- accueil
- > Eglise et Vocations
- > 2009
- > n°7 - Accompagnement spirituel et vocations
- > Edito
- > Edito (n° 7)
Edito (n° 7)
Cette rencontre, décidée à partir des besoins identifiés par le SNV et les SDV, est le fruit d’une nécessité : travailler à nouveau frais la question de l’accompagnement spirituel telle qu’elle apparaît dans les services diocésains des vocations. Ce qui suit résume les traits essentiels de l’intervention introductive à la session ; elle visait, après un bref état des lieux, à pointer quelques besoins concrets et problématiques propres aux SDV1.
Un constat commun : l’ensemble des diocèses de France n’ayant pas tous les mêmes ressources en personnes2, les SDV ne disposent pas toujours d’un nombre suffisant de personnes capables de répondre à la diversité des demandes, bien formées, expérimentées et qui, de surcroît, bénéficient d’une supervision régulière3. Ces conditions ne sont pas toujours réunies, ce qui n’est pas sans conséquences.
Quelques situations récurrentes pointées par des SDV : un jeune – terme générique H/F – se présente et se livre « brut de décoffrage », habité par des questions plus ou moins clairement vocationnelles, sans distinguer entre for interne et for externe puisque ces notions lui sont, à ce stade, tout à fait étrangères ! Le SDV ne peut qu’accueillir ce récit et opérer un premier discernement. Pour orienter ce jeune du mieux possible, il est convoqué à repérer, pour les tenir à distance, ses projections et ses constructions imaginaires. Il est souhaitable que le SDV ait une formation solide, une réelle aptitude à l’écoute, car il s’agit d’un véritable charisme et suffisamment d’alternatives à sa disposition pour répondre aux différences qu’il rencontre. Un autre jeune vient de vivre une rencontre intime avec le Seigneur, une expérience collective forte, – ex. les JMJ – etc. Pour que cette expérience prenne corps et passe du singulier au communautaire, elle requiert un espace de parole et un lieu. Un jeune multiplie les accompagnateurs ou/et les expériences au sein de communautés, plus ou moins variées. Comment l’aider à dégager le fil rouge de son questionnement ?
Il arrive que le SDV perçoive, au cours d’une rencontre, un problème psychologique manifeste ; de nombreuses interrogations surgissent alors. Ce trouble est-il de nature à gêner à la fois l’insertion du jeune et la progression du groupe de discernement auquel il pourrait participer ? Le SDV doit-il proposer d’abord une aide psychologique ? Doit-il la doubler d’un accompagnement spirituel et à quelles conditions ? Le SDV dispose-t-il des personnes ressource nécessaires pour l’aider au discernement ? Pour clore ce petit excursus, loin d’être exhaustif, il faut évoquer les candidats de plus de 40 ans. Comment les accompagner et que peut-on leur proposer qui tienne compte de leur expérience et de leur autonomie ?
Le contexte sociologique et les modes de communications ont largement changé4. De nos jours, il est souvent très difficile pour un jeune d’oser parler de vocation, à sa famille comme à ses amis. Cette interrogation, de plus en plus de l’ordre de l’intime, est souvent portée dans une grande solitude. Il est donc essentiel que nos lieux d’écoute soient, non seulement repérables mais facilement accessibles.
Les lieux d’information et d’échange de la jeunesse sont, outre la presse et de la télévision, internet et le téléphone portable5. Quelles leçons en tirer ? Il nous faut « être sur la toile » si nous voulons que le terme « vocation » soit encore lié, dans les esprits, à un service du Christ ! Concrètement, chaque diocèse dispose d’un site ; que le mot « vocation » soit en première page6 ! Ainsi, s’il n’est pas toujours possible d’organiser des permanences régulières en un lieu précis, ces techniques viennent à notre secours7. Si nous ne voulons pas que les jeunes nous zappent… ne les zappons pas !
L’avènement des sciences humaines (et en particulier de la psychanalyse), a entraîné des modifications importantes non seulement dans les modes de communication, entendus au sens large, mais aussi dans les manières d’écouter. De plus, il n’est plus rare que des personnes ayant bénéficié d’un suivi psychologique (psychothérapie, voire psychanalyse, etc.) se présentent dans les SDV8. Il faudrait désormais être en mesure de prendre en compte cette réalité, dans le type d’accompagnement à proposer. « La conscience de soi », voire la maturité de ces personnes, à l’oreille affinée par la thérapie, demande que l’on soit attentif au savoir faire et au savoir être de l’accompagnateur. Le SDV n’a-t-il pas, d’une certaine manière, la charge de tendre à ce « qu’aucun – de ceux qui se présentent à lui – ne se perde » ? Il aura tout intérêt à choisir un accompagnateur ayant des aptitudes spécifiques ; mais a-t-on partout accès à de telles compétences ? Pense-t-on à les solliciter, voire à déceler des accompagnateurs potentiels – quitte à parfaire leur formation dans un second temps ?
Pourquoi un accompagnement spirituel ? Cette interrogation est à situer dans les propositions faites à l’ensemble des baptisés. La demande d’accompagnement des laïcs tend à croître ; ne sommes-nous pas entrés dans une culture du récit9 ? L’Église10 répond positivement à cette demande des laïcs, étendant plus largement ce qui était jusque là réservé à quelques-uns11. Dans un tel contexte, comment justifier que des individus en recherche vocationnelle, baptismale voire « spécifique », avec toutes les difficultés inhérentes à ces problématiques, soient abandonnés, exempts d’accompagnement spirituel ? Qui pourrait imaginer parcourir seul un tel chemin ?
En matière d’accompagnement au discernement vocationnel, les diocèses ne font pas tous les mêmes propositions. Certains groupes de recherche12 sont mixtes, d’autres pas. Certains fondent leur proposition sur la vocation baptismale commune à tous les baptisés, d’autres mettent d’emblée l’accent sur les vocations spécifiques13. L’expérience montre que ces premières années de discernement accompagné sont fondatrices pour la suite et cela quelle que soit l’option qui sera prise.
Vocation spécifique et accompagnement spirituel. Lorsque nous parlons de vocation spécifique, n’oublions pas que, si la foi est déterminante, il s’agit de discerner aussi chez un homme ou femme, une adéquation potentielle, même en germe, à un service d’Église plus particulier. Un tel discernement demande chez le candidat une maturité suffisante, du temps et requiert un accompagnateur au regard attentif et bienveillant, mais aussi extérieur et objectif.
Hommes et femmes accompagnateurs. Regardant les laïcs, l’accompagnement est mis en œuvre par des hommes comme par des femmes. En revanche, s’agissant du discernement des vocations spécifiques, l’accompagnateur est du même sexe que l’accompagné, au moins dans les premiers temps du discernement. Il semble qu’une intuition émerge en matière de discernement et d’accompagnement des vocations spécifiques. Même si pour l’instant la réflexion est embryonnaire, l’observation du terrain induirait à envisager : un accompagnement qui ne tienne pas toujours comme incontournable l’identité sexuelle entre accompagnant et accompagné, un discernement qui serait ponctuellement à deux voix (homme et femme) au cours d’un parcours vocationnel, pour confronter les points de vue et affiner le discernement. Certains voient cette collaboration comme un véritable « partage de charismes » au service de la croissance des vocations dont l’Église a besoin.
Un constat commun : l’ensemble des diocèses de France n’ayant pas tous les mêmes ressources en personnes2, les SDV ne disposent pas toujours d’un nombre suffisant de personnes capables de répondre à la diversité des demandes, bien formées, expérimentées et qui, de surcroît, bénéficient d’une supervision régulière3. Ces conditions ne sont pas toujours réunies, ce qui n’est pas sans conséquences.
Quelques situations récurrentes pointées par des SDV : un jeune – terme générique H/F – se présente et se livre « brut de décoffrage », habité par des questions plus ou moins clairement vocationnelles, sans distinguer entre for interne et for externe puisque ces notions lui sont, à ce stade, tout à fait étrangères ! Le SDV ne peut qu’accueillir ce récit et opérer un premier discernement. Pour orienter ce jeune du mieux possible, il est convoqué à repérer, pour les tenir à distance, ses projections et ses constructions imaginaires. Il est souhaitable que le SDV ait une formation solide, une réelle aptitude à l’écoute, car il s’agit d’un véritable charisme et suffisamment d’alternatives à sa disposition pour répondre aux différences qu’il rencontre. Un autre jeune vient de vivre une rencontre intime avec le Seigneur, une expérience collective forte, – ex. les JMJ – etc. Pour que cette expérience prenne corps et passe du singulier au communautaire, elle requiert un espace de parole et un lieu. Un jeune multiplie les accompagnateurs ou/et les expériences au sein de communautés, plus ou moins variées. Comment l’aider à dégager le fil rouge de son questionnement ?
Il arrive que le SDV perçoive, au cours d’une rencontre, un problème psychologique manifeste ; de nombreuses interrogations surgissent alors. Ce trouble est-il de nature à gêner à la fois l’insertion du jeune et la progression du groupe de discernement auquel il pourrait participer ? Le SDV doit-il proposer d’abord une aide psychologique ? Doit-il la doubler d’un accompagnement spirituel et à quelles conditions ? Le SDV dispose-t-il des personnes ressource nécessaires pour l’aider au discernement ? Pour clore ce petit excursus, loin d’être exhaustif, il faut évoquer les candidats de plus de 40 ans. Comment les accompagner et que peut-on leur proposer qui tienne compte de leur expérience et de leur autonomie ?
Le contexte sociologique et les modes de communications ont largement changé4. De nos jours, il est souvent très difficile pour un jeune d’oser parler de vocation, à sa famille comme à ses amis. Cette interrogation, de plus en plus de l’ordre de l’intime, est souvent portée dans une grande solitude. Il est donc essentiel que nos lieux d’écoute soient, non seulement repérables mais facilement accessibles.
Les lieux d’information et d’échange de la jeunesse sont, outre la presse et de la télévision, internet et le téléphone portable5. Quelles leçons en tirer ? Il nous faut « être sur la toile » si nous voulons que le terme « vocation » soit encore lié, dans les esprits, à un service du Christ ! Concrètement, chaque diocèse dispose d’un site ; que le mot « vocation » soit en première page6 ! Ainsi, s’il n’est pas toujours possible d’organiser des permanences régulières en un lieu précis, ces techniques viennent à notre secours7. Si nous ne voulons pas que les jeunes nous zappent… ne les zappons pas !
L’avènement des sciences humaines (et en particulier de la psychanalyse), a entraîné des modifications importantes non seulement dans les modes de communication, entendus au sens large, mais aussi dans les manières d’écouter. De plus, il n’est plus rare que des personnes ayant bénéficié d’un suivi psychologique (psychothérapie, voire psychanalyse, etc.) se présentent dans les SDV8. Il faudrait désormais être en mesure de prendre en compte cette réalité, dans le type d’accompagnement à proposer. « La conscience de soi », voire la maturité de ces personnes, à l’oreille affinée par la thérapie, demande que l’on soit attentif au savoir faire et au savoir être de l’accompagnateur. Le SDV n’a-t-il pas, d’une certaine manière, la charge de tendre à ce « qu’aucun – de ceux qui se présentent à lui – ne se perde » ? Il aura tout intérêt à choisir un accompagnateur ayant des aptitudes spécifiques ; mais a-t-on partout accès à de telles compétences ? Pense-t-on à les solliciter, voire à déceler des accompagnateurs potentiels – quitte à parfaire leur formation dans un second temps ?
Pourquoi un accompagnement spirituel ? Cette interrogation est à situer dans les propositions faites à l’ensemble des baptisés. La demande d’accompagnement des laïcs tend à croître ; ne sommes-nous pas entrés dans une culture du récit9 ? L’Église10 répond positivement à cette demande des laïcs, étendant plus largement ce qui était jusque là réservé à quelques-uns11. Dans un tel contexte, comment justifier que des individus en recherche vocationnelle, baptismale voire « spécifique », avec toutes les difficultés inhérentes à ces problématiques, soient abandonnés, exempts d’accompagnement spirituel ? Qui pourrait imaginer parcourir seul un tel chemin ?
En matière d’accompagnement au discernement vocationnel, les diocèses ne font pas tous les mêmes propositions. Certains groupes de recherche12 sont mixtes, d’autres pas. Certains fondent leur proposition sur la vocation baptismale commune à tous les baptisés, d’autres mettent d’emblée l’accent sur les vocations spécifiques13. L’expérience montre que ces premières années de discernement accompagné sont fondatrices pour la suite et cela quelle que soit l’option qui sera prise.
Vocation spécifique et accompagnement spirituel. Lorsque nous parlons de vocation spécifique, n’oublions pas que, si la foi est déterminante, il s’agit de discerner aussi chez un homme ou femme, une adéquation potentielle, même en germe, à un service d’Église plus particulier. Un tel discernement demande chez le candidat une maturité suffisante, du temps et requiert un accompagnateur au regard attentif et bienveillant, mais aussi extérieur et objectif.
Hommes et femmes accompagnateurs. Regardant les laïcs, l’accompagnement est mis en œuvre par des hommes comme par des femmes. En revanche, s’agissant du discernement des vocations spécifiques, l’accompagnateur est du même sexe que l’accompagné, au moins dans les premiers temps du discernement. Il semble qu’une intuition émerge en matière de discernement et d’accompagnement des vocations spécifiques. Même si pour l’instant la réflexion est embryonnaire, l’observation du terrain induirait à envisager : un accompagnement qui ne tienne pas toujours comme incontournable l’identité sexuelle entre accompagnant et accompagné, un discernement qui serait ponctuellement à deux voix (homme et femme) au cours d’un parcours vocationnel, pour confronter les points de vue et affiner le discernement. Certains voient cette collaboration comme un véritable « partage de charismes » au service de la croissance des vocations dont l’Église a besoin.
Bonne session !
1 - Telles qu’elles nous sont rapportées au fil de nos rencontres de terrain. [retour au texte]
2 - Si certains diocèses se sont attachés à développer des formations à l’accompagnement (Nantes, Versailles, Evreux, Dijon, Poitiers, etc.), d’autres, pour être en mesure de tenir ces propositions de discernement, se sont regroupés ; en unissant leurs forces, ils ouvrent des perspectives et trouvent des solutions. [retour au texte]
3 - Signalons que le SNV, depuis de nombreuses années, en collaboration avec le centre spirituel de Manrèse propose deux fois par an une session de formation. [retour au texte]
4 - Il y a encore une cinquantaine d’années, un jeune qui se posait la question d’une vocation presbytérale ou religieuse pouvait sans trop de difficultés en faire part à ses proches (parents, amis) et il trouvait facilement un prêtre ou une religieuse pour en discuter. [retour au texte]
5 - Signalons le développement fulgurant des SMS qui a entraîné l’usage d’une nouvelle langue codée. [retour au texte]
6 - Les meilleurs atouts des SDV sont leurs réseaux, les différents services diocésains, l’enseignement catholique, les aumôneries, et leur constance. Toutes les collaborations, les liens, les mises en œuvre dans l’exercice de la mission renforcent la pertinence des demandes de visibilité de nos services dédiés aux vocations. [retour au texte]
7 - Que nos coordonnées figurent (email, un ou plusieurs numéros de téléphone) sur le site du diocèse ! Les jeunes n’ayant plus le même rapport au temps que leurs aînés, il est essentiel que les SDV soient réactifs aux demandes. [retour au texte]
8 - L’observation montre que ce mouvement ne fait que croître, et cela dès la toute petite enfance. [retour au texte]
9 - Chacun sait désormais se mettre, de manière plus ou moins heureuse, en récit et se pense – à tort ou à raison – le héros d’une véritable aventure intime, jusque dans l’ordinaire de l’existence. [retour au texte]
10 - D’ailleurs, certains évêques en font, dans les lettres de missions qu’ils remettent aux laïcs, une véritable condition, constitutive de l’exercice des fonctions dévolues. [retour au texte]
11 - Des espaces où il soit possible d’aborder « l’indicible » sont devenus indispensables, à proportion de la difficulté à communiquer, en société, sur les questions de foi et de vie intérieure. Nos contemporains s’expriment bien plus facilement sur leur vie privée, leurs opinions, que sur leur vie intérieure (quand ils ont conscience d’en avoir une) ; la notion de pudeur semble s’être déplacée. Le catholicisme se vit, quantitativement, de moins en moins sur le mode sociologique. En conséquence, moins la culture ambiante favorise le discours sur l’expérience de foi et la vie intérieure, plus de tels espaces d’écoute et de gratuité s’avèrent utiles, voire indispensables pour transmettre et garder vivante la Vie du Christ. [retour au texte]
12 - Sur ces questions, consulter le dossier consacré aux groupes de recherche du n° 6 d’Église et vocations. [retour au texte]
13 - Ceux qui s’engageront plus avant bénéficieront tous, au cours de leurs formations respectives, d’un accompagnement spirituel qui prendra chacun d’eux là où il en est. Nous pensons aux propédeutiques qui, rappelons-le, sont en lien avec les SDV, mais aussi aux séminaires, aux noviciats apostoliques et monastiques comme aux instituts de vie consacrée. [retour au texte]