L’impact des JMJ dans la vie des jeunes


Francis Marécaille
responsable des JMJ et du Service des Vocations,
diocèse de Coutances


Beaucoup se demandent ce que les JMJ peuvent apporter réellement à l’Eglise. Car, après tout, depuis la création des JMJ, nous ne voyons guère plus de jeunes dans nos églises. Mais cela suffit-il à dire qu’il ne s’est rien passé dans la vie des jeunes, et que cela ne sert à rien de leur faire cette proposition ?
C’est pourquoi j’ai interviewé quelques jeunes du diocèse. Et je leur ai demandé ce que les JMJ avaient apporté dans leur vie. J’ai été moi-même surpris par tout ce qu’ils ont pu me dire. Et je me suis rendu compte que ce qui a été vécu en 1997, en 2000… pouvait avoir encore un impact dans la vie des jeunes aujourd’hui.
Voici donc ce que je retiens de cet échange avec eux.


Dans l’expérience d’Eglise

« J’ai beaucoup appris à partager en groupe à Palerme, et j’ai été marqué du fait qu’on peut discuter de sa foi librement et de façon profonde », me disait une jeune. Parler de sa foi librement suppose un climat porteur. Et c’est vrai que les jeunes se trouvent baignés dans ce climat pendant quinze jours. Là, les catéchèses et les célébrations sont appréciées parce qu’elles prennent de l’épaisseur dans la vie des jeunes.
Le climat est porteur également avec les familles d’accueil : dans la semaine précédant le grand rassemblement, les jeunes sont accueillis dans les diocèses du pays hôte. Ils peuvent partager la vie d’une famille et découvrir une région. Ce climat, cette ambiance festive et ouverte donnent une autre image de l’Eglise et de la foi. Et pour beaucoup de jeunes, c’est important.


Dans l’appel à vivre sa vocation

Depuis les JMJ, plusieurs jeunes se sont mariés. Pour l’une de ces jeunes, les JMJ ont permis de faire découvrir à son futur mari une autre dimension de la foi, un autre visage d’Eglise.
Un couple qui s’est rencontré aux JMJ me confiait qu’ils avaient vécu et partagé la même expérience de Dieu. Expérience de Dieu qu’ils ont vécue ensemble lors d’une grande veillée d’adoration : « Ce moment vécu ensemble nous a rapprochés. Cela a rendu très concrète notre foi. » En fait, ce couple a vécu une expérience fondatrice pour leur vie. Et aujourd’hui, ces deux jeunes attendent de terminer leurs études pour s’engager dans la préparation au mariage.
Dans d’autres parcours de vocation, il est clair que les JMJ tiennent une place importante. Le fait de découvrir une Eglise jeune et vivante, une Eglise inventive, a renforcé le désir pour un jeune de servir l’Eglise comme prêtre.
Mais je pense aussi à une religieuse pour laquelle les JMJ tiennent également une place importante dans son parcours par l’expérience de foi et d’ouverture aux autres cultures qu’elle a vécue.
En fait, les JMJ ont été pour beaucoup un appel à mettre le Christ au centre de leur vie, comme me le disait un séminariste. « Je ne peux pas dire que les JMJ ont eu un rôle de déclencheur d’une quelconque pratique ou que cela a été à l’origine de ma vocation. Par contre, lors des JMJ, j’ai pris conscience que l’Eglise n’est pas une association parmi d’autres. Je vivais ma foi chrétienne comme quelque chose de fort. Après les JMJ, j’ai compris que la foi doit transformer tout l’être, que le Christ doit être au centre de toute notre vie. En 2000, c’était l’Année Sainte. Nous avons donc passé la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre. J’ai compris qu’il n’y avait pas le choix, que si on voulait vivre en chrétien, il fallait passer par le Christ. On ne peut pas y échapper. »


Dans l’engagement des jeunes dans une paroisse ou un mouvement

Des jeunes viennent aux JMJ par hasard et se retrouvent engagés dans l’Eglise. Pour plusieurs, le départ est dû à des circonstances : un ami qui ne veut pas partir seul, quelqu’un de leur famille qui les invite à participer aux JMJ.
Ce fut le cas pour un jeune parti accompagner sa sœur. « Au début, je me demandais ce que je faisais là. Mais j’ai vu que je n’étais pas seul à aller à la messe. Les JMJ m’ont permis de vivre pleinement ma confirmation. » La difficulté a été, pour ce jeune, de reprendre le rythme de son travail au retour des JMJ. Quel grand décalage !
Mais sa paroisse l’avait invité avec les autres jeunes partis aux JMJ à rencontrer le conseil pastoral. Celui-ci leur fit plusieurs propositions. Et c’est ainsi qu’il a commencé à accompagner un jeune vers le baptême, qu’il s’est engagé comme catéchiste, puis en aumônerie. Et d’appel en appel, il s’est engagé au service d’un mouvement. « Je me suis rendu compte aux JMJ qu’on a besoin les uns des autres et qu’on ne peut rester seul dans son coin. »
Dans une autre paroisse, c’est tout un groupe de jeunes qui s’est constitué pour réfléchir et partager. Et depuis quelque temps, ce groupe a monté un projet de solidarité avec la Guinée où il est allé. C’est toute la paroisse qui est investie dans ce projet avec ce groupe de jeunes.


Dans l’ouverture à l’étranger et la solidarité

Beaucoup de contacts se sont noués avec des étrangers à l’occasion des JMJ, spécialement en Afrique, en Amérique latine et au Japon. Et ces contacts ont donné naissance à des échanges entre jeunes, entre Eglises.
C’est à partir des JMJ qu’est né un projet de construction d’une boulangerie au Brésil. « Levez-vous, n’ayez pas peur ! » disait l’affiche des JMJ dans une aumônerie de lycée. Des jeunes ont invité deux brésiliens à venir en France à l’occasion des JMJ de Paris. Ce fut le point de départ d’un engagement fort pour les jeunes qu’il serait trop long de décrire en quelques mots, mais qui perdure aujourd’hui, et qui a donné le goût de la rencontre et de la fraternité. En fait, comme disait un jeune qui avait 17 ans au moment des JMJ : « Ça m’a donné envie de m’engager dans l’Eglise. »


Pour l’approfondissement de la foi

Dans le diocèse, beaucoup de jeunes, suite aux JMJ, se sont engagés dans une formation de base pour mieux comprendre leur foi : la formation proposée par le Sedif-Jeunes (Service diocésain de l’intelligence de la foi pour les jeunes). Engagement qui demande un investissement puisqu’il s’agit de participer à quatre week-ends sur un an, en approfondissant toutes les dimensions de la vie chrétienne.
Je remarque que beaucoup de ces jeunes s’engagent aujourd’hui dans la vie de l’Eglise, et particulièrement au service des plus jeunes.


En conclusion

Tous ces échanges m’ont permis de me rendre compte de l’expérience vécue par les jeunes lors des JMJ. Je ne suis pas sûr qu’on puisse en mesurer réellement la portée.
Les JMJ sont une expérience à vivre et à proposer. C’est une expérience de foi et non des discours sur la foi. C’est pour cela que les JMJ sont de l’ordre de la fondation dans la vie des jeunes.
Il ne s’agit pas de récupérer les jeunes après les JMJ. Au contraire, il s’agit de les accompagner, tant pendant les JMJ qu’à leur retour, d’être là et de savoir leur faire des propositions personnalisées.