Lettre aux parents


Carlo-Maria Martini
archevêque émérite de Milan

 

Pour la fête de saint Charles, l’année dernière, j’ai écrit une lettre aux prêtres sur l’avenir des vocations. Maintenant, avant de conclure mon ministère à Milan, je voudrais dire un mot sur ce sujet également à tous les parents, mais en élargissant le plus possible les horizons, dans le cadre de la vie de famille et dans le cadre de toute vocation chrétienne. Je vous écris cela en la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, qui nous parle de la joie d’un père et d’une mère d’avoir un fils auquel Dieu a confié une grande mission. J’ai déjà parlé aux parents de ces thèmes dans quelques brèves pages des lettres de Noël dans les années passées, et je frappe maintenant de nouveau avec discrétion à votre porte.

Aurez-vous du temps pour lire aussi cette lettre ? Aurez-vous un moment de calme pour partager quelque chose de ma préoccupation et prendre un peu en considération ma proposition ? Qui sait ce que fut votre journée ? Peut-être, après des heures d’un travail difficile et effectué non sans tensions, avez-vous eu à affronter un voyage de retour à la maison qui a été plus long et plus exaspérant que d’habitude à cause d’un bouchon, d’un retard, de quelque chose d’imprévu. Et pour finir, peut-être que, à peine rentrés à la maison, vous avez croisé le regard irrité de votre fille adolescente à cause d’une permission refusée et l’agitation du plus petit avec ses caprices et son approximation décourageante afin d’en finir au plus vite avec ses devoirs. Et moi, j’ose encore vous déranger... !
Vous devez croire que ce qui me pousse à vous écrire, c’est vraiment une affection, un souci porté à votre famille, le désir de vous dire une fois encore que je suis proche de vous et mon admiration pour votre tâche éducative, si fascinante et parfois si usante.
Je vous écris pour partager avec vous une préoccupation. Il me semble entrevoir chez beaucoup d’enfants et de jeunes un

désarroi devant l’avenir, comme si personne ne leur avait jamais dit que leur vie n’est pas un hasard ou un risque, mais qu’elle est une vocation.

Aussi, je voudrais vous parler de la vocation de vos enfants et vous inviter à leur ouvrir des horizons d’espérance. En effet, vos enfants, que vous aimez tant, sont aimés encore bien avant, et d’un amour infini, par Dieu le Père : aussi sont-ils appelés à la vie, au bonheur que le Seigneur annonce dans son Evangile. Donc, le discours sur la vocation est pour suggérer la route qui mène à la joie, parce que c’est là le projet de Dieu sur chacun : qu’il soit heureux.
Vous ne devez donc pas avoir peur : le Seigneur n’appelle que pour rendre heureux. Voilà pourquoi j’ose vous déranger. Votre bonheur et celui de vos enfants me tiennent à cœur. Et c’est pour cela que me tiennent à cœur tous les choix de vie possibles : le mariage et la vie consacrée, le don de soi dans le ministère de prêtre et de diacre, l’accomplissement de la profession comme une mission. Tous ces choix peuvent être une manière de vivre la vie chrétienne s’ils sont motivés par l’amour et non par l’égoïsme, s’ils comportent un engagement définitif, si les critères et le style de la vie quotidienne sont ceux de l’Evangile.
Je vous écris, donc, pour vous dire avec quelle affection je suis proche de vous et que je partage votre souci que la vie de vos enfants, que vous aimez tant, ne soit pas perdue.


La famille est une vocation

La première vocation dont je veux vous parler est la vôtre, celle d’être mari et femme, père et mère.
Aussi mon premier mot est précisément de vous inviter à prendre bien soin de votre amour en tant que mari et femme : au milieu de tant de choses urgentes, au milieu des si nombreuses sollicitations qui vous assaillent, il me semble qu’il est nécessaire de garder un peu de temps, de défendre un peu d’espace, de programmer un certain moment, qui soient comme un rite pour célébrer l’amour qui vous unit. L’inertie de la vie avec ses frénésies et ses ennuis, l’usure de la convivialité, le fait que chacun est un jour ou l’autre une déception pour l’autre quand apparaissent et s’aggravent des défauts et des méchancetés, tout cela finit par faire oublier la bénédiction que sont l’amour mutuel, le fait de vivre ensemble, de mettre au monde des enfants et de les introduire dans la vie.

L’amour qui vous a convaincus de vous marier ne se réduit pas à l’émotion d’un moment un peu euphorique, il n’est pas seulement un attrait que le temps consume. L’amour sponsal est votre vocation : dans votre amour, vous pouvez reconnaître l’appel du Seigneur. Le mariage n’est pas seulement la décision d’un homme et d’une femme : c’est la grâce qui pousse deux personnes mûres, conscientes, heureuses, à donner un visage définitif à leur liberté. Le visage de deux personnes qui s’aiment révèle quelque chose du mystère de Dieu. Aussi voudrais-je vous inviter à garder la beauté de votre amour et à persévérer dans votre vocation : il en découle toute une conception de la vie qui encourage la fidélité, permet de supporter les épreuves, les déceptions, qui aide à traverser les crises éventuelles sans croire qu’elles sont irrémédiables. Celui qui vit son mariage comme une vocation professe sa foi : il ne s’agit pas seulement de rapports humains qui peuvent être un motif de bonheur ou de tourment ; il s’agit de traverser les jours avec la certitude de la présence du Seigneur, avec l’humble patience de prendre chaque jour sa croix, avec la fierté de pouvoir faire face, par grâce de Dieu, aux responsabilités.

Ce n’est pas toujours que les engagements professionnels, les réalisations familiales, les conditions de santé, le contexte dans lequel vous vivez, aident à voir avec lucidité la beauté et la grandeur de votre vocation. Il est nécessaire de réagir à l’inertie qu’engendre la vie quotidienne et de vouloir avec ténacité également des moments de liberté, de sérénité, de prière. Je vous invite donc à prier ensemble, dès ce soir, puis demain, puis toujours : une prière simple pour remercier le Seigneur, pour demander sa bénédiction pour vous, vos enfants, vos amis, votre communauté : quelques « Je vous salue, Marie » pour toutes ces attentes et ces peines que, peut-être, on ne réussit pas même à s’exprimer. Je vous invite à choisir quelques dates, à les distinguer par un signe, comme une visite à un sanctuaire, une messe même un jour de semaine, une lettre pour dire ces mots qui se bloquent dans notre gorge : la date de votre mariage, celle du baptême de vos enfants, celle de quelque deuil familial, pour ne donner que quelques exemples.
Je vous invite à trouver le temps de vous parler avec simplicité, sans transformer chaque point de vue en entêtement, toute divergence en litige : un temps pour parler, échanger des idées, reconnaître ses erreurs et demander pardon, se réjouir du bien accompli, un temps pour parler en se promenant tranquillement le dimanche après-midi, sans hâte. Et je vous invite à rester seuls pendant un petit moment, chacun pour son compte : un moment de détachement peut aider à être mieux et plus volontiers ensemble.
Je vous invite à avoir confiance dans l’incidence de votre œuvre d’éducation : trop de parents sont découragés par l’impression d’une certaine imperméabilité de leurs enfants, qui sont capables de beaucoup exiger, mais qui se montrent réfractaires à toute interférence dans leurs amitiés, leurs horaires, leur monde.

Votre vocation à éduquer est bénie de Dieu : aussi, transformez vos appréhensions en prière, en méditation, en calme confrontation. Eduquer, c’est comme semer : le fruit n’est pas garanti et il n’est pas immédiat, mais si l’on ne sème pas, il est certain qu’il n’y aura pas de récolte. Eduquer est une grâce que le Seigneur vous fait : accueillez-la avec gratitude et sens des responsabilités. Cela demandera parfois patience et gentille complaisance, parfois fermeté et détermination ; dans une famille, il arrive aussi que l’on se dispute et que l’on aille se coucher sans se saluer : mais ne perdez pas courage, il n’y a rien d’irrémédiable pour qui se laisse conduire par l’Esprit de Dieu.

Et confiez souvent vos enfants à la protection de Marie, n’omettez pas de dire une dizaine de chapelet pour chacun d’eux : ayez confiance et ne perdez l’estime ni de vous-mêmes ni de vos enfants. Eduquer, c’est devenir collaborateurs de Dieu pour que chacun réalise sa vocation.

L’éducation : collaboration à la joie des enfants

La joie que vous désirez pour vous et pour vos enfants est un don mystérieux de Dieu : elle nous parvient comme la lumière amicale des étoiles, comme une musique heureuse, comme le sourire d’un visage désiré. La collaboration que les parents peuvent donner à la joie des enfants, c’est l’éducation chrétienne. L’éducation n’est pas un mécanisme qui conditionne, mais l’accompagnement d’une jeune liberté pour que, si elle le veut, elle parvienne à son achèvement dans l’amour. Eduquer est donc un service humble, qui peut connaître l’échec ; c’est cependant aussi une entreprise formidable qu’un homme et une femme peuvent goûter avec une intensité inexprimable.
L’éducation chrétienne est le travail patient et tenace qui prépare le terrain au don de la joie de Dieu. En effet, la lumière des étoiles ne se voit pas si la lueur brutale des luminaires cache la nuit, la musique heureuse ne nous enveloppe pas de consolation quand le vacarme et le bruit se font assourdissants, et on n’a pas le temps de regarder un visage ami dans l’excitation d’une foule en délire. Pour préparer à la joie, une purification est donc nécessaire, qui ne va pas sans peine.

Je veux parler brièvement au moins de quelques purifications qui me semblent particulièrement nécessaires aujourd’hui.
La purification des affections signifie introduire à la joie que ne connaît pas celui qui imagine les rapports entre l’homme et la femme comme une façon de réduire l’autre à l’état d’instrument, pour son propre plaisir et l’affirmation de lui-même : alors, les affections dégénèrent en passion, possessivité, sensualité.
L’esprit de service et la disponibilité au sacrifice introduisent à cette joie qui se réjouit de voir les autres heureux, de voir que les initiatives marchent bien, que les communautés sont vivantes et animées. C’est une joie que ne connaît pas celui qui se repaît dans sa paresse, qui ne recherche aucun résultat. Comme cela me serre le cœur de voir le gaspillage de temps, de ressources jeunes et fascinantes, le gaspillage d’intelligence et d’argent que je vois s’accomplir de la part de si nombreux groupes de jeunes ! Comme il est urgent de réagir devant l’inertie et la mauvaise volonté pour construire une vie heureuse !
La purification de la peur de l’avenir est urgente pour introduire à la joie de ce qui est définitif. Une vie s’accomplit quand elle se définit par le dévouement : le choix définitif doit être désiré comme le chemin de la paix, comme l’entrée dans l’âge adulte et dans ses responsabilités. Bénis soient ces parents qui, avec la fidélité de leur amour, enseignent que ce qui est définitif est une grâce et non pas un danger à redouter, ni une limitation de la liberté qu’il faut retarder le plus possible. Au contraire, dangereuses et sources d’inquiétude sont la précarité, la vie dans le provisoire, le désarroi qui laissent un jeune homme ou une jeune fille enfermé à part dans la vie, incertain de son identité et effrayé devant son avenir.



Eduquer à l’appartenance à l’Eglise

Vous, parents, ressentez la responsabilité de pourvoir au bonheur de vos enfants : vous êtes disposés à concéder beaucoup, parfois même trop, « pourvu qu’il (qu’elle) soit heureux (heureuse) ».
Cela devient un motif d’anxiété, un sentiment de faute, une exaspération, quand vous ne réussissez pas à obtenir de vos enfants qu’ils assument, qu’ils partagent vos indications, quand se révèlent impraticables les propositions qui semblaient tellement évidentes aux prêtres, aux enseignants, aux experts qui écrivent dans les journaux.
Il me semble qu’il est plus sage de considérer que les parents ne sont pas coupables de toutes les erreurs et de tous les malheurs de leurs enfants, de toute la misère de certaines jeunesses gâchées par le manque total de résultat ou la transgression. Il est excessif qu’un père ou une mère se sentent coupables de tout : il est plus prudent et plus apaisant de partager la responsabilité à l’intérieur d’une communauté.
Quand vous avez porté votre enfant à l’église pour demander le baptême, vous avez déclaré votre foi dans le Père qui est dans les cieux, et votre décision que l’enfant grandisse dans la communauté chrétienne.
Il me semble qu’une conséquence cohérente du choix de demander le baptême pour ses enfants est une œuvre éducative qui se préoccupe de les insérer dans une communauté, de promouvoir la participation, d’insinuer chez les enfants et les jeunes un sentiment d’appartenance à la communauté chrétienne grâce auquel on éduque à la foi, à la prière, à la question concernant l’avenir. Une famille qui s’isole, qui défend sa propre tranquillité, en se soustrayant aux rendez-vous communautaires se révèle à la fin plus fragile et ouvre la porte à ce nomadisme des jeunes qui vont ici et là en goûtant à de nombreuses expériences, même contradictoires, sans se nourrir d’aucune nourriture solide.

S’insérer dans une communauté, cela peut exiger quelque fatigue et ne met pas à l’abri de quelque humiliation : je pense aux familles qui ont changé de maison et qui se sentent perdues dans de nouveaux quartiers ; je pense à celles qui ont souffert d’une incompréhension ; je pense à celles qui ont l’ardent désir d’aller ailleurs pour voir des gens, pratiquer un sport, respirer un peu de bon air. Voilà : vient le temps de choisir les priorités. L’avenir de vos enfants a besoin de choix qui déclarent ce qui est le plus important. Estimer que l’on ne peut absolument pas se passer de participer à la messe dominicale introduit une mentalité de foi qui estime que, sans le Seigneur, on ne peut rien faire de bon. Aussi, la fréquentation de la messe dominicale dans votre paroisse, la participation aux fêtes de la communauté, la prise de quelque responsabilité, le souci que vos enfants fréquentent le « patronage », la catéchèse, les engagements et les initiatives des jeunes de la paroisse, sont une manière de favoriser ce sentiment d’appartenance qui donne une stabilité et conduit à ce que l’on prenne en charge progressivement la communauté, décision qui peut mûrir aussi dans une vocation à son service.


Estime des prêtres et appréciation de leur vie

Il m’arrive parfois d’être témoin chez les parents, d’une sorte de peur, d’appréhension, devant le soupçon qu’un de leurs enfants pourrait s’orienter vers le ministère sacerdotal.
Même les parents des séminaristes me font comprendre leur inquiétude, comme s’ils me demandaient : « Mais quelle vie attend mon enfant s’il devient prêtre ? Sera-t-il heureux ? Sera-t-il seul ? »
Je voudrais répondre que la vie du prêtre, d’aujourd’hui et de demain, comme celle d’hier, est une vie chrétienne : aussi celui qui veut être un bon prêtre portera-t-il sa croix chaque jour, comme vous le faites, dans un dévouement qui ne sera pas toujours couronné de reconnaissance et de résultats, en exerçant des responsabilités où il rencontrera aussi la critique et l’incompréhension, dans tout un tas d’engagements et de prétentions qui seront parfois usants. Cependant, on ne pense pas assez – me semble-t-il – à ce qui rend belle la vie d’un prêtre, belle et heureuse, d’une manière unique.

Le prêtre, en effet, vit surtout de relations : il consacre son temps aux personnes. Il ne se préoccupe pas de choses, de papiers, de sous, sinon de manière secondaire. Il passe son temps à rencontrer des gens : les enfants et les personnes âgées, les jeunes et les adultes, les malades et les personnes en bonne santé, ceux qui l’aiment bien et qui l’aident comme ceux qui le critiquent, se moquent de lui et se montrent par trop exigeants. C’est une expérience humaine extraordinaire. Et il rencontre les personnes non pas pour leur vendre quelque chose, non pas pour en tirer quelque avantage, non pas par curiosité, non pas comme on rencontre un client, mais pour se préoccuper de leur vie, de leur vocation à la joie, de leur être de fils de Dieu. Les personnes ouvrent souvent leur cœur au prêtre avec une confiance qui n’a pas son égal dans les rapports humains et, en cette confiance, est semée la Parole qui dit la vérité, qui ouvre à l’espérance éternelle, qui guérit par le pardon.
Le prêtre vit une liberté extraordinaire : il s’est remis lui-même à l’Eglise, aussi, s’il est cohérent avec sa vocation, il n’a pas d’appréhensions pour son avenir, il ne s’attache pas aux choses, il n’est pas obsédé par l’idée de s’enrichir. Il s’est remis lui-même par son obéissance à l’évêque et, précisément pour exercer cette obéissance, il vit une grande liberté, dispose de son temps pour servir, dispose de ses qualités particulières pour être utile à sa communauté.
Le prêtre célèbre pour lui et pour le peuple les mystères du salut : ce ne sont pas des produits précaires qui sont l’œuvre de ses mains, des succès exposés au sort incertain des choses humaines. En célébrant les saints mystères, il donne au peuple la grâce d’entrer dans la vie éternelle, la communion avec Jésus. Même si sa parole n’est pas attendue, si le nombre de ceux qui recherchent le don offert peut paraître réduit, le prêtre vit la certitude que le Royaume de Dieu vient précisément comme cela, comme la semence qui meurt pour produire beaucoup de fruits. A la fin de sa vie, s’il jette un regard sur le passé, le prêtre pourra éprouver du repentir devant ses misères et du chagrin devant son inadéquation à la mission reçue, mais ne lui fera pas défaut l’incomparable consolation d’avoir offert aux hommes le pain de la vie éternelle et l’étreinte du pardon de Dieu.

Il me semble opportun de rappeler ce qui rend grande et belle la vie du prêtre, pour que l’accent mis sur la fatigue, le soulignement des difficultés n’obscurcissent pas cette forme splendide de vie chrétienne.
Je pense qu’un père et une mère peuvent comprendre, au-delà des lieux communs et des réactions émotives, quelle grande grâce est le don du sacerdoce, et ils peuvent alors se réjouir si un de leurs enfants se sent attiré par cette route : je vous assure que la joie ne lui manquera pas, s’il est un bon prêtre.
En tout cas, mal parler des prêtres et les désigner comme responsables de tout ce qui ne va pas dans les communautés chrétiennes ne peut certes pas aider à améliorer les choses et encore moins encourager un jeune à se présenter pour assumer un ministère si nécessaire pour l’Eglise et si beau pour celui qui le vit bien.


La prière pour les vocations au ministère

La beauté chrétienne de la vie d’un bon prêtre et la grâce extraordinaire que représente un saint prêtre pour une communauté doivent suggérer à tous de prier afin que les prêtres ne manquent pas dans nos communautés. La prière pour les vocations au ministère sacerdotal doit être partagée par toute la communauté.
Je vous invite vous aussi à prier en famille et à suggérer cette intention de prière également à vos enfants, en obéissance à la parole du Seigneur : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Lc 10, 2).
Comme je l’ai écrit aux prêtres à l’occasion de la fête de saint Charles, cette prière n’est pas une sorte de délégation au Seigneur pour qu’il fasse ce que nous ne réussissons pas à faire : c’est plutôt un abandon intelligent et libre à la conduite de l’Esprit qui devient disponibilité à accomplir les œuvres de Dieu. Aussi la prière pour les vocations devrait-elle être plus intensément pratiquée par ceux qui se trouvent à l’âge et dans les conditions du choix de leur état de vie. Je voudrais que tout adolescent ou jeune comprenne que la vérité de la prière pour les vocations est atteinte quand elle retentit au fond comme la prière d’Isaïe : « Seigneur, si tu le veux, envoie-moi ! » (Is 6, 8).

Je vous invite à prier en ces termes :
Dieu, Père tout-puissant, nous te prions d’envoyer des ouvriers de l’Evangile à notre sainte Eglise ambrosienne dans laquelle, pendant des siècles, tu as opéré tes merveilles.
Nous te prions par l’intercession de nos saints évêques Ambroise et Charles, du bienheureux cardinal Ferrari et du bienheureux cardinal Schuster. Nous te prions par l’intercession de Marie, notre petite Vierge qui, du haut du Duomo, prie pour notre Eglise.
Nous te prions pour nos communautés : qu’elles soient peuplées de personnes riches en foi, empressées au service, portées à la reconnaissance pour tous ceux qui se consacrent au saint ministère.
Nous te prions de répandre chez nos jeunes ton Esprit Saint, pour qu’ils soient attirés par la contemplation de Jésus et la marche à sa suite, qu’ils puissent faire l’expérience de la joie d’une liberté qui se fait don, obéissance, empressement pour la foi des frères.
Nous te prions de répandre en nous tous ton Esprit Saint, pour que nous soyons forts et intelligents dans la lutte contre les tentations de notre temps et que nous soyons persévérants dans le bien, pour mener à son achèvement notre vocation et parvenir à la joie éternelle et parfaite que tu prépares pour tes enfants bien-aimés.
Amen.