Annoncer l’Evangile


Jacques Fihey
évêque de Coutances et Avranches

…Prêtres, nous rendons grâce aujourd’hui pour notre engagement au service de l’Evangile. Nous avons donné notre vie pour le service de l’Evangile, avec les autres ministres ordonnés. Rien ne nous tient plus à cœur que ce service. Il nous revient de faire en sorte que la Bonne Nouvelle soit proposée à tous et à chacun de ceux qui vivent dans notre département. C’est bien en effet la volonté du Père que cette annonce de l’Evangile à toutes les générations et sur la terre entière puisqu’il ne s’agit de rien moins que de l’amour de Dieu pour tous. Si nous sommes fidèles à cette mission, le Seigneur parle de nous quand il dit que nous sommes ses frères quand nous faisons la volonté du Père (Mc 3, 31-35). Comme Marie, nous donnons nos vies pour que la venue du Fils au monde se réalise et soit largement connue.
Nous savons que nous rencontrerons des difficultés dans les années à venir. Nous le savons plus clairement que ne le savaient ceux qui nous ont précédés dans le champ du Seigneur. Encore faut-il nous souvenir par exemple de ceux qui ont vécu l’anticléricalisme exacerbé du début du XXe siècle et la crise moderniste, ou encore bien sûr de ceux qui ont vu passer la tourmente de la Révolution française. Nous rencontrerons des difficultés. Il nous faudra tout à la fois conduire des changements profonds et découvrir les chemins d’avenir du ministère presbytéral. Nous serons guidés par ce qui fait le cœur de notre vocation : le souci d’annoncer l’Evangile. Trouver les chemins de cette annonce pour un monde sans cesse bouleversé et pourtant aimé de Dieu et être fidèles à l’Evangile, c’est cela qui est premier.
Nous avons pu, en conseil presbytéral, nous écouter dire comment, aussi divers que nous soyons par nos attentions pastorales et l’appartenance à des générations très différentes mais aussi à plusieurs associations de prêtres, nous avions tous ce souci : annoncer l’Evangile. J’ai la conviction que ce moment a été important pour nous car il nous a conduits à reconnaître qu’une même vocation et un même engagement nous unissaient profondément…
…Nous avons surtout besoin de dire et de faire saisir que nous aimons réellement ceux qui sont confiés à notre ministère. C’est souvent difficile, surtout dans les situations d’opposition. Il me semble que, dans les moments de crise, c’est en nous appuyant sur le capital de confiance que nous trouvons dans notre peuple que nous pouvons avancer ; ce qui suppose que nous montrions toujours une charité pastorale profonde… Nous y sommes appelés.
Le temps n’est plus du tout à des commandements en forme d’oukase, il est certainement à des orientations enracinées dans une relation profondément pastorale et imprégnée de cette charité pastorale dont nous parle l’Evangile : le bon Pasteur connaît chacune de ses brebis, il les soigne et les guide au mieux, il établit une relation profonde avec elles si bien qu’il part à la recherche de celle qui est égarée et qu’il se réjouit grandement quand il l’a retrouvée.
Je vous dis cela et j’ai en même temps conscience que je dois, le premier, suivre cette route et que ce n’est pas plus facile pour ­l’évêque que pour les prêtres. Aussi, me semble-t-il, pouvons-nous demander au Seigneur, les uns pour les autres, la grâce d’être de bons pasteurs. Que cette célébration et cette journée de rencontre fraternelle nous rendent forts et heureux, qu’elles nous aident à aimer nos frères et à donner nos vies pour eux. Alors nous serons vraiment dignes d’accueillir un jour la parole du Seigneur : « Ceux qui font la volonté de mon Père sont mes frères. »