Une école de prière pour enfants, pourquoi pas ?


Chantal Creac’h
membre de l’équipe SDV
du diocèse de Soissons

 

 Chantal Créac’h, mariée, mère de famille, grand-mère, longtemps permanente au SDV de Beauvais, aujourd’hui permanente au SDV de Soissons, nous dit son expérience de création d’écoles de prière pour enfants dans deux diocèses.




Une école de prière… pourquoi pas ?



Je suis interpellée par une famille, arrivant dans l’Oise après un passage à Troyes, qui me demande : « Y a-t-il une école de prière dans l’Oise ? » La question m’interpelle… je veux en savoir plus et demande à rencontrer les enfants pour connaître ce que ces rassemblements leur ont permis de vivre. Séduite par ce qu’ils expriment, je m’entends dire : « Je veux bien essayer… » Pour la première rencontre, je choisis un lieu où je me sens « sécurisée », parce que je le connais bien : les sœurs clarisses de Vermand. Elles aussi ont envie de vivre cette expérience et nous ouvrent leur monastère.
Ne voulant pas partir à l’aventure et en faire « mon affaire », je m’adresse à François Cacheux, diacre permanent à Troyes, appelé par son évêque à mettre en route l’école de prière dans son diocèse depuis déjà plusieurs années. Il me donne le déroulement des rencontres… et moi je « travaille » un peu la proposition pour l’adapter au contexte diocésain. L’aventure commence avec quatre enfants. Elle est belle… puis doucement le nombre augmente… et Jean-Yves, mon mari, est envoyé pour son travail dans l’Aisne.
Au revoir Beauvais, bonjour Soissons… diocèses limitrophes mais combien différents dans leur histoire ! Je suis connue dans le diocèse de Soissons, notre travail interdiocésain a créé des liens… Je suis appelée à la mission de permanente au SDV et aussi à la mise en place des écoles de prière pour les enfants.
Confortée par le Père Marcel Herriot, évêque de Soissons, je « traîne » dans le diocèse pour le connaître, me faire connaître et re-connaître la mission confiée… La première année, quatre enfants se présentent. Je continue… puis huit, dix, douze… ça mord, ça interroge dans la perplexité ou l’enthousiasme. L’augmentation des enfants m’oblige à « appeler ». L’exigence des écoles de prière interpelle et tant mieux, je vis du « Viens et vois ». Des personnes essaient et y prennent goût !


Une école de prière qui se structure



Très vite nous pensons mettre en place une équipe diocésaine : dix personnes sont appelées (de seize à soixante-douze ans) pour le chant, la liturgie, la musique, le bricolage, les servants d’autel… assurer aussi les « dodos » et les câlins !
Le Père Herriot appelle le Père Ronan à être l’accompagnateur des écoles. L’aventure continue et au fil des écoles nous essayons de nous améliorer, aujourd’hui nous accueillons de cent quarante à cent cinquante enfants dans l’année, présents pour deux jours, quatre jours ou une semaine, suivant les âges… Nous proposons aussi le dimanche une école de prière pour les parents : plus de soixante adultes aujourd’hui y participent.


Une école de prière, pourquoi faire ?



Permettre aux enfants et aux jeunes de découvrir la prière qui leur parle au cœur… Seule l‘expérience rend cette découverte possible. Au cours de l’école ils découvriront la méditation de la Parole de Dieu, la prière par le chant et la musique, l’Eucharistie, l’office des vêpres la psalmodie, l’adoration, l’intercession, la prière mariale, la prière écrite à partir de la méditation de la Parole de Dieu… mais aussi le service de la table, la fraternité, le vivre ensemble, l’être avec, le pardon !

Ils sont là « pour apprendre » nous disent-ils, « apprendre à prier », « à aller en profondeur pour rencontrer Dieu », « découvrir la prière qui parle dans mon cœur ». Apprendre… le Mystère de Dieu qui « attire », présence réelle qui façonne : des enfants et des jeunes en adoration vingt minutes, c’est bien réel ! « Jésus mon cœur s’ouvre » écrira un enfant. « Quand je fais silence dans mon cœur, j’écoute Dieu qui me parle ! » « Montre-moi le chemin que je dois prendre pour te rencontrer. »

Apprendre à faire silence pour « se retrouver », « écouter Dieu », découvrir qu’au fur et à mesure des heures qui avancent, ils s’écoutent et s’interpellent en travaillant la Parole de Dieu, heureux d’entendre la prière du copain ou d’entendre la sienne à l’office du soir.
Apprendre à jouer en essayant de ne laisser personne à l’écart, invitant le copain isolé. Rire et sourire des histoires drôles, des pitreries de chacun. Faire du bricolage, de tout son cœur pour que ce soit beau, réussi, et chercher à qui « on pourrait l’offrir » pour faire plaisir.
Apprendre à servir à l’autel, aidés par les plus grands qui ont de l’expérience ; ils prennent au sérieux ce qu’ils entreprennent dans le respect de chacun. Aller avec les copains à la « tente de la rencontre », c’est inviter l’autre au silence et à la prière.
Jouer de la musique, se mettre au service de la liturgie, moments privilégiés où les musiciens « s’accordent entre eux », véritable travail fraternel où chacun est pris en compte là où il en est. Personne ne sera exclu : « J’ai drôlement progressé au basson cette semaine ! »

Apprendre… à être présent à l’autre et l’aider à grandir. Consoler les plus jeunes parce que le premier soir n’est pas si facile. C’est tout cela et plus encore que les enfants vivent dans une joie partagée.


Une école de prière et le diocèse



Pour que les enfants et les jeunes découvrent aussi la dimension diocésaine, nous leur parlons de ce qui se vit dans les différents mouvements et services.
Nous entretenons des liens avec le service de la catéchèse, l’équipe diocésaine accompagnant les servants d’autel, la pastorale des jeunes…
Les aînés vivent, au cours de leur séjour, une veillée Taizé, une soirée sur leurs engagements et sur le pèlerinage diocésain des jeunes à Lourdes. Chacun y déploie ses talents et en découvre d’autres.


Une école de prière avec des accompagnateurs



Nous avons le souci d’appeler des personnes du diocèse et nous découvrons des merveilles ! Aujourd’hui, nous avons une vingtaine de personnes qui « tournent » au service de l’école : des chauffeurs pour conduire les enfants et les jeunes, des fleuristes qui viennent pour aider à faire des bouquets liturgiques, une icônographe, un conteur… chacun vient avec tout ce qu’il est… deux ou trois jours ou plus suivant son temps disponible et son rythme familial.
Témoins privilégiés, de l’œuvre de Dieu dans la vie des enfants et des jeunes, nous sommes aussi appelés à nous transformer, à apprendre la patience pour servir gratuitement et joyeusement.
Façonnés comme eux, nous découvrons des possibilités nouvelles, des « je me suis dépassé », des « je ne savais pas que je savais faire », des capacités à vivre à temps et à contretemps suivant les aléas de la météo ou autres… d’être au service de la gratuité.
« Enfin, je découvre ici ce que je cherchais depuis si longtemps ! » dira une accompagnatrice. Cadeau, Bonne Nouvelle ! Non, rien d’exceptionnel… simplement la vie circule : « Dieu est, et nous, nous devenons. » Grandeur de Dieu pour chacun, à recevoir. Amour à partager, croire qu’avec Dieu tout est possible.
« C’est sûr, je reviens l’année prochaine ! » nous disent les enfants. Ça tombe bien, nous aussi !


Des écoles de prière pour tous



Aujourd’hui les demandes sont de plus en plus nombreuses :

 

  • des écoles de prière par zone se mettent en place pour les enfants ;
  • l’enseignement catholique nous fait un clin d’œil… affaire à suivre et à faire vivre !
  • des écoles de prière pour les collégiens et lycéens ;
  • des écoles de prière pour les jeunes couples, pour les adultes En octobre 2008, il y aura même une école de prière « Champignons, châtaignes et prière pour tous » ;
  • des écoles de prière pour les parents : quatre dans l’année, pendant lesquelles les tout-petits sont pris en charge toute la journée et ont leur propre école de prière ;
  • des écoles de prière d’un jour dans les paroisses.