Prière


Seigneur, avec toi
nous irons au désert...

Seigneur, nous voudrions te rendre grâce pour ce temps passé au désert.
Tu nous as fait quitter notre quotidien, nos habitudes, nos repères
Pour nous montrer des paysages étendus à l’infini,
Magnifiques dans les dunes
Plus austères dans les pierres
Verdoyants dans les palmeraies après la pluie

- paysages à l’image de nos vies -
Nous avons pu aussi contempler la voûte céleste.
Tu nous as fait goûter les fruits et les mets de ce pays,
et nous avons bu ensemble le thé à la menthe.

Nous avons été accueillis par les enfants dans les villages
Nous nous sommes ouverts à une autre civilisation
Nous avons entendu au loin l’appel à la prière du muezzin

- nous étions en période de ramadan -

Nous avons pu goûter le silence de ces grandes étendues,
nous retrouver nous-mêmes, nous taire et surtout écouter,
comme le prophète Elie au Mont Horeb a écouté Dieu.
Car tu te trouves, Seigneur, non pas dans le fracas destructeur
des tremblements de terre ou des ouragans,
mais dans le murmure de la brise légère,
et tu nous offres ta présence qui donne vie et confiance.

Dans la marche en silence,
nous avons mieux compris ces paroles de Mère Teresa :
« Plus nous nous recevons dans le silence de la prière,
plus nous nous donnerons dans notre vie active ».
Nous avons pu ainsi laisser résonner en nous la Parole de Dieu.
Chaque jour, la connaissance de Charles de Foucauld
nous a montré que se tourner vers le Christ
peut changer radicalement une vie.

Partir de plusieurs lycées pouvait sembler un pari un peu fou :
au départ, nous étions juxtaposés, les uns à côté des autres,
et nous avons peu à peu constitué un groupe, une communauté.
Comme avec les Hébreux,
tu nous as constitués au désert comme un peuple.
Rassemblés sur les nattes,
nous avons apprécié les repas pris tous ensemble.
Dans les carrefours, nous avons appris à mieux nous écouter,
à échanger nos idées.

Même s’il n’y avait pas forcément d’affinité au départ,
nous avons pu construire quelque chose ensemble.
Nous sommes même allés plus loin dans le partage,
à cause de ces différences, et une confiance mutuelle a grandi.
Vivre avec d’autres chrétiens a fortifié notre foi.

La vie fraternelle a été le test de la qualité de notre relation à Dieu.
Il y a eu des moments éprouvants
Sous la pluie, avec des tentes trempées, ou malades,
et dans l’attente d’un 4x4 pour remonter sur Marrakech
Or, paradoxalement, c’est dans ces moments de crise
que les liens se sont resserrés, qu’une solidarité a pu grandir,
comme dit le psaume lu un matin :
« Tu n’abandonnes pas tes serviteurs dans l’épreuve. »

Il ne suffisait pas de tout quitter,
mais de chercher aussi la source, l’essentiel dans nos vies.
Nous avons pu mesurer le prix de l’eau,
l’importance d’aller à la source pour boire une eau pure.
Nous avons goûté à des textes qui désaltèrent vraiment
notre soif de Dieu, de sa Parole, de son amour.
La Bible nous paraît plus proche
lorsque nous reprenons ces paroles :
« Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l’aube,
mon âme a soif de toi
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau. »

Comme avec la Samaritaine,
tu t’es adressé mystérieusement à chacun :
« Si tu savais le don de Dieu,
c’est toi qui lui aurais demandé
et il t’aurait donné de l’eau vive.
L’eau que je lui donnerai deviendra en lui
source jaillissante pour la vie éternelle. »

Nous te rendons grâce, Seigneur,
pour ces messes en plein air,
vécues comme une grande ouverture.
Par l’Eucharistie, nous recevons la force d’aimer :
« Un des désirs les plus intimes de notre être est d’aimer.
Sans amour, notre vie trouverait-elle un sens ?
En nous laissant atteindre par l’amour de Dieu,
notre vie s’ouvre aux autres. »

Il nous est encore difficile de percevoir vraiment
ce que tu as fait pour nous,
nous avons besoin de temps pour méditer ce qui a été vécu,
pour réentendre ce que tu as pu murmurer à chacun dans le secret,
dans cette aventure intérieure à laquelle tu nous invites.

Des jeunes de Bobigny (Seinte Saint-Denis)