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Ici, chaque instant est savoureux
Le Réseau « Jeunes-et-Mission » (JeM) a commencé il y a treize ans autour des spiritains. Parmi ses activités (veillées de prière, camps d’été, foyers d’étudiants) la plus originale est fondamentalement « vocationnelle ». Il s’agit du service « Opération Amos », pour des séjours de bénévolat avec des missionnaires dans des pays du Sud.
spiritain
Au Réseau, les appels sont nombreux. Chaque année, pour deux à trois mois, partent 60 volontaires, des 18-30 ans. Des jeunes bien de leur temps, avec une mixité sociale et une variété de motivations : ceux qui croient au ciel… et ceux qui n’y croient pas.
« Je m’appelle S., j’ai 22 ans. Après onze années de scoutisme clôturées par une mission humanitaire au Liban, j’ai commencé à comprendre ce qu’était le don de soi. Je suis catholique pratiquante, je cherche à vivre davantage ma vie de chrétienne, qui s’inscrit pour moi dans la rencontre et le respect de l’autre, ainsi que dans le don de soi-même. Etudiante en traduction pour le commerce international, je souhaite me consacrer aux enfants et aux jeunes, être présente, les écouter, leur apporter un soutien scolaire s’ils en ont besoin. »
« Je vous envoie ma candidature : H., 25 ans. J’ai envie de donner de moi-même, mon savoir faire et mon temps à la disposition de personnes qui en ont besoin, afin qu’il y ait un échange entre « deux mondes », et que moi aussi je reparte enrichie grâce aux différentes rencontres humaines. Je ne sais pas si mon savoir-faire professionnel pourra vous être utile, mais je mets à votre disposition mes bras, ma tête et mon cœur pour contribuer au développement des populations en difficultés. »
Pour l’équipe du Réseau JeM (15 religieux et religieuses de 3 instituts), accompagner le mûrissement d’un désir humanitaire est devenu un vrai savoir-faire. Il y a une étape « boîte vocale » : un message, un courrier, juste de quoi sentir si on va être entendu. Puis il y a un rendez-vous : un entretien pour faire le « premier jet » de ses motivations. Pas toujours facile de dire ce qui était silencieux, depuis des mois ou des années parfois. Peur de se tromper, crainte d’être jugé, ou pire, « sélectionné »… Ces étapes de mise en place d’un projet ensemble sont véritablement une « école de la réponse ». Répondre à un désir, c’est devenir responsable de ce désir : un autre que moi entend ce qui m’habite !
Et puis c’est le temps du face à face (le Réseau est en partenariat avec des religieux, religieuses, prêtres autochtones, ou communautés chrétiennes, dans vingt pays sur cent projets locaux). Le désir est devenu la réalité. Tout mon corps est en Inde, au Cameroun ou en Algérie. Tout ! J’ai chaud de haut en bas, et je ne comprends rien. Rien ! Etre tout entier, c’est une expérience si nouvelle, pour moi qui étais dispersé(e) entre études, amis, famille, argent, etc.. Je suis en face de l’autre. Je suis en face de moi. Je suis en face de Dieu ?
« Bonjour à tous ! Voilà que je suis en Inde. Je donne des cours d’anglais à des adultes. Je suis entourée d’une quinzaine d’indiennes, qui ont soif d’apprendre, assises par terre dans la poussière dans un coin d’un hangar, et moi j’écris sur un morceau de tableau noir, plus ou moins accroché à un mur qui s’effrite ! Ce pays est si contrasté ! Je découvre le service, l’amour, la joie. La volonté et la joie de vivre ici sont une leçon de vie ! Chaque moment ici est savoureux. A bientôt ! S. »
Du désir à la réalité. Du Dieu rencontré au Dieu partagé. La belle vie de missionnaire est savoureuse. Des jeunes y ont goûté. Des accompagnateurs les épaulent. Un peuple immense est prêt à les accueillir.