L’année Saül


Frédéric Benoist
responsable du Service des Vocations de Saint-Denis


C’est une initiative née dans le diocèse de Saint-Denis il y a six ans de la volonté conjointe de la Plate-forme des Jeunes (18-30 ans) et du SDV. Ce parcours est maintenant animé par le responsable du SDV et une religieuse.


Lorsque des jeunes manifestent le désir de faire cette année Saül, je les rencontre dans un entretien préalable pour bien présenter la démarche et ses exigences : ce n’est pas un groupe biblique ni un groupe de découverte de l’Evangile. C’est un lieu pour prendre goût à la parole de Dieu et découvrir que le Christ est vraiment au cœur de ma vie et de mes choix (la démarche est d’inspiration ignatienne). L’exigence est posée dès le départ : si je m’engage pour cette année, je vais jusqu’au bout. Toutes les dates de l’année sont données lors du premier week-end.


Qui sont ces jeunes ?

Les jeunes ont un grand besoin d’intériorité, de silence. Certains ont des existences très difficiles, ont vécu des années de galère. Des jeunes femmes vivent déjà une situation de mono-parentalité. Les jeunes de chaque année représentent un bon panel du diocèse de Saint-Denis : panel de milieux, de culture, de races (« blancs, blacks, beurs ») ; beaucoup d’antillais, une communauté fortement représentée dans la Seine-Saint-Denis, des étudiants et des jeunes professionnels. Cette année, l’un a 17 ans, d’autres 30 ans, avec une majorité de 22-23 ans. Peu à peu, ils découvrent que le Christ, qui était d’abord en face à face, est de plus en plus à l’intérieur d’eux-mêmes.


Le déroulement de l’année Saül

Trois week-ends

  • Un premier week-end en novembre : on donne aux jeunes les moyens pour prier avec un texte biblique. On leur demande de prendre un temps de prière quotidien.
  • Lors du second week-end, qui a lieu peu de temps avant le Carême, une initiation à la prière avec les psaumes. On demande alors aux jeunes de prendre un temps de relecture de leur journée.
  • Lors du troisième week-end, qui a lieu pendant la Semaine Sainte, on situe la prière dans la vie liturgique.

Deux journées à la rencontre d’une communauté chrétienne du diocèse

  • Un dimanche dans la paroisse de Sœur Doris, religieuse responsable du parcours. Cette Petite sœur de l’Evangile a accueilli les jeunes dans sa communauté où ils ont pris le repas et les religieuses leur ont présenté la figure de Charles de Foucauld.
  • Un dimanche dans une autre paroisse, les jeunes ont rencontré un couple et un prêtre qui ont témoigné de la place que tient la prière dans leur vie.

Une retraite de trois jours dans une abbaye (en mai)

Chacun est invité à rencontrer un accompagnateur et à faire une relecture de sa vie par étapes (enfance, adolescence et début de l’âge adulte). Ces trois jours ont lieu en silence, à la différence des week-ends. Une démarche de réconciliation est proposée. Cette année, une soirée lectio divina a été proposée sur les chapitres 2 à 6 de l’évangile de Luc. La communauté choisie varie selon les années : les Carmes d’Avon chez qui ils ont découvert une heure d’oraison le matin et le soir, les Bénédictins de Saint-Benoît-sur-Loire ou de La Pierre-qui-Vire…
Une soirée d’évaluation a lieu en juin en présence de l’évêque. Celui-ci écoute les jeunes et célèbre avec eux l’eucharistie.

Les fruits de cette année

Les jeunes prennent goût à la prière : ils expérimentent les joies mais aussi les difficultés de la régularité, le dessèchement.
Certains se préparent au mariage ; quelle richesse de préparer deux jeunes qui ont fait cette démarche ensemble, ou un couple dont l’un des deux a cette expérience ; d’autres entrent dans un groupe de recherche vocationnel.
Beaucoup prennent des responsabilités dans le diocèse et s’engagent dans la Plate-forme des Jeunes, le Frat… L’idée est d’ailleurs de proposer cette année de ressourcement plus largement aux animateurs de jeunes du diocèse.

Ce groupe rassemble chaque année entre dix et quinze jeunes, garçons et filles. La parité est parfois obtenue ; l’an dernier, il y avait plus de filles, cette année plus de garçons. Cette initiative est largement connue dans le diocèse maintenant par les prêtres et les équipes pastorales ; les tracts sont attendus et ne restent pas dans un coin poussiéreux du presbytère !
Mais il a fallu labourer le terrain pendant plusieurs années. Un conseil donc : ne pas se décourager et persévérer dans les nouvelles initiatives. Il faut le temps qu’elles soient connues et reconnues !