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Quelques expériences de communication de l’Opus Dei
service information-communication de l’Opus Dei
L’Opus Dei est un chemin pour aider les gens à vivre toujours plus unis à Dieu, dans leur travail professionnel, leur vie familiale et sociale, et dans l’accomplissement de leurs devoirs ordinaires de chrétiens. Fondé en 1928, il propose un approfondissement de la foi qui va de pair avec une forte cohérence de vie. Près de 90 000 personnes dans le monde – 1 000 en France – en font partie, mais le nombre de ceux qui assistent aux formations est bien plus large. Ce sont des personnes, mariées pour la plupart, qui se sentent appelées par Dieu à répondre radicalement à la vocation de baptisé : essayer d’agir en tout point comme le Christ l’aurait fait, ressembler au Christ dans ses trente années de vie cachée.
Parfois, la perception ne correspond pas à cette réalité, à tel point que l’on peut dire que cohabitent dans l’imaginaire collectif deux Opus Dei. L’un, réel, formé par des personnes ordinaires, qui ont des qualités et des défauts, mais sont mues par le désir sincère de suivre le Christ au milieu du monde. L’autre, fictif, diffusé par une certaine fiction comme le Da Vinci code et autres aventures du même style, dans lesquelles les seuls intérêts sont le pouvoir, l’argent et le lavage de cerveaux. Cet Opus Dei fictif serait le « monstre » auquel se réfère Patrice de Plunkett dans le titre de son ouvrage sur l’Opus Dei.
C’est pour résoudre cette tension entre les deux Opus Dei que nous essayons de suivre un principe fondamental dans le travail du service information-communication de l’Opus Dei : consacrer 90 % de notre temps à construire et ne réserver que les 10 % restant à la défense. Je préfère informer positivement et ouvertement, en recevant toutes les personnes – même celles aux positions anti-catholiques marquées – plutôt que de passer mon temps à réagir à telle ou telle forme de caricature. C’est dans cet esprit que nous réalisons un certain nombre de nos activités de communication, qui sont la base de mon travail et peuvent avoir un impact certain alors même qu’elles ne sont pas publiées dans la presse.
Le site www.opusdei.fr
Mis en ligne en 2006 dans sa dernière mouture, ce site est mis à jour trois à quatre fois par semaine à travers des témoignages de membres, des illustrations d’initiatives avec les personnes en difficulté, avec les jeunes, ou simplement avec leurs amis, des articles de contenu purement doctrinal ou en rapport avec l’actualité de l’Opus Dei, etc. Chaque fin de semaine, plus de 3 000 personnes reçoivent la newsletter avec les nouvelles de la semaine.
L’année 2008 a ainsi vu plus de 160 000 « visiteurs uniques » visiter environ 800 000 pages, et la mise en ligne des témoignages vidéo a prouvé, s’il le fallait, combien les internautes apprécient les images. Chaque témoignage cherche à exprimer concrètement le message de l’Opus Dei : un postier, un syndicaliste, un étudiant, une artiste… transmettent la vie, la substance, l’esprit qui les anime. Ils ne communiquent pas sur la prélature de l’Opus Dei, mais sur leur vie.
Le site permet également de tenir informés les fidèles de l’Opus Dei des nouvelles concernant directement la prélature : c’est la dimension « interne » de la communication, qui oscille entre la lettre mensuelle du Prélat 1 et des nouvelles variées 2. Finalement, nous essayons de faire de cet outil l’élément majeur de communication, tant interne qu’externe.
L’attention portée aux demandes de journalistes
Depuis 1966, un service de communication est ouvert, à Paris, d’abord au siège de la Prélature puis, à partir de 2001 – un an avant la canonisation de saint Josémaria – dans un bureau disposant de ses propres locaux. Nous sommes passés de une à quatre personnes : webmaster, attachée de presse, porte-parole et moi-même.
Outre l’accueil des journalistes et les réponses aux questions et la présentation de témoins, j’ai la chance de travailler avec un « patron », Mgr de Rochebrune, vicaire de l’Opus Dei pour la France, qui a une grande estime pour le travail des journalistes. Ainsi, depuis plusieurs années, j’essaie de faire en sorte qu’il ait des contacts directs avec le monde de la communication, à travers des déjeuners et des rencontres personnelles. La communication directe augmente la compréhension mutuelle : au-delà de l’institution, c’est la personne qui est la véritable richesse de l’Église et qui rend l’Église attirante, « compétitive », dans le monde de la communication.
Rendre service, être une source d’information en collaborant avec des institutions ecclésiales
Pour les demandes d’information directement liées à l’Opus Dei, j’essaie de répondre en donnant tout un ensemble de données historiques et théologiques, sans oublier les témoins authentiques, pour que mon interlocuteur ait le plus d’éléments pour juger. C’est là, je pense, la finalité du service de communication : ne pas chercher à transmettre une image positive, mais permettre la connaissance de l’institution la plus fidèle à la réalité.
Lorsqu’il s’agit de sujets liés à l’Église en général, j’essaie d’aider les journalistes en leur ouvrant des portes ou en leur indiquant des contacts, que ce soit dans la société civile ou dans le monde ecclésiastique. Cela dit, outre cette communication habituelle, positive et ouverte, il y a parfois dans la communication de l’Église des circonstances spécifiques qui exigent une plus grande attention, comme dans les cas que je vais exposer maintenant.
En tant qu’institution de l’Église, il nous revient parfois de communiquer dans un contexte où l’interlocuteur a des présupposés qui ne correspondent pas à la réalité. Les lieux communs ont une force inouïe. Un jeune africain, membre de l’Opus Dei venu étudier un an en France s’entendit reprocher toute une soirée par des amis d’être franquiste, etc. Le lendemain, il confia à un ami : « Mais c’était qui, Franco ? »…
Lorsque le film Da Vinci code est sorti, nous avons décidé de « faire de la limonade avec du citron ». Autrement dit, tirer partie de la controverse pour montrer le vrai Opus Dei. Je vais essayer de montrer, dans les lignes qui suivent, comment l’Opus Dei en France a réagi à quelques événements récents, sachant que bien souvent, les résultats de telle ou telle action ont tenu à un concours de circonstances que je qualifierais volontiers de providentielles.
La parution du roman Da Vinci code
Au mois de mars 2005, la traduction du roman de Dan Brown, Da Vinci code, est publiée en France. La lecture de l’ouvrage en anglais, quelques mois auparavant, avait convaincu notre service de communication que cet ouvrage ne connaîtrait jamais en France le succès qu’il avait remporté aux USA. Nous nous sommes alors contentés de mettre en ligne sur notre site quelques traductions d’articles américains qui confortaient notre point de vue.
Au mois de juillet, le DVC devint le roman de l’été, avec le succès qu’on lui connaît. Fin août, quelques média s’emparèrent de l’affaire. L’appréciation du succès du livre avait été émise par des « spécialistes » qui, par définition, ne représentaient pas le lectorat moyen… et nous n’avions pas lu l’ouvrage en français.
Malgré cela, nous avons décidé d’en rester là pour ne pas faire davantage de publicité à ce roman. Comme on peut le voir a posteriori, un produit bien élaboré comme le DVC n’a pas besoin de polémique pour connaître le succès. Mais à l’époque, nous nous sommes contentés de mettre sur Internet divers articles et communiqués, destinés autant au grand public qu’aux journalistes. Ce fut peut-être le bon choix.
Plus que de collaborer avec les médias, c’est l’effort pour faire preuve de transparence qui, me semble-t-il, a caractérisé notre réponse au phénomène DVC. Cela dit, notre première expérience ne fut pas des meilleures, puisqu’elle se réalisa avec un hebdomadaire peu réputé pour son sérieux, voire racoleur. Nous avons prouvé notre bonne volonté en montrant ce qu’ils voulaient voir mais le résultat a été carrément mauvais : sur un article de deux pages, une demi colonne donnait la parole aux témoins, le reste étant consacré aux détracteurs et remarques du journaliste.
Le film Da Vinci code
Lorsque l’on apprit que le livre allait être adapté au cinéma, nous nous sommes demandés une nouvelle fois quelle serait la réaction appropriée. Ce coup-ci, il fut décidé de communiquer activement. Puisque nous allions être l’objet de tous les regards, autant en profiter pour montrer qui l’on était. La date de sortie du film étant fixée, toute la communication devait se produire avant l’événement. Après, plus personne ne s’y intéresserait.
À Paris, d’un point de vue ecclésial tout d’abord, nous nous sommes réunis avec tous les « acteurs » du film, si l’on peut dire, qu’étaient le diocèse de Paris, la paroisse Saint-Sulpice et l’Opus Dei. Il s’agissait simplement d’accorder nos violons, puis de voir où et comment agir ensemble et dans quel but.
Quant à l’Opus Dei, il nous a d’abord fallu accepter le risque d’être déformé ou caricaturé. L’expérience a montré qu’il n’en était rien. Au contraire, la transparence et le fait d’assumer notre manière d’être ont été très bien perçus.
Outre la préparation des éléments traditionnels – dossier de presse, communiqué – nous avons développé l’utilisation de notre site, en créant une rubrique « Da Vinci code », alimentée par des historiens, des théologiens, des philosophes, etc. Son succès a été indéniable, et aujourd’hui encore, des personnes viennent y puiser des informations.
L’autre aspect de l’ouverture de l’Opus Dei aux médias a été la collaboration de témoins qui recevraient chez eux les journalistes. Il a d’abord fallu voir qui accepterait de répondre à des questions dérangeantes, voir même incongrues, puis évaluer la capacité de ces « personnes ressources » à s’exprimer et à renvoyer une image de l’Opus Dei qui corresponde à la réalité.
S’exprimer devant les médias n’est pas évident. Nous avons travaillé ensemble sur le message à faire passer, des histoires vécues, des exemples parlants… qui faciliteraient le travail des journalistes.
Nous avons également veillé à ce que tout le vocabulaire employé soit accessible à des personnes avec peu de culture religieuse. Nous avons cherché des manières de dire qui, tout en respectant l’esprit propre à l’institution, faciliteraient la communication. Nous avons donc recensé les expressions telles que « l’Opus Dei est une prélature personnelle »… pour les rendre compréhensibles : « l’Opus Dei est semblable à un diocèse », ou encore « l’Opus Dei est une institution de l’Église », etc.
En général, chaque fois qu’une personne de l’Opus Dei va s’exprimer dans un média, même si elle prend régulièrement la parole, le service de communication lui propose un bref media-training : parce que parler à la télévision ou à un journaliste de presse écrite sont deux choses différentes ; parce que le contexte évolue ; parce qu’il y a des questions auxquelles il n’a pas pensé, etc. C’est un travail parfois ingrat – surtout si le média ne réalise finalement pas son interview – mais toujours payant, ne serait-ce que par son côté rassurant.
La préparation d’un témoin vise autant à l’aider à s’exprimer ou à réfléchir sur l’idéal qui l’anime qu’à diminuer le stress qui précède toute interview. Il sait qu’il va contribuer à l’image de ce qui lui tient le plus à cœur – l’Église et l’Opus Dei – et il me semble qu’un point important est de l’aider à être lui-même, dire « je », parler de ce qu’il est et de ce qu’il fait, en expliquant pourquoi il le fait.
Parmi les actions marquantes autour du DVC figurent les invitations dans des résidences où l’Opus Dei organise des activités de formation chrétienne. C’est ce que les médias définirent comme des opérations « portes ouvertes », relativement proches de la sortie du film. Toutes les télés, plusieurs radios et la presse écrite s’y associèrent. Les témoins étaient présents, les lieux à filmer étaient définis par le service de communication, en fonction de leur capacité à mieux montrer l’Opus Dei réel : la maison d’un couple avec trois enfants, une école, etc. Les lieux de formation de l’Opus Dei sont très variés.
Tous les thèmes ont été abordés, tout ce que les journalistes voulaient savoir a été dit ou montré, mais nous avons tâché de minimiser les imprévus. À une exception près, le résultat a été très correct : les journalistes se sont rendu compte de l’honnêteté de leurs interlocuteurs, qui par ailleurs assumaient pleinement leur manière d’être. Il a simplement été nécessaire de réconforter et motiver de très bons témoins, un peu maltraités par une équipe.
Je pense que, si ces « opérations » ont été plébiscitées par les médias, c’est parce qu’elles ont permis de rapprocher l’Opus Dei et les journalistes, de dialoguer et, par là, de réellement progresser dans la connaissance et le respect mutuel. Ce fut pour eux l’occasion de voir l’Église autrement, à travers des catholiques ordinaires, et pour nous, ce fut une confirmation du professionnalisme avec lequel travaillent les journalistes et de leur désir de comprendre pour informer.
Enfin, les porte-parole de l’Opus Dei ont répondu aux invitations sur des plateaux de télévision ou de radio, partant du fait que, pour l’Opus Dei du moins, être vu ou entendu est toujours un plus, quand bien même on pourrait faire une piètre prestation.
Les 80 ans de l’Opus Dei
Lorsque l’Opus Dei a célébré ses quatre-vingts ans, en octobre 2008, nous nous sommes demandé comment en profiter pour inviter les journalistes à un événement et donner à parler de nous de façon positive. Une actualité quelque peu mouvementée les mois précédents a probablement poussé certains médias à nous rencontrer.
Quelques mois plus tôt, en juillet 2008, l’archevêque de Toulouse, Mgr Le Gall, avait nommé curé de paroisse un prêtre de l’Opus Dei, ce qui constituait une première en France. Quelques réactions relayées par certains médias donnèrent à cet événement une dimension nationale, remettant sur la sellette le supposé pouvoir de l’Opus Dei au sein de l’Église et son passé espagnol. L’Opus Dei était redevenu « d’actu », l’engouement des médias pour ses quatre-vingts ans était presque naturel.
Les actions principales de cet anniversaire furent d’une part des « opérations portes ouvertes » dans trois villes de France (Strasbourg, Rennes et Paris), et d’autre part une conférence de presse donnée par le vicaire de l’Opus Dei en France suivie d’interviews et d’un déjeuner en présence de témoins. Le franc-parler du vicaire a permis à certains de mieux comprendre tel ou tel point en rapport avec l’actualité, et le déjeuner a largement contribué à donner aux témoins une perception très positive des journalistes.
Quand il faut passer au tribunal
C’est un moment difficile pour un communicant car, d’une certaine façon, une action en justice est à l’opposé du travail d’un service de communication.
Malgré tout, en certaines occasions – heureusement peu nombreuses – cela s’est avéré nécessaire. Par exemple, lorsque nous avons eu la nette impression qu’un auteur profitait de la notoriété du Da Vinci code pour publier un livre présentant l’Opus Dei et ses membres comme des criminels. L’ouvrage en question était censé être un roman, mais curieusement, il déclare s’appuyer sur des faits prétendument réels concernant l’Opus Dei…
Une assignation en justice a été décidée après que les appels au dialogue avec l’auteur et l’éditeur soient restés lettre morte (nous aurions voulu qu’il ne cite pas nommément l’Opus Dei), et que l’ouvrage ait été publié.
Une telle décision n’est pas facile à prendre, non seulement parce que l’on risque de faire de la publicité à l’ouvrage incriminé, mais surtout parce que les rôles se renversent facilement : le diffamateur devient victime, tandis que la victime endosse les habits du boureau. Lorsque c’est une institution de l’Église qui porte plainte, le rôle d’inquisiteur lui échoit très facilement. Et pourtant, il est nécessaire de défendre et sa réputation et celle de ses membres. C’est surtout à travers le site que nous avons communiqué et expliqué notre position.
Nous avons également appelé les journalistes qui nous suivent pour leur donner notre version des faits et leur permettre de se faire une idée plus précise de la question.
Cela dit, le maniement d’une assignation en diffamation est aussi délicat que la communication de crise : non seulement il faut être bon sur le fond, mais encore il ne faut pas se faire retoquer sur la forme… et il n’est pas certain qu’on y réussisse à chaque fois.
En conclusion
Je pense que la charité est la meilleure manière d’informer sur l’Église et sur l’Opus Dei : aimer est une forme de connaissance et permet de se faire connaître.
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Pour reprendre des propos de saint Josémaria, je dirai que nous sommes devant un travail éminemment pratique et positif, qui exige que nous soyons des personnes « au cœur grand et aux bras ouverts, disposées à noyer le mal dans une abondance de bien : parce que l’Opus Dei n’est anti-rien ». Une ligne de travail exigeante certes, mais ô combien enthousiasmante.
1 - Lettre pastorale du prélat qui commente le temps et les fêtes liturgiques et encourage les de fidèles dans leur tâche de formation et d’évangélisation.
2 - Célébrations eucharistiques, ouvertures de centres de formation, ordination sacerdotale de certains fidèles, etc..