Servir l’appel


Hervé Giraud
président de la Commission épiscopale
pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale




Je suis donc évêque auxiliaire de Lyon depuis trois ans, vicaire général modérateur et, depuis novembre dernier, le nouveau président de la Commission épiscopale pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale.


La Commission épiscopale pour les ministres ordonnés et les laïcs en charge ecclésiale


Je voudrais dire un petit mot sur cette nouvelle commission. Vous savez que, dans le cadre de la réorganisation actuelle de la Conférence épiscopale, il y a eu diminution du nombre des conseils et des commissions. Il n’y a plus que huit commissions et je suis président de celle pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale. Cette réorganisation va de pair avec une restructuration immobilière, qui ne va pas sans nombre de difficultés, d’inconvénients, mais aussi de perspectives pour alléger notre organisation, afin que notre collaboration soit plus « performante » pour la mission. La commission que je préside comporte actuellement cinq évêques : Pascal Rolland (Moulins), Clément Guillon (Quimper), Guy de Kérimel (Grenoble) et l’archevêque de Reims, Thierry Jordan. Nous nous répartissons le suivi des dossiers.
J’ai tenu dès cette année, malgré un emploi du temps chargé, à être présent à tous les lieux de cette commission parce que je crains toujours ce que l’on appelle le « péché originel » : quand on ne commence pas quelque chose à l’endroit, cela prend des années, voire des siècles à rattraper les affaires et l’on n’a pas toujours un sauveur à disposition… J’ai tenu à être présent parmi vous lors de cette session nationale afin de vous écouter, de vous entendre.

Certains ont posé la question de savoir pourquoi les évêques ont décidé de faire une commission pour les ministres ordonnés en rajoutant les laïcs en mission ecclésiale. Comme le disait votre secrétaire national, j’étais absent lors de mon élection. On dit souvent que les absents ont toujours tort, mais ce n’est pas toujours le cas. J’avais des raisons de de pas être là et des raisons d’accepter la nouvelle mission qui m’était confiée par mes frères évêques. Cette commission ne signifie pas que l’on va mettre des ministres laïcs à la place des ministres ordonnés ; elle veut dire, au contraire, qu’il ne faut pas faire l’impasse sur une réalité très importante actuellement : la présence de ceux que l’on appelle parfois animateurs laïcs en pastorale, animateurs paroissiaux… (il y a trente dénominations dans toute la France) mais au contraire il faut regarder de plus près qui sont ces laïcs en mission ecclésiale, quelle est la lettre de mission qu’ils reçoivent, que fait l’Eglise quand elle écrit et donne une lettre de mission pour trois ou six ans ? C’est pour regarder cette réalité et la mettre en perspective avec la question des ministres ordonnés et donc avoir un regard, une réflexion ecclésiologique forte sur les laïcs en mission ecclésiale. Les reconnaître, c’est aussi reconnaître la spécificité du ministre – et des ministres ordonnés – et voir dans quelle mesure une meilleure collaboration peut se faire dans l’avenir. Contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, c’est pour que puisse grandir plus spécifiquement la question de l’appel au ministère presbytéral.

Dans les missions qui me sont confiées actuellement, il y a les questions qui portent sur les prêtres. Je viens de faire une enquête complète, pour la Conférence épiscopale, sur les départs des prêtres depuis dix ans. Une enquête précise que j’ai envoyée aux cent évêques (94 diocèses plus l’archidiocèse de Chambéry, 4 Dom et un vicariat apostolique à Saint-Pierre-et-Miquelon). Sur les cent diocèses, fait exceptionnel, j’ai eu cent réponses ! Cela m’a permis d’avoir des chiffres justes (je suis professeur de mathématiques de formation…) Je peux vous donner ces chiffres, sur lesquels j’estime qu’il n’y a pas d’embargo. Sur les 1168 prêtres diocésains ordonnés du 1er janvier 1996 au 31 décembre 2005 – on n’a pas fait l’enquête sur les religieux, c’est plus compliqué – il y a eu 31 départs, soit 2,7 %. C’est beaucoup, mais ce n’est pas une hémorragie. C’est une épreuve, c’est difficile à vivre, mais cela permet une objectivité. Dans la même période, tous âges confondus (puisque l’on quitte le ministère entre 27 et 83 ans) il y a eu 161 départs sur les 17 000 prêtres diocésains que compte actuellement la France, soit 0,95 %. Cela donne une idée de cette réalité qui, évidemment, nous préoccupe.

On m’a également confié le suivi du diaconat permanent car beaucoup de questions se posent autour de ce ministère. Pour ma part, je suis tous les séminaires (ceux de France et celui de Rome), les GFU, et nous commençons à réfléchir de manière nationale sur les laïcs qui ont une mission ecclésiale. A Lyon, nous en avons à peu près 180, dont 139 sont salariés. C’est une réalité qu’il faut prendre en compte et qu’on ne peut pas ne pas étudier aussi bien financièrement qu’ecclésiologiquement.



Le Service National des Vocations

Sa mission a été redéfinie, comme celle de tous les services nationaux. Je vous lis le préambule de cette nouvelle lettre de mission : « La commission confie au Service National des Vocations le soin de servir l’appel au ministère presbytéral et aux vocations consacrées. » Cela ne veut pas dire que le mariage n’est pas une vocation – et j’ai sous les yeux le texte de Benoît XVI qui affirme la multiplicité des vocations présentes depuis toujours dans l’Eglise – mais à travers cet appel universel à la sainteté, cet appel fondamental, il y a deux appels particuliers : l’appel au ministère des prêtres et à cette autre vocation spéciale qu’est la vie consacrée. C’est notre vocation comme service national et comme service diocésain. Mais le Service National des Vocations peut aussi interpeller la pastorale familiale sur le mariage comme vocation et comme état de vie.

Je suis heureux de commencer ma nouvelle responsabilité parmi vous sur ce thème du célibat que vous avez choisi. Je trouve que c’est courageux de commencer par ce thème difficile qui nous concerne tous mais qui concerne aussi tous ceux qui n’ont pas choisi le célibat, ceux qui vivent un célibat provisoire, après divorce, veuvage, accident, ceux qui vivent un célibat parce qu’ils sont handicapés, homosexuels… Il y a de nombreuses formes de célibat.
Comme le dit Lumen Gentium, « les gens non mariés sont appelés à la sainteté mais contribuent à la sainteté de l’Eglise » (cf. n° 41). Il est bien d’affirmer ce célibat comme un chemin de vie, à la veille de la sortie d’un film qui remet en cause le célibat du Christ. Nous avons de bonne raisons de pouvoir vivre le célibat de manière heureuse, même si cela peut aussi être un chemin de croix pour certains.