Edito


Voilà un beau sujet de réflexion donné par Benoît XVI aux communautés chrétiennes du monde entier pour cette nouvelle journée mondiale de prière pour les vocations : « Proposer les vocations dans l’Église locale » ! Il s’inscrit dans la droite ligne du Congrès européen des vocations de 1997. Ce qui à l’époque était une intuition et une ligne programmatique est devenu une réalité à vivre dans l’Église universelle. Dans ce numéro, grâce à la qualité des intervenants réunis, beaucoup de profondeur. Cette proposition déborde le cadre des services des vocations ; elle concerne toutes les instances d’Église. Chaque intervenant a eu à cœur de ne pas en rester à une sorte d’état des lieux en esquissant de vraies pistes de réflexion. Ces excellents théologiens et pasteurs nous poussent à réfléchir à nos rapports à la paroisse, au presbytérat, aux fonctions dans l’Église et à leur pertinence, à l’articulation indispensable entre sacerdoce des baptisés et sacerdoce ministériel. Nombreuses sont les contributions qui feront le miel des formateurs et de leurs équipes !

« Les vocations », pluriel de diversité. « Proposer », invitation très largement déposée entre les mains du peuple de Dieu. Le Christ s’est fait homme parmi les hommes et il a partagé le lot commun, sans rien épargner de lui-même. Les baptisés, pour peu qu’ils aient conscience de ce qu’induit le baptême, sont au service de l’Église et du monde ; en conséquence les charismes doivent être aussi variés que possible pour faire face aux besoins multiples et nouveaux qui ne cessent de croître.

Dans cette société en mutation nous sommes souvent inquiets de l’avenir. Le passé seul paraît certain et la tentation est grande d’y chercher les recettes de demain. Évangélisons notre peur ! Peut-être serait-il sage d’accepter de ne pas « savoir », d’expérimenter, de laisser des intuitions éclore. La société est de plus en plus fragmentée et nous, nous aurions en tête de modéliser à l’excès ? Peut-être sommes- nous en un temps où le consentement à certaines audaces pourrait être une manière de permettre à de très nombreux baptisés de retrouver l’Église et d’investir la notion de vocations à nouveaux frais. Si c’est la mission reçue du Christ qui nous presse, « garder » ceux qui viennent par des propositions faites sur mesure ne suffit pas ; il faut aussi renouer avec ceux qui partent les mains vides, avec ceux qui se sont éloignés faute d’avoir étés regardés et entendus, avec ceux pour lesquels la Bonne Nouvelle n’est même pas… une information.

La clé d’une véritable culture vocationnelle du Corps ecclésial tout entier est la conscience du rapport entre suite du Christ et vocations et dans l’articulation entre les multiples charismes vécus dans la fraternité à l’instar du Fils. C’est à cette condition et sur ce terreau que pourraient se développer des vocations spécifiques. C’est de la conscience du lien qui nous unit au Christ et aux frères que peut naître un désir d’engagement plus fort, des vocations particulières.

Pas de charisme qui ne soit en lien avec d’autres charismes ; pas d’en soi mais toujours du pour autrui. Une communauté susceptible de proposer les vocations est avant tout une communauté qui reconnaît et accueille les charismes qui lui sont donnés, sans craindre la part prophétique que souvent ils comportent. C’est une communauté d’hommes et de femmes qui garde ouverte « sa part de jeunesse », d’adaptabilité et d’inventivité, une maison pour chacun où il fait bon se ressourcer mais d’où l’on part le cœur affermi.