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N’ayez pas peur !
Brigitte Riche
service de la catéchèse
du diocèse de Bayeux-Lisieux
Nous publions ici de larges extraits de l’intervention de Brigitte Riche à Coutances le 8 mai 2007, donnée dans le cadre d’une journée de pèlerinage diocésain intitulée « N’ayez pas peur ! »
J’ai fait partie pendant six ans du Service national des vocations comme membre laïque, mariée et mère de famille. Avec Dominique, nous avons huit enfants et deux petits-enfants. Je voudrais, à travers cette intervention donnée au cours d’un pèlerinage organisé par les services diocésains des vocations et de la pastorale familiale de Coutances, le 8 mai 2007, redire mes convictions et formuler quelques propositions. Ces six années m’ont permis de rencontrer des prêtres, des religieux et religieuses, d’autres laïcs ; d’élargir mon horizon et de mieux appréhender de l’intérieur la vie de l’Eglise. J’ai acquis la conviction, grâce à toutes ces rencontres, à mes déplacements dans les différentes provinces et dans les congrès européens, que nous formons tous le Corps du Christ, que chaque personne a une vocation au titre de son baptême et que tous ensemble nous avons notre partition à jouer dans la « symphonie des vocations ». Face aux lamentations de certains, aux inquiétudes, aux interrogations des autres, je voudrais aider à porter un regard d’espérance sur la situation actuelle. Ce n’est pas un optimisme béat, mais plutôt une espérance fondée sur une analyse que nous avons menée en équipe pendant ces six années, d’abord avec Jean-Marie Launay, puis avec Jacques Anelli et Hélène Daccord. Ensuite, je voudrais réaffirmer à la suite du pape Jean-Paul II, que toute vie est vocation et porter un regard lucide sur le propre de chacune des vocations. Enfin, je voudrais donner quelques pistes pour l’accompagnement des enfants et des jeunes.
Cette phrase qui revient souvent dans les récits de vocation et que Jean-Paul II avait reprise au début de son pontificat, « N’ayez pas peur », est une phrase que nous avons à dire et à redire autour de nous. Car de nombreuses peurs habitent nos contemporains, en particulier les jeunes, et peuvent aller jusqu’à les paralyser.
Guy Lescanne, dans son ouvrage 15-25 ans : on ne sait plus qui croire 1, a été frappé par tous ces « je ne sais pas » qui se glissent au cœur des propos des jeunes. Ils traduisent de l’humilité, de la perplexité, une souffrance (est-ce qu’on peut savoir ?), souvent une forte inquiétude. Ce n’est pas une absence de connaissances : toutes ces connaissances, je les ai, mais je ne sais pas quoi en faire, je ne sais pas où adhérer. Du côté de la famille, qu’est-ce qui tient, quand je vois les divorces dans ma famille ? Du côté de l’information, qu’est-ce qui est vrai ? Quel média croire ? A quel homme ou femme politique puis-je faire confiance ? A quel responsable économique avec toutes ces « affaires » ? Et quant au sport, n’en parlons pas avec toutes ces affaires de dopage ! En qui croire ? En la famille ? L’amitié ? La tendresse ? La justice ? Et le plus difficile, c’est peut-être de croire en soi-même.
Avance au large 2
C’est une invitation à se risquer, à aller au loin. La vocation chrétienne n’est pas réservée à quelques-uns (moine, missionnaire, prêtre, diacre, religieuse…) La vocation est une aventure proposée à tous sans exception, une réponse donnée à la suite d’une rencontre, un chemin fait d’élans et d’embûches, de combats et de joies, une alliance toujours renouvelée par une Parole vivante.
En ce début du troisième millénaire comme aux premiers jours de notre ère, tous les disciples du Christ sont invités à vivre l’aventure de l’Evangile pour le service de tous les hommes. Comme le rappelait Mgr Teissier, archevêque d’Alger, « la vocation chrétienne c’est cette orientation profonde de sa vie que le croyant découvre comme un don de Dieu et un appel de l’Eglise. Parfois il faut l’assumer jusqu’au bout, au péril de sa vie. » Chacun de nous a une vocation personnelle, et les différentes vocations sont toutes nécessaires à la vie de l’Eglise. Toute notre existence quotidienne doit donner envie, aux hommes et femmes que nous rencontrons, de rencontrer et d’annoncer le Sauveur.
En famille
Parce que les parents sont les premiers éducateurs vocationnels de leurs enfants. Ils sont les premiers éducateurs tout court. La famille est le lieu premier et naturel des appels : appel à la vie, appel à grandir, appel à entrer en relation avec les autres. Les parents chrétiens apprennent à leurs enfants, par l’exemple et par la parole, la relation à Dieu, une relation où Dieu est pour moi une personne : tu comptes pour lui, Dieu compte sur toi. C’est une relation qui s’exprime dans un dialogue (celui de la prière), dans l’écoute de sa Parole, dans la célébration des sacrements (baptême, eucharistie, confirmation, réconciliation…), dans le service des autres. Vous me direz : cela, c’est l’idéal, mais ce n’est pas ce qui se vit ; c’est souvent vrai, mais déjà dans l’amour humain, dans les relations vécues en famille au seul plan humain, il y a des pierres d’attente :
• les parents (en général) souhaitent le bonheur de leurs enfants, ils veulent le meilleur pour eux ;
• la vie est un bien reçu. Nul ne se donne la vie. Transmettre ce principe fondamental, c’est former au sens de la gratitude, de la reconnaissance du don, de la conviction que tout ce que l’on a et tout ce que l’on est, on l’a reçu, que l’on n’est pas sa propre origine mais qu’un autre (un Autre) nous a préféré à la non-existence.
Une telle éducation, qui est une éducation à l’amour, finalement, ne s’ajoute pas aux tâches et devoirs familiaux habituels. L’éducation vocationnelle n’est pas un supplément, elle explicite la nature de l’éducation familiale. Celui qui a appelé à la vie terrestre peut éduquer à percevoir l’autre voix ; la voix de Celui qui appelle à la plénitude de la vie. Notre mission de parents va jusque-là : que les enfants nés dans notre famille répondent tous, et chacun personnellement, au projet de Dieu sur chacun d’eux, au « rêve » que Dieu a pour eux.
Le pape Benoît XVI le rappelle dans son message pour la journée mondiale de prière pour les vocations cette année : « Le souci des vocations exige donc une éducation constante à l’écoute de la voix de Dieu, comme le fit Eli en aidant le jeune Samuel à comprendre ce que Dieu lui demandait et à le réaliser rapidement (cf. 1 S 3, 9). Or, il ne peut y avoir d’écoute docile et fidèle que dans un climat de communion intime avec Dieu. »
[…]
Découvrir que toute vie est vocation
Approfondir le sens des vocations aujourd’hui
Un des apports du siècle dernier a été la mise en valeur de la mission des laïcs, témoins de l’Evangile dans leur participation à la vie du monde. Par l’Action catholique notamment, le XXe siècle a vu bien des chrétiens prendre activement part à la vie de la société, au nom de leur foi. Et depuis ces dernières années, ils participent activement à la vie des paroisses. Il n’est plus nécessaire d’être engagé dans la vie religieuse ou dans le ministère presbytéral pour avoir pleinement le sentiment de prendre une part active à la mission de l’Eglise. Aujourd’hui, il est possible de vivre des engagement chrétiens forts pour un temps déterminé sans que cela implique un état de vie particulier. D’autre part, le concile Vatican II a revalorisé la vocation baptismale comme véritable chemin de sanctification. Tous, par notre baptême, nous sommes devenus « prêtre, prophète et roi » avec la triple mission de la prière, de l’annonce de la Bonne Nouvelle et du service des autres. Tous, nous sommes appelés à la sainteté : « Soyez saints comme votre Père est saint » (Mt 5, 48). Ces nouvelles et heureuses manières de vivre la mission auprès des hommes de notre temps font disparaître, pour bien des chrétiens, la pertinence du choix de la vie religieuse ou du ministère presbytéral.
La vie religieuse aujourd’hui ne s’identifie plus à des œuvres (des écoles, des hôpitaux par exemple). Adopter la vie religieuse comme forme de vie exige une décision forte de la liberté personnelle par rapport à l’environnement social. Dans la culture contemporaine, l’individu et son autonomie sont extrêmement valorisés ; or la vie religieuse implique une vie communautaire placée sous le signe du partage et de l’obéissance. Nous vivons dans une époque au temps fragmenté : comment envisager un état de vie placé sous le signe de la fidélité à un appel entendu, fidélité à une communauté humaine particulière (un institut religieux) ? Beaucoup de chrétiens pensent que nous avons encore besoin de prêtres pour les sacrements mais les religieux(ses), à quoi servent-ils ?
Et pourtant, Jean-Paul II le rappelait aux évêques de la province de Marseille (en décembre 2003) : « L’Eglise a plus que jamais besoin de témoins authentiques manifestant que la radicalité évangélique est source de bonheur et de liberté. »
En ce qui concerne le ministère presbytéral, il faut favoriser une meilleure compréhension de ce ministère et de la valeur du célibat choisi. Beaucoup pensent que si l’on permettait le mariage des prêtres, il y aurait plus de vocations. Cela ne se vérifie pas dans les autres Eglises chrétiennes et notamment dans les Eglises orientales catholiques. L’exercice du ministère presbytéral connaît une constante évolution. Il y a quelques années, les prêtres étaient invités à travailler ensemble, ce qui n’était pas toujours dans leurs habitudes quand chacun était curé dans sa petite paroisse. Aujourd’hui, le travail de collaboration se vit aussi avec des laïcs. Cette évolution ne va pas toujours sans difficultés. Il faut donc aider chacun à percevoir la nécessaire articulation entre les différents ministères et engagements et en avoir une meilleure compréhension.
Le mariage chrétien est aussi une vocation. Le mariage est un sacrement, signe authentique de l’amour de Dieu et de son alliance. Comme le rappelle le Rituel du mariage, les époux sont appelés à vivre leur amour mutuel et leur fidélité comme révélateurs de l’amour du Christ pour son Eglise (Ep 5, 28-32).
Une vocation est une mise à part, le don de l’un à l’autre, et aussi une mission, la vie d’époux et de parents. Leur mission, c’est le commandement de l’amour. Un amour fidèle comme celui de Dieu, fécond comme l’amour créateur de Dieu.
Une vocation est un don fait à l’Eglise : chaque couple, cellule vivante et active de l’Eglise reçoit une mission qu’il exerce en communion avec les autres membres du peuple de Dieu, au sein de l’Eglise et au service du monde dans toutes les réalités temporelles où il s’agit de planter la petite graine de l’Evangile.
Nous sommes tous au service d’une Eglise riche de toutes ses vocations pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée. « C’est dans une telle Eglise que prêtres, diacres et laïcs, loin d’être en situation de concurrence, prennent en charge la même mission », rappelait le cardinal Billé. « Vous êtes le Corps du Christ et chacun, pour votre part, vous êtes les membres de ce corps » (1 Co 12).
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Accompagner les enfants et les jeunes sur les chemins de la vie et du bonheur
Si nous avons donné la vie à des enfants, c’est parce que nous pensons que la vie est un bien. Avoir des enfants, ce n’est pas seulement les mettre au monde ; ce n’est pas seulement les élever, c’est-à-dire leur donner à manger, leur donner une bonne instruction, des loisirs qui leur permettent de se développer dans toutes les dimensions de leur personne (corps, esprit, aptitudes manuelles…) c’est aussi vouloir leur bonheur. C’est ce que nous souhaitons tous pour nos enfants, mais de quel bonheur s’agit-il ? Sur quelles routes souhaitons-nous qu’ils s’engagent ?
Sur le chemin du bonheur dans un monde angoissé
Le rapport des jeunes au bonheur semble menacé par le sentiment d’angoisse, l’angoisse du chômage, la peur de l’avenir. Le problème de l’échec scolaire se pose de plus en plus crucialement pour de nombreux adolescents. L’accoutumance à l’échec contribue à la perte de confiance en soi et ces jeunes, marqués par un sentiment d’inefficacité, perdent toute audace, tout esprit d’initiative et toute envie d’apprendre.
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Accompagner les jeunes c’est, comme le dit Jean-Marie Petitclerc, « les aider à passer du rêve au projet », leur apprendre à dire « je », à ne pas forcément être toujours « comme les copains », à choisir, à discerner, à se décider. Toute vie humaine est une succession de choix. Les parents ont fait les premiers choix pour eux (la vie, la crèche, l’école, les premiers loisirs ou inscription dans tel ou tel mouvement…). Peu à peu, nous devons les accompagner pour que ces choix leur deviennent personnels. Comment ? En leur proposant des expériences spirituelles fortes :
• découverte du silence (dès l’âge de la petite enfance, dans des retraites, des camps…) ;
• découverte de la beauté : faire de la catéchèse à partir d’œuvres d’art. Toutes les formes artistiques sont des chemins vers Dieu : peinture, musique, danse, cinéma…
• goût de la Parole de Dieu : aujourd’hui se développent des écoles de prière, des écoles de la Parole, des « dimanches autrement » où la Parole de Dieu est partagée dans des groupes intergénérationnels…
Sur la route du partage dans un monde individualiste
Vivre humainement, c’est toujours vivre avec : l’homme est un être de relation. Or, le rapport aux autres semble freiné par la montée de l’individualisme. La société exalte le « moi » en négligeant la dimension communautaire de la personne humaine. A l’heure où les médias se sont considérablement développés, on assiste à une réduction de la communication dans la famille et hors de la famille : le dialogue est difficile et parfois impossible entre parents et enfants (ce fait n’est pas nouveau !), les jeunes se retrouvent dans des soirées où l’on ne discute plus, où l’on ne refait plus le monde. Cette pauvreté de dialogue provoque parfois la fuite sans le mutisme, le bruit ou la drogue.
L’adolescence est le temps du mal être : « être mal dans sa peau » est à prendre au sens propre (avec les problèmes dermatologiques que l’on sait). L’adolescent est constamment sollicité par les publicités de la société de consommation et il n’a aucun pouvoir réel dans la société d’aujourd’hui. Il rêve d’un monde beau et fraternel et se trouve confronté à la réalité d’un monde concurrentiel, alors il est tenté par la voie de la révolte, une révolte qui ne s’exprime plus comme dans les années 60 par des manifestations collectives mais plutôt par des conduites individuelles ou de petites groupes : délinquance, toxicomanie, alcool, suicide… Par de telles conduites, l’adolescent fuit la réalité du monde tel qu’il le perçoit ! Comment leur faire vivre le partage et expérimenter la fraternité ?
• En leur faisant faire des expériences de vie d’Eglise heureuses, dans des lieux festifs où ils sentent qu’ils ne sont pas seuls et cela dès le plus jeune âge (éveil à la foi, catéchèse, pèlerinages, JMJ…)
• En les faisant participer à des liturgies vivantes, ils découvriront le goût de l’Eucharistie : célébrations d’éveil à la foi, de catéchisme, service de l’autel, participation à des animations de messe comme choriste, instrumentiste…
• En les encourageant à participer à des mouvements, aux activités de l’aumônerie ou aux propositions faites par les établissements catholiques.
Proposons-leur progressivement :
• des engagements de courte durée : pour une action de solidarité au moment de Noël ou pendant le Carême, la course Terre d’avenir…
• des engagements d’une année scolaire : dans le MEJ, le scoutisme, ils découvriront des engagements à leur mesure avec des jeunes de leur âge ou des plus grands qui les aideront à se projeter dans l’avenir. Combien d’adultes de tous horizons reconnaissent que le scoutisme, par exemple, les a marqués et aidés à se construire ?
• l’ouverture à d’autres, à l’universel, à d’autres valeurs que celles de notre famille : beaucoup de jeunes vivent la dimension humanitaire et partent à l’étranger.
Sur le sentier de la fidélité dans un monde
du « tout tout de suite »
Devenus pessimistes par rapport à leur avenir, beaucoup de jeunes renoncent à tout projet et vivent dans l’instant présent. La négation du rapport au temps est devenue une dominante de la conduite des adultes qui, alors qu’ils sont censés initier les adolescents à l’apprentissage ou à la durée, s’alignent de plus en plus sur leur façon de vivre : les thèmes, les modes, les références de la société sont juvéniles.
Habitués à vivre dans l’instant, beaucoup de jeunes aujourd’hui évitent de se poser la question du sens global de la vie. Ils s’engagent précocement dans une relation de couple et ont plusieurs expériences. Comment parler de fidélité ? Ce mot pour eux, est synonyme de répétition. La fidélité, disait Xavier Thévenot, « c’est une créativité qui a de la mémoire ». Elle s’appuie toujours sur un engagement risqué, fondé sur la confiance en l’autre.
Comment leur faire découvrir ce rapport au temps ? En les aidant à « habiter » le temps. Le temps est une donnée essentielle de la vie humaine. Nous, adultes, avons parfois du mal à faire l’unité de nos vies à travers des agendas surchargés. Il est important d’aider les jeunes à vivre pleinement le temps qui leur est donné.
• En les aidant dans la gestion de leur temps :
- sans les surcharger d’activités. L’enfant n’a plus le temps de jouer, de s’ennuyer, de rêver ;
- sans mettre une pression excessive pour les études au temps du collège ou du lycée au détriment des activités pour les autres, des engagements dans les mouvements ;
- en proposant une relecture des agendas : quelle est la part de la famille ? des amis ? des autres ? de Dieu ?
• En les aidant à vivre des rythmes. Nous vivons au rythme de l’année scolaire. L’Eglise nous propose le cycle liturgique, une école de foi permanente où le croyant, aidé par l’Esprit Saint, est appelé à grandir à la suite du Christ. Essayons de vivre le dimanche, les fêtes liturgiques sans rien faire d’extraordinaire mais en proposant des temps de pause, de rencontre et en redisant simplement le sens de ce que nous vivons. Proposons-leur des temps forts qui sont souvent source de dynamisme sur leur route, mais faisons aussi des propositions qui permettent l’enracinement dans une vie d’Eglise marquée par la continuité et l’épreuve du quotidien.
• En les aidant à vivre à la fois la durée et l’instant :
- la durée : aider à tenir un engagement, c’est poser les bases de la fidélité, d’un projet de vie.
- l’instant : « vivre l’aujourd’hui de Dieu », comme disait frère Roger de Taizé.
Les jeunes ont souvent envie de se projeter dans l’avenir ; d’autres au contraire se réfugient dans le passé. Leur montrer qu’aujourd’hui est le temps de l’appel de Dieu, que c’est dans ma vie d’aujourd’hui dans mes choix d’aujourd’hui que le Seigneur me dit : « Va, je suis avec toi. »
Conclusion
Donnons aux jeunes le droit de penser à l’appel. Il existe différentes sortes d’appel chez l’homme tout au long de sa vie, depuis l’appel à la vie jusqu’à l’appel lancé par Dieu à la fin de notre vie terrestre.
Toute vie est vocation : chacun reçoit un appel personnel à faire quelque chose de sa vie. La vie est un bien merveilleux, un cadeau qui doit devenir un bien donné.
Chacun est appelé à vivre cet appel à quatre niveaux :
• vivre sa vie d’homme ou de femme et participer à l’œuvre créatrice de Dieu ;
• vivre en fils ou fille de Dieu selon sa vocation baptismale ;
• être disciple du Christ et marcher à sa suite, dans un rapport filial avec le Père et un rapport fraternel dans la grande famille des enfants de Dieu.
• vivre en témoin de l’Evangile en étant père ou mère de famille, en vivant un service particulier pour l’Eglise ou la société, dans le ministère presbytéral ou la vie consacrée.
Là aussi, la pédagogie du Christ est éclairante pour nous : les propositions de Jésus et ses exigences ne sont pas les mêmes pour tous. Quand il appelle ses disciples, il leur demande un choix radical : tout quitter pour le suivre. Quand il s’adresse aux foules, il a une attitude accueillante, bienveillante, il dialogue : « Si tu veux. » Le Christ attend une réponse des personnes là où elles en sont.
Permettons aux jeunes de se poser la question : Libres d’être prêtres, comme le dit le titre d’un livre de Mgr Hippolyte Simon. Si les jeunes voient des adultes heureux dans leur état de vie ou leur vocation, heureux d’être chrétiens, ils pourront peut-être se poser la question pour eux-mêmes.
[…]
Osons proposer la foi et toutes les vocations comme don de Dieu et appel de l’Eglise
Relisons notre propre chemin dans l’accueil de la Parole, la prière personnelle, la liturgie, la nourriture des sacrements et le partage fraternel : notre vocation est de donner le goût de Dieu, de s’ouvrir à son amour et de choisir de vivre à fond notre vocation baptismale dans la vie ordinaire.
Travaillons à être nous-même plus au clair sur la spécificité de chaque vocation chrétienne : cela nous permettra une annonce plus audacieuse des différentes vocations en Eglise, toutes nécessaires pour la vie du Corps du Christ, articulées harmonieusement les unes aux autres, en complémentarité et en « symphonie ».
Soyons une Eglise appelante, pleine d’espérance. Soyons des chrétiens « enthousiastes » (au sens étymologique du mot, c’est-à-dire habités par Dieu). Que notre vie soit un appel : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur » (Ps 33, 9). A nous d’être inventifs pour proposer aux jeunes des lieux attrayants où ils font des expériences fortes : « Venez et voyez » (Jn 1, 39), ce qui permettra à certains de répondre avec confiance à l’appel du Christ : « Viens, suis-moi » et d’oser l’aventure d’une vie donnée.