Partir, découvrir, discerner et choisir


Bénédicte Lamoureux,
religieuse xavière,
chargée de mission à la DCC

 

Deux ans de coopération peuvent-ils aider un jeune au discernement d’un choix de vie ?


Avant d’analyser ce que peuvent produire deux ans de coopération dans la vie d’un jeune adulte, je voudrais situer le lieu d’où je viens et à partir de quelle expérience j’écris ces réflexions. Religieuse xavière, j’ai vécu onze ans en Afrique comme aumônier d’étudiants : quatre ans en Côte d’Ivoire et sept ans au Tchad.
C’est au Tchad que j’ai eu l’occasion de rencontrer et d’accompagner spirituellement de jeunes volontaires de la DCC (Délégation Catholique à la Coopération) dont plusieurs portaient des questions de discernement de choix et d’état de vie. Certains sont actuellement jeunes religieux(ses), d’autres ont plutôt choisi le mariage. Rentrée en France, je suis aujourd’hui maîtresse des novices, également chargée de mission à la DCC pour le Tchad. Je continue donc à rencontrer des jeunes coopérants. En lien avec eux, via internet, je visite une fois par an ceux qui sont dans la région dont je suis chargée (le sud du Tchad), sur leur terrain de coopération. Ces visites et ces rencontres personnelles me permettent de sentir les recherches de chacun. Les questions du sens de leur vie et de leur engagement ne sont jamais absentes de nos discussions. Il n’est pas rare que certains d’entre eux me confient leur interrogation : à quoi suis-je appelé(e) ?



Partir




Qui sont ceux qui partent ?
Quelles sont leurs raisons de partir ?


Quelques données pour éclairer notre propos.
La DCC interroge chaque année les chargés de mission dans les différents pays du monde, sur le nombre de volontaires entrés dans le ministère presbytéral ou dans la vie religieuse. Pour la rentrée 2006, l’enquête n’a pas encore eu lieu. Mais nous savons qu’en 2004 il y a eu 6 entrées dans la vie religieuse et 12 ordinations presbytérales ou diaconales. En 2005, 3 volontaires ont prononcé des vœux et 9 ont été ordonnés prêtres ou diacres. Chez les femmes, les entrées sont peut-être un peu plus fréquentes chez les dominicaines et dans les diverses congrégations ignatiennes. Les grands ordres masculins tels que les dominicains, les jésuites sont également présents mais l’on note aussi un nombre important de volontaires entrés au séminaire de la Mission de France et aux Missions Etrangères de Paris. Globalement, la vie monastique est largement honorée, chez les femmes comme chez les hommes.

Une autre source d’information provient d’une enquête réalisée en juillet 2006 auprès des 176 volontaires DCC présents au stage de départ en coopération. 172 ont répondu. Ceux qui partent sont à 72 % célibataires, 63,4 % sont des femmes et 36,6 % des hommes avec un âge moyen de 29 ans. 90,8 % ont un bac + 2 et plus (41,9 % un bac + 5). Mais il faut aussi noter cette année une augmentation de demande de volontariat chez les jeunes avec un niveau BEP, CAP ou BAC : deux fois plus que les années passées.

A la question « Pour vous, partir comme volontaire, c’est un(e)… », voici ce que les volontaires ont répondu :


  2006 2005
Découverte culturelle 86 % 66,9 %
Démarche spirituelle :
 démarche de foi
 temps de discernement

73 %
46 %
27 %

61 %
Témoignage de la solidartié entre les peuples 68 % 54,7 %
Défi personnel, découverte de soi 65 %  
Etape fondatrice de vore vie 62 %  
Participation au développement des pays du Sud 54 %  
Envie d’ailleurs 48 %  
Manière d’œuvrer à plus de justice sociale 40 %  
Engagement citoyen 40 %  
Première expérience pour un futur parcours "humanitaire" 34 %  
Pause dans votre parcours professionnel 20 %  



Ouverture et générosité

A la base de tout désir de départ en coopération, il y a une réelle ouverture et une grande générosité. Dans notre enquête, 86 % des volontaires désirent vivre une découverte culturelle, 68 % ont répondu que le sens de leur démarche était un témoignage de solidarité entre les peuples. Et si l’on y additionne les 54 % de volontaires désirant participer au développement des pays du Sud, l’on sent encore mieux cette ouverture et ce désir « d’humanitaire », voire de « se donner aux autres ». Cette recherche est d’ailleurs de plus en plus importante puisqu’en 2005, seulement 66,9 % des volontaires partaient pour vivre une découverte culturelle et 54,7 % pour vivre un acte de solidarité. Cette générosité n’est pas toujours très réaliste et devra souvent se « coltiner » la réalité de la solidarité internationale et celle, parfois bien plus cruelle encore, de la misère de certains pays du Sud. Mais cet élan pour partir, cette disponibilité, ce désir de tout quitter sont des éléments très positifs et absolument essentiels pour la mise en route d’une recherche plus profonde et d’un choix de vie. Cela signifie que le jeune ose se lancer dans une aventure inconnue. Il se rend disponible, il apprend à tout quitter et parfois pour la première fois. Plus tard, il sera peut-être plus apte à oser une aventure plus insolite encore : entrer dans la vie religieuse ou choisir le sacerdoce…


Une vraie démarche spirituelle

Globalement, les volontaires se déclarent catholiques dans une large majorité (80,2 %). Pourtant nous constatons, d’année en année, une réelle baisse de la pratique : en 2003 on comptait 62 % de pratiquants, en 2005, 51 % et en 2006, 49,4 %. Mais celle-ci reste cependant bien supérieure à la moyenne française (12 % d’après le sondage « Les Français et la religion », réalisé par La Croix en décembre 2004).
Mais si la pratique baisse (moins de formalisme qu’autrefois ?) les volontaires sont actifs dans l’Eglise car ils sont nombreux à avoir participé à des mouvements de jeunes ou à des rassemblements, des pèlerinages pendant leurs années d’études. Ils s’engagent encore lorsqu’ils sont dans la vie professionnelle et nous constatons une augmentation des adhésions à des associations chrétiennes de solidarité. En 2005, déjà 61 % partaient dans le cadre d’une démarche spirituelle. En 2006, ils sont 73 % dont 47 % précisent qu’il s’agit d’une démarche de foi et 27 % d’une étape dans un discernement… Il est d’ailleurs intéressant de noter que, dès le premier entretien dans le processus de candidature pour devenir volontaire à la DCC, nombreux sont ceux qui disent simplement leurs questionnements devant la vie religieuse ou le sacerdoce et même leur désir d’accompagnement spirituel, si cela est possible dans le pays où ils seront envoyés. Quelques-uns, déjà accompagnés spirituellement, sont en recherche de choix de vie et désirent poursuivre ce chemin. Ils partent alors pour vérifier leur question, la passer au feu de la distance, de la rencontre d’une autre culture…
Devant ce désir, consciente de sa responsabilité dans le cheminement vocationnel de tel ou tel jeune, la DCC a organisé ces dernières années une sorte de parrainage spirituel avec des monastères. Cinquante volontaires en ont bénéficié l’an dernier. Outre un accompagnement spirituel personnel sur place, ceux-là bénéficient d’un lien spirituel fort, à distance…


Partir… à la découverte de soi !

Voici ce que m’écrivait récemment un jeune :
« Je suis en forme mais le mois dernier a été un peu délicat. J’ai ressenti un grand vide. En allant chercher un autre volontaire à l’aéroport, j’ai regardé l’avion en direction de la France avec des yeux d’enfant (que je suis toujours d’ailleurs). Envie de revoir des amis, de reprendre un rythme à la française. Bref, j’ai fait ma petite crise intérieure et puis, de retour dans ma brousse, ça s’est calmé. Je rembraye donc avec le sourire et l’engouement d’antan.
Et puis j’ai réalisé que ma mission apportait plus à moi-même qu’aux autres que je croyais venir aider. Je me suis d’abord indigné devant ce résultat peu encourageant. Et puis je me suis dit, dans un second temps, que c’était pas si grave, et qu’à défaut d’être très utile pour la population je suis utile à moi-même. J’en profite et je réalise que c’était plus ça que j’étais venu chercher de toute façon, finalement. J’étais venu pour moi, pour me connaître un peu mieux. C’est pas fini et c’est ça qui crée ma nouvelle motivation. Je vais me découvrir davantage, en partie à travers la Bonne Nouvelle du Christ que j’écoute de plus en plus assidûment, mais aussi à travers les gens, les relations que j’ai ici. »


Les pourcentages de l’enquête confirment bien ces propos : 65 % partent pour vivre un défi personnel, une découverte d’eux-mêmes, et 62 % pour vivre une étape fondatrice de leur vie. Apprendre à se connaître par la confrontation au réel d’une vie ailleurs, plus ou moins facile, oser mettre de la distance dans ses relations, dans les liens avec la famille, les amis, les relations amoureuses… Tout cela est un vrai défi ! Face à une société occidentale qui a tendance à « couver » ses jeunes, ces démarches montrent combien le volontaire désire s’affirmer en tant que responsable et en tant qu’adulte, spécialement les jeunes qui viennent de terminer leurs études. Le départ et l’expérience de la confrontation avec un autre milieu de vie, avec la misère et les difficultés du travail vérifieront ensuite si la maturité affective est suffisante. Parfois le choc est tel que le jeune ne peut le dépasser. La plupart du temps, la maturité est suffisante pour vivre une réelle expérience humaine. Plus encore, pour quelques-uns, la distance, la découverte d’exister par eux-mêmes, la confrontation à leur vrai désir intérieur deviennent une réelle expérience spirituelle et fourniront les conditions de base nécessaires conduisant à poser un choix dans la liberté.



Découvrir




Découvrir un nouveau contexte culturel, social et politique

Le contexte politique et social peut beaucoup choquer le volontaire. La liberté n’est pas la même qu’en France. Il découvre ce que signifie vivre dans un pays qui n’est pas en paix, ou ne règne pas un état de droit… mais où existent la corruption, les injustices massives, les exactions, la violence parfois sous toutes ses formes. Il peut être très choqué par la misère et le sous-développement, la fatalité ambiante, l’état précaire dans lequel vivent les gens, la santé, l’éducation, etc. Tout peut être objet de rejet et de difficultés dans les débuts. Même le climat ! Dans son travail aussi, le volontaire peut être anéanti devant la lourdeur des choses à faire, à bouger, à organiser pour sortir du tunnel. Les freins culturels sont tels…


La traversée des épreuves

Le choc culturel
Selon son tempérament ou son histoire, le volontaire va partir à la découverte, essayer de comprendre pourquoi tant de différences entre les peuples, affiner sa sensibilité sociale, approfondir son sens de la justice et du bien commun, découvrir les richesses d’une autre culture. Mais il peut, au contraire, porter un regard négatif voire méprisant sur cette manière de vivre impensable à ses yeux au xxie siècle. Il faudra alors l’aider – et c’est bien le rôle de l’accompagnateur spirituel – à passer l’épreuve que représente ce choc culturel, à intégrer combien ces différences le déplacent et l’enrichissent simultanément. Elles sont l’occasion d’une prise de distance par rapport au modèle européen, à la société de consommation, au confort et aux loisirs… Il est heureux que le volontaire puisse découvrir combien chacun a une part de vérité, et combien l’étranger peut le « déplacer » dans sa manière de concevoir et d’être au monde, combien nous avons tous une « distance à parcourir » pour chercher à nous rencontrer, pour bâtir ensemble une fraternité universelle…

Entrer dans le réel
Une autre épreuve peut guetter le volontaire : la prise de conscience qu’il est venu pour sauver le pays, mais qu’il ne pourra pas faire grand-chose, ni changer les gens… Sortir du rêve, de l’illusion d’une générosité toute-puissante qui peut gouverner le monde. Entrer dans le réel, avec humilité, sans pour autant oublier de faire de son mieux et d’y mettre tout son cœur ! C’est parfois très difficile : accepter le réel de la pauvreté, de l’échec, de la souffrance… Voilà encore un bon lieu de vérification de la maturité humaine, psychologique et spirituelle du volontaire !


La joie du don de soi

Décider de s’engager
Une religieuse canadienne, rencontrée au Tchad, m’avait éclairée un jour où nous partagions nos impressions sur les différentes étapes de « l’atterrissage » dans une autre culture. Elle parlait de la théorie des trois E : E comme Emerveillement, Epreuve et Engagement. Nous retrouvons effectivement ces trois étapes dans la vie de chaque coopérant arrivant dans un pays : le début est fait de découvertes et de déplacements que l’on était, en partie, prêt à assumer ; la suite est souvent plus rugueuse, avec parfois une réaction physique d’adaptation au climat, à la nourriture (maladie, fatigue…), au projet lui-même et un sentiment de déprime, de solitude. Vient enfin le temps de l’engagement, temps qui marque un « après » dans l’itinéraire de deux ans du volontaire. Ce passage, délicat mais inévitable, est lié au choc culturel. Il peut être vécu plus ou moins tôt au cours des deux ans de coopération ; il peut aussi durer plus ou moins longtemps ! Nous avons malheureusement vu des jeunes revenir en France parce que l’expérience révélait des fragilités ou d’autres problèmes plus graves. Lorsqu’il passe cette étape, le volontaire se sent davantage prêt à reconnaître l’autre dans sa différence. Il fait le deuil d’une certaine forme d’idéal rêvé pour vivre « une super coopé ». Il accepte le réel et décide de s’engager.

Goûter la gratuité des relations
Libéré, il lui est plus facile d’accueillir avec simplicité une autre manière de vivre, une autre manière de déployer son humanité, il cherche à comprendre et à savoir quels sont ces modes de vie, ces coutumes… Cette « sortie » de lui-même, lui permet de s’ouvrir plus facilement aux autres dans la confiance et de goûter la gratuité des relations. Sur le terrain, nous voyons alors le volontaire s’épanouir et tisser un réseau de relations autour de lui… Il se déploie et se révèle à lui-même et aux autres, il prend du « poids » en humanité et développe des aspects inconnus de sa personnalité. Il n’est pas rare d’entendre des parents dire de leur fils ou de leur fille : « C’était un(e) adolescent(e) en partant, depuis sa coopération il(elle) est devenu(e) un homme, une femme ! » Il a alors accès à la joie de la rencontre d’autrui, l’autre culture devient ainsi le lieu de la présence de Dieu. Et cette joie peut réellement être ressentie au plan spirituel pour ceux ou celles qui font ce chemin.


Découverte d’un nouveau contexte religieux

L’Eglise locale vivante et pleine d’avenir
Les volontaires ouvrent les yeux sur une toute autre réalité ecclésiale. La plupart d’entre eux sont envoyés dans des pays où les Eglises locales sont pauvres, mais riches d’une population de moins de vingt-cinq ans ! Ils découvrent alors la réalité d’une Eglise qui n’est pas vécue comme « ringarde » mais plutôt comme un lieu de vie et d’espérance pour la plupart des jeunes. Ils y découvrent un enthousiasme qui rejoint quelque chose du désir qu’ils portent de croire à la construction d’une fraternité universelle… Souvent ces Eglises ont beaucoup aidé au développement du pays, parfois au risque soit d’une certaine opposition (dénoncer les injustices, dire la vérité) soit d’une certaine compromission avec le pouvoir politique en place. Pour beaucoup de volontaires, tout est vraiment nouveau, ils mesurent l’implication de l’Eglise dans la politique sociale d’un pays… Certains s’intègrent sans problèmes par le biais d’une chorale ou d’un mouvement, ils se font des amis et apprennent les coutumes locales. Il n’est pas rare qu’ils soient provoqués par leurs amis à dire quelque chose de leur foi : en qui, en quoi crois-tu ? Quelques-uns, peu engagés en France, ont peu de formation chrétienne et aucun repères : ils ont tout à apprendre, sans a priori, ils sont capables de s’ouvrir petit à petit à une réelle découverte ou re-découverte de la foi. La rencontre d’une jeune Eglise dynamique et vivante est alors une véritable chance dans leur histoire de foi. Autant d’occasions et de témoignages qui permettent à un jeune de se laisser toucher et d’avancer à la recherche de Dieu. Un Dieu qui parfois vient à eux sans qu’ils l’ait recherché !

Un monde inconnu : la vie religieuse et la vie sacerdotale
Certains volontaires sont logés ou travaillent directement avec des religieux, des religieuses ou des prêtres. Vivre et partager le quotidien de la fraternité missionnaire c’est souvent, pour beaucoup, réaliser que les pères et les sœurs sont des gens comme les autres, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs histoires personnelles. Leur état de vie n’implique pas forcément la sainteté… loin s’en faut !
Ils ont souvent des idées très vagues, parfois rigides voire très fausses de la vie en Eglise, sans parler des images de la vie religieuse et de la vie sacerdotale qu’ils portent en eux, ni de ce qu’ils pensent des relations entre prêtres, religieux, religieuses, entre différentes communautés ! La découverte de la vie des missionnaires, de leur dynamisme, de leur combat pour la vie plus forte que la mort les interrogent : comment vivre toute sa vie au fin fond d’une brousse avec si peu de confort, de sécurité, de possibilité de communication...
Mais, plus encore, les coopérants sont impressionnés par ces vies données. Leurs témoignages de foi, de joie dans le service des autres et de courage au cœur de la dureté de leurs tâches, sont souvent déterminants dans leur recherche : puisqu’il est possible d’être heureux en donnant sa vie aux autres, pourquoi pas moi ?



Discerner et choisir




Une question surgit… ou demeure

Le contexte dans lequel le volontaire vit ses deux années peut être plus ou moins porteur. Quand ses questions se précisent, il demandera un accompagnement spirituel sur place. Il faudra alors l’écouter, le soutenir, l’aider à préciser son désir, les former à la prière. Il s’agit d’accompagner cette recherche spirituelle en vérifiant bien si le volontaire s’épanouit et développe sa personnalité, s’il continue à s’enraciner dans son travail, dans le pays, et ne s’enferme pas dans une sorte de piété par peur de s’engager. Attentif à l’histoire particulière du jeune, l’accompagnateur écoutera les raisons pour lesquelles il est parti en coopération, a accepté de venir travailler dans ce pays. Il vérifiera la qualité des liens laissés en France et s’interrogera aussi sur la façon dont celui-ci appréhende le monde, s’il habite ou non sa prière. Il écoutera ses questions… Il sera attentif aux divers passages bibliques, visages, paroles, gestes ou attitudes du Christ qui touchent sa sensibilité. Il sera attentif à l’appel personnel que le volontaire entend et l’aidera, peu à peu, à préciser une attirance pour l’une ou l’autre spiritualité…


Laisser du temps au temps

Le surgissement d’une question autour du sens de sa vie, éventuellement d’un choix de vie, peut être désarçonnant pour tel ou tel volontaire. Certains ont des itinéraires de conversion incroyables après deux ans de coopération. Je pense à tel jeune qui a découvert la foi, la vie en Eglise au cours d’une coopération dans un pays d’Afrique. Au retour il est entré dans une démarche de catéchuménat. Aujourd’hui baptisé, il est actif dans de nombreux organismes. Je pense aussi à ces deux jeunes filles, dont l’une se disait incroyante mais qui chaque jour pendant sa coopération passait un moment dans une pièce dite « de silence et de prière » improvisée par elles dans leur maison. Rentrées toutes les deux en France, les voici en chemin, accompagnées spirituellement…


Faire un pas de plus

Mais deux années peuvent réellement être une étape dans le discernement d’une vocation. Pour quelques-uns, l’entrée dans la vie religieuse ou dans le ministère presbytéral se fera en rentrant en France. Les questions étaient déjà mûres, le jeune désire faire un pas de plus. Son expérience n’a fait que creuser un désir déjà bien ancré. Généralement ces jeunes le disent avec force et ils ne peuvent pas s’imaginer en train de rechercher du travail pour prolonger à nouveau un discernement qui semble déjà bien clair. Toutefois, il sera plus juste de vivre une retraite pour vérifier ce choix, et laisser passer au moins quelques mois afin que, revenu dans son pays, le volontaire puisse re-choisir ce qu’il a déjà en quelque sorte choisi ailleurs. Une certaine prudence dans le discernement est nécessaire.



Conclusion



Partir deux ans en coopération est une grande chance pour un jeune en recherche. L’expérience de la rencontre d’une autre culture, d’une autre Eglise, l’enjeu de faire réussir un projet, la traversée d’une certaine épreuve, la solitude parfois, la distance avec la famille et les amis, permettent les conditions d’une meilleure réflexion et peuvent vraiment être une aide au discernement. Elles créent un espace, une liberté nécessaire pour apprendre à « quitter » par étape. Le coopérant passe alors de « quitter son pays, sa parenté… » à la suite du Christ. « Et laissant tout ils le suivirent… » Et l’Esprit continue de souffler et d’appeler quand il veut et où il veut… !