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Famille et vocation
Chelo Feral
correspondante du SNV à Lourdes
Quand on m’a proposé d’écrire un petit mot sur la famille et la vocation, le lien entre les deux, la place de la vocation dans l’éducation… je me suis dit que cela allait de soi, car c’est dans la famille – et je parle d’une famille dans laquelle le mariage n’est pas une simple institution légale, mais une vocation où l’engagement est réel – qu’est donné le principe même de la vocation : l’engagement dans la durée !
La vocation du mariage
Il ne faut pas oublier que le mariage chrétien est un sacrement ; quand on le reçoit, on s’engage à vivre de ce sacrement. Les époux se reçoivent l’un de l’autre pour se donner à leur tour… loin de se posséder ou de se soumettre à l’autre…
Par le lien du mariage, on choisit d’accueillir l’autre tel qu’il est avec ses qualités mais aussi avec ses défauts, pour le meilleur et pour le pire, et on s’engage aussi à donner la vie. Cette vie est vue souvent comme une « obligation » d’avoir des enfants, alors qu’elle est plutôt une grâce que Dieu donne : la grâce « d’accueillir » une vie, dans la nôtre, pour pouvoir l’aider à grandir et à se développer. Mais nous avons aussi « l’obligation » de donner la vie spirituelle autour de nous, car la vocation, en régime chrétien, appelle à être témoins du Christ là où nous sommes.
[…]
Si mon mari et moi avons fait baptiser nos enfants, c’est parce que le Christ fait partie de notre vie et qu’il est la meilleure chose qui nous soit arrivée ; alors nous voulons donner à nos enfants ce que nous pensons être le meilleur. Une fois qu’ils auront eu une formation solide, en fonction de leur âge, ils pourront choisir de rester dans ce que nous appelons « le Chemin, la Vérité et la Vie » ou aller voir ailleurs…
Le mariage chrétien nous engage à vivre du Christ tous les jours. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes chrétiens seulement quand nous sommes à l’église, mais quand nous sommes en société, quand nous faisons les courses, quand nous allons chercher nos enfants à l’école…
La vocation des diacres permanents devrait être le quotidien de tout chrétien. […] Le diacre permanent est le plus souvent un homme qui a fait le choix vocationnel du mariage. Il a (peut-être) des enfants, un métier, des amis, des engagements… mais sa façon de vivre est différente et il interpelle… au point qu’on lui demande de devenir serviteur d’une façon un peu plus « reconnue » aux yeux des hommes. Ainsi chacun devrait être serviteur du Christ dans tout ce qu’il fait, sans tomber dans l’activisme car notre vocation première est notre famille !
C’est pour cela que nous avons choisi de vivre et de faire vivre notre paroisse même si parfois nous en aimerions d’autres, dans lesquelles il y a plus d’animation, plus de jeunes couples de notre âge… mais nous rendons grâce à Dieu d’avoir une paroisse proche de chez nous pour vivre l’Eucharistie dominicale. Dans la paroisse nous faisons ce qui est à notre portée : la lecture de la Parole de Dieu, l’animation des célébrations de l’éveil à la foi, la préparation au baptême des petits enfants, donner la communion… et nous encourageons nos enfants à s’engager aussi. Notre grande fille est enfant de chœur, et elle aidera son petit frère quand il aura fait sa première communion. Quand à la troisième, elle aide « les dames » à faire la quête pour donner au Seigneur le fruit du travail des hommes…
L’éducation dans la famille
Dans une famille chrétienne, l’éducation n’est pas simplement le souci de voir si les enfants vont à l’école et s’ils font bien leurs devoirs. L’éducation touche toutes les dimensions de l’être humain : faire grandir intellectuellement, humainement et spirituellement. L’être humain est un tout ! Il faut apprendre à nos enfants à respecter les autres comme des frères qu’on n’a pas choisis mais qui sont là pour nous aider à grandir. Nous devons avoir le souci de savoir ce qui est bon pour eux, surtout dans les loisirs. Nous ne pouvons pas permettre qu’ils regardent n’importe quoi à la télévision : parce que leur esprit est en train de se former et qu’il risque aussi de… se déformer ; nous veillons à leurs jeux, car certains peuvent les rendre violents ou manipulateurs. Leur imaginaire n’est pas complètement construit et leur psychisme peut être blessé.
Nous ne devons pas avoir des comportements « de païens », nous devons apprendre à respecter les autres, surtout à se respecter et à ne pas faire n’importe quoi avec notre propre corps. […]
Nous ne donnons pas tout à nos enfants afin qu’ils apprennent à purifier leurs désirs. […]
La prière en famille
Former une famille n’est pas de tout repos ! C’est un travail à temps plein, et quand nous finissons notre travail à l’extérieur nous continuons à l’intérieur. Parfois nous nous disons que nous n’avons pas choisi la meilleure part (si on pense à Marthe et Marie dans l’Evangile, nous sommes des Marthe… « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes pour bien peu de choses… » ; quand on y réfléchit, cela ne devait pas être peu de chose, car le Christ ne se déplaçait jamais seul. […]
Nous pensons aux religieuses apostoliques, aux moniales de notre entourage… et nous disons qu’elles ont choisi la meilleure part… dans une famille il n’y a pas de temps libre pour les parents, si on veut être de bons parents. Il n’y a pas de temps « personnel » « en cellule ». Et c’est pour cela que nous devons mettre notre vie dans le Christ, car nous risquons de ne pas pouvoir mettre la sienne dans la nôtre.
Dès le matin nous remettons notre vie au Seigneur, en couple nous prions la liturgie des heures, nous essayons d’assister à la messe tous les jours et nous nous remettons à lui tous les soirs avant de nous coucher.
Avant notre mariage le livre de Tobie nous avait conduit et encore aujourd’hui nous voulons rester différents et attentifs à la manière dont nous nous unissons. Notre vie est centré sur le Christ.
Avec nos enfants, nous respectons leurs vies d’enfants mais nous leur apprenons à prier avec nous et en communauté ecclésiale, à travers l’éveil à la foi ou les messes des familles de la paroisse les incitant à s’engager dès qu’il y a des célébrations avec la participation des enfants.
Les consacrés donnent leur vie au Christ, nous essayons de donner des vies au Christ ! Quand ils auront à choisir un métier et un état de vie, ils pourront le faire et, dans tous les cas, nous prions pour qu’ils puissent être des personnes à part entière. « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu je reviendrai… » disait Job. Quand on partira de ce monde nous serons jugés sur l’amour que nous aurons donné et pas sur l’argent que nous aurons gagné.
Conclusion
Pour conclure je voudrais vous faire part d’une évidence qui m’a sauté aux yeux, en parlant avec un groupe d’adultes sur « la crise des vocations ».
Pour vous mettre un peu dans l’ambiance je vous dirai que nous étions en train de parler de ce que nous devions changer dans notre cœur pour nous convertir et revenir au Christ. Nous préparer pour accueillir l’année de grâce proposée pour l’année jubilaire aux sanctuaires Notre-Dame de Lourdes. Nous nous demandions ce que nous pouvions faire de plus, dans notre vie, pour le Seigneur…
Une des personnes proposa de prier pour les vocations, car – disait-elle – il y en a bien besoin ! A ce moment je me suis rappelé une blague : « Une personne allait tous les jours à l’église pour prier Dieu. – Mon Dieu, mon Dieu, fais que je gagne au loto. Et ceci pendant plusieurs jours. Un jour Dieu répond : – Mon fils, mon fils, achète au moins le billet si tu veux que je te fasse gagner ! »
Il en est de même pour les vocations. Nous prions régulièrement pour les vocations : en paroisse, avec le Monastère invisible, par petits groupes, pendant la journée de prière pour les vocations… Ma question s’adresse aux parents dits chrétiens engagés, et aux autres aussi bien sûr : qui veut un fils ou une fille consacré(e) à Dieu ? Qui apprend l’engagement gratuit à ses enfants ? Dieu nous a donné la liberté et il ne peut pas la reprendre… si nous ne donnons pas à nos enfants la possibilité de se donner à Dieu, ils ne pourront pas consacrer leur vie au Seigneur… et peu importe la forme de cette consécration !