La jeunesse ouvrière demande des prêtres


De plus en plus, nous sommes alertés soit par les responsables fédéraux, soit par les prêtres, soit par des membres des équipes nationales sur une situation de l’aumônerie de base dans nos mouvements.

Ces interrogations sont de deux sortes :

  • l’attitude du prêtre avec les laïcs ;
  • l’absence de prêtres disponibles et acceptant de cheminer en vérité avec des laïcs.

Pour nous, ces questions sont d’un enjeu capital dans la réalisation de notre mission.

Nous sommes également conscients que cet enjeu touche la mission de toute l’Eglise.

I - DES PRETRES QUI ACCEPTENT DE NE PAS ETRE TOUT.

Nous sommes témoins de certaines attitudes de prêtres qui ne favorisent pas l’évangélisation de toute une jeunesse ouvrière qui est appelée, elle-même, à construire son salut en Jésus-Christ dans et par la J.O.C.

Nous soulignons le risque encore grand qui existe chez de nombreux prêtres "d’attirer à soi, de regarder autour de soi"... alors qu’il s’agit d’accepter de ne pas être tout, tout seul, mais accepter, et c’est fondamental, de dépendre de l’Eglise du Christ que la J.O.C. incarne dans la jeunesse ouvrière.

Certains prêtres ne parlent pas... alors que la présence n’a de sens que si une parole, sous quelque forme que ce soit, l’exprime.

II - DES PRETRES QUI DEPASSENT LEURS PROBLEMES PERSONNELS.

L’une de nos grandes préoccupations est également de voir certains prêtres utiliser des efforts d’Eglise pour des motifs personnels : notamment l’entrée au travail pour des raisons d’équilibre de vie, de statut social, d’ "efficacité", ou par conception d’un apostolat direct remettant en cause le mouvement.

Nous nous interrogeons sur le sens de telles démarches dont les conséquences ont parfois pour résultat une utilisation des laïcs dans une "bagarre" dont ils ne vivent pas l’enjeu et, en tout cas, souvent, pour résultat de ne favoriser en rien l’évangélisation, la naissance et la croissance de l’Eglise en jeunesse ouvrière qui exige de la part des prêtres beaucoup d’écoute, d’attention, de patience, de temps, de disponibilité de pauvreté.

III - DES PRETRES QUI RESPECTENT LE CHEMINEMENT DES JEUNES.

Le souci de l’efficacité dans la période que nous vivons, est porté également par bon nombre de prêtres. Mais certains d’entre eux en font une sorte d’absolu qui se traduit par une volonté que les gars qu’ils rencontrent s’engagent toujours plus dans une action, notamment une action sur les structures dans le syndicat..., au risque d’ailleurs de ne pas respecter leurs cheminements. Cette tendance se concrétise également par une attention presque exclusive à ce que vivent les militants dans le syndicat ou autre sans que l’attention à toute la vie, à toutes les relations soit une préoccupation permanente pourtant nécessaire pour une éducation de la foi, une fondation d’Eglise en jeunesse ouvrière,

Car en fait, la première efficacité n’est-elle pas dans une fidélité au projet de la J.O.C. pour la jeunesse ouvrière, de multiplier "les hommes au coeur changé" saisis par le Christ, qui déjà à leur taille sont et seront capables d’en être les témoins et de construire un monde nouveau qui ne soit pas extérieur à l’home. Concernant la contestation, par certains prêtres, de l’Action catholique spécialisée, disons qu’elle est ressentie fortement aujourd’hui, mais elle n’est pas nouvelle.

Dans ce climat de contestation de l’Action catholique spécialisée, de la J.O..C. qui provoque encore de nos jours tensions et tiraillements, des prêtres continuent à chercher..., prennent des initiatives ; les centres d’intérêts dans le clergé sont nombreux, différents, souvent exclusifs.

IV - DES PRETRES QUI VIVENT LA GRACE DE LEUR SACERDOCE

Nous souhaiterions que le clergé, notamment certains prêtres, s’éparpillent moins, n’aillent pas à la facilité, passent moins de temps à chercher, à rechercher ce qu’il faudrait faire (mobilisant souvent des laïcs de "bonne volonté" à cet effort)..., à contester en permanence... à s’arrêter sur les tiraillements que cela représente, pour en-fin accorder toutes leurs forces à l’évangélisation et à implanter l’Eglise dans les réalités humaines, en fidélité à des principes fondamentaux. Nous souhaiterions que tous les prêtres croient et vivent davantage la grâce de leur sacerdoce, qui n’est pas "étouffement" , mais communion, envoi... Nous sommes inquiets du petit nombre de prêtres seulement qui se donnent entièrement à l’évangélisation du monde ouvrier, de la jeunesse ouvrière. De différents coins de France, nous ressaisissons le manque de prêtres disponibles, acceptant de cheminer avec des militants et des jeunes du monde ouvrier.

Pour terminer notre intervention, qui se veut une interrogation face à une situation concrète de l’aumônerie de base dans les mouvements J.O.C. - J.O.C.F., nous voudrions rappeler qu’une Eglise qui se veut missionnaire est une Eglise qui veut exister tout entière prêtres et laïcs.

Nous souhaiterions que le prêtre ait toute sa place, non seulement dans l’équipe de militants, mais aussi dans les communautés de jeunes du monde ouvrier qui deviennent des communautés d’Eglise.

NOUS AVONS BESOIN DE PRETRES.

Pour cela :

  • Nous avons besoin de prêtres qui nous orientent consternent dans le sens de Jésus-Christ ;
  • Nous avons besoin de prêtres qui nous donnent le dynamisme de l’espérance ;
  • Nous avons besoin de prêtres dont la présence montre que les communautés de jeunes du monde ouvrier s’insèrent pleinement dans l’Eglise universelle. C’est ce qu’attendent confusément les jeunes travailleurs : être reconnus dans l’Eglise.
  • Nous avons besoin de prêtres qui nous conduisent aux sacrements dont ils sont les célébrants.
Appel de la J.O.C. et de la J.O.C .F.
le 6 mars 1970