Notre vocation, c’est l’amour


père Stan Rougier
prêtre du diocèse d’Evry-Corbeil

Le premier appel lancé à sa créature humaine par Dieu fut le mariage : « Dieu fit l’homme à son image, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit : “Soyez féconds…” » (Gn 1, 27-28).

Voici donc la première vocation, le premier appel, la plus sainte des obligations pour l’homme au début de son histoire.

En amont de la création, avant le « Big Bang », il y avait la Source de tout amour, l’éternel aimé et l’amour qui les unit sans les confondre. Le couple est né d’un débordement de la joie divine.

Ce que nous ne pouvons que pressentir du mystère de Dieu, nous le découvrons dans les regards de ceux qui s’aiment. L’amour humain est le versant visible de la réalité invisible.

Tout ce que Dieu a confié à l’homme par la suite : « Emplissez la terre, dominez-la, dominez sur les animaux » (Gn 1, 27), c’est au couple qu’il le confie.

Lorsque Dieu appellera un peuple pour être un signe de sa présence parmi les nations, il choisira un couple : Abraham et Sara. Ensuite, il utilisera une parabole nuptiale pour dire son amour à ce peuple choisi : « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, ton Créateur t’épousera. Comme un mari met sa joie en son épouse, ton Dieu mettra sa joie en toi » (Is 62, 5).

L’appel à la fécondité se double d’une vocation à être l’icône de la tendresse de Dieu.

Quelle est la première initiation religieuse d’un être humain ? La tendresse de ses parents l’un pour l’autre. Cette tendresse préfigure celle de Dieu pour chacun de ses enfants.

Par de multiples influences culturelles, l’image que l’humanité s’est faite du couple n’a pas toujours eu cette grandeur.

J’ai vécu dans une Afrique polygame où les femmes étaient cantonnées aux cuisines et aux nurseries. L’Europe, avant les troubadours, n’était pas loin de ces coutumes. Comme le dit le théologien T. Rey-Mermet : « Autrefois on allait à Dieu malgré le mariage. Ensuite, on alla à Dieu dans le mariage. Bientôt on ira à Dieu par le mariage. »

L’appel le plus pressant, venant de Dieu, l’appel qui traverse le cœur d’un adolescent, c’est une vocation à exister, à se réaliser, à accomplir toutes ses potentialités. « Ta vocation, tu la reconnais à ce qu’elle pèse en toi » disait Saint-Exupéry. Ce qui pèse dans le cœur d’un jeune, c’est de donner du sens à sa vie. Il entend Dieu qui l’appelle au secours à travers tous ceux qui ont faim de pain, de respect, de guérison, d’écoute, de tendresse, de réconciliation. C’est bien cela qu’il faut entendre derrière les mots : « Soumettez la terre. » Et c’est bien le couple qui a reçu cette mission, et non pas un être isolé.