Les vocations en Slovénie

Quand on évoque les vocations en Slovénie, on se rappelle volontiers les années 70. A cette époque, il y avait chez nous beaucoup de séminaristes, d’étudiants en théologie et d’ordinations. C’était l’âge d’or des vocations spécifiques. Aujourd’hui, ces prê­tres sont en activité depuis déjà trente ans ou tout juste dans la période du jubilé d’argent.
En Slovénie, qui compte près de deux millions d’habitants, il y a aujourd’hui 930 prêtres diocésains, 438 religieux prêtres, 894 religieuses et 8 diacres permanents. Dans les trois diocèses slovènes (Ljubljana, Maribor, Koper), depuis une douzaine d’années, l’âge moyen des prêtres est de cinquante-trois ans. L’âge moyen de décès est de soixante-seize ans.Il meurt environ dix prêtres chaque année, et huit nouveaux prêtres sont ordonnés.

Les lieux de formation

Dans les milieux éducatifs de la sphère ecclésiale slovène, surtout parmi ceux qui développent la culture de l’appel, il y a les petits séminaires, les séminaires de théologie pour les prêtres, les communautés religieuses et les facultés de théologie. Les petits séminaires et les séminaires de théologie ont un but commun : développer chez les jeunes les dons et les vertus qui leur donneront la possibilité de s’orienter plus facilement vers la vocation de prêtre. Pour les candidats, une bonne éducation est une aide pour développer leur pleine personnalité humaine et confirmer leur décision en vue d’une vocation spécifique. C’est pourquoi il faut aider les parents chrétiens à ne pas s’opposer quand l’un de leurs enfants leur fait part d’une vocation religieuse et entre dans un petit séminaire, un séminaire de théologie ou dans une communauté spécifique.
Parmi les petits séminaires, le plus ancien est celui du diocèse de Maribor, qui fonctionne de manière ininterrompue depuis 1953. Cette année-là, quatorze écoliers furent inscrits. Depuis sa création, cent soixante-huit anciens élèves ont pris la décision de devenir prêtre. Aujourd’hui encore, un tiers des écoliers se tourne vers cette vocation.
En 1996, il y avait cent seize étudiants en théologie pour les trois diocèses de Slovénie. Cette année, nous avons cinquante-six théologiens à Ljubljana et quarante et un à Maribor. Nous avons constaté que le nombre de ceux qui veulent se consacrer entièrement au service du Règne de Dieu est en baisse.
Chacun peut entrer au séminaire, pourvu qu’il ait terminé ses études ou fait au moins les quatre années de lycée avec le bac (Abitur). Depuis 1997, le bac est obligatoire pour l’inscription à la faculté de théologie. Même un étudiant hors du commun ne peut pas s’inscrire sans avoir ce niveau. Ces derniers temps, quelques jeunes qui ont demandé à être admis au séminaire n’avaient pas effectué le cursus prévu. Ils peuvent cependant être accueillis, avec l’accord de l’évêque qui leur demande alors de passer le bac en même temps.
La majorité des théologiens sont issus de familles de deux ou trois enfants, mais ils sont moins nombreux à être issus de famille de six enfants ou plus. Rares sont les familles dans lesquelles les enfants uniques se décident pour une vocation de prêtre ou de religieux. Les familles nombreuses sont plus ouvertes aux vocations spécifiques.
Pour l’instant, la majorité des vocations de séminaristes est issue du cercle des servants d’autel. Autre environnement favorable : les groupes de jeunes, les chorales et les mouvements spirituels. Au cours de ces dix dernières années, les animateurs de jeunes qui se décident pour le ministère de prêtre ou pour les communautés religieuses sont de plus en plus nombreux. Les trois diocèses ont fondé aussi une école d’animateurs pour les lycéens.
L’intérêt pour la vocation de prêtre et de religieux se trouve favorisé par la prière en famille et la participation régulière à l’Eucharistie du dimanche. Il est toujours exact de dire que la vocation sacerdotale naît dans la prière. Souvent elle a été motivée par d’autres personnes, particulièrement par un parent, par des amis ou alors il s’agit en quelque sorte d’un cadeau de Dieu. Il se peut que les parents s’opposent à ce que leur enfant réponde à une vocation particulière. Nombre de prêtres, de religieux ou religieuses sont issus de familles qui ne vivaient pas de la prière commune ou de la pratique religieuse régulière. Dans l’avenir nous verrons des candidats à une vocation spécifique issus d’un milieu totalement incroyant.

La prière pour les vocations

En dehors du dimanche du Bon Pasteur qui unit l’Eglise entière dans une prière confiante, la journée de prière diocésaine pour l’éclosion des vocations en porte également le souci. Elle a lieu à Bezje pour le diocèse de Ljubljana, à Ptujska Gora pour celui de Maribor et à Sveta Gora pour celui de Koper. Dans ces journées, les Eglises particulières s’unissent fraternellement dans une prière commune, à l’écoute de Dieu qui appelle. Les servants d’autel, les participants aux groupes de prières ainsi que de plus en plus de jeunes couples ces dernières années, y prennent part.
Le plus beau lieu de prière pour les vocations est la communauté paroissiale locale. Les premiers jeudis du mois et les jours de vénération du Saint Sacrement participent de ces formes régulières de prière paroissiale pour les vocations. Au cours de ces journées, le plus grand nombre des paroissiens sont associés à la prière. Y sont invités particulièrement les servants d’autel et tous les autres collaborateurs des prêtres. Certaines paroisses essayent de transférer ces temps de prière du jeudi sur d’autres jours, mais ces essais sont malgré tout peu nombreux.
Il y a encore d’autres formes de prière paroissiale pour les vocations : la prière du chapelet avant la messe, la prière en groupe de couples, en groupe de jeunes et les prières faites par les pratiquants pour les vocations pendant la messe. Certaines paroisses invitent les jeunes à venir, à la sortie de l’école, pour prier au moins une demi-heure devant le Saint Sacrement. D’autres paroisses recommandent que ce temps de prière soit organisé en famille. Ainsi, une fois par semaine, se réunissent les familles, les voisins, les amis et d’autres invités et ils prient ensemble pour de nouvelles vocations.
Dans les trois diocèses, les groupes de prière sont bien enracinés : ils attirent de cinq à quarante-cinq personnes. La majorité des paroisses ont une dizaine de participants dans leur groupe de prière. Mais certains groupes atteignent les trois cents personnes. Les liens entre les priants sont établis par les périodiques comme Renouveau et Le Seigneur appelle. Dans chaque numéro, on trouve des suggestions, des réflexions et orientations spirituelles. En dehors des groupes paroissiaux, il y a aussi les groupes de prières des différentes associations comme par exemple, le groupe Emmanuel, le Renouveau dans l’Esprit, l’œuvre mariale, le Néo-catéchuménat, un groupe de prière salésien pour les vocations, des groupes de malades et les groupes de prière des Enfants de l’Immaculée.
Les groupes de prière du Rosaire Vivant pour de nouvelles vocations et leur persévérance sont très répandus. Il s’agit d’un groupe de prière, qui se réunit en un ou plusieurs groupes d’une vingtaine de personnes pour prier une dizaine sur l’un des vingt mystères du Rosaire, dans la contemplation de la vie de Jésus et de Marie. C’est ainsi qu’un groupe de ces priants prie chaque jour les quatre parties du Rosaire. Le Rosaire vivant compte déjà plus de treize mille participants en Slovénie. Tous les participants sont reliés par la revue La Moisson, qui les invite au renouveau spirituel et aux retraites annuelles. Le but du rosaire est avant tout la prière pour le renouveau des vocations.
Dans les différents groupes de prière et les rassemblements, on invite les jeunes. De différentes manières, les jeunes sont invités à la prière régulière et quotidienne, des exercices spirituels sont organisés et on propose à chacun un accompagnement personnel. On propose aux jeunes qui se posent la question du ministère presbytéral ou aux filles qui pensent à la vie consacrée des week-ends spirituels enracinés dans la prière et la lecture biblique. Il faut citer enfin le groupe « Samuel », qui aide les jeunes dans la recherche et la découverte de leur vocation propre. Le travail de ce groupe s’appuie avant tout sur la Parole de Dieu et la prière personnelle.

Le travail pour les vocations

En Slovénie, les jeunes entendent parler de la vocation avant tout dans l’enseignement religieux de la paroisse. Les prê­tres parlent de la vocation avec les enfants de dix à seize ans. Dans les paroisses où il y a un enseignement religieux pour les jeunes, ce thème est abordé également avec des jeunes de dix-sept à vingt-cinq ans. La participation aux retraites spirituelles est recommandée aux enfants et aux jeunes et, pour ceux qui manifestent un intérêt pour la vocation, on recommande le choix d’un accompagnateur spirituel.
En Slovénie il y a environ soixante centres dans lesquels sont donnés des exercices spirituels. Ces dernières années, les propositions spirituelles se sont multipliées. En dehors des exercices spirituels, on fait part aux jeunes des propositions suivantes : rencontres d’adolescents, semaines de spiritualité, introductions à la prière, oratorios, groupes de théâtre et sorties de groupes. Pour les étudiants qui en demandent encore davantage, les portes sont ouvertes chez les clarisses, les carmélites, les cisterciens et les chartreux. Chez eux, les jeunes peuvent s’associer à la célébration de l’Eucharistie, à la prière du soir ou de nuit. Les participants font ainsi une expérience de prière ou de prière de nuit. Il semble qu’aujourd’hui les jeunes cherchent de plus en plus ces oasis de paix et souhaitent que là, Dieu se manifeste personnellement.
Les séminaristes sont aussi associés à ce travail pour la pastorale des vocations. Quand ils visitent les paroisses – avant tout le dimanche du Bon Pasteur – ils rencontrent volontiers les enfants et les jeunes. Avec les religieux et les religieuses, ils visitent les doyennés où ils rencontrent également les jeunes. Une fois dans l’année est organisée dans chaque diocèse une journée portes ouvertes dans les maisons religieuses, les séminaires et petits séminaires.
Dans chacun des diocèses, les théologiens organisent un quiz pour les jeunes ou pour les servants d’autel ainsi qu’un tournoi de foot. Ces activités s’adressent à des jeunes de quatorze à dix-huit ans. Les jeunes s’intéressent volontiers aux personnes qui ont répondu à l’appel de Dieu. Dans le quiz, les jeunes apprennent à connaître des personnalités comme saint Antoine-Martin Slomsek, Jean XXIII, le docteur Janez Janes, Mère Teresa et d’autres. Un jeune a besoin d’un grand idéal pour lequel cela vaut la peine de donner sa vie. Les quiz et autres formes de concours conviennent bien aux jeunes, en Slovénie.
On ne peut pas se représenter le travail pour la pastorale des vocations sans les moyens modernes de communication tels que la presse, la radio, la télévision, le cinéma et internet. Parmi les adultes, l’hebdomadaire La Famille (tiré à 53 000 exemplaires) trouve un grand écho. Le mensuel Le Foyer (tiré à 100 000 exemplaires) est destiné aux jeunes. En Slovénie, Le Foyer est aussi le nom de la radio catholique qui émet de manière tout à fait efficace depuis bientôt dix ans. La conscience de l’importance et de l’impact des médias sur la jeunesse grandit toujours plus. En ce qui concerne les vocations chrétiennes, les jeunes peuvent aussi s’informer par internet. Depuis quelques années, la faculté de théologie conduit le programme « Kommunikologie » dans lequel les étudiants peuvent se familiariser avec l’activité et l’utilisation des médias.

Vers de nouveaux défis

En Slovénie, dans notre travail pour la pastorale des vocations, nous sommes toujours plus ouverts aux nouveaux défis. Nous savons que le travail pour la pastorale des vocations ne se joue pas seulement sur quelques propositions discrètes. Chaque génération de croyants doit chercher ses manières de travailler pour les vocations chrétiennes, celles qui parleront aux hommes de notre temps. Nous sommes convaincus que l’homme d’aujourd’hui doit être rejoint par de nouveaux modèles.
Le souci des vocations chrétiennes ne peut plus se limiter aujourd’hui à la catéchèse et à l’homélie du dimanche. Les jeunes voudraient connaître toujours mieux la vocation chrétienne par leurs rencontres personnelles, par leurs partages de vie et par une nouvelle découverte du mystère de l’Eucharistie. On voit bien aujourd’hui, dans les paroisses, que les gens ne sont plus aussi « friands » que par le passé d’une journée complète d’adoration du Saint Sacrement, bien qu’il y ait de plus en plus de recherche d’une vraie spiritualité. Les gens aimeraient découvrir leur propre rapport à l’Eucharistie. C’est pourquoi nous cherchons de nouveaux chemins pour introduire l’homme moderne au mystère du Saint Sacrement ou pour enthousiasmer les jeunes pour le mystère de la vocation chrétienne, avant tout pour celle du prêtre et de la vie religieuse.
En Slovénie, de nouvelles formes de spiritualité apparaissent, qui sont aussi attirantes pour des marginaux et des croyants qui ont pris de la distance. Pendant l’Avent, les non-croyants décorent aussi leur couronne d’Avent et, à Pâques, nombreux sont ceux qui se rassemblent pour la bénédiction des mets de Pâques. De plus en plus de paroisses optent pour la représentation de la crèche vivante à Noël et de la Passion du Christ. Ainsi, nous cherchons des chemins pour partager avec les gens les trésors spirituels cachés de l’année liturgique. C’est un devoir de se rapprocher suffisamment de l’homme moderne pour le motiver dans la découverte des trésors de sa religion. Peut-être, de cette manière, certains pourront-ils se décider pour une vocation chrétienne.
Depuis plusieurs années la Conférence des évêques de Slovénie autorise les filles à servir la messe. Malgré cela, il y a peu de servantes d’autel dans nos paroisses. Les prêtres y sont peu favorables, parce qu’ils pensent qu’elles vont éloigner les garçons de ce service. C’est un fait, nous n’avons pas le droit d’oublier les vocations chrétiennes féminines. C’est pourquoi nous réfléchissons sur la formation programmée des servantes d’autel dans nos paroisses. Nous tablons sur l’espoir que les religieuses nous y aideront grandement.
En Slovénie, parmi les vocations chrétiennes, il y a aussi le trésor encore intact du diaconat permanent. Les hommes mariés, bons pères et croyants exemplaires, conviennent particulièrement à cette vocation. Chaque paroisse connaît de tels hommes de bonne réputation et qui seraient susceptibles de devenir diacres permanents. Beaucoup d’entre eux apportent déjà une grande partie de leur temps disponible au prêtre local. Nous sommes conscients qu’ils pourraient apporter d’autres avantages à l’Eglise de Slovénie s’ils pouvaient se consacrer à l’Eglise comme diacres permanents. Les prêtres aimeraient avoir des diacres mais il y a encore bien des questions ouvertes sur cette vocation et avant tout sur la manière dont on prendrait en compte leur subsistance de manière décente. Il est difficile de garantir un traitement correct à ceux qui se consacrent à un service ecclésial et la plupart des paroisses ne peuvent pas prendre en charge la subsistance des diacres permanents.
Les vocations de lecteurs permanents, d’acolytes permanents et de ministre extraordinaires de la sainte communion sont inconnues en Slovénie. Bien que toutes ces vocations chrétiennes nous soient bien connues, elles sont trop peu présentées aux croyants.
Tous ces faits indiquent qu’un temps nouveau s’ouvre devant nous, qui réclame absolument une autre façon de travailler pour les vocations chrétiennes. Nos familles, nos paroisses et nos diocèses doivent devenir les écoles audacieuses pour les vocations chrétiennes en même temps que le phare qui brillera dans le troisième millénaire.