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Témoignage : Vivre un "je t’aime", aujourd’hui
« …Un prophète, c’est d’abord celui qui ne livre pas sa propre parole, mais la parole de celui qui l’a envoyé… Cette parole ne pourra être entendue que si elle est vraiment tienne, que si elle passe par toi ; tu n’auras jamais fini de la recevoir… » Ainsi le Cardinal Louis-Marie Billé s’adressait-il à notre Père Evêque, Yves Boivineau, le jour de son ordination. Ainsi nous parle également l’imposition de l’Evangile et sa traduction dans notre vie de laïques.
C’est ce que nos parents ont voulu nous offrir le jour de notre baptême : que la parole de Dieu prenne corps en nous. Un Evangile, une parole sur laquelle nous avons souhaité sceller notre union conjugale et la vie familiale que nous étions appelés à construire. Nous avions préparé notre célébration de mariage autour du texte des Béatitudes. Etait-ce un appel ? Un guide pour le chemin qui s’ouvrait devant nous ?
L’Evangile dans notre vie, comme le disait Frère Christophe, moine martyr de Tibhirine, c’est sans doute s’efforcer de « vivre ce que veut dire je t’aime aujourd’hui ».
Donner vie d’abord à une présence, celle de notre Seigneur, en nous. Ce que notre engagement au sein du mouvement des Equipes Notre-Dame nous a appris à toucher du doigt : chaque mois, s’accorder un temps à deux, sous le regard du Seigneur… En réalité, un temps à trois, pour réviser notre vie, nos actes à la lumière du message d’amour du Christ.
Donner vie aussi à la parole du Christ, dans nos agissements, nos instants de tous les jours. Essayer d’être, à notre humble mesure, prophète, apôtre, témoin auprès de nos enfants et de tous ceux que nous sommes amenés à côtoyer et rencontrer. Quelque chose qui, d’une orientation est devenu petit à petit, avec le temps et les années, comme un besoin, un appel intérieur pressant. Il nous arrive de penser à Tim Guénard lorsqu’il dit : « Je n’ai qu’une peur, celle de ne pas assez aimer. » Pauvreté et espérance, humilité et confiance, miséricorde et foi, amour… que de richesses dans cette parole, à puiser et à partager !
Mais que c’est difficile avec nos limites humaines et nos faiblesses ! Que d’obstacles et de blessures quotidiennes sur notre parcours… Que de tentations de renoncer, de se laisser aller.
Ce que nous aurions sans doute fait si nous n’avions pas eu les autres. « Le malheur guette celui qui rêve d’être heureux sans les autres » dit l’Abbe Pierre. Combien en sommes-nous persuadés après dix-sept ans de mariage ! Oser ouvrir la porte de notre maison, oser accueillir notre prochain, a temps et même à contretemps ! C’est sans doute cela aussi l’Evangile. Oui, tu aimeras ton prochain comme toi-même et notre cheminement nous pousse à ajouter : il te le rendra au centuple. Grâce aux autres, nous découvrons chaque jour que les faiblesses, les échecs, malgré leur poids, peuvent devenir soleil, occasion de se dépasser, d’avancer.
L’Evangile est un formidable trésor de ressourcement, dont nous avons tellement besoin ! Nous n’y puisons jamais assez la force du pardon et de la mission. Chaque matin, nous voudrions tant pouvoir nous dire comme François Mauriac : « Ce que nous faisons pour le Christ, c’est cela qui compte. Au soir de la vie, il n’y aura pas de plus grand bonheur que de l’avoir aimé. »
paru dans La Page de Saint-André,
n° 1, janvier 2002