Se déraciner pour s’enraciner


Laure Joly
responsable de la communication
et de l’animation du réseau des anciens à la DCC

 

Comment le volontariat proposé par la DCC aide-t-il les volontaires à grandir en Christ ? Comment la coopération est-elle souvent une étape importante dans le discernement vocationnel de chacun, au service des hommes ?

Vaste question… Il y aurait autant de réponses que de volontaires envoyés. Comment, à travers la rencontre des personnes d’une autre culture, à travers l’expérimentation de la pauvreté, à travers une vie quotidienne partagée avec des religieux, à travers l’expérience de la solitude, un volontaire découvre-t-il parfois un nouveau visage du Christ qui éclaire son chemin ? Difficile de répondre mais ce qui est sûr, c’est que chaque départ en coopération crée à la DCC la même émotion, celle d’être témoin de quelque chose de « magique », de fragile, de la confiance que des volontaires donnent à l’Église d’un pays qui les appelle et qu’ils ne connaissent pas encore. Invitation à découvrir l’humanité autrement, à se découvrir autrement, invitation à servir, à aimer, à s’ouvrir.
Ancienne volontaire au Brésil, où j’ai découvert un autre visage de l’Église, du Christ et des hommes (pour faire court), je suis responsable de la communication et de l’animation du réseau des anciens volontaires de la DCC depuis plus de quatre ans. Membre bénévole de l’équipe de recrutement et de formation depuis huit ans, j’ai aussi eu l’occasion d’accompagner les volontaires sur le terrain dans plusieurs pays. […]
Je tiens à remercier les anciens volontaires que j’ai sollicités pour cette contribution : Gaël Giraud au Tchad, Guillaume Caous en Palestine, François Dutrop au Cameroun, Nicolas Antoine en Guinée, et Marie-Pierre Médecin au Paraguay.
La coopération est certainement un chemin de discernement très spécifique, puisqu’il s’agit de partir loin pour mieux voir à quoi je suis invité ici, sortir de mon contexte pour mieux y voir ma place, aller rencontrer l’autre qui m’est étranger, pour entendre le Tout-Autre, si proche. Par la radicalité de la démarche, c’est aussi un temps de revirement, de rupture, de changement.
Avant d’essayer de comprendre pourquoi et comment ce temps de coopération fait grandir en Christ, et pour le monde, je présenterai les volontaires.


Qui sont les volontaires ?



La DCC a toujours envoyé des jeunes adultes à l’âge des questions d’orientation, de choix, d’engagement (s’il y a un âge !). Même si aujourd’hui elle envoie aussi des jeunes seniors, la majorité des volontaires a entre vingt-trois et vingt-huit ans. Il s’agit de plus en plus d’une seconde expérience professionnelle, mais dans la très grande majorité des cas, c’est leur première longue expérience à l’étranger.
Si 80 % d’entre eux ont participé activement à des activités proposées en Église (scoutismes, Action catholique, grands rassemblements, aumôneries…), beaucoup moins se déclarent pratiquants. Ils sont en cela représentatifs de leur génération, avec son rapport spécifique à l’institution Église. Un tiers partent en couple et deux tiers partent seuls, laissant parfois une personne avec qui des liens forts sont déjà créés.
Qu’est-ce qui peut pousser à partir dans le cadre d’un service de l’Église ces personnes qui tiennent à distance l’institution, qui ont un emploi souvent stable, et vivent dans un environnement affectif riche ? Les conditions offertes par la DCC sont très modestes comparées à d’autres propositions d’expatriation : cent euros par mois, un logement qui offre parfois très peu d’intimité, une durée d’engagement plus longue que celle de bien d’autres associations (douze mois minimum, souvent vingt-quatre mois).
Les motivations de chacun sont de multiples natures. C’est, pour la DCC, la garantie de maturité du projet d’un candidat que de s’assurer qu’il nourrit son désir de partir à plusieurs sources.
Pour eux, partir comme volontaire, c’est :
  • une manière d’œuvrer à plus de justice sociale (29 %),
  • une étape fondatrice dans votre vie (44 %),
  • un défi personnel, une découverte de soi (51 %),
  • une envie d’ailleurs (43 %),
  • un témoignage de solidarité entre les peuples (54 %),
  • une découverte culturelle (68 %),
  • une première expérience pour un futur parcours humanitaire (24 %),
  • un temps de discernement (16 %),
  • un break dans votre parcours personnel (14 %),
  • une participation au développement des pays du sud (51 %),
  • une démarche de foi (31 %),
  • un engagement citoyen (32 %).

Ces motivations explicites, conscientes, s’articulent autour de la découverte d’une autre culture, de la découverte de soi et d’un désir de solidarité. À l’oral, des motivations plutôt d’ordre « humanitaire » et professionnelles vont de pair avec des craintes, une quête de sens et le désir d’être accueilli et aimé.
Une part non négligeable d’entre eux reconnaît partir pour se découvrir, vivre une étape fondatrice ; ceci confirme la vocation d’accompagnement de jeunes adultes par la DCC et par les Églises locales dont elle est la partenaire – contrairement à des ONG qui n’envoient que des professionnels confirmés. Quelques-uns partent explicitement dans une démarche de discernement de vocation, religieuse ou autre. L’enjeu de l’invitation faite aux volontaires est double : une expérience – un service rendu à une Église locale – et un temps pour grandir.
« Mon impression est que beaucoup d’entre nous (je veux dire : de notre génération) sont confrontés à une espèce d’impératif social (implicite) qui est de se “construire soi-même”. L’horizon de la génération de nos grands-parents (où chacun savait à l’avance, à peu près, ce qu’il pourrait faire dans son existence) s’est considérablement élargi : aujourd’hui, 50 % des métiers que feront les ados d’aujourd’hui n’existent pas encore… Devant cet impératif (qui n’est pas toujours formulé ni conscient), le volontariat offre pour beaucoup d’entre nous une opportunité : traverser une expérience unique (que nos parents ne connaissaient pas, pour la plupart) et dans un pays qui, à la vitesse à laquelle les sociétés évoluent, ne sera plus le même dans cinq ou dix ans. Cela fait partie d’un itinéraire que je peux ensuite intégrer au grand récit de ma propre existence. Et pouvoir raconter son histoire (avec ses heurs et malheurs) est essentiel, me semble-t-il, dans la constitution de son identité de sujet (et donc dans la “construction de soi”) » (Gaël, Tchad).
Dans cette quête de soi, les interrogations avec lesquelles viennent les candidats – et que la DCC accompagne – sont aussi beaucoup de nature spirituelle. Difficulté à affirmer sa foi tout en « toquant à la porte de l’Église » pour se mettre au service, désir d’expérimenter radicalement le sentiment de fraternité qui les habite, recherche de réponses aux questions existentielles soulevées par un événement douloureux. Les volontaires partent chargés de profondes attentes vers les Églises qui les accueillent.


La coopération comme expérience initiatique



Caractériser l’expérience de volontariat DCC n’est pas simple. Service, découverte de l’Église de l’intérieur, découverte de soi, déplacement, choc de la pauvreté.

D’abord une attitude

La coopération est une mise en mouvement, un déplacement ; du déplacement géographique au voyage intérieur, le chemin n’est pas long. Quel que soit le pays dans lequel partent les volontaires, le projet sur lequel ils vont travailler, la « coopé » est avant tout une attitude.

Faire le tri
En se préparant à partir, à faire son sac, le volontaire fait le tri entre ce à quoi il est très attaché et ce dont il ne peut se passer, pour n’emporter que le nécessaire. […] ce n’est que le début difficile d’une expérience de dépouillement, pour apprendre petit à petit ce qui est essentiel. « Tout d’abord, j’ai pu sentir ce que le dépouillement matériel permet, me sentant libérée d’un certain poids et plus disponible à l’ouverture à l’autre. Ce n’est pas très facile à expliquer, car ce sont des phrases souvent entendues, mais qui pour moi ont pris une résonance nouvelle. La simplicité de l’échange, la relation humaine comme centre de la vie m’ont je crois permis de retrouver un chemin de foi. C’est une foi qui est plus simple et concrète, moins “planante”. J’ai été touchée par la face humaine de Jésus, et son message pour construire le “règne de Dieu” dès aujourd’hui, dans le monde dans lequel on vit ! » (Marie-Pierre, Paraguay).

Lâcher prise, désirer un chemin de discernement vocationnel
Dans les motivations au départ, la part de projet individuel, d’épanouissement personnel, de désirs, est très forte. C’est à l’aune de ces motivations personnelles que le service prend toute sa valeur. Être capable de faire rentrer son propre projet dans un projet plus vaste qui n’est pas à soi, lâcher prise, est un des grands défis proposés. Relever ce défi est un chemin de discernement vocationnel : où vais-je me situer à ma juste place ? Un volontaire disait que le volontariat n’a pas forcément ouvert des pistes dans sa vocation « mais il les a élargies et m’a permis un certain élagage de mon projet, de me recentrer sur l’essentiel, à savoir servir le Christ dans l’Église en sachant laisser mes convictions personnelles au second plan. Pour pouvoir partager un projet, il faut lâcher prise sur certaines choses. »

Loin des contraintes habituelles, découvrir de nouveaux horizons
« Le temps de volontariat est un temps où l’on vit en dehors des contraintes habituelles, notamment familiales et sociales (contraintes explicites ou implicites). Ces contraintes se faisant moins ressentir, il est sûrement plus facile de prendre une décision qui va à l’encontre des normes sociales (une réorientation professionnelle par exemple) » (François, Cameroun).
En partant, les volontaires sont très désireux de découvrir une autre culture, de faire de nouvelles rencontres. Ils partent avec un a priori très positif, psychologiquement, spirituellement, affectivement très disponibles aux rencontres marquantes, aux témoins qu’ils vont repérer sur leur route car leur regard est beaucoup plus ouvert. Ils découvrent de nouvelles activités et rien ne paraît impossible puisqu’ils viennent pour dire oui, pour rendre service.

Des sujets libres et disponibles
« La liberté et l’ouverture que procure la disponibilité, voilà un apport de la “coopé”. Se rendre vraiment disponible, élément important pour mon discernement de vocation, et les fruits qui en découlent » (Nicolas, Guinée).
Parce ce qu’ils sont loin de leur famille, des projets tout tracés en France, beaucoup de volontaires soulignent le sentiment de liberté qu’ils ont goûté et qu’ils ne souhaitent pas perdre en rentrant. Cette expérience de liberté est aussi nourrie par les alternatives nouvelles que propose une culture nouvelle. Parce qu’ils ont choisi librement de partir, chaque acte posé en coopé a, au début, le goût du choix posé librement. La situation de volontaire – sans réseau amical, familial – les rend très disponibles à de nouvelles personnes, de nouvelles activités.

Découvrir un nouveau contexte permet de se découvrir soi-même

Partager un quotidien différent
Le volontaire vit dans des conditions modestes, proches de celles de ses voisins ; il partage leur vie au plus près, souvent dans des conditions de pauvreté bien plus grandes que celles qu’il a jamais vécues en France. Découverte de la pauvreté, de ses conséquences absurdes et dramatiques (décès pour un palu mal soigné, violences liées à la promiscuité, etc.). Il mesure, dans le partage de conditions de vie modeste, ses limites (face à la nourriture toujours identique, à la chaleur, à la maladie, à la peur de l’accident). Il apprend aussi là à quel point il a besoin des autres (pour se repérer devant les étalages au marché, pour comprendre les événements du quartier, pour s’orienter, etc.). Dans cette insertion culturelle et économique, il se découvre.
Un environnement qui rend nos contours plus clairs
Pour un volontaire, être l’étranger n’est pas toujours confortable, loin s’en faut, mais c’est une position relativement claire. Il s’agit pour une part de repartir de zéro (nouvel environnement, nouvelles relations, nouveau cadre spirituel, nouveaux repères) ; dans ce cadre, le volontaire peut « reconstruire » ce qu’il est étape par étape. Il ne s’agit pas de construire un personnage différent mais de prendre conscience, grâce à la nouveauté du contexte, de qui il est, un véritable réveil.
D’autre part, le contexte d’accueil, bien qu’excessivement complexe à comprendre, peut par sa nouveauté et sa nature, faciliter au volontaire cette expérience de découverte de soi, plus que son environnement familier. Un ancien volontaire ajoute : « Les sociétés dans lesquelles ont lieu les volontariats sont souvent, tout de même, moins “postmodernes” que la nôtre : les identités y sont encore (pour combien de temps ?) données par le cadre social. En témoigne le rôle de l’Église comme institution qui y est souvent beaucoup plus prégnant que chez nous. Du coup, cela peut (paradoxalement ?) avoir un côté rassurant : au fond, certains retrouvent dans ces pays, un cadre avec des repères – ce qui soulage, pour un temps, de l’angoisse d’avoir à se construire soi-même dans le brouillard d’un avenir qui est complètement à inventer » (Gaël, Tchad).

Une expérience unique de vie en Église
La très grande majorité des partenaires de la DCC, qui accueillent les volontaires, sont des diocèses locaux ou des congrégations. Beaucoup de volontaires vivent dans une communauté, ou dans une maison de pères ou de sœurs, ou prennent leur repas dans la communauté. Beaucoup travaillent avec des religieux, comme collègues et/ou comme chefs. Le partage de la vie quotidienne de ces religieux est une nouveauté pour tous les volontaires et une expérience unique pour développer un autre regard sur l’Église, dans l’Église.
« La coopé m’a permis de découvrir la mission de l’Église, pas simplement comme je la rêve mais partagée par tous, en l’occurrence par les chrétiens de Terre sainte. S’inscrire dans leur projet, même si je n’étais pas d’accord sur certains points m’a permis de mieux envisager le ministère de communion auquel je me destine en tant que séminariste » (Guillaume, Palestine).
La découverte des « rouages » de l’Église – sa gestion de l’argent, du pouvoir – fait perdre certaines illusions et la rencontre de religieux et de laïcs extrêmement dévoués offre le visage vivant de l’Église du Christ. Tout cela peut être mêlé. Il faudra du temps pour discerner au retour l’amertume et la douceur qui composent la récolte.
« Un deuxième aspect de la coopé a été important pour décider de ma vocation de chrétien : le fait de vivre dans une mission catholique, donc au cœur de l’Église – l’Église-institution cette fois. Cette situation aurait pu me décider des dizaines de fois à tourner les talons et à fuir ! […] Et pourtant, cette Église m’a rassuré en même temps qu’elle me révoltait. J’ai compris à ce moment que l’Église que nous voyons n’est qu’un ensemble d’hommes et de femmes qui essaient de faire ce qu’ils peuvent. […] En même temps que je n’ai plus pris au sérieux la façade, la force de la foi de certains membres de l’Église m’est apparue. En même temps que j’en ai compris la fragilité – et parfois les défauts moins sympathiques – j’ai ressenti de la sympathie pour l’Église. Et je me suis dit qu’après tout, avec mes propres fragilités et mes défauts, moi aussi je pouvais bien essayer, également, de faire ce que je pouvais. » (Nicolas, Guinée).

Être accompagné dans la construction de son identité
Le contexte ecclésial dans lequel baignent les volontaires pendant tout leur temps de coopération est riche en rencontres fortes, en temps d’échanges sur des questions existentielles. Parce qu’ils se rendent disponibles à cet échange et parce qu’ils sont entourés de personnes disponibles pour les écouter. Pour beaucoup, cet accompagnement est une nouveauté qui les aide à avancer en nourrissant leurs questionnements.

Une invitation radicale à la justice

Le départ en volontariat est un déracinement géographique, culturel, affectif. C’est aussi un plongeon dans l’Église, dans un contexte professionnel, amical, spirituel. Les volontaires font un choix radical. Ils sont aussi déstabilisés par la violence de ce choix, qu’aucune préparation ne peut complètement amortir. Et tant mieux. Beaucoup partent en souhaitant découvrir et partager « la pauvreté » de la population qui les accueille. Peu savent la remise en cause que cette découverte peut provoquer.
« À mon sens, il reste tout de même que, pour la plupart d’entre nous, la rencontre humaine, de longue durée (deux ans ou plus) avec des situations de (grande) pauvreté est un lieu humainement formateur. Tout simplement parce que ça pose implicitement la question de la justice de ce monde : un volontaire peut difficilement esquiver la question de savoir si ce que vivent ceux et celles qui l’entourent, avec qui il noue des relations d’amitié vraies, est “juste”. On sort alors des représentations toutes faites que véhiculent les medias en France (et dont nous sommes tous saturés) et qui ont pour effet principal d’anesthésier le sens de la “justice” de chacun. Du coup, ce qui fondait jusqu’alors le lien social (dans lequel le volontaire s’estimait légitimement inséré) peut être remis en question : le métier que je fais (ou que je voulais faire), est-il vraiment “juste” ? Mon mode de consommation ? Mon rapport aux étrangers ?… Je ne m’explique pas autrement les “changements de trajectoire” que je peux observer chez certains ancien(ne)s volontaires : certain(e)s avaient un bon boulot, un poste tranquille, un avenir assuré… et, au retour de coopé, décident de prendre un virage (par exemple entrer dans la vie religieuse, mais pas seulement). Virage qui est souvent risqué, difficile, et dont certain(e)s se seraient cru(e)s eux-mêmes incapables avant l’expérience de la coopé… » (Gaël, Tchad).


Après la coopération, le temps du choix



Si la coopé est un temps d’expérimentation de la pratique des valeurs évangéliques, de découverte (par exemple l’enseignement pour un ingénieur), le retour est le temps où la vocation s’enracine, s’éclaire. Les sessions de partage, de relecture, avec d’autres volontaires et l’équipe de la DCC, sont des étapes nécessaires pour confronter les pistes découvertes là-bas à la réalité d’ici. Les volontaires peuvent ensuite faire le choix d’un accompagnement spirituel et redécouvrir ce que l’Église leur propose comme lieux et temps de ressourcement.

Au retour, mille chemins sont possibles

« Dans ma démarche de vocation, la coopé n’a pas été le lieu de la révélation mais un lieu de discernement et d’enracinement. »
« Ce temps de volontariat m’a donc clairement ouvert des pistes : si j’avais envisagé avant ma coopé de changer de profession (je sortais juste de mes études d’ingénieur), je n’avais pas pensé à la profession d’enseignant. »

Certains reprennent le fil de leur vie, laissée en suspens pendant deux ans. Les fruits semés pendant la « coopé » deviennent visibles parfois bien après le retour, dans la manière d’exercer un métier, de s’engager dans l’Église ou le milieu associatif, d’ouvrir son foyer, etc.
D’autres choisissent dès leur retour de répondre à l’appel de structures qui luttent directement contre les causes d’injustice dans la société : dans un virage professionnel, ils s’engagent aux côtés des migrants, des malades en fin de vie, des jeunes en difficultés d’insertion, etc. D’autres changent de métier plutôt que de secteur : enseignants, soignants, éducateurs, pour mieux se mettre au service des personnes.
Certains ont entendu pendant la « coopé » grandir l’appel d’un engagement à deux, avec une personne avec laquelle un lien existait avant de partir, ou s’est créé pendant la coopé. D’autres ont appris à aimer l’Église dans son quotidien, ses communautés religieuses et répondent à l’appel à la vie consacrée.


Être prêt à dire oui et à être surpris

Les volontaires partent avant tout, disent-ils, pour découvrir une autre culture, pour être surpris, pour se laisser toucher par de nouvelles manières de penser, d’interagir, de prier, de vivre. Ils partent pour vivre un changement. Ils sont donc psychologiquement prêts à être changés, transformés. La disponibilité toute nouvelle qu’ils goûtent les rend capables de dire oui aux services demandés, de faire des choix de vie différents de la voie toute tracée. Après deux ans de surprises culturelles, d’acceptation d’une réalité non maîtrisée, d’expérimentation de la pauvreté et de l’injustice, de dépouillement, de lâcher prise, de questionnements spirituels, les volontaires sont, pour certains d’entre eux, prêts à entendre une vocation surprenante, dérangeante. Ils peuvent entendre des appels nouveaux.

« J’ai l’impression d’avoir été évangélisée en venant au Paraguay ! Je sens par conséquent que je devrai être missionnaire à mon retour pour témoigner de ce que j’ai vu, vécu, senti ici au Paraguay ! » (Marie-Pierre).