctions et des charismes, de faire particulièrement ressortir les caractères propres des ministères et de la vie religieuse, d’informer au mieux sur les évolutions et les conditions actuelles de la préparation au ministère (diaconat ou presbytérat) et à la vie religieuse ou missionnaire.
- Action spécifique au niveau des laïcs et des communautés chrétiennes.
17. Pour être l’oeuvre du peuple de Dieu tout entier, le souci des vocations doit d’abord être partagé par tous les laïcs chrétiens, spécialement par les membres des mouvements apostoliques.
Depuis quelques années, divers mouvements ont pris conscience de ce rôle. Ils s’efforcent de l’assumer dans toute leur action. Cet effort est signifiant pour tous. Il demande à être élargi à toutes les régions et aux autres mouvements dans le souci de l’unique Eglise de Jésus-Christ.
18. Les laïcs ont eux aussi à participer à la réflexion sur la formation et le ministère des prêtres.
Certains adultes sont amenés à s’interroger pour de nouveaux engagements et une consécration dans le diaconat, la vie sacerdotale ou religieuse pour la croissance de l’Eglise dans le monde qu’ils connaissent. Ceci invite les responsables de l’Eglise à étudier avec eux à un titre tout particulier les problèmes de discernement des vocations d’adultes, de leur formation et de l’exercice de leur futur ministère.
19. Les services des vocations ne peuvent donc réaliser leur tâche sans un travail réel avec les laïcs et le laïcat. Ceci exige de leur part la connaissance et le respect des objectifs propres et de la pédagogie spécifique des divers mouvements ou communautés. Cette connaissance et ce respect doivent permettre l’exercice d’une action coordonnée en faveur de tous les appels du Seigneur en tous les milieux.
- Action spécifique au niveau des prêtres, religieux, religieuses et missionnaires.
20. Parce qu’ils sont particulièrement consacrés à la croissance et à la sainteté de l’Eglise, parce qu’ils vivent leur vocation et qu’en la vivant ils peuvent mieux prendre conscience des besoins et des appels, les prêtres, religieux, religieuses et missionnaires sont les premiers appelés à contribuer à l’éveil et au soutien des vocations particulières.
21. Tout prouve qu’une action en faveur des vocations est liée au témoignage des personnes et des groupes. Dans la mesure où ceux qui se sont consacrés à Dieu s’efforcent de devenir ensemble ce qu’ils doivent être, ils appellent ceux qui les entourent à vivre de leur vie et à partager leur fraternité.
22. A un titre tout spécial, en collaboration avec les laïcs, les prêtres,
oes religieux et les missionnaires sont des éducateurs de la foi. C’est au cœur de cette mission qu’ils ont à faire entendre les appels particuliers.
23. Des jeunes forment un projet de vie sacerdotale, religieuse ou missionnaire. Ceux et celles qui vivent auprès d’eux sont les mieux placés pour les accompagner dans leur cheminement, les aider à s’engager dans leur vie, à revoir dans la foi ce qu’ils vivent, à discerner les appels du Seigneur pour aujourd’hui et pour demain.
24. Les services des vocations ont à fournir les éléments de réflexion et d’animation pour les activités pastorales directement orientées vers le service des vocations.
Ils permettent aux prêtres, religieux et missionnaires d’accomplir leur tâche propre en travaillant avec les conseils presbytéraux, les commissions de religieux et de religieuses, les représentants des Unions de religieuses et des instituts missionnaires.
Un travail très étroit est indispensable avec ceux qui se consacrent à l’éducation de la foi tant chez les jeunes que chez les adultes. Il amènera à tenir compte des valeurs vécues, du langage qui les exprime et du milieu où elles sont enracinées.
Les services des vocations doivent enfin apporter aux prêtres, religieux et religieuses qui sont en relation avec des jeunes et des adultes ayant un projet de vocation une aide particulièrement nécessaire.
- Action spécifique au niveau des enfants, des jeunes gens et jeunes filles.
C’est le plus souvent à l’âge de l’enfance adulte, de la seconde adolescence ou de l’entrée dans l’âge adulte que prennent corps des projets préparés parfois de longue date. On comprendra que ces périodes de la vie retiennent plus particulièrement l’attention d’une pastorale des vocations.
25. Les projets manifestés par des enfants et des jeunes, s’ils sont cohérents avec la vie de ceux qui les formulent, deviennent source de dynamisme et d’unification. Ils stimulent les ressources de la personnalité et lui permettent de réussir une étape de la croissance. Si l’on juge un projet d’avenir comme prématuré, on accule l’enfant au présent et, en fait, on le rejette vers le passé. Etre attentif à toute sa vie, ce n’est pas seulement le rejoindre dans ses préoccupations du moment, mais aussi dans son projet concernant l’avenir. Cette attitude, basée sur les lois du développement psychologique, découle d’abord d’un acte de foi dans l’oeuvre de la grâce. Elle rejoint la pédagogie divine.
26. C’est une exigence de la vie de l’Eglise que de rendre possible le regroupement des jeunes formant un projet de vie sacerdotale ou religieuse : rencontres occasionnelles (récollections, retraites, camps...), rencontres régulières en groupes de recherche, rencontres en communautés permanentes. Ces formes d’accompagnement que la vie actuelle conduit à diversifier veulent répondre à la variété des besoins et des appels. Dans les conditions actuelles, de tels projets de vie, surtout au temps de la première adolescence, ne peuvent s’épanouir en décision d’engagement sans le soutien de ces regroupements. Les jeunes les attendent ou les réclament. Leur suppression ou leur inexistence compromettrait gravement l’avenir.
27. La pédagogie de ces rencontres visera à provoquer une lecture chrétienne de la vie à la lumière du projet que l’on a, une approche progressive de la vocation et des divers états de vie, une animation spirituelle plus intense.
Ces rencontres ne remplacent pas un engagement apostolique, elles le postulent au contraire. Elles peuvent cependant jouer légitimement un rôle de suppléance en raison des circonstances, pendant une période donnée, mais doivent peu à peu amener un jeune à se situer et à s’engager là où il vit.
28. Plusieurs mouvements de jeunes travaillent à l’éveil des vocations dans les milieux de vie. Ils aident dans leur cheminement les jeunes qui forment un projet de vie sacerdotale ou religieuse, et organisent pour eux des rencontres particulières. Leur expérience souligne l’importance de l’engagement apostolique pour tous les jeunes en recherche et la nécessité, pour une pastorale des vocations, de rejoindre ces jeunes là où ils vivent. Les évêques souhaitent que tous les mouvements aillent encore plus avant dans cet effort.
29. Répondant aux besoins d’un bon nombre de jeunes ou d’aînés qui manifestent un projet de vie sacerdotale ou religieuse, diverses institutions permanentes (séminaires de jeunes, foyers, séminaires-collèges, séminaires d’aînés) sont pour eux un moyen privilégié leur permettant de donner corps à leur projet, d’en préciser et d’en vérifier la véritable signification. Le caractère permanent de ces communautés, leur projet éducatif doivent faciliter une meilleure découverte des appels du Christ, de l’Eglise et du monde, un engagement de ces jeunes dans les milieux qui sont les leurs, et l’accès à un état de vie choisi dans la foi avec une véritable liberté chrétienne.
30. Les communautés permanentes chercheront l’épanouissement de l’enfant ou de l’adolescent dans son identité propre tant sur le plan affectif que social. Les responsables de ces institutions sont à la fois des prêtres, des parents, des éducateurs. Ils doivent en promouvoir l’animation interne et l’insertion dans la pastorale.
Les parents ont à jouer un rôle important en raison du caractère permanent de ces institutions. Ils ont à témoigner de l’option qu’ils ont prise et de l’expérience qu’ils vivent. Ils contribueront ainsi à éveiller la conscience des diverses communautés chrétiennes en ce domaine.
31. Attentive à la vie de tous les jeunes, l’Eglise reconnaît le projet de ceux qui sont dans les lycées, collèges catholiques, universités, ou déjà engagés dans la vie professionnelle. Elle veut leur offrir l’aide spécifique que requiert ce projet en les rejoignant là où ils vivent. Insérés dans divers milieux de vie, pris dans les mutations et les incertitudes du monde, appelés à répondre de leur foi dans le contact avec des incroyants, ces jeunes ont besoin de rencontres pour favoriser leur recherche, approfondir leur projet d’avenir, le confronter avec celui des autres et accéder à un choix libre et éclairé dans une expérience collective. Ces rencontres sont d’autant plus nécessaires que les jeunes vivent en situation d’isolement en raison de l’ambiance sociale actuelle.
Ici encore parents et éducateurs sont engagés dans cette recherche. Ils ont à témoigner de cette expérience dans les milieux qui sont les leurs.
32. Il appartient aux services des vocations :
- de travailler avec les éducateurs et les animateurs de ces divers regroupements. Une recherche commune favorisera la mise en place d’une pédagogie toujours mieux adaptée ;
- d’être en liaison avec les aumôniers des mouvements travaillant à l’éveil et au soutien de toutes les vocations, ainsi qu’avec les responsables de la formation sacerdotale et religieuse ;
- de susciter l’organisation de rencontres spécifiques nécessaires aux jeunes gens et jeunes filles, et de provoquer pour cela de multiples collaborations parmi ceux qui vivent en contact avec ces jeunes.
- Les services des vocations
33. Nous avons signalé au long de cette analyse la place des services des vocations.
Pour qu’ils puissent promouvoir, animer ou coordonner une pastorale ainsi comprise, il faut tendre à ce qu’ils soient :
- constitués par des équipes diversifiées, expression de la coresponsabilité du peuple de Dieu ;
- insérés de façon valable dans la pastorale ;
- attentifs à la psychologie et à la vie tant des jeunes que des adultes ;
- aptes à mener une réflexion et des activités pastorales spécifiques.
Il apparaît nécessaire qu’une action concertée soit menée non seulement au niveau diocésain, mais encore au niveau régional, car certaines confrontations et réalisations ne peuvent exister qu’à ce niveau.
conclusion
34. Au terme de cette recherche, les exigences de l’action pastorale pour les vocations apparaissent plus nettement. Cette action suppose :
- une conscience approfondie des réalités humaines du monde contemporain. Dans ce monde, l’Esprit ne cesse de parler aux hommes dans le quotidien de leur vie. L’action de l’Eglise qui se manifeste à travers une grande variété de dons est un service : seul l’Esprit vivant au cœur de l’homme peut sauver l’homme. Cela suppose que les chrétiens prennent au sérieux et les réalités humaines et la mission de salut confiée à l’Eglise.
- une conscience renouvelée de la médiation du peuple chrétien et de sa responsabilité dans l’éveil et le cheminement des vocations d’adultes et de jeunes. L’Eglise en tous ses membres et par tous ses ministères est servante de l’annonce et de la transmission du Christ ressuscité. Elle est aussi lieu et source des appels. La participation active des communautés chrétiennes à la pastorale des vocations en est le garant et rejoint le renouveau actuel de la formation aux ministères et à la vie religieuse.
- une prise de conscience du rôle propre des services des vocations dans cette action d’ensemble. Il s’agit pour eux d’être présents à la vie des communautés chrétiennes pour les écouter, les interpeller et les aider à transmettre les appels.
35. Ces prises de conscience incitent les chrétiens de France et en premier lieu les services des vocations à poursuivre et intensifier l’effort collectif en plusieurs directions :
- effort de réflexion sans cesse renouvelé pour mettre en valeur une théologie de la vocation et des ministères qui ne soit pas seulement recherche intellectuelle, mais discernement spirituel de l’événement, de la vie des hommes, des expériences qu’ils sont en train de vivre.
- effort d’invention pour concrétiser les modes possibles de cette action pastorale en étroite liaison avec les recherches sur les formes nouvelles de ministères que la mission de l’Eglise postule aujourd’hui et qui répondent à l’attente des jeunes.
- effort de coordination au niveau des diocèses et des régions apostoliques qui rejoigne les réalités et les groupes humains dans leur véritable dimension.
- effort de coordination à l’échelon national et international. Cette coordination s’impose de plus en plus de par la communauté des hommes, des problèmes et des solutions dans un ensemble national ou international. La collégialité épiscopale est au service de cette exigence, l’évêque étant signe et serviteur de la communion de son Eglise avec les autres églises particulières. Sans cette redécouverte vivante de la catholicité et de la communion des églises, aucune pastorale missionnaire des vocations ne serait possible.
- effort d’intériorité croissante. Dans ces efforts et en cet esprit surgiront du cœur de ceux qui croient des prières plus ardentes auprès du Seigneur, et des réponses fidèles à ses appels. Au monde qui cherche à se libérer de son vieillissement et de ses cloisonnements, l’avènement du Christ et de l’Esprit révèle et apporte l’éternel renouveau du salut.
------------- Notes
(1) Cf. article du Cardinal Garrone, in n° 251 de la revue Vocation. [ Retour au Texte ]
Supplément à Vocation, n° 253 de janvier 1971. Imprimerie LUSSAUD - :- Fontenay-le-Comte (Vendée)