JEC et Diaspora


Je suis en Diaspora un groupe de 14 gars :

5 Terminales
3 Premières
3 Secondes
3 Troisièmes
dont 6 sortant de séminaires de jeunes.

Parmi ces 14 : 8 jécistes - 2 scouts - 1 jéciste - 2 responsables Action Catholique Enfance - 3 n’ont aucun engagement particulier.

I - COMMENT JE VOIS L’EVEIL ET LE SOUTIEN DES VOCATIONS AU SEIN DE LA J.E.C. ?

J’ai encore peu d’expérience dans ce domaine : les gars en projet de sacerdoce se sont présentés comme tels à moi, sans intervention directe de ma part.

a) Eveil

1°- Les jeunes engagés dans l’Action Catholique ont "une envie de vivre, de prendre leur vie en mains" ; ils veulent "exprimer ce à quoi ils croient" et"être témoin joyeux de la résurrection du Christ" ; "aider les autres à trouver un sens à leur vie, à réussir leur vie".

Cet engagement les amène à remettre leur foi en cause : "la vie militante a changé le visage de ma foi : ça devient de plus en plus simple" : "il y a la personne du Christ, et c’est tout".
(Révision de vie d’un groupe de Jécistes)

Par leur engagement, les jeunes semblent "éveillés" au Christ personnel, mais beaucoup moins au sens de l’Eglise : ils ont du mal à créer dans leurs équipes et dans leurs écoles de véritables communautés chrétiennes. D’autre part ils ne se sentent pas solidaires des chrétiens "d’un autre style" que le leur.

Ils n’expérimentent pas une appartenance à une Eglise visible rassemblant tous les apôtres du Christ. A l’occasion de camps, sessions... entre jécistes "engagés", ils ont conscience de créer une communauté vivante, mais sans lien avec d’autres communautés aussi vivantes,

D’autre part, l’action qu’ils mènent dans les structures scolaires ou auprès des personnes directement est souvent difficile et semble quelquefois peu efficace : "comment voulez-vous faire avancer quelque chose, quand personne ne veut bouger". D’où tentation de désespérer et de douter des personnes.

Voici ce que disait un gars "diaspora" hier : "l’Action Catholique, c’est déjà un engagement, qui amène des contacts, nous oblige à sortir de nous-mêmes, à nous donner ; par notre engagement nous essayons d’apporter le Christ aux autres. D’autre part, ça nous oblige à nous affirmer, à prendre position".

2°- Compte-tenu de ces quelques éléments, il faudra pour éveiller des vocations au sein des mouvements :

  • aider les jeunes à devenir responsables,
  • soutenir leur dévouement auprès des autres,
  • les aider à approfondir leur foi :
      • Relation au Christ : révision de vie, partage d’Evangile, prière.
      • Attention au peuple de Dieu dans son ensemble. Il est bon par exemple de favoriser des rencontres avec des militants ouvriers, ruraux, jeunes et adultes.
      • Il faut que nous fassions l’unité dans nos équipes"
      • Apport doctrinal, en les aidant à réfléchir leur foi. Les membres de l’équipe fédérale ont décidé de travailler personnellement ce trimestre un livre sérieux, le même pour tous (il n’est pas encore choisi, ce sera dans le genre " la foi d’un païen"). A la fin du trimestre, on partagera nos réflexions à ce sujet.
  • les aider à découvrir ce qu’est l’espérance chrétienne.
  • Dans l’équipe, sont engagés en même temps laïcs et prêtres : il faudrait peut-être de temps en temps expliquer la place de chacun. Voici comment l’équipe fédérale J.E.C. définissait mon rôle en septembre dernier ; "vous êtes membres de l’équipe à part entière ; solidaires des responsabilités des fédéraux ; rôle de lien entre les membres de l’équipe - Vous devez nous aider à nous remettre en cause, personnellement et en équipe ; à vivre dans l’esprit de l’Evangile (pas de "plaquage"). Vous devez aussi nous ouvrir à l’Eglise, en nous aidant à voir comment notre action s’insère dans une "pastorale d’ensemble". (Camp fédéral J.E.C.).

Je pense que notre témoignage personnel est important : d’abord que nous soyons heureux d’être prêtres et que nous croyions au salut...

Dans le cadre du mouvement, ce deuxième trimestre nous devons travailler auprès des terminales sur le problème de l’avenir : je pense que nous serons amenés à réfléchir sur le sens de la vie, sur le sens de notre vocation et la manière de la réaliser. C’est sons doute une occasion d’aider les jeunes à s’ouvrir sur toutes les formes de vocation.

b) Soutien

Les jeunes en recherche de vocation sacerdotale s’engagent dans un mouvement d’Action Catholique ; s’ils ne vivent pas un engagement apostolique, ils estiment que leur projet de vocation n’est pas sérieux. En effet, ils ressentent la nécessité de s’insérer comme témoins dans le monde des jeunes, au service de ce monde. Le mouvement les y aide.

Par le mouvement, ils contactent d’autres jeunes qui eux aussi veulent travailler à la mission de l’Eglise. Ils ont conscience ainsi de vivre dans une Eglise vivante, qui porte et exige leur engagement.

Dans le mouvement encore, ils peuvent faire révision de vie et sentir à travers elle l’appel du Christ adressé pas seulement à chacun personnellement, mais à toute l’Eglise aujourd’hui.

II - LE SOUTIEN DU MOUVEMENT EST-IL SUFFISANT ?

Le soutien du mouvement est efficace, nécessaire, mais pas suffisant. Un projet de sacerdoce doit être entretenu par d’autres "moyens".

"Non, l’Action Catholique ne nous suffit pas : il nous faut rencontrer des gars du même idéal que nous : il est difficile de rester seuls. Dans le mouvement on ne parle jamais de vocation. En équipe "diaspora" on approfondit beaucoup plus la réflexion". (un gars)

1) Les jeunes qui ont un projet de sacerdoce éprouvent le besoin de se retrouver entre eux sur cet aspect particulier de leur vie : pour partager leur recherche, leur expérience ; dans le cadre d’un mouvement, ils n’expriment pas toute leur vie, en particulier leur projet de sacerdoce, qui crée en eux des besoins nouveaux non ressentis par les autres militants.

2) L’équipe "diaspora" les amène à s’exprimer sur leur projet à d’autres jeunes qui les comprennent et s’intéressent à eux sous cet angle spécifique de recherche de vocation.

Ces rencontres en "diaspora" leur donnent donc l’occasion de réfléchir ensemble sur leur projet de sacerdoce, et aussi d’approfondir leur vie spirituelle par les récos, les partages d’Evangile, la prière... vécue d’une manière plus personnelle que dans un mouvement, car c’est toute leur vie d’aujourd’hui et de demain qui cherche à s’y exprimer.

N.B. Leur projet de sacerdoce n’est pas toujours compris par les autres jeunes de leur âge ; qui voient plutôt la caricature du "séminariste" ; et ils ont peur d’être "étiquetés", "classés", ce qui serait nuisible à leur action, leur engagement. D’autre part, parler de son projet de sacerdoce, c’est déjà s’engager, ouvrir son coeur, c’est faire entrer l’autre chez soi, mais en ami, pas en curieux (cela est possible en équipe diaspora).

Par ailleurs, cette équipe les ouvre à d’autres manières que la leur d’être apôtres dans l’Eglise, dans la mesure où ils vivent des engagements différents. A travers leurs différences, ils trouvent leur unité dans l’unique mission de l’Eglise et dans leur recherche personnelle de réponse à cette mission.

III - COMMENT HARMONISER ACTIVITES DU MOUVEMENT ET ACTIVITES DIASPORA ?

1 - L’équipe diaspora doit soutenir et encourager les gars dans leur engagement apostolique ; elle doit les aider dans leur vie militante. Leur réflexion et leur prière doivent "intéresser" et leur vie militante et leur projet de sacerdoce : cela fait une unité. C’est ainsi qu’ils se trouvaient à l’aise à la dernière récollection sur le thème de la présence aux autres et aux événements ; et la prochaine réco sera centrée sur le témoignage (témoins du Christ aujourd’hui ; comment nous vivons Jésus-Christ et le révélons ?) : ce sujet les intéresse comme le premier dont c’est le prolongement, parce qu’ils y ont l’occasion de "récapituler" en même temps leur engagement et leur projet de sacerdoce...

2 - L’équipe doit aussi les aider à découvrir le rôle du prêtre dans leur mouvement d’Action Catholique et dans l’Eglise.

3 - Beaucoup de ces gars en diaspora sont déjà très engagés, et donc très pris. En plus de leurs week-ends et de leurs réunions d’Action Catholique, ils ont ceux de l’équipe diaspora. Et il ne faut pas oublier qu’ils sont "aussi" scolaires...

Il est sûr que les réunions ne doivent pas entrer en concurrence avec leurs réunions de mouvement. Ainsi nous avions prévu un week-end diaspora les 22-23 février : il se trouve qu’à la même date il y a un week-end J.E.C. et un week-end Enfance. Les gars ont décidé de reporter la rencontre diaspora à un autre jour pendant les vacances de février.
"Le fait de participer à des activités diaspora ne doit pas nous dispenser de participer à toutes les activités du mouvement. La diaspora, c’est en plus".

Leur projet de sacerdoce crée en eux des besoins nouveaux et leur demande des exigences nouvelles, une générosité plus grande. Ils sont appelés à "sacrifier" volontairement deux jours de plus que les autres pendant leurs vacances.

Disponibilité plus grande, et aussi bonne organisation de leur temps (équilibre travail scolaire - loisirs - vie de famille - engagement...)

La vie du mouvement et la vie en diaspora se complètent : en diaspora, on réfléchit, en mouvement on passe à l’action" (un gars).

Lucien ROPARS, aumônier fédéral de la J.E.C.
à BREST